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L’animisme, une croyance profondément ancrée

Au Togo, l'animisme est une réalité religieuse très composite. Qu'ils soient chrétiens, évangélistes, musulmans, tous sont en vérité profondément animistes. Chaque ethnie a ses dieux, ses croyances traditionnelles, ses rites ancestraux ou ses tabous. L'animiste croit fondamentalement en l'existence d'un Dieu suprême. Les divinités sont nommées habituellement « Vodou » chez les Fon, ou « Tron » chez les Éwé. On peut les classer en trois grandes catégories : les divinités principales, secondaires et, enfin, les divinités claniques ou locales. Parmi les divinités principales, Mahou et Lissa sont considérés comme le couple fondateur. Mahou est le principe femelle, et Lissa, le principe mâle. Selon la tradition, ils auraient créé le ciel et la terre. À leurs côtés se trouvent d'autres divinités, telles que Héviéso ou Revioso, qui représentent l'ensemble des phénomènes atmosphériques perceptibles à l'homme, Sakpata, auquel correspond Tchakpana (en ana), est la terre dans ses rapports à l'homme, Dan, symbole de la fécondité, et Broukou ou Nana Bouroukou. Les divinités secondaires ne sont vénérées que dans certains centres ou par certaines corporations. C'est le cas d'Ogoun, protecteur des forgerons et de ceux qui partent à la guerre. Enfin, chaque groupe a des divinités qui lui sont propres, rattachées à des collines ou à des cours d'eau.

Pour les animistes, l'existence humaine est placée sous la dépendance et l'emprise des esprits : ancêtres du clan ou de la famille, fondateurs ou héros. Ces esprits interviennent sans cesse dans la vie quotidienne et protègent mais aussi punissent ceux et celles qui se comportent mal. Il convient donc de se concilier leurs faveurs. Les clans correspondent généralement à un groupe élémentaire, dont les traditions historiques sont communes. La plupart d'entre eux ont un totem, animal ou objet symbolique lié à de très anciennes légendes qui lui attribuent l'origine du clan ou une intervention bénéfique. Ces totems sont à l'origine des tabous culturels et alimentaires. Par ailleurs, la force vitale joue dans l'animisme un rôle prépondérant, présent chez pratiquement tous les groupes ethniques du Togo. La croyance en la réincarnation est générale. Ainsi, dans tout le Togo méridional, on est persuadé que dans chaque être humain revit un ancien du pays. Dans presque tous les groupes ethniques, le mort est enterré avec de nombreux objets censés lui être utiles dans l'au-delà. Les rites animistes restent encore aujourd'hui très présents : sacrifices, rites initiatiques et autres expressions de croyances ancestrales.

L'initiation marque le passage de l'adolescent dans le monde adulte. Pendant cette période, qui est souvent une période de réclusion, l'adolescent est initié à l'histoire, aux rites religieux, aux danses et au langage initiatique de son clan. Les rites d'initiation comportent également des épreuves destinées à augmenter la force physique et morale de l'initié. Les animistes attribuent une âme à tout ce qui fait partie de la nature (plante, minéral, animal). Quatre éléments fondamentaux composent la nature : l'eau, la terre, l'air et le feu. Ces éléments sont sous le contrôle d'un être suprême, mais il existe également des dieux intermédiaires, ayant des fonctions plus spécifiques. L'animisme peut ainsi être vu comme une relation triangulaire entre la nature, les êtres humains et le sacré. Le sacré n'est accessible qu'à certaines personnes, des intermédiaires, qui se chargent de faire le lien avec les êtres humains. Les ancêtres du village, de la famille, sont des intermédiaires privilégiés. Pour correspondre avec ces morts, les animistes font appel à leurs marabouts ou à des griots.
L'animisme reste fortement présent dans deux régions : l'extrême Nord (Kéran, Bassar, Tône) et le Sud-Est (Yoto, Vo, Lacs). Le pays ouatchi est resté particulièrement fidèle à ces croyances ancestrales, comme en témoignent les nombreux cultes du vaudou encore célébrés dans la région. À l'inverse, les animistes sont peu nombreux dans le Sud-Ouest et dans le Centre-Nord-Est où l'islam s'est implanté. La présence de l'islam dans cette région est liée à la conversion massive des éléments Kotokoli et Tchamba ainsi qu'à la dispersion des commerçants musulmans dans les villes et les régions où l'activité économique est la plus forte. L'animisme, enfin, est prédominant chez les Konkomba, les Ngamgamw, les Gurma et les Ouatchi, et fortement présent chez les Kabyè, les Ana et les Éwé.

