Guide de PHILADELPHIE : Arts et culture

Architecture

Philadelphie est une des villes américaines les plus anciennes et certains bâtiments datent du XVIIIe siècle, ce qui est rare pour les Etats-Unis. Avant la guerre d'Indépendance, le style classique anglais sert d'inspiration ; c'est ce qu'on appelle l'architecture coloniale. Elle se répand dans tout l'est du pays et se caractérise par des constructions dans le style géorgien (briques rouges, édifices aux formes simples et relativement symétriques). Independence Hall ou Carpenter's Hall dans le quartier historique en sont deux parfaits exemples.

Après la guerre d'Indépendance, la jeune nation s'intéresse au style néo-classique. Affranchie de la tutelle britannique, elle se veut comme une nouvelle Athènes, foyer de la démocratie. Les colonnes, dômes et frontons exercent un véritable attrait sur les architectes travaillant aux Etats-Unis. Ainsi, la façade du Philadelphia Museum of Art, fondé en 1876, évoque clairement un temple grec. De nombreux immeubles à Philadelphie s'inspirent également de la France ; la bibliothèque municipale est une réplique de l'hôtel de Crillon à Paris et le City Hall est construit dans un style néo-Renaissance qui rappelle le Louvre ou l'hôtel de ville de Paris.

Au début du XXe siècle, une rupture avec les traditions commence dans tout le pays, due notamment à Frank Lloyd Wright qui s'emploie à intégrer le bâtiment dans le paysage. Avec les premières persécutions nazies en Europe, de nombreux architectes s'exilent aux Etats-Unis et avec eux les tendances de l'avant-garde occidentale, comme ce fut le cas avec les architectes du Bauhaus de Munich.

Mais le principal artisan du centre-ville de Philadelphie fut Edmund Bacon (1910-2005), le père de l'acteur Kevin Bacon, architecte et urbaniste de son état. Il fut en effet directeur de la Philadelphia City Planning Commission de 1949 à 1970. " Le père du Philadelphie moderne ", comme il est surnommé, est né à West Philadelphia et a supervisé les constructions, entre autres, du Penn Center, de Penn's Landing, de l'Independence Mall ou des quartiers Market East et Society Hill. Un mural lui rend d'ailleurs hommage à l'angle de Sansom Street et 13th Street.

Si Philadelphie érige son premier gratte-ciel en 1932, le Philadelphia Savings Fund Society (au coin de Market Street et de 12nd Street), pendant longtemps la ville n'a pas de hauts gratte-ciel en raison d'une règle tacite qui interdit d'édifier des bâtiments plus hauts que la statue de William Penn située au sommet de la tour de l'hôtel de ville. Pourtant, en 1987, le One Liberty Place, dont l'architecture s'inspire fortement du Chrysler Building de New York, dépasse les 200 mètres de haut. Depuis, Philadelphie a, comme les autres métropoles américaines, son business district, et compte cinq gratte-ciels. Les nombreux projets de tours témoignent de la renaissance économique de la ville et, le Comcast Center est le plus élevé (297 mètres) et le plus récent (2008).

Enfin, le mythique Philadelphia Museum of Art va s'offrir un sérieux lifting dans les années à venir. L'architecte Franck Gehry a été choisi à l'été 2014 pour agrandir le bâtiment en rajoutant plus de 15 000 m2 de galeries souterraines et un auditorium. Des travaux pharaoniques censés prendre fin à l'horizon 2020.

Artisanat
Que rapporter de son voyage ?

Philadelphie ne possède pas d'artisanat particulier, mais a un attrait indéniable pour acheter des fringues et des chaussures étant donné qu'il n'y a pas de taxe dessus.

Le bon plan ? Les outlets (Premium Outlets au nord de Philadelphie ou encore ceux de Lancaster et d'Atlantic City) regroupent des magasins de grandes marques américaines (Nike, Levi's, Esprit, Calvin Klein, Coach...) à prix dégriffés. Les articles sont écoulés à des prix défiant toute concurrence (jusqu'à 75 % de réduction). Par ailleurs, les soldes, contrairement à la France, ne se font pas à date fixe, ce qui permet de trouver de bonnes affaires toute l'année.

Dans le comté de Lancaster, l'artisanat amish est très présent, en particulier les quilts (patchwork dont on se sert comme couvre-lit) réalisés à la main, avec une rare précision, par les femmes.

