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Les musiques et danses traditionnelles

Au fil des siècles, poètes et musiciens ont traversé la péninsule arabique et le Moyen-Orient emmenant et diffusant avec eux les poèmes et esthétiques des différentes régions. C’est ainsi que les traditions d’ici sont toujours un peu celles d’ailleurs, les caravanes, les pèlerinages et les communautés nomades transportant, semant, les traditions sur de grandes distances, mélangeant les cultures et répandant les influences sur leur passage. Le Yémen au sud, l'Irak et le Levant, la Turquie au nord, les pays du Golfe à l'est et l'Égypte ou le Soudan à l’ouest… Toutes ces régions ont été influencées par leurs voisines pendant des siècles.
Rien d’étonnant donc à ce que l’une des pratiques emblématiques du pays, l’ardah, soit partagée avec le Qatar et proche cousine de l’ayyala des Émirats arabes unis. Mêlant poésie lyrique très dramatique, chants, percussions et mouvements lents et majestueux, cette pratique autrefois militaire est devenue par la suite une danse de paix et de célébration, et aujourd'hui une entité emblématique de la culture traditionnelle saoudienne.
L’Alardah Alnajdiyah est la forme la plus courante d’ardah en Arabie saoudite. C’est également la danse folklorique masculine la plus pratiquée et la plus visible dans tout le pays, apparaissant en début ou fin des célébrations comme les mariages, les naissances ou les cérémonies de remise de diplômes. Les interprètes de l’Alardah, exclusivement masculins, portent des épées légères et se répartissent en deux rangées qui se font face, laissant entre eux suffisamment d’espace pour les joueurs de tambours. Tandis qu’ils dansent épaule contre épaule, se balançant d’avant en arrière tout en levant et abaissant leurs épées, un poète déclame des vers repris par les danseurs. Des hommes de tous âges, origines sociales et professions peuvent y prendre part, les femmes quant à elles doivent se contenter de la confection des costumes.
Une pratique qui a été inscrite sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, au même titre que l’Almezmar, danse traditionnelle pratiquée par les membres de la communauté hedjazie. Exécutée lors de célébrations nationales ou religieuses elle voit de larges groupes de danseurs (entre 15 et 100) vêtus de longues robes blanches se disposer en deux rangs se faisant face. Au rythme des tambours, chaque chef de rang frappe dans ses mains en interprétant des chants, tout son rang répétant la chanson après lui au rythme des battements de mains, suivi par le deuxième rang en écho. À l’issue de ces chants, des duos de danseurs exécutent au centre du cercle des gestes rapides faisant tourner leurs bâtons.
Autrement, on trouve ici aussi, comme au Qatar, des chants de pêcheurs de perles nommés fjiri, importés de Bahreïn. Datant de la fin du XIXe siècle, ces chansons racontent la vie en mer accompagnées de percussions. Aujourd’hui, la pratique a largement dépassé les simples cercles de pêcheurs de perles pour toucher un public plus vaste, notamment lors de festivals.
Populaire dans la région du Najd, le samri est à la fois une musique et une danse traditionnelles. Courante dans les pays du Golfe persique, cette pratique consiste à chanter des poèmes tout en jouant du tambour, pendant que deux rangées d'hommes, assis sur les genoux, se balancent et claquent des mains.
Également présent dans tous les pays du Golfe, le ṣawt est une forme complexe de musique urbaine, interprétée au oud (emblématique luth à manche court présent dans tout le monde arabe et en Arménie) et au tambour.
Le passé bédouin du pays et son mode de vie nomade décourageant les bagages superflus - y compris les instruments de musique - explique pourquoi on a dû longtemps ici s’en tenir à des rythmes simples, dont les temps sont marqués en tapant dans les mains. Cela étant dit, on croise des objets courants dans la région comme le ney à double anche (une flûte) ou le rababa (instrument à cordes pincées). Et puis il y a bien sûr le oud, dont le pays a porté quelques grands interprètes comme Tariq Abdul-Hakim, monument national de la musique saoudienne. Né en 1920 à Taif, le musicien s’est illustré par l’excellence de ses interprétations des célèbres danses et musiques folkloriques locales ainsi que dans sa maîtrise de l’instrument. Sa fascination pour le folklore saoudien a démarré très tôt, au temps où il aidait son père à cultiver leurs terres, en chantant des airs folkloriques avec d'autres agriculteurs. Après avoir rejoint l'armée saoudienne, il a été envoyé en Égypte en 1952 où il a apprend à lire et à écrire la musique. Après avoir pris sa retraite de l’armée, des années plus tard, le regretté compositeur a travaillé avec certains des plus grands noms du monde arabe et attire l’attention du monde entier sur le patrimoine folklorique national. Au travers de ses 500 pièces musicales - interprétées par plus de 100 chanteurs du monde arabe - 10 symphonies et 36 chants patriotiques, Abdul-Hakim a composé quelques-uns des airs les plus aimés et joués du pays. Reconnu au niveau local et international, il a été décoré en 1981 du Prix international de la musique de l'Unesco, devenant ainsi le premier Arabe à le recevoir et le 6e musicien au monde à se voir décerner cet honneur. Un musée-hommage, situé à Beit Al-Manoufi dans le quartier historique de Djeddah, sera inauguré fin 2022. Il comprendra un centre de recherche musicale abritant des archives sur la musique saoudienne et arabe.
De la même génération, le pays a été bercé par les mélodies de grands oudistes comme Abadi al Johar ou Rabeh Saqer.

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