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Les musique et danse traditionnelles

Au Togo, musique et danse traditionnelles ne font souvent qu’un et servent à la fois d’instrument essentiel aux rites initiatiques ainsi que de véhicule aux valeurs des différentes ethnies. Les deux groupes linguistiques les plus importants sont les Adja-Éwé au sud (environ 44 % de la population) et les Kabyé-Tem au nord (26,7 %). Chez ces derniers, les Kabyé, les danses et les chants s’expriment notamment lors des rites comme l’Evala, devenu fête culturelle marquant le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Se tenant généralement à la mi-juillet, c’est au cours de ces fêtes traditionnelles – d’ailleurs l’événement de l’été le plus important du pays – que se déroulent les célèbres luttes en duel kabyé. L’occasion pour les jeunes évalou de démontrer leur puissance. Autres rites initiatiques des Kabyé, les Kondonna, s’adressant aux jeunes hommes, et l’Akpema aux jeunes femmes sont accompagnés de musique composée par les griots.

C’est aussi chez les Kabyé que l’on trouve quelques-unes des expressions chorégraphiques les plus remarquables du pays comme le so, l’habyé ou le tchemou. Les danses so rendent hommage aux morts et aux ancêtres, accompagnées de groupes traditionnels jouant des percussions. La danse habyé exprime quant à elle plus la puissance et la bravoure. Cette danse des sorciers a lieu tous les cinq ans et permet de démontrer toute sa force mystique. Enfin la danse tchemou est organisée par les parents et précède le mariage d’une jeune fille.

Chez les Éwé, une pratique fréquente voit deux familles ou clans régler leurs différends par chansons interposées, composés par les griots des deux côtés. Moquant les défauts et les failles du camp adverse, cette chanson intervient généralement lors des célébrations et appelle une réponse de l’adversaire. Parfois ces chansons intègrent le répertoire populaire et traverse les générations. Elle devient ainsi un véhicule de l’histoire d’une communauté à travers le temps.

Côté danse, les Éwé pratiquent l’agbadja, à l’origine guerrière, qui démarre lentement et légèrement pour gagner en énergie et en intensité avec de gros mouvements d'épaules.

Chez le peuple Bassar, on trouve le tibol, « danse du feu » rituelle par laquelle sont transmises les valeurs de la communauté, dansée pieds nus dans les flammes. Au sein de la même communauté, on trouve également la krounima, une danse des vierges.

Enfin, chez le peuple Ifè, on danse le tchebe, connu pour être exécuté sur de longues échasses.

Les instruments de musique varient selon les régions mais dans l’ensemble, on entend souvent des sortes de castagnettes, très présentes dans les danses comme le kamou ou le so et des tambours, particulièrement importants dans la culture éwé.

Parmi les artistes traditionnels reconnus, citons le fameux griot de Pagouda. Personnage haut en couleur ayant une réputation tant nationale qu’internationale, on peut le voir plus ou moins tout le temps à Pagouda, vêtu d’habits traditionnels et prêt à jouer de sa guitare à une seule corde. Dans le même esprit, les Griots noirs du Togo cherchent à donner un souffle nouveau à la culture locale en mélangeant le traditionnel et le moderne dans leurs créations. Les Griots noirs du Togo regroupent une compagnie de théâtre, Les Messagers du temps, une compagnie de danses traditionnelles, Les Nomades, un groupe d’artistes peintres, La Plume, et un groupe de musique salsa, Les Gedeawo.

La musique populaire

Immense talent disparu trop tôt, Bella Bellow est une légende togolaise. Musicienne la plus connue du pays, celle qui fut souvent comparée à Miriam Makeba a connu une ascension aussi importante que rapide, jouant sur des prestigieuses internationales comme l'Olympia ou gigantesques comme le stade Maracana de Rio. Avant de disparaître à 27 ans dans un accident de la route, Bella Bellow a laissé une empreinte indélébile dans la musique togolaise avec une musique mélange de blues, soul et funk et une voix inimitable. Parmi ses dignes héritières, Afia Mala est une autre des grandes vedettes de la musique togolaise.

Surnommée la « Princesse des rives du Mono », Afia Mala s’est détournée de sa carrière d’avocate qu’on lui destinait pour se consacrer à la musique qu’elle fait rayonner sur les scènes du monde entier. Capable de chanter en plusieurs langues – notamment en éwé, yoruba, swahili, lingala, français et espagnol –, Afia utilise sa voix comme un véritable instrument avec maestria. Plus rock enfin, Jimi Hope est également une idole des Togolais. Connu pour ses paroles engagées et son style novateur, il est souvent considéré parmi les meilleurs rockeurs du continent.

Plus récemment, un incontournable de la musique togolaise est de très loin King Mensah. Élève du Ballet national à l’âge de 10 ans, il a voyagé et touché à tout – chanson, danse, littérature, comédie – avant d’accéder au statut de trublion de la musique togolaise qu’on lui reconnaît aujourd’hui. Le roi Mensah s’est hissé sur le trône grâce à une musique fusion, conciliant musique traditionnelle et moderne, inspirées du gazo, de l’agbadja ou encore du kamou.

Dernièrement un des derniers grands cartons du Togo se nomme Toofan. Auteur d’une musique à danser toute en bonne humeur et tonicité, mélange de rumba, rap et électro, le groupe a enchaîné les tubes qui ont conquis le cœur de milliers de Togolais comme Bonne année, Éperviers Obragada ou encore Gweta dont la danse du clip est devenue virale.

Les musiques actuelles

Dans le courant des années 1990, le Togo a vu, comme de nombreux pays du globe, émerger une scène hip-hop locale. Employé ici comme une vraie catharsis où se purgent les problèmes politiques, sociaux et économiques qui divisent le pays, le hip-hop togolais mélange les influences américaines à la musique traditionnelle locale. C’est particulièrement présent dans la musique d’une vedette du genre, Mic Flammez, qui utilise les rythmes kamou et tchimou pour lui donner une autre dimension. Clairement l’un des rappeurs les plus en vue, il est le digne héritier d'Eric MC, le pionnier du rap togolais. Le hip-hop du pays lui doit énormément tant Ayaovi Éric Mensah, de son vrai nom, a œuvré pour le développement du genre au Togo. Aventurier passionné de musique, il décide dans les années 1980 de partir à Lagos pour suivre une formation de disc-jockey au Jat Sound Studio. Rentrant au Togo en 1990, il crée The King Sound Studio, première école de rap du Togo, qui constituera plus tard la racine du mouvement hip-hop togolais. Son statut unique lui a permis de côtoyer des rappeurs très connus comme MC Solaar dont il assura la première partie à Lomé en 1992. Pour beaucoup, il demeure le meilleur rappeur du Togo.

Parmi les autres artistes à surveiller, citons Vicky Bila, soprano cristalline amoureuse de jazz et de soul, Alister G., voix très suivie de la soul afro-R&B, ou encore Hot Casa Records. Si ce label est français, il produit pas mal d’artistes de jazz et d’afro-soul du Togo. Par exemple, il édite les albums du groupe franco-togolais Vaudou Game, porté par l’inénarrable Peter Solo, et réédite Itadi et Roger Damawuzan, le « James Brown du Togo ». Passionné par le pays, Julien Lebrun, l’un des fondateurs de Hot Casa, a tourné en 2016 le documentaire Togo Soul 70, retraçant l’âge d’or de la musique au Togo de 1970 à 1980. Ce travail de recherche fouillé a débouché sur une compilation, Togo 70, truffée de raretés togolaises des années 1970. À écouter absolument !

À Lomé, les possibilités de voir des bons concerts ne manquent pas. Il y en a tous les week-ends au Refuge International, un lieu à la mode, ainsi que dans les fameux Goethe Institut et Institut français qui, comme dans beaucoup de villes du monde, programment ici aussi fréquemment de bons concerts.