Cinéma

Le cinéma fait son apparition à Philadelphie dès la fin du XIXe siècle. Le 18 décembre 1895, Charles Francis Jenkins expose son appareil de projection cinématographique à l'Institut Franklin. Siegmund Lubin achète la caméra de Jenkins et tourne plusieurs films dans la ville. Il fonde ensuite la Lublin Manufacturing Company en 1902 et ouvre les premières salles de cinéma de Philadelphie. En 1985, la municipalité inaugure le Greater Philadelphia Film Office, destiné à développer la production cinématographique et audiovisuelle dans la région, grâce à des subventions. Philadelphie et la Pennsylvanie sont en effet le lieu de nombreux tournages de films. Parmi les plus célèbres, on trouve déjà la saga Rocky Balboa. Les 6 films à succès sortent entre 1976 et 2006 et rendent célèbres les marches du Philadelphia Museum of Art. Les empreintes de pas de Stallone y sont gravées dans le ciment. Le spin-off de la saga, intitulé Creed : l'Héritage de Rocky Balboa, sort en 2015, et une suite est prévue pour 2018. Le film Witness (1984) de Peter Weir avec Harrison Ford se passe entre Philadelphie et Lancaster dans la communauté amish. Impossible de ne pas évoquer également Philadelphia (1993), le long-métrage de Jonathan Demme avec Tom Hanks et Denzel Washington qui raconte le combat d'un avocat contre son licenciement abusif alors qu'il est atteint du virus du sida. En 1995, Terry Gilliam choisit l'Eastern State Penitentiary (ancienne prison de la ville) pour tourner L'Armée des 12 singes avec Bruce Willis et Brad Pitt. Quand au réalisateur Night Shyamalan, il a grandi dans la banlieue de Philadelphie et y tourne la majorité de ses films. Le Sixième Sens (1999) a été réalisé dans divers quartiers de la ville et notamment dans le Curtis Building. Incassable y a également été tourné en 2000. Steven Spielberg n'a également pas été insensible à la cité de Pennsylvanie, puisqu'il a choisi Philly pour tourner A.I. Intelligence Artificielle en 2001. Quatre ans plus tard, Cameron Diaz, Shirley MacLaine et Toni Collette sont venues jouer dans In her Shoes, une comédie à succès de Curtis Hanson, avant que Shyamalan ne revienne y tourner Phénomènes en 2008 avec Mark Wahlberg. En 2012, l'enfant du pays Bradley Cooper est à l'affiche de Happiness Therapy aux côtés de Robert De Niro et Jennifer Lawrence, film qui dépeint le quotidien de la classe ouvrière dans la banlieue de Philadelphie. En 2013, on a pu apercevoir la ville dans les premières scènes de la super-production World War Z, avec Brad Pitt en tête d'affiche, alors que les territoires amish ont été à l'honneur dans la série Banshee, cette ville imaginaire de Pennsylvanie qui met en scène un ancien truand volant l'identité du défunt shérif. Entre punchlines bien senties et scènes parfois trash, le résultat est excellent. Le dernier film de Shyamalan, Split (2016), a été tourné entre Philadelphie et King of Prussia, le plus grand centre commercial des Etats-Unis à 40 minutes de Philly.

La saga Rocky

En 1975, Sylvester Stallone est un acteur méconnu, désabusé et sans le sou. Alors qu'il regarde à la télévision le combat de boxe devenu légendaire qui oppose Mohamed Ali à Chuck Wepner, l'inspiration lui vient soudain : en trois jours, il termine le scénario de Rocky. Il dira plus tard que le boxeur Rocky Graziano fut l'une de ses sources d'inspiration. Stallone envoie le scénario à plusieurs sociétés de production, quand Irwin Winkler et Robert Chartof proposent de lui racheter les droits pour une coquette somme d'argent. Les deux producteurs passent déjà en revue les grands noms du cinéma pour le rôle principal, mais Stallone refuse : il veut interpréter lui-même le personnage de Rocky. D'abord sceptiques, Winkler et Chartof finissent par se laisser convaincre, et Rocky sort le 21 novembre 1976. Le succès est immédiat et Stallone est projeté au rang de star mondiale. L'histoire de ce boxeur à la gueule cassée issu du quartier italien de Philadelphie séduit au-delà des frontières américaines et engrange des millions de dollars. Trois ans plus tard, Rocky II sort au cinéma. Aujourd'hui, la saga se poursuit avec le spin-off Creed (2015), pour lequel une suite est déjà prévue.

