Cathédrale Sainte-Marie © mtcurado - iStockphoto.com.jpg

Un pays majoritairement chrétien

Evangélisé durant la colonisation, le Gabon est un pays principalement chrétien. Les catholiques et les protestants, ces derniers majoritairement représentés dans les églises dites « éveillées » (issues du mouvement charismatique américain des born again, « nés à nouveau »), constituent plus de 80 % de la population. Toutefois, le pays compte plus de catholiques, à hauteur de 75 %, que de protestants, avec seulement 20 % des chrétiens. L’Eglise catholique au Gabon constitue une province ecclésiastique formée par l’archidiocèse métropolitain de Libreville et de quatre diocèses qui sont Port-Gentil, Mouila, Franceville et Oyem. Il existe aussi une frange traditionaliste chrétienne depuis 1986, le prieuré de la fraternité Saint-Pie X dont la mission est installée au quartier La Peyrie à Libreville. Il est l’un des plus importants d’Afrique au niveau de sa fraternité. Les grandes fêtes chrétiennes donnent lieu à des messes très festives, à de grandes processions dans les rues de Libreville, où l’on voit défiler les associations de fidèles vêtus des pagnes aux couleurs de leur paroisse. Les paroisses et notamment les chorales, systématiques, sont encore, comme les patronages à une autre époque, un lieu de rassemblement et de vie de groupe pour les jeunes à qui peu d’alternatives sont offertes pour occuper leurs week-ends. L’islam est également présent, d’abord dans la personne du président défunt, converti dans les années 1970, mais également dans les communautés étrangères : Libanais musulmans, Maliens, Sénégalais. On estime que les musulmans représentent environ 9 % de la population. Tous les matins, et particulièrement le vendredi, on entend dans le centre-ville l’appel des muezzins des deux grandes mosquées urbaines et les rues sont remplies d’hommes en habit de prière. Le ramadan est également très suivi par ces communautés, souvent commerçantes, et les magasins ferment plus tôt, afin de permettre à leurs propriétaires de rompre le jeûne en famille. Le calendrier des fêtes est donc un exemple d’œcuménisme local et, au Gabon, on chôme aussi bien pour la fête de l’Aïd que pour l’Assomption.

Les missions religieuses au Gabon

La première mission protestante gabonaise est fondée en 1842, dans l’actuel quartier de Glass, à l’initiative du Comité américain des missions. Ce dernier est remplacé par la Mission de Paris lorsque le Gabon est intégré à l’Empire français quarante ans plus tard. Comme leurs « cousins » catholiques, les missionnaires protestants poursuivent un double objectif de « civilisation », préalable nécessaire à l’évangélisation. Chronologiquement, ils sont donc les premiers acteurs de la christianisation, mais la présence protestante au Gabon reste assez longtemps anecdotique et perd de son importance lorsque les Français s’implantent de manière administrative et quasi exclusive. Après la Seconde Guerre mondiale, la place prise par les Etats-Unis, traditionnellement anticolonialistes, sur la scène internationale, va changer la donne. Le catholicisme est vu comme la religion « coloniale », et le protestantisme américain, qui soutient les mouvements en faveur des droits civiques aux Etats-Unis, va commencer à apparaître dans certains pays d’Afrique noire comme un refuge politique, d’autant plus qu’il est assez mal vu des pouvoirs en place. Il faut dire que l’Eglise catholique et les administrations coloniales travaillent alors dans les colonies françaises de manière très étroite, parfois au mépris du principe de laïcité appliqué sur le territoire métropolitain. C’est donc le renouveau des missions protestantes, qui souhaitent incarner l’idéal démocratique du « Monde libre » et refusent de laisser le continent africain aux mains des anciens colons et de l’Eglise de Rome. Plus tard, à la fin des années 1970, le mouvement « born again » des charismatiques protestants américains, dont les rites très festifs, la relative souplesse vis-à-vis des « spiritualités » traditionnelles et la prépondérance laissée à la communauté sur la hiérarchie contrastent avec la rigueur du culte romain, connaît un succès considérable en Afrique noire, où les mouvements plus ou moins sectaires se multiplient. Aujourd’hui, chaque quartier possède au moins une ou deux églises ou chapelles, aux noms et aux promesses dont certains pourraient prêter à sourire, si elles ne cachaient la cupidité de certains pasteurs peu scrupuleux et avides des dons des fidèles. Parallèlement à la construction d’écoles et de dispensaires rattachés aux missions et à la structuration des zones rurales, dont on voit encore les traces positives, les missions, en poursuivant leur tâche de conversion, ont également, hélas, combattu certains rites incompatibles avec le christianisme et induit ainsi, voire ordonné, la destruction de nombreux masques et objets rituels traditionnels considérés comme des objets païens diaboliques. Aujourd’hui encore, de nombreuses missions chrétiennes, plus ou moins récentes, sont implantées à travers le pays, et l’on y poursuit les travaux de construction d’églises ou de temples, ainsi que des écoles et centres de soins qui les accompagnent.

Des mouvements ésotériques présents

Fraternité initiatique entourée de mystères, la franc-maçonnerie est aussi pratiquée sur le territoire gabonais et s’organise autour de plusieurs obédiences, dont la Grande Loge du Gabon. Elle compte environ 1 500 initiés dans les Loges gabonaises, issus notamment de la sphère politique. Jusqu'au coup d'Etat du 30 août 2023, Ali Bongo Ondimba, successeur de son défunt père, était le grand maître de la Grande Loge du Gabon, remplacé en février 2024 par Jacques-Denis Tsanga, figure politique gabonaise. On compte également une petite communauté de rosicruciens, appartenant à la fraternité de la Rose-Croix, fondée par un personnage mythique au XVe siècle. Considérée comme un ordre secret, elle enseigne les mystères de l’univers, de la nature et de l’homme lui-même. Sa présence au Gabon est controversée. L’animisme reste également bien vivant dans le pays, bien qu’il soit difficile de le quantifier parce qu’il n’est pas visiblement institutionnalisé. Les convictions « monothéistes » cohabitent souvent de façon harmonieuse, dans les familles, avec un certain nombre de croyances ancestrales donnant aux événements de la vie quotidienne des explications parfois savoureuses.