Fonction religieuse ou sociale de l’art congolais

L’art congolais a une fonction religieuse ou sociale et qui ne peut se comprendre que dans le cadre de la culture déterminée. C’est très rarement de « l’art pour l’art ».  Souvent l’œuvre d’art est utilisée dans un contexte magique ou religieux, ou représentant les attributs du pouvoir. Les masques et statues sont des messagers invisibles. Il s’en dégage une richesse extraordinaire au niveau de la forme, ainsi que dans d’autres objets usuels. Ces nombreux objets sont travaillés dans des matériaux divers comme le bois, le raphia, les tissus, l’ivoire, la pierre, etc. Ils possèdent une force culturelle importante qui assure la cohésion de nombreux groupes attachés aux traditions séculaires par ces objets « vivants », qui sont fabriqués non pour la délectation mais pour une certaine fonctionnalité.

Fétiches et « objets chargés »

Quand l’Afrique et le Congo s’ouvrent au monde, l’art africain traditionnel est traité par l’Occident de « fétiche », soit accusé de fabriquer des idoles. Beaucoup de ces objets sont détruits pour faciliter la pénétration du christianisme, brisant de la sorte l’attachement de ces communautés aux traditions séculaires. Le terme fétiche est encore aujourd’hui régulièrement employé de manière abusive pour désigner toute figure religieuse alors que cela ne désigne que les objets « chargés », c’est-à-dire accompagnés d’une charge de matières magiques, qui les rend efficaces pour des travaux surnaturels, le plus fréquemment la recherche ou la neutralisation de sorciers.

Statuaire congolaise

Les grands fétiches comptent parmi les sculptures les plus impressionnantes de la statuaire congolaise, en particulier les célèbres fétiches à clous des populations Kongo, qui sont activés en y enfonçant un clou, ou les nkisi communautaires des Songye (nord du Katanga), entourés de charges enveloppées de peau de varan et qui, trop dangereux pour être manipulés à mains nues, sont soulevés par des tiges de fer ou de bois.  Mais bien d’autres groupes ont des fétiches de plus petites dimensions et souvent de facture plus délicate que ces grandes figures expressionnistes, par exemple les Teke et les Bembe du Stanley-Pool, ou les Yaka et les Suku du Bandundu.

Masques d’initiation

Le masque est une expression très caractéristique de l’art africain. Beaucoup de masques servent dans un cadre éducatif, lié à l’initiation des jeunes gens. Celle-ci est appelée mukanda par les populations du Bandundu qui la pratiquent : Tshokwe, Yaka, Pende, Suku… Cette initiation dure un an ou deux, les enfants sont séparés de leur famille dans un campement de brousse où ils apprennent l’histoire, les mythes fondateurs et les règles sociales de leur groupe. Ils apprennent aussi les secrets des masques. Ceux-ci incarnent des esprits. Le plus souvent, les femmes et les enfants non-initiés ne peuvent voir les masques ou alors ceux-ci sont destinés à les effrayer.

Attributs du pouvoir

Une autre série d’œuvres traditionnelles a pour fonction de désigner le chef ou le roi, de symboliser son pouvoir et de justifier son autorité. De nombreuses populations connaissent ainsi les sceptres, les cannes ou les bâtons de commandement sculptés, jusqu’au Maréchal Mobutu qui arborait une canne sculptée comme signe de chef « authentique ». C’est le cas aussi de coiffes, sièges et autres attributs (peignes, amulettes…), souvent richement décorés, qui sont réservés aux détenteurs du pouvoir. Outre dans les musées du pays où l’on peut en admirer, ces œuvres – tout comme les objets précités (masques, fétiches, statues...) – se retrouvent parfois, au gré de fortunes diverses, en vente chez des antiquaires, auprès de particuliers, ou sur les marchés d’artisanat. Mais attention aux talentueux faussaires !

Le Marché des Valeurs à Kinshasa

Le lieu par excellence où l’on vend de l’artisanat à Kinshasa et qui fait partie des immanquables en ville, dans le quartier Royal. Ambiance de souk où l’on se fait harponner et solliciter de tous les côtés, et où l’on tchatche et négocie ferme, le tout dans la bonne humeur générale. Et pour des pièces qui valent bien souvent la peine. Quelques vendeurs et artisans ambulants tiennent aussi des stands ou exposent quelques œuvres dans des hôtels ou lors de manifestations, voire dans la rue. Les adeptes de vieux objets seront comblés, avec parfois de belles trouvailles à la clé : médailles, pièces de monnaie, bijoux, fétiches, masques, objets de culte...