Littérature

La littérature américaine occupe actuellement une place enviable dans le monde, grâce notamment à la fiction, qui a fait sa première apparition après l'indépendance des colonies et qui est devenu le genre dominant. A Philadelphie, le mouvement des Lumières inspire les écrits politiques de Benjamin Franklin. C'est d'ailleurs ce dernier qui, en 1731, fonde la Library Company of Philadelphia, la première bibliothèque du pays où il est possible de louer des livres. La presse se développe et, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les pamphlets et les essais prolifèrent et jouent un rôle important dans la Révolution américaine.

Au XIXe siècle, de nombreux écrivains habitent dans l'agglomération de Philadelphie. Les romans de Charles Brockden Brown (mort en 1810) paraissent dans les magazines et la presse de la ville. Le poète et romancier Edgar Allan Poe (1809-1849) se fixe à Philadelphie quelques années en 1840 : on peut d'ailleurs toujours visiter sa maison sur Spring Garden Street. Il écrit pour le mensuel Burton's Gentleman's Magazine, publie plusieurs oeuvres et fonde la revue littéraire Pen Magazine. Avec The Murder in the Rue Morgue (1841), il invente le roman policier.

Par ailleurs, plusieurs romans ont pour cadre la ville de Philadelphie au XXe siècle. Publié en 1912, The Financier, écrit par Theodore Dreiser, évoque le destin de Frank Cowperwood, personnage qui s'inspire du magnat philadelphien Charles Yerkes. On peut citer également Kitty Foyle de Christopher Morley (1939), l'histoire d'une femme libérée devant choisir entre deux hommes. L'histoire est adaptée au cinéma en 1940 et Kitty est jouée par Ginger Rogers. Richard P. Powell remporte un grand succès avec la saga d'une famille d'origine modeste (immigrés irlandais) devenue puissante, The Philadelphian (1957). L'histoire s'étend sur quatre générations et est restée plus de six mois en haut de la liste des meilleurs ventes du pays. John Edgar Wideman a publié Philadelphia Fire, un roman sur un écrivain noir enquêtant sur le bombardement d'un lieu de culte de sa communauté. Le roman a reçu le prix PEN/Faulkner en 1991. Enfin, W.E.B. Griffin, n° 1 des ventes du classement du Wall Street Journal situe souvent ses romans dans la ville comme The Badge of Honor (sur des femmes et des hommes travaillant au siège de la police).

Philadelphie joue aujourd'hui encore un rôle majeur dans la littérature américaine. De nombreux auteurs contemporains à succès en sont originaires, à l'instar de Lisa Scottoline qui a publié pas moins de 30 romans. Scottoline écrit surtout des thrillers juridiques dont l'intrigue est basée à Philly, comme la série de 11 livres Rosato & Associates (1993-2010) qui suit deux femmes à la tête d'un cabinet d'avocats de la ville. Quiara Alegria Hudes a quant à elle remporté le prix Pulitzer pour le deuxième volet de la trilogie de sa pièce de théâtre, Water by the Spoonful (2011). La pièce, qui raconte le retour à Philadelphie d'un vétéran après la guerre en Irak, sera jouée Off-Broadway pendant plus d'un an.

Louisa May Alcott (1832-1888). Née en 1832 à Germantown, Pennsylvanie, Louisa May Alcott écrit dès son plus jeune âge. Infirmière durant la guerre de Sécession, elle publie un livre sur cette expérience et un premier roman en 1864. Trois ans plus tard, alors qu'elle dirige un journal pour enfants à Boston, elle rédige une histoire intitulée Little Women ou Les Quatre Filles du Docteur March. Le succès est tel que cette biographie à peine voilée n'a jamais cessé d'être publiée depuis sa parution en 1868. Inspirée par ses parents, ses soeurs, ses amis de la Nouvelle-Angleterre et d'Europe, l'auteur s'est peinte fidèlement dans ce tableau d'une famille américaine dans le seconde moitié du XIXe siècle, sous les traits de Jo. Elle meurt en 1888. Le roman a été adapté au cinéma dès 1918 et plus tard en dessin animé mais la version la plus connue est celle de Gillian Amstrong sortie en 1994 avec Susan Sarandon dans le rôle de la mère et Winona Ryder dans celui de Jo.

