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Bouddhisme

Le bouddhisme est en théorie une « école de vie » qui permet d’accéder au Nirvâna, c’est-à-dire à l’extinction de tout désir.

La vie de Bouddha. Le prince Siddhartha Gautama est né en 560 av. J.-C à Lumbini en Inde (aujourd’hui au Népal). Son père régnait sur la principauté de Kapilavastu, sur le versant indien de l’Himalaya. Bouddha n’est donc pas une figure légendaire mais un authentique personnage historique dont la vie est très bien connue. Sa mère mourut peu après sa naissance et son père reporta toute son affection sur cet enfant unique. Pour lui éviter de connaître la misère du monde, il lui interdit de s’éloigner des abords immédiats du palais. À 16 ans, le prince épouse une cousine princesse. À 28 ans, il sort du palais pour parcourir les environs. Il fait quatre rencontres qui changent totalement sa vision du monde et de la vie. D’abord celle d’un vieillard décrépit qui lui montre que la jeunesse ne dure pas. Puis celle d’un homme atteint de la peste noire qui lui fait découvrir ce qu’est la maladie. Ensuite, la vue d’un cadavre sur un bûcher lui apprend la réalité de la mort. Lors de sa quatrième sortie, il croise un ascète mendiant d’une grande sérénité au milieu de toutes ses souffrances. À 29 ans, il s’enfuit dans la forêt, laissant femme et enfant. Pour fuir la souffrance, il suit d’abord l’exemple de l’ascète mendiant. Pendant sept ans, il s’adonne au yoga, ne mangeant que très peu. Mais ces épreuves lui apparaissent comme une souffrance inutile. Il se plonge alors dans la méditation et connait enfin l’Illumination, l’Éveil, atteint sous un arbre à Bodhgaya en Inde. Il devient le Bouddha, l’Illuminé. L’homme doit suivre une voie entre l’ascétisme et l’hédonisme, aussi peu naturels et peu bénéfiques l’un que l’autre : la voie du milieu. Le bouddhisme, comme l’hindouisme, croit en la réincarnation. Celui qui parviendra à mettre fin au cycle des réincarnations cessera de souffrir et atteindra le Nirvâna. Durant le reste de sa vie, Bouddha mène une vie de pèlerin pour mettre en pratique sa doctrine. Il ne la prêche pas par les paroles, mais propose sa vie comme modèle. Il répond seulement quelquefois aux questions qu’on lui pose. Les écrits sur ses sermons sont donc très rares. À 80 ans, en 480 av. J.-C., il s’éteint. Il s’allonge sur le côté droit et attend d’entrer au Nirvâna. Après sa mort, ses disciples transcrivirent son enseignement sous forme de Sûtra et fondèrent les bases du clergé bouddhiste.

Les origines du bouddhisme. Au cours du Ier siècle de son existence, la doctrine du bouddhisme était basée sur cet unique constat : « L’homme est victime de ses désirs ». Pour quitter le cycle des réincarnations successives (avatars) et atteindre la paix suprême, il doit donc contrôler ses instincts et renoncer au plaisir terrestre. Par la chasteté et la méditation, l’homme peut acquérir la sagesse et atteindre le Nirvana. Aucun rite n’est véritablement obligatoire, en principe, mais les fidèles ont pour habitude de préserver leur vie spirituelle en respectant certaines fêtes religieuses et les dogmes du clergé. En raison d’une querelle théologique un schisme s’opéra, dans ce qui était devenu une religion, et il en résulta deux nouveaux courants. En premier lieu, le Grand Véhicule ou Mahâyâna, selon lequel le bien-être spirituel est réservé seulement à certains élus. Le clergé joue ici un rôle de soutien envers l’ensemble du peuple. Chacun doit s’appuyer sur un maître spirituel qui intercédera en sa faveur. En second lieu, le Petit Véhicule ou Theravâda, fidèle au bouddhisme originel, selon lequel tout homme peut atteindre le Nirvana par ses propres moyens, sans l’aide d’un maître.

Le bouddhisme lao. Le bouddhisme lao correspond au Theravâda, comme au Myanmar, en Thaïlande, au Cambodge ou au Sri Lanka. Issu de l’école Sthaviravāda (qui veut dire en sanskrit l’Enseignement des Anciens), c’est un bouddhisme conservateur resté proche des enseignements premiers. Il est basé sur les paroles du Bouddha Shakyamuni (le Bouddha) recueillies par ses contemporains. Encore imprégnée de l'hindouisme, cette forme de bouddhisme est généralement considérée comme tolérante et assez libérale. Chaque matin, moines et novices, vêtus de leur robe safran, quittent le temple en procession (du plus vieux au plus jeune) et vont quêter leur nourriture auprès des habitants du village ou du quartier. Ces derniers, agenouillés, offrent à chaque moine du riz ou des gâteaux. Une telle action permet au fidèle d’acquérir des mérites pour sa vie future. Les moines retournent ensuite à la pagode prendre leur unique repas avant midi. Ils n’auront plus le droit de s’alimenter jusqu’à la nuit tombée. Chaque village, chaque quartier abrite au moins une pagode. Même dans les villages les plus pauvres, une bâtisse en bois sert de lieu de culte. Les moines ne sont pas seulement de fervents croyants. À la campagne, notamment, ils enseignaient aux plus petits à lire, à écrire et à comprendre les textes religieux.

Histoire du Bouddhisme lao. Le bouddhisme fut sans doute introduit au royaume du Lane Xang au cours du XIVe siècle, sous le règne de Fa Ngum. Mais il fallut attendre le XVIIe siècle pour qu’il supplante le culte des génies, dans le bassin du Mékong. À cette époque, le roi Setthathirath fit construire un grand nombre de pagodes à Vientiane, dont le That Luang et le Vat Ho Phra Keo, afin d’imposer l’enseignement du Bouddha. Son successeur, Souligna Vongsa, s’attacha à utiliser ces lieux comme de véritables écoles bouddhiques où l’on enseignait aussi bien les textes sacrés que l’art. Ce fut alors l’apogée du bouddhisme au Laos. La vie au palais et dans les villages était réglée au son des gongs. Les moines étudiaient les textes et pratiquaient les rites relatifs à la vie du Bouddha. De nombreuses écoles furent créées et animées par de vénérables saints. En 1694, à la mort de Souligna Vongsa, le pays connut de profondes dissensions qui eurent de graves conséquences sur la pratique du bouddhisme.

Suite à la défaite du Laos en 1778, le général Chulalok, chef de l’armée siamoise victorieuse, s’empara du « Bouddha d’Émeraude », fierté de Vientiane. De même, le Phra Bang – « Bouddha d’Or » – avait déjà été transporté à Bangkok en 1707. Tout au long du XIXe siècle, le Laos fut ravagé par les combats et les pagodes furent systématiquement pillées ou détruites. Faute de lieux d’enseignement, la parole du Bouddha commença à se perdre. Les coutumes religieuses survécurent alors dans la forme, mais privées de sens profond.

Au XXe siècle, les autorités françaises envoyèrent de nombreux missionnaires chargés de convertir les Laotiens au christianisme, sans grand succès.

Bouddhisme et communisme. Dans les années 1950, alors que les membres du Pathet Lao préparaient la révolution, ils jugèrent utile d’associer les membres du clergé à leur combat. Les moines étaient conscients des inégalités qui régnaient dans le royaume et de l’état de misère dans lequel vivait une partie de la population, dont ils faisaient eux-mêmes partie. Par ailleurs, en tant que représentants de la culture lao, ils se sont élevés contre la volonté d’intervention américaine. Certains renoncèrent à leurs vœux pour se joindre au Pathet Lao, tandis que la majorité d’entre eux, continuant leur vie monastique, apportèrent leur soutien occasionnel à la cause nationaliste. Les communistes profitèrent de ce soutien en ayant bien conscience du respect populaire dont bénéficiaient les moines.

Mais après la victoire du Pathet Lao, en 1975, les relations entre communistes et membres du clergé bouddhiste changèrent. Du statut d’alliés, ceux-ci devinrent une menace potentielle pour un gouvernement cherchant à asseoir son autorité. De nombreux moines furent alors enfermés dans ce qui était pudiquement baptisé des « séminaires de rééducation », où il leur était interdit de transmettre la parole du Bouddha, dont l’enseignement ne pouvait coïncider avec la pensée révolutionnaire. Beaucoup s’exilèrent en Thaïlande et ceux qui restèrent durent se plier aux décisions du Parti. En 1979, il restait moins de 2 000 moines au Laos, soit un dixième de l’effectif de 1975.

Pourtant, alors que le bouddhisme allait disparaître du pays, le gouvernement décida de modérer les mesures répressives. L’une des raisons de ce changement, après l’intransigeance des débuts, était d’utiliser la cohésion sociale apportée par le bouddhisme traditionnel pour empêcher le développement de mouvements contestataires modernes. Aujourd’hui le parti communiste semble avoir fait la paix avec le clergé bouddhiste. Moines et novices peuplent de nouveau les temples et les cérémonies religieuses sont de nouveau populaires, le bouddhisme est replacé au cœur de la vie quotidienne.

Animisme et croyances populaires

Phi et Khwan. Malgré la prépondérance du bouddhisme au Laos, les croyances animistes sont aujourd’hui encore largement répandues au sein de la population lao et concernent plus de 30 % de la population. La croyance aux esprits – Phi – illustre les relations que nombre de Laotiens entretiennent avec la nature, de même que l’explication donnée à l’origine des maladies. Cette croyance dans le pouvoir des Phi se mêle au bouddhisme, particulièrement dans les campagnes, et certains moines sont respectés pour leurs dons particuliers permettant d’exorciser les malades en chassant les mauvais esprits d’une demeure. Dans certains temples, on trouve un petit refuge, à l’écart, associé à Phi Khoun, l’esprit bienfaisant du lieu. De nombreux Lao Loum croient être sous la protection permanente des Khwan (groupe de 32 esprits). La maladie apparaît quand certains de ces esprits quittent le corps. Pour rétablir la situation, il faut alors organiser un baci, une cérémonie pour demander aux esprits de répandre la santé, l'amour et la prospérité à la personne concernée.

Les Laotiens pensent que le Khwan d’une personne succombant accidentellement, de mort violente ou à sa naissance, ne peut être réincarné normalement et devient alors un génie malfaisant ou Phi Phetu. D’autres croyances font référence à des esprits sauvages au plus profond des forêts, dans les rivières, voire dans une pierre… sans parler des esprits domestiques qui résident à domicile.

Coutumes. Il est d’usage de procéder à des offrandes pour s’assurer les faveurs de tel esprit dans le déroulement des affaires humaines. Autrefois ces oboles faites au début de la saison agricole étaient censées favoriser la culture du riz. Le Pathet Lao interdit ces rites à la fin des années 1960 et ils ont quasiment disparu de nos jours, ne subsistant qu’en des lieux reculés. Les cérémonies pour gagner la faveur des Phi consistent en offrandes à base de poulet et d’alcool de riz. Une fois que l’esprit a absorbé l’essence de la nourriture, les convives formant l’assistance peuvent en consommer les restes. Dans certains villages, une personne âgée, réputée pour sa connaissance des Phi, sera sollicitée pour choisir la meilleure date d’un mariage ou le jour favorable pour célébrer les rites domestiques. Chaque village situé dans la plaine est censé être protégé par un Phi Ban (esprit du village), dont la bienveillance requiert des offrandes annuelles. À cette occasion, le meilleur spécialiste du village préside une cérémonie – Liang Phi Ban – au cours de laquelle on sacrifie un buffle. L’accès du village est interdit à tous les étrangers pendant la journée entière. Cette cérémonie a une fonction sociale puisqu’elle redéfinit les limites du village et renforce la solidarité de ses habitants.

Le culte des ancêtres au sein des minorités. La plupart des ethnies Lao Theung et Lao Soung sont animistes. Le culte des ancêtres tient chez eux un rôle important, mais chaque groupe possède ses croyances et ses pratiques. Les Khamu appellent leurs esprits Hrooy. Ils ont les mêmes particularités que les Phi des Lao Loum. L’esprit de la maison occupe une place privilégiée, mais les génies vivant dans des endroits sauvages sont particulièrement craints. Les Lamet ont des croyances similaires, et chaque village possède son xemia (médecin des esprits ou chaman) responsable des sacrifices. Il contrôle également la maison commune réservée aux hommes, et officie à la construction des nouveaux habitats. Quand le xemia meurt, l’un de ses fils est élu par les hommes mariés du village pour lui succéder. S’il n’en a pas, l’un des fils de son frère est choisi. Les rites liés aux esprits des ancêtres – mbrong n’a – sont importants, car ils assurent le bien-être de la maisonnée. Aucune activité n’est entreprise sans que les esprits en soient informés. Grands amateurs de buffles, les Lamet accrochent crânes et cornes des animaux sacrifiés sur l’autel des ancêtres ou sur le pignon de la maison. Certains tabous sont observés dans le cadre de la vie domestique pour éviter d’offenser ces esprits susceptibles. Les Hmong nomment leurs esprits neeb. Certains sont associés aux ancêtres, aux maisons, d’autres à la nature. Chaque demeure, même modeste, possède un autel au centre des rituels domestiques. Au cours des cérémonies qui se déroulent pendant le nouvel an Hmong, le renouvellement de la protection accordée par les esprits à la maison est ardemment sollicité. S’accorder les bienfaits de « l’esprit de la porte » est vital et des sacrifices sont organisés pour rassasier ce neeb.

Chamanisme. Nombreuses sont les minorités qui associent une maladie à l’action d'un esprit. Dans ce cas, un guérisseur est convoqué pour expulser l’esprit malfaisant grâce à de rites complexes. Ces guérisseurs sont soit des médecins ordinaires soit des chamans. Selon les croyances Hmong, les esprits résident dans le ciel et le chaman possède la faculté d'atteindre ces esprits. La maladie peut être causée par le « départ vers le ciel » de l’un des esprits protecteurs du corps. Le chaman doit alors le retrouver et lui faire réintégrer le corps malade pour obtenir la guérison. Pendant le rituel, le chaman est assis face à l’autel, à califourchon sur un siège représentant son cheval. Un masque noir recouvre son visage pour le cacher du monde terrestre. Les chamans Hmong ont la réputation d’être directement choisis par les esprits, souvent à la suite d’une longue maladie diagnostiquée par un autre chaman comme une initiation : confrontation avec la mort. L’enseignement du chaman est oral, il n’existe pas de rituel uniforme, mais une variation de pratiques similaires.

Christianisme

Une petite communauté chrétienne est présente au Laos, principalement vietnamienne. Et elle dispose d’un cimetière sur la route de Luang Prabang. À l’origine, ces familles ont été converties par des missionnaires français, dans la première moitié du XXe siècle. Certaines familles, proches du pouvoir colonial, avaient adopté la religion avec le mode de vie. Le travail des missions ne s’est pas limité à la province de Vientiane : plusieurs milliers de Hmong furent persuadés de répudier leurs croyances animistes par les missionnaires en poste dans les régions montagneuses du nord. Aujourd’hui, s’il reste encore quelques traces visibles du christianisme (cathédrale et congrégation de sœurs à Vientiane, église de Savannakhet), le gouvernement ne se montre pas favorable. Les missionnaires américains – évangélistes du Septième Jour – ont remplacé leurs homologues français, mais tout prosélytisme direct leur est interdit. C’est pourquoi les écoles de langue anglo-américaines ont proliféré ces dernières années, se livrant à un véritable travail de conversion.

Islam

Une petite communauté musulmane est installée à Vientiane. Il s’agit principalement d’Indiens et de Pakistanais, marchands installés là depuis de nombreuses années ou immigrés travaillant dans les usines de textile. La plus grande mosquée de la ville est située à deux pas de la place Nam Phou.