Authenticité

Attention aux prétendues antiquités et œuvres anciennes, qu’il est toujours difficile d’authentifier. Des pièces actuelles sont artificiellement vieillies, et peuvent faire illusion… Même si de bonnes occasions peuvent se présenter, dites-vous qu’une pièce prétendue exceptionnelle à même la rue en ville, et pour un tarif imbattable, a peu de chances d’être authentique. Et que la probabilité d’acheter une œuvre authentique dans ces circonstances est la même que celle de trouver un dessin de Leonardo sur le marché aux puces de Milan… Mais là n'est pas (toujours) l'essentiel.

Négociation et marchandage

Quel que soit le contexte, peu d’arnaques sont à signaler au niveau de la qualité des objets vendus, si ce n’est les prix à diminuer de moitié, voire par trois ou quatre selon l’humeur du vendeur qui les adapte à la tête du client… Ça fait partie du jeu. A Kinshasa, les prix pratiqués sont souvent plus intéressants, avec une large marge de négociation, et pour une variété de produits inégalée par rapport aux autres villes du pays. D’expérience, on obtient souvent de meilleurs tarifs en fin de journée lorsque l’artisan, pressé de rentrer chez lui, souhaite conclure une dernière vente pour ramener un peu d’argent à la maison. Veillez toutefois à ne pas manquer de respect en voulant négocier trop bas, et rappelez-vous les énormes difficultés économiques que rencontrent la plupart des Congolais dans leur survie quotidienne.

Encadrement des artisans

A ce titre, bien que l’artisanat occupe une place importante au Congo, la plupart des artisans opèrent encore de manière informelle et sur un marché très limité, dont ils tirent trop peu de revenus. Partant du constat que l’artisan connaît son métier mais, faute de moyens, ne produit que sur commande et expose peu, quelques structures encadrent des groupes d’artisans à Kinshasa, et dans les grandes villes. L’objectif est qu’ils puissent vivre dignement de leur art et savoir-faire, en promouvant leurs œuvres et productions auprès d’un plus large public.

Récup et audace kinoises

Kinshasa, en bon melting-pot congolais, présente un large échantillon des techniques et styles à l’œuvre dans les différentes régions et ethnies du pays. Il n’existe donc pas à proprement parler de style kinois. Si ce n’est cette tendance à la récupération et au recyclage, qui donne des œuvres souvent inédites et aux techniques inventives (bijoux à partir de pièces en plastique, objets créés à partir de cannettes en métal…). Récupération, dans tous les sens du terme d’ailleurs… Quand le Kinois flaire un bon coup, son audace n’a d’égale que sa créativité. C’est le cas des « Tintin », ces figurines et déclinaisons sur tous les supports (peintures, sculptures…) adaptées de l’album Tintin au Congo – et par extension des autres aventures du héros d’Hergé – et dont la plupart des visiteurs raffolent.

Souvenirs made in Congo

On peut trouver une quantité d’objets constituant des « must » made in Congo, sur les marchés d’artisanat ou auprès d’espaces spécialisés (associations d’artisans, académies des Beaux-Arts, boutiques et antiquaires…). Voire à même la rue ou auprès d’artisans et vendeurs ambulants.

Tapis Kuba (velours du Kasaï) : provenant d’une longue tradition issue du Royaume Kuba et de l’ethnie Shoowa. Les fibres utilisées pour la confection de ces tapis proviennent du palmier raphia et sont teintes de couleurs végétales. La broderie et la technique du velours sont réservées aux femmes, tandis que le tissage est l’affaire exclusive des hommes. Leur fabrication, qui peut prendre plusieurs mois voire une année entière, se distingue par la finesse des techniques utilisées et l’extrême diversité des dessins et motifs représentés.

Masques et statuettes : on en trouve de toutes les ethnies et de toutes les tailles, couleurs et modèles, qu’ils soient anciens ou neufs. Souvent de toute beauté, ils possèdent tous des significations et caractéristiques particulières qui les différencient fortement, selon leur culture d’origine.