Philip Roth (1933-2018). Ce géant de la littérature américaine naît à Newark, dans le New Jersey, de parents juifs. Après le lycée, il intègre la Bucknell University de Philadelphie puis reçoit une bourse pour poursuivre ses études de littérature à Chicago. Il décide ensuite de se consacrer à l'écriture, et il connaît ses premiers succès dans les années 1960, alors qu'il est installé à New York, avec Laisser courir (1962), Quand elle était gentille (1967) et Portnoy et son complexe (1969). Dans ses oeuvres, il mêle fiction et autobiographie, dépeignant avec lucidité les travers de l'Amérique et s'inspirant sans vergogne du Newark dans lequel il a grandi. A sa mort en 2018, il laisse derrière lui une oeuvre gigantesque, composée notamment de 26 romans, les plus connus étant Opération Shylock : Une Confession (1995), La Tache (2000) ou encore Le Complot contre l'Amérique (2006).

Médias locaux

Presse écrite. Philadelphie possède une longue tradition de journalisme : la presse est déjà très active au XVIIIe siècle avec The American Weekly Mercury et la Pennsylvania Gazette. Aujourd'hui, les deux principaux journaux de la ville sont le Philadelphia Inquirer et le Philadelphia Daily News, qui appartiennent au groupe Philadelphia Media Holdings L.L.C. Fondé en 1829, le Philadelphia Inquirer, est le troisième plus ancien quotidien encore publié aux Etats-Unis, il est distribué à plus de 300 000 exemplaires en semaine. Le Philadelphia Daily News est un tabloïd plus récent et possède un tirage plus modeste (environ 114 000 exemplaires).

Radio. La première licence accordée à une radio a été attribuée à la Saint Joseph's University en août 1912. La première radio commerciale (WIP) fait son apparition en 1922, bientôt suivie par d'autres. Aujourd'hui, les radios les plus importantes sont WHYY-FM, WRTI (qui diffuse du jazz et de la musique classique) et WXPN-FM (la radio de l'université de Philadelphie qui organise de nombreux concerts au World Live Cafe).

Télévision. La première chaîne de télévision de la ville voit le jour dans les années 1930 : la station expérimentale W3XE (actuelle KYW-TV) devient ensuite, en 1939, une filiale de NBC. Il existe 5 réseaux nationaux : ABC, CBS, NBC, FOX et PBS (chaîne publique financée par l'Etat, sans publicité). De nos jours, comme dans de nombreuses grandes zones métropolitaines des Etats-Unis, chaque grande chaîne nationale a une antenne régionale : CBS3, Fox29... À ses réseaux s'ajoutent le câble avec un choix impressionnant de chaînes que ce soit pour de l'information en continu (CNN par exemple, réputée pour être plutôt démocrate), du télé-achat ou même des programmes variés comme HBO (qui diffuse des séries assez novatrices et pourrait être comparé à Canal+ en France). Il y a également une chaîne publique pour Philadelphie : WHYY-TV.

Musique

La musique tient une place importante à Philadelphie et tous les genres musicaux s'y retrouvent grâce à de nombreux festivals, à la programmation éclectique du Kimmel Center et bien sûr avant tout grâce à l'incroyable brassage multiculturel de la ville.

Les différentes vagues d'immigration ont nourri la scène musicale d'influences irlandaises, russes ou encore jamaïcaines. The Roots, le mythique groupe de rap américain aux confins du jazz, du hip-hop et de la soul s'est formé ici en 1987.

Jazz. Le jazz y tient également une place à part. C'est entre Philadelphie et Atlantic City que l'immense Nina Simone débute sa carrière de pianiste de jazz, suite à sa déception de ne pas intégrer le prestigieux institut Curtis de musique classique de la ville. Le grand violoniste Joe Venuti est originaire de Philly et le saxophoniste de génie, père du mouvement free jazz, John Coltrane y a composé bon nombre de ses morceaux dans les années 1970.

Sound of Philadelphia. Philadelphie est surtout le foyer du fameux Sound of Philadelphia, un courant musical souvent présenté comme le précurseur du disco, renouvelant la soul en y mêlant jazz et funk avec des arrangements sonores riches. Les figures de proue de ce mouvement sont certainement les producteurs de Philadelphia International Records, Kenneth Gamble et Leon Huff ou encore la chanteuse Patti LaBelle à l'origine du tube Lady Marmelade en 1974. Aujourd'hui, c'est Mélody Gardot qui triomphe dans le monde avec sa voix puissante entre jazz, blues et folk.

