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Un système éducatif performant

Le cycle élémentaire propose une formation unique et obligatoire – l’osnova sola – de l’âge de 6 à 15 ans. Ainsi, l’école primaire et le collège forment un seul et même cycle. L’orientation se différencie au moment du passage au gymnazija – l’équivalent de notre lycée – où la formation secondaire se poursuit sur quatre ans, jusqu’à l’âge de 19 ans. La matura est un diplôme qui marque la fin des études secondaires, à l’instar du baccalauréat français.

Dès lors, les étudiants se répartissent entre les cinq universités du pays. Celle qui accueille le plus de public est évidemment celle de Ljubljana, avec 40 000 étudiants. Il s’agit de la première université du pays, fondée dès l’ère napoléonienne au moment de l’épopée illyrienne. La seconde faculté du pays est celle de Maribor, fondée en 1961, qui réunit quelque 18 000 étudiants. La troisième université généraliste est celle de Primorska qui attire 6 500 apprenants. Elles sont complétées par des formations universitaires plus spécifiques à Nova Gorica (sciences environnementales et agronomie), à Novo Mesto (ingénierie, management et informatique). On compte environ 65 000 étudiants à travers le pays, dont une proportion non négligeable d’étudiants étrangers – 4 000 personnes, soit 6 % du total en 2019, principalement originaires du Vieux Continent.

Une société qui se veut égalitaire et progressiste

En matière de liberté individuelle, de protection des droits de l’homme ou d’égalité homme-femme, la Slovénie s’attache à son rôle de bon élève au sein des pays de l’OCDE.

Les droits de l’homme progressent chaque année. La corruption a reculé dans le pays, la transparence gagne du terrain, bien que des efforts restent à fournir.

D’autre part, la Slovénie est relativement tolérante et ouverte d’esprit. Les personnes LGBTQI y sont en sécurité, les débordements homophobes sont relativement rares. Cette réalité est plutôt urbaine, certaines zones rurales demeurent plus conservatrices et l’homosexualité y est moins bien acceptée. Le mariage homosexuel n’est pas autorisé dans le pays. Il a fait l’objet d’un projet de loi soumis à référendum en 2015. Le « non » l’a emporté avec près de 60 % des voix. Toutefois, l’État slovène a promu plusieurs lois pour limiter la discrimination à l’emploi pour les homosexuels et a autorisé les unions civiles entre couples du même sexe au début de l’année 2017. Ljubljana est assurément gay friendly et défend fièrement son festival du film gay et lesbien (LGBT Film Festival) depuis plus de trente années. Pour mieux comprendre la complexité du regard slovène sur les minorités sexuelles, il est conseillé de visionner l’excellent film Conséquences de Darko Štante, sorti en 2018, qui traite des bouleversements adolescents à propos de l’homosexualité dans la Slovénie contemporaine.

En matière d’égalité femme-homme, la Slovénie a accompli de sérieux progrès. On note une assez bonne répartition entre les femmes et les hommes pour les postes à haut niveau de responsabilité. Toutefois, dans le domaine politique, le gouvernement actuel ne compte que quatre femmes parmi les seize ministres. Bien que des améliorations soient attendues concernant le taux d’embauche des femmes qui demeure inférieur à celui des hommes, les écarts de rémunération en fonction du genre commencent à baisser drastiquement (autour de 5 %), ce qui fait de la Slovénie l’un des meilleurs élèves de l’Union européenne en la matière.

Une intolérance parfois ciblée qu’il convient de corriger

Le sort des personnes « effacées » est emblématique de cette tolérance à géométrie variable. Les premières citées sont des résidents slovènes issus d’autres peuples yougoslaves qui n’ont pas fait de demande d’acquisition de la nationalité slovène dans le délai imparti, au moment de l’indépendance du pays. Environ 20 000 personnes ont été ainsi retirées de la liste des citoyens slovènes en février 1992 et souffrent aujourd’hui d’une forme de déclassement social. La situation est en voie de résolution grâce aux décisions de justice qui ont été prises ces dernières années.

Le gouvernement slovène a aussi imposé une politique de fermeté contre les migrants avec la construction d’une barrière frontalière en 2015-2016. Cette politique de répression s’explique en partie par le redoublement des tensions diplomatiques entre la Slovénie et la Croatie lors de la dernière décennie et tend à s’apaiser progressivement ces derniers mois. Toutefois, le sentiment xénophobe n’est pas inexistant dans le pays avec cette crainte exacerbée d’une désintégration de la jeune identité nationale. Ce ressentiment ne concerne pas uniquement les migrants et les demandeurs d’asile, mais aussi la minorité rom.

Prostitution et criminalité

La prostitution a été décriminalisée en 2003. Elle est relativement rare sur la place publique et se limite à quelques adresses périphériques de bars à strip-tease ou à des sites Internet d’escorting. Sur le sujet, il convient de regarder l’émouvant film de Damjan Kozole, Slovenian Girl, sorti en 2011, qui traite de la problématique de la prostitution étudiante.

Le taux de criminalité et de délinquance est particulièrement faible à travers le pays. La Slovénie peut se féliciter de figurer parmi les pays les plus sûrs au monde. Elle conjugue plusieurs superlatifs en la matière : taux d’emprisonnement le plus faible de l’UE, taux d’homicide très bas, etc. L’incivilité la plus courante a lieu sur les routes avec une imprudence et une conduite sportive qui mènent à un nombre de morts plus élevés que dans la moyenne des pays de l’OCDE.

Mariage et natalité : la place centrale de la famille en Slovénie

La société slovène, bien que tolérante, n’en est pas moins traditionnelle dans certains domaines. L’institution du mariage est toujours aussi essentielle dans le pays. Elle fait souvent l’objet de deux cérémonies : l’une civile, l’autre religieuse. Une tradition ancienne veut que le mari pratique le sragna : il s’agit de scier une bûche en public pour attester de sa force protectrice. Ce rite de passage tend à mettre en évidence la place centrale qu’occupe la famille au sein de la société slovène. Par exemple, les foyers où cohabitent plusieurs générations sont encore monnaie courante en zone rurale. Toutefois, bien que l’on divorce moins que dans la majorité des pays de l’UE, l’indice de fécondité demeure faible. Après la sévère chute des années 2000, on a assisté à une lente reprise qui se poursuit aujourd’hui pour atteindre le chiffre de 1,61 enfant par femme en 2019. Ce chiffre, conjugué à l’allongement continu de l’espérance de vie sur les dernières décennies, précipite la population slovène vers un vieillissement généralisé dont les effets négatifs sont à craindre. Ce double effet participe de la hausse de la population qui devrait se poursuivre jusqu’à l’horizon 2030 avant de décliner jusqu’en 2050.

Un système de santé performant, mais déséquilibré

Le système de santé slovène demeure relativement efficace malgré son coût important et sa grande complexité. Les dépenses sanitaires des citoyens slovènes sont relativement modérées, dans la moyenne basse des pays de l’OCDE. Les tentatives de réformes structurelles ont souvent échoué en raison de la division de l’opinion publique et de l’absence de transparence des gouvernants. L’une des principales lacunes du système de santé est le faible taux de médecins par rapport à la moyenne européenne, si bien que les délais de consultation ne font que s’allonger chez les médecins spécialistes. La médecine généraliste est moins affectée et est de qualité.

Un rapport décomplexé au travail

Les Slovènes ne perçoivent pas leur épanouissement personnel qu’à travers le seul prisme de l’activité professionnelle. En effet, bien que le temps de travail soit fixé par la loi à quarante heures hebdomadaires, ils organisent leurs journées en fonction de leurs prérogatives personnelles. Le décalage solaire d’environ une heure avec l’Europe de l’Ouest les encourage à commencer leur journée de labeur aux alentours de 7h30 et à la terminer avant 17h.