Le christianisme, la religion prédominante

Avec plus de 40 % de fidèles, le Togo est principalement chrétien. La ferveur des Togolais est telle que Dieu les accompagne au quotidien. En ville, il suffit de regarder le nom des commerces : « Cadeau du ciel », « Dieu seul suffit », « La main de Dieu » ou les autocollants dans les taxis : « Dieu seul sait », « Dieu nous voit ». L'implantation du christianisme dans le pays est le fait des missions protestantes et catholiques. Dès le début du XVIIe siècle, des missions protestantes sont présentes sur la Côte des Esclaves et, à partir de la fin du XVIIe siècle, les Portugais prennent pied sur la côte. À partir de 1827, la mission de Bâle et ensuite celle de Brême s'implantent au Togo. Dès la fin du XVIIe siècle, ils sont suivis par les missionnaires jésuites, capucins et dominicains.Aujourd'hui, les catholiques sont la communauté des croyants chrétiens la plus importante. Ils sont surtout nombreux dans le sud du pays et un bon tiers habite la capitale, Lomé. Au niveau ethnique, la conversion au catholicisme a été maximale (plus de 45 %) chez les Mina, les Akposso et les Akébou, et forte (entre 25 et 30 %) chez les Éwé, les Fon, les Losso et les Ana.Les protestants, quant à eux, représentent environ 16 % de la population, dont la majorité sont pentecôtistes et presbytériens. On compte également une minorité d'évangélistes, de chrétiens célestes, baptistes et charismatiques catholiques.

Parés de leurs plus beaux vêtements, les Togolais sont nombreux à se rendre dans leurs églises respectives pour assister à la messe du dimanche. Comme la plupart des chrétiens, ils célèbrent Noël, Pâques, l'Ascension et la Pentecôte. En milieu rural comme en milieu urbain, l'Église a ajouté, à ses activités pastorales traditionnelles et dans le domaine de l'éducation et de la santé, des formes nouvelles d'évangélisation et de socialisation : groupes de prière, mouvements de jeunes, sessions de formation. L'Église subit aujourd'hui une forte concurrence avec la multiplication des sectes religieuses.

L’islam, une religion importée du Sahara

Avec près de 20 % de musulmans, l'islam est la troisième religion du pays. Depuis 1997, le Togo est d'ailleurs membre de l'Organisation de la coopération islamique, la deuxième plus grande organisation après les Nations unies. Cette religion apparaît au Togo au XVIIe siècle avec les Tchokossi, venant de Côte d'Ivoire, qui s'installent dans la région de Mango. Il se développe par la suite dans la région centrale (pays Tem) avec l'arrivée de nombreux commerçants berbères et touaregs, qui arrivent par les routes commerciales du sel et de l'or. Lors de l'arrivée des Allemands, les musulmans font alliance avec ceux-ci en leur fournissant des contingents de mercenaires. Le régime du mandat puis celui de la tutelle française seront considérés comme très favorables à l'islam. Aujourd'hui, cette religion se répand de plus en plus dans le nord du pays comme en témoignent les nombreuses mosquées dans les villes et les villages. Tous les jours, les muezzins appellent à la prière et les musulmans célèbrent comme tout bon fidèle les fêtes de Mouloud (la naissance du Prophète), le Ramadan et la Tabaski (Aïd el-Kebir), la plus importante des célébrations musulmanes. La région la plus islamisée du pays est celle de Sokodé. On compte aussi une forte concentration de musulmans à Kara, Dapaong et dans la capitale. L'islam s'est fortement répandu dans les ethnies des Haoussa, des Kotokoli, des Tchamba et des Peuls, où il constitue la religion principale, et il est dominant dans les ethnies des Mossi et des Yanga.

La prolifération des sectes religieuses

Les sectes sont de véritables tours de Babel en Afrique noire. Selon les estimations, l'Afrique, au sud du Sahara, comptait plus de deux mille nouvelles religions. Au Togo, on en a dénombré en 2005 quatre cents uniquement à Lomé ! Ambassade des Merveilles, Allez, multipliez-vous !, Ministère de la foi agissante, Champions du Christ, Piller l'enfer ou encore Force d'intervention rapide de Dieu, sont quelques-unes de ces Églises et sectes répertoriées dans le pays. Le phénomène s'est développé à cause du marasme socio-économique, consécutif à la crise sociopolitique que traverse le Togo depuis le début des années 1990. Pour attirer le plus grand nombre d'adeptes, les responsables de ces nouvelles religions promettent réussites sociale et financière, ainsi que le salut éternel et la paix du cœur aux fidèles. Mais la plupart des nouvelles recrues se font déposséder de leurs biens et de leur fortune par les dirigeants de ces sectes qui se font appeler « pasteurs ». Sans parler des nombreux abus mis sous silence comme les pratiques sataniques, les débauches sexuelles et les manœuvres frauduleuses soutirant des millions de francs CFA aux adeptes en profitant de leur crédulité. Au Togo, les femmes seraient plus nombreuses que les hommes à fréquenter ces sectes pseudoreligieuses et elles se retrouvent donc les principales victimes. Les Églises et sectes sont devenues des « affaires commerciales qui marchent bien », il n'est pas rare de voir les « pasteurs » rouler dans de gros 4 x 4 ou se faire construire de somptueuses demeures. Toutefois, des enquêtes sont régulièrement menées et il arrive que certains d'entre eux soient condamnés par la justice pour escroquerie.