Musique classique. Les principales salles de concerts de Philly sont le Kimmel Center for the Performing Arts, où se produit notamment le toujours novateur Philadelphia Orchestra. Le International House Folklife Center (sur le campus de l'Université de Pennsylvanie) accueille des groupes du monde entier, tandis que le Mann Center for the Performing Arts constitue un des plus grands espaces de concerts en extérieur des Etats-Unis. L'été, le Philadelphia Orchestra y donne des représentations.

Quelques musiciens incontournables

Patti LaBelle (1944). Chanteuse noire américaine et auteur-compositrice, née à Philadelphie en 1944, Patricia Louise Holte (de son vrai nom) est une figure emblématique du Sound of Philadelphia, courant musical soul originaire de la ville. Son premier groupe, The Ordettes, décroche un contrat avec Newtown Records en 1962. Désormais appelé Patti LaBelle and the Bluebelles, le groupe fait la première partie des Who en 1971 et enchaîne les tubes jusqu'au plus célèbre, Lady Marmelade, sorti en 1974. Mais c'est en solo que Patti LaBelle connaît la consécration avec un Grammy Award en 1998 pour son album Live ! One Night Only. Toujours active, elle a signé un album de gospel en 2006 et a vu son nom inscrit au prestigieux Apollo Legends Hall of Fame en 2009 (inspiré du Walk of Fame d'Hollywood Boulevard) dans la mythique salle de concert d'Harlem à New York où James Brown et Ella Fitzgerald ont joué. En 2010 et 2011, elle a joué à Broadway dans la comédie musicale produite par Jay-Z et Will Smith : Fela ! En 2015, elle participe à la 20e saison de la version américaine de Danse avec les stars. Elle présente son premier album de jazz en 2017, intitulé Bel Hommage.

Nina Simone (1933-2003). C'est entre Philadelphie et Atlantic City que l'immense Nina Simone, de son vrai nom Eunice Kathleen Waymona, débute sa carrière de pianiste de jazz, suite à sa déception de ne pas intégrer le prestigieux Institut Curtis de musique classique de la ville. Persuadée de n'avoir pas été reçue à cause de sa couleur de peau, elle ne tentera plus jamais d'intégrer l'institut. Pour se payer des cours de piano privé, elle enchaîne les performances dans les bars, notamment au Midtown Bar & Grill d'Atlantic City, ce qui lui permet de se faire un nom. Elle enregistre son premier album, Little Girl Blue, en 1959 avec le label Bethlehem Records, et connaît un succès retentissant en se produisant dans les bars branchés de Greenwich Village, à New York. Décédée à l'âge de 70 ans dans le sud de la France avec 34 albums à son actif, Nina Simone est l'une des plus grandes artistes de son siècle et l'icône absolue de la musique afro-américaine.

Bruce Springsteen (1949). Impossible de parler de la musique à Philadelphie sans penser à la fameuse chanson de Bruce Springsteen, Streets of Philadelphia ! Ecrite et composée pour le film de Jonathan Demme, Philadelphia, cette ballade mélancolique s'est classée numéro 1 des ventes en Europe et a été récompensée par 3 Grammy Awards dont celui de la Chanson de l'Année en 1994 et par l'Oscar de la Meilleure Chanson originale. Une autre chanson du film, nommée dans la même catégorie aux Oscars, évoque la ville et son histoire ; il s'agit de Philadelphia de Neil Young. Mais Bruce Springsteen, c'est surtout le chanteur le plus emblématique du New Jersey : né à Long Branch, non loin d'Asbury Park, le rockeur a passé toute sa vie à oeuvrer à la revitalisation de son Etat de naissance. Il lui dédie d'ailleurs son premier album, Greetings from Asbury Park, N.J. Icône et bienfaiteur de la ville, il retourne y chanter régulièrement.

Samuel Barber (1910-1981). Né à West Chester, Samuel Barber est âgé de sept ans lorsqu'il compose son premier morceau au piano. Alors qu'il n'a que 14 ans, le jeune prodige est accepté à l'Institut Curtis de musique, où il excelle en composition, en chant et au piano. En 1936, il compose le morceau pour orchestre à cordes Adagio for Strings, son oeuvre la plus connue qui est reprise dans de nombreux films, dont Platoon (1986) d'Oliver Stone. Adagio est aussi utilisée pour les funérailles d'Etat aux Etats-Unis, depuis la mort du président Franklin D. Roosevelt. Son opