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Une présence millénaire

Le vin fait partie de l’histoire ancienne en Slovénie. On en trouve une première trace archéologique par le biais de la découverte de la situle de Vaska (IVe siècle av. J.-C.), un vase en bronze sculpté retrouvé sur le site archéologique de Hallstatt à Vače. Cette tradition viticole va se poursuivre et considérablement progresser au cours de la période romaine avec le développement d’une région viticole d’envergure à l’est du territoire. Au Ier siècle apr. J.-C., Tacite dira tout le bien qu’il pense du vin produit dans la région de Poetovio (actuelle Ptuj). Les invasions slaves et magyares marqueront le déclin inexorable de cette activité économique entre les VIe et XIIe siècles. L’aboutissement du projet de christianisation de la région marquera la relance de l’activité viticole, très profondément liée au bon fonctionnement des offices religieux. Dès lors, le territoire slovène sera exploité dans sa globalité pour la diversité climatique qu’il représente et qui permet de promouvoir un nombre important de cépages. La viticulture slovène jouera un rôle certes mineur, mais tout de même non négligeable dans la promotion d’une identité protonationale, en tant que symbole de fierté locale. La plus vieille vigne du monde, située à Maribor et datant du XVIe siècle, demeure certainement encore aujourd’hui le point d’entrée le plus connu pour commencer à découvrir le vignoble slovène. Il se répartit sur trois régions principales et produit quelque 52 cépages.

La vallée de la Primorska : entre douceur istrienne et caractère méditerranéen

Cette région viticole surprend d’abord par son étroitesse. Oscillant entre espaces côtiers et vastes collines, la région compte environ 8 000 ha de vignes. On y trouve une majorité de vins rouges, puissants en bouche. En fait, ce territoire peut être considéré comme le prolongement du vin frioulan de l’Italie voisine. Le plus emblématique d’entre eux est sans nul doute le refosk, un vin tannique aux senteurs de fruits des bois et aux teintes brunes et légèrement acides. Son prix est accessible et on trouve de bonnes bouteilles pour moins de 10 €.

Le terroir de Vipava – un tiers de la production régionale – se situe dans un espace géographique à la fois forestier et rocailleux. On retrouve presque instantanément en bouche son âme légère et son inspiration fruitière. Il faut absolument goûter le pinela, ce vin blanc, à la robe jaune paille, aux notes fruitières et florales, relativement minéral toutefois – ou encore le zelen, une appellation millénaire, qui se boit jeune et qui est constituée de raisins à peine mûrs comme l’indique son nom en slovène, aux notes herbacées. Là aussi, les bouteilles sont à des prix abordables : il faut compter une dizaine d’euros en moyenne pour en acquérir une. Les localités de Vipava ou d’Ajdovščina proposent de nombreux cavistes, bars à vins et domaines viticoles.

En dehors du refosk, les vignes d’Istra regorgent d’excellents vins blancs, à consommer de préférence relativement jeunes, comme le malvajiza aux notes fruitières très prononcées ou comme le chardonnay plus sec, mais toujours bien équilibré. Les prix sont là aussi tout à fait raisonnables.

Le vignoble de Goriska Brda est assurément le plus complet en matière de variétés de cépages mis à l’honneur : pinot gris, merlot, cabernet sauvignon, chardonnay, etc. Son climat méditerranéen, sa structure tout en collines ainsi que l’importante production fruitière ne sont pas étrangères à cette impression d’abondance aux faux airs toscans. Il s’agit de l’un de nos coups de cœur, un de ces lieux où l’harmonie de la nature entre en symbiose avec l’identité locale. Faites-nous confiance, vous pouvez visiter les producteurs que nous avons sélectionnés entre Dobrovo et Nova Gorica les yeux fermés !

N’oublions pas de citer le vin de la région karstique, particulièrement riche en fer, qui donne ce goût profondément tannique au fameux teran, dont l’appellation reste aujourd’hui disputée avec la Croatie.

La vallée de la Drave (Podravje) : un savoir-faire ancien et renommé

Située à l’est du pays, la vallée de la Drave a toujours connu une importante activité viticole, dont les épisodes antiques nous ont été rapportés à plusieurs reprises. Fort d’une production d’environ 13 000 ha de vignes, elle s’est spécialisée dans la production de vins blancs au caractère bien trempé.  La particularité de son climat pannonien, marqué par des étés chauds et secs et par des hivers froids, lui donne une élégance assez rare. Le pétillant y occupe également une place de premier choix.

La Stajerska – 95 % du total régional – propose une production d’inspiration germanisante dans le sens où le riesling et ses différentes variantes y sont nettement majoritaires. Toutefois, les vignobles qui la composent apportent des nuances qui donnent à cette vallée une complexité et une certaine rareté. Le vignoble de Maribor s’articule autour de la production d’un vin blanc assez aromatique. Celui d’Haloze s’est spécialisé dans des compositions plus florales, qui vieillissent plutôt bien. Mais le lieu que vous ne devez pas négliger se situe aux confins orientaux du pays. Le vignoble de Ljutomer-Ormoz – à peine 2 000 ha – est le petit paradis terrestre des amateurs de vin moelleux de qualité supérieure. Ljutomer en est la porte d'entrée. L’environnement est des plus paisibles et le savoir-faire ne se dément pas au fil des générations. On retrouve cette même inspiration du côté de Srednje Slovenske Gorice bien que les vins y soient plus confidentiels. Enfin, le climat semi-montagnard de Radgonsko-kapelske délivre un arôme puissant au fameux muscat. Côté prix, les bouteilles sont un peu plus onéreuses, sans être hors de prix. Compter une quinzaine d’euros pour un bon vin de garde.

