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Le réalisateur Werner Herzog qui adapté l’histoire vraie du lieutenant Dieter Dengler dans Rescue Dawn, .jpg

Les enfants du Laos

Même si le premier film laotien, Fate of the Girl date de 1960, on considère que le 7e art laotien est d’abord intiment lié à l’histoire du Parti révolutionnaire populaire lao et au conflit indochinois. En 1977, l’œuvre Le Printemps, est la première œuvre tournée au Laos après l’ascension du Pathet Lao. Ce film de propagande est cependant entièrement réalisé en Chine (à Pékin), avec des techniciens chinois mais des acteurs laotiens. Parmi les fictions réalisées depuis 1975, on peut citer Boa Deng (Lotus rouge, 1987) du réalisateur indépendant Som Ock Southiponh et Gun Voice from the Plain of Jars (1983). Il y a également des documentaires, comme The Betrayal-Nerakhoon, réalisé par le cinéaste lao-américain Thavisouk Phrasavath en partenariat avec Ellen Kuras. Ce documentaire gagne une nomination aux Oscars dans la catégorie meilleur documentaire en 2009. Les spectateurs laotiens, eux, sont friands de films thaïlandais et internationaux (obligatoirement doublés en lao). La co-production lao-thaïlandaise Sabaidee Luang Prabang (Bonjour Luang Prabang), est le premier film lao de l’ère communiste à être entièrement produit grâce à des fonds privés. Cette comédie romantique réalisée en 2008 par Anousone Sirisackda et Sakchai Deenan raconte l’histoire d'amour d’un touriste thaïlandais avec sa guide laotienne. Mais les producteurs parient surtout sur le public thaïlandais, les salles de cinéma étant quasiment inexistantes au Laos. Le héros du film et le réalisateur sont d’ailleurs thaïlandais. Fort du succès de ce dernier, deux suites ont été tournées : From Pakse with Love et Lao Wedding, principalement dans le sud du Laos. Plus récemment, on remarque la Lao-américaine Mattie Do, première et unique réalisatrice du Laos. La cinéaste réalise son premier film Chanthaly, en 2012. Chanthaly est la première œuvre d’horreur écrite et réalisée entièrement au Laos. Mattie Do réalise ensuite Dearest Sister (2016), premier film que le Laos soumet à nomination pour le meilleur film étranger aux Oscars (cependant, le film ne réussit pas à décrocher la nomination). Enfin, en 2019, Do réalise The Long Walk et gagne la récompense de meilleure réalisatrice au Festival du film de science-fiction de Boston.

Festivals laotiens

En 2009, le premier Festival international du film de Vientiane voit le jour grâce à une coopération lao-germanique et au soutien de l'ambassade d'Allemagne. Durant ce festival, le public est invité à découvrir divers courts-métrages, films et documentaires de réalisateurs laotiens et étrangers. Le but est avant tout de promouvoir la culture lao, d'encourager les cinéastes locaux à faire des films et de mettre ce cinéma au même niveau que celui d'autres pays d'Asie du Sud-Est. La seconde édition du festival a lieu en mars 2011 et confirme le succès de la première édition. Lors de l'édition 2012, les organisateurs lancent deux compétitions : le Prix du meilleur court-métrage sur le thème « Hier, aujourd’hui, demain » et le Prix du meilleur espoir destiné aux réalisateurs en herbe. La troisième édition en février 2013 connaît beaucoup de succès. En fin d'année 2013, la Vientianale part « sur les routes » pour un nouveau projet ! Pendant trois mois une équipe sillonne les routes du Nord Laos afin de présenter des courts-métrages aux populations locales. En 2018, aucun sujet n'est imposé, mais comme toujours il faudra être résident au Laos pour y participer et tourner un sujet sur le pays. Chaque mois de décembre, l’ancienne capitale royale accueille le Festival du Film de Luang Prabang, organisé avec la collaboration du ministère de la Culture et de l’Information. Cet événement honore le cinéma du Sud-Est asiatique. Les projections se déroulent dans des lieux insolites : marché de nuit, résidence du gouverneur, Musée national, Institut français (centre culturel franco-lao). En 2011, plus de 20 films du Laos, de Malaisie, de Singapour, d'Indonésie, du Cambodge, des Philippines, du Viêt Nam et même du Myanmar sont présentés au grand public. L'objectif de ce festival est de « stimuler la production cinématographique au Laos et de lancer des supports éducatifs sur le cinéma afin d’attirer la jeunesse laotienne vers ces métiers encore peu connus ». Le festival est toujours de plus en plus un succès autant du côté des organisateurs que des sponsors comme Coca-Cola et Heineken qui contribuent beaucoup à la réussite du festival. Le vainqueur de l’édition de 2017 est Redha, film malaisien racontant les difficultés d'une famille à élever son fils autiste.

À l’international

En 2002, le Français Patrick Bernard réalise le documentaire Bun Lan Xang. Il raconte le monde des esprits au Laos. Comme bon nombre de Thaïlandais, les Laotiens croient aux esprits et pratiquent la cérémonie du « rappel des âmes » (bai si suu khwan). Ce rituel ancestral doit préserver l’intégrité psychique d’une personne et se déroule habituellement lors d’un événement décisif de la vie. Quatre ans plus tard, un autre Français, Alain Mazars, prend le Laos comme sujet de documentaire dans Phi pop. Le narrateur mène une enquête au Laos qui se transforme en voyage initiatique au milieu de parias dotés de pouvoirs magiques : créatures maléfiques ou Phi pop. En 2009, c’est Philippe Cosson qui réalise La Pluie du diable, un documentaire poignant relatant les dégâts que font, aujourd'hui encore, les milliers de bombes à sous-munitions larguées durant la guerre du Viêt Nam par les Américains sur le Laos. Pour finir, dans le genre documentaire, Daniel Rintz passe par le Laos durant son voyage autour du monde en moto dans Somewhere Else Tomorrow (2014). Côté fiction, le réalisateur américain Werner Herzog adapte l’histoire vraie du lieutenant Dieter Dengler (campé par Christian Bale) dans Rescue Dawn, en 2006. Dengler, pilote d’avion dans l’aéronavale américaine, fut expédié en mission au Laos en 1966. Touché en plein vol, il fut capturé par l’armée du Pathet Lao. Christian Bale, adepte des transformations physiques pour entrer dans la peau de son personnage, perd 20 kg pour le tournage. Plus récemment, citons The Rocket (2013, de Kim Mordaunt) relatant les aventures d’un jeune homme « maudit » dont la famille est forcée de s’expatrier au Laos, et Rider (2015, Jamie M. Dagg) où le jeune John Lake, médecin américain au Laos, est accusé de meurtre sur l’agresseur d’une jeune fille que Lake a sauvée.