Bijoux : fabriqués à partir de bois, verre, métal, os d’animaux, pierres et minerais (malachite, cuivre), coques ou fruits séchés... La diversité des techniques et matériaux utilisés n’a d’égale que la créativité de leur fabriquant. Petit rappel de circonstance au passage pour consommer responsable et éviter l’ivoire et d’autres produits provenant d’animaux protégés.

Instruments de musique : likembe (sorte de xylophone local et traditionnel appelé aussi « sanza » en Afrique centrale), tambours et divers instruments de percussions, maracas, guitares en bois traditionnelles...

Mobilier : du siège au tabouret (ebonga), appuie-dos ou petit banc, en passant par la table, le porte-CD, la lampe, voire le lit ou l’étagère. Grand choix de modèles et matériaux proposés.  Mention spéciale pour les chaises à palabre, constituées de ces deux planches de bois entrecroisées, très stylées et confortables, en plus d’être facilement transportables.

Peintures et sculptures. La RDC compte de grands noms en arts plastiques, issus de la tradition picturale et sculpturale congolaise (les grandes écoles ayant présidé à la création des académies des Beaux-Arts à Kinshasa et Lubumbashi notamment), ainsi que parmi des artistes plus contemporains. La peinture congolaise populaire dite « naïve » portée par l’artiste Chéri Samba a actuellement le vent en poupe. Ses œuvres aujourd’hui cotées sur le marché de l’art sont inaccessibles pour la plupart, mais d’autres travaux et artistes représentatifs de ce courant sont disponibles, essentiellement à Kinshasa.

Objets et accessoires décoratifs : tels que bougeoirs, boîtes à bijoux, bibelots divers, paniers tressés, ouvre-bouteilles, porte-clefs, miroirs, plats et bols, coussins, céramique, poterie, tableaux... qui rivalisent bien souvent de beauté et d’inventivité.

Pagnes et tenues sur mesure : même s’ils ne sont plus fabriqués au Congo (à l’exception de l’usine Sotexki à Kisangani), ni même artisanalement, les pagnes (wax), ces tissus typiques aux tons et motifs vifs et colorés, restent l’un des produits phares du pays. Il est possible d’en acheter sur place (unités de mesure en yards), voire d'en faire des vêtements en allant chez les nombreux couturiers et tailleurs locaux : ceux-ci disposent de nombreux modèles et peuvent vous fabriquer votre tenue en un temps et pour des prix records.

Tintin au Congo : le grand classique, c’est de revenir avec un petit tableau peint représentant la couverture du célèbre album de Tintin que l’on customise en rajoutant votre nom dans le titre « Les Aventures de... au Congo ». Mais on en trouve également quantité d'autres déclinaisons (sculptures peintes en bois, en fils de fer...) représentant des personnages ou scènes du livre, voire d'autres albums.

Certains objets sont fabriqués à partir de matériaux de récupération (boîtes de conserve, vieux métaux, câbles...). Un véritable recyclage s’opère donc en donnant une seconde vie à certains produits, avec une sacrée dose d’inventivité et de créativité à l’œuvre chez les artistes et artisans locaux, et pour un résultat original et qualitatif (bijoux, déco...).

Autorisation d’exportation

Pour tout achat d’œuvre d’art conséquente ou d’antiquité, il faut théoriquement obtenir une autorisation (payante) du ministère de la Culture, Arts et Patrimoine, afin de pouvoir sortir la pièce du pays, au risque de rencontrer des problèmes lors de la fouille des bagages par la compagnie aérienne, ou à la douane de l’aéroport, voire auprès des services douaniers de l’aéroport de destination. C’est surtout le cas pour les grosses pièces, facilement repérables dans les bagages. Sachez que le prix de l’autorisation d’exportation sera vraisemblablement à négocier avec votre interlocuteur du ministère, et mieux vaut s’y prendre à l’avance pour obtenir le document à temps. Il n’est en théorie pas nécessaire de le faire pour des petites pièces d’artisanat usuel (pièces en malachite, rafia, bijoux, etc.).

 

Ministère de la Culture, Arts et Patrimoine
154, boulevard du 30 juin, Kinshasa/Gombe
Tél. : +243 818800332 ou +243 844711375
Email : info@culture.gouv.cd
Site : https://culture.gouv.cd/
Horaires : du lundi  au vendredi de 8h à 16h30, de préférence le matin.