Le prekmurje, ultraminoritaire, n’en demeure pas moins l’un des incontournables de la viticulture slovène. Le terroir de Goričko met en avant des vins blancs avec une personnalité assumée qui jouissent désormais d’une renommée internationale. Au-delà de cet aspect, la promotion de l’agritourisme dans la région est un véritable succès populaire.

Enfin, la région de Lendava s’oriente vers une production plus classique – autour du riesling – dont la particularité réside dans la forte exposition des vignes au soleil en raison de la raideur des pentes des terrains viticoles. De façon générale, on choisira de déguster le furmint – un vin blanc, très parfumé, aux notes intenses de fruits estivaux. On pourra également se laisser tenter par le blaufrankisch – un vin rouge, au goût de fruits rouges sauvages, connu pour ses qualités de vin de garde. Difficile de fournir une indication de prix qui soit satisfaisante en raison de nuances importantes en fonction des années et des types de production. Si l’on est d’esprit festif, on optera pour un crémant de Radgona – que vous trouverez chez tous les bons cavistes pour une douzaine d’euros –, un vin de glace mousseux très apprécié des locaux au goût étonnant en raison de la maturité du produit et de sa culture spécifique.

La vallée de la Save (Posavje) : une production familiale et plus ordinaire

La vallée de la Save est située au sud du pays, à proximité de la frontière croate. La production dépasse péniblement les 7 500 ha. Elle s’oriente autour de la commercialisation de vins de table sans grand intérêt œnologique. Au-delà de ce manque de reconnaissance problématique, il convient de mettre en évidence le caractère familial de la production locale. Ainsi, il n’est pas rare que les habitants élaborent leurs propres vins. De façon plus concise, le vin de la Save est surtout marqué par une relative douceur et par une forte teneur en sucres résiduels.

La principale particularité du vignoble de Posavje réside dans un élixir qui suscite beaucoup de débats chez les connaisseurs. Il s’agit du cviček, un mélange de cépages blancs et rouges qui lui donne une couleur rosée. Il est caractérisé par son faible taux d’alcool – 8 à 10 %. Longtemps considéré comme le vin des indigents, il a retrouvé une forte popularité dans le sud du pays. Au niveau gustatif, on peut évoquer un vin acide et frais. Mais à vous de vous faire votre propre opinion, d’autant que le prix de la bouteille n’excède jamais les 5 €.

Le territoire de Dolenjska, nettement majoritaire en nombre d’hectares, propose des vins rouges et blancs issus de microdomaines viticoles.

Celui de Bizeljsko-Sremič n’est pas véritablement réputé pour la qualité de ses vins, mais plutôt pour son pétillant du nom d’istenič qui sait se faire apprécier au moment de l’apéritif. La coupe ne dépasse jamais les 3 € !

Enfin, la Bela Krajina est une région de vin rouge plutôt sec de type blaufrankisch ou bleu de Franconie.

Surprendre pour se faire remarquer ? Zoom sur une quatrième couleur de vin : le vin orange

Il s’agit d’une nouvelle tendance dans le monde des amateurs de vin. Produit dans la région frontalière du Frioul italien et de l’Istrie slovène, ce vin de couleur orange est obtenu grâce à la fermentation de raisins blancs entiers dans des amphores – avec la peau et les pépins notamment –, puis par la macération du liquide pendant une période de six à huit mois. Ce sont les polyphénols, issus de la peau du raisin, qui donnent cette couleur si particulière au vin initialement blanc. Cette technique n’est pas révolutionnaire, mais plutôt ancestrale. Elle est originaire de Géorgie et a survécu à plusieurs millénaires de production viticole. La méthode de production a récemment obtenu son classement au patrimoine mondial de l’Unesco. Peu considéré au XXe siècle, le vin orange est réapparu sur les bonnes tables d’Europe centrale au début des années 2000. Ce vin sec, aromatique et intense est principalement présent dans la région slovène de Goriška Brda. Il est célébré lors d’un festival éponyme, ayant lieu chaque année au mois d’avril, dans la charmante cité d’Izola. Sa nouvelle popularité a considérablement gonflé son prix ces dernières années, atteignant la barre symbolique des 20 € pour une bouteille.

Gagner en popularité pour obtenir davantage de reconnaissance ?

La viticulture slovène est confrontée à une problématique de taille : doit-elle augmenter considérablement sa production et sa part d’exportation pour gagner en popularité et en reconnaissance, ou bien continuer de privilégier l’aventure familiale, quitte à risquer de se maintenir dans un anonymat précaire ? Avec un peu moins de 30 000 ha de vignes l’année dernière, le pays sait qu’il ne pourra pas pénétrer dans la cour des grands avec une quantité aussi faible, correspondant à environ 3,5 % de la superficie viticole française pour une production représentant 1,8 % de la production française. Par ailleurs, pour ne rien arranger au phénomène, le vin slovène s’exporte très mal – environ 70 000 bouteilles par an. Cela s’explique certes par la concurrence acharnée au sein du Vieux Continent, mais également par des filières qui n’ont pas su se professionnaliser à temps ou qui ne perçoivent pas la richesse potentielle du marché viticole slovène à l’étranger. L’espoir reste de mise en raison de la qualité toujours aussi impressionnante des vins slovènes, de la récente mobilisation des acteurs économiques du vin ainsi que dans la progression du tourisme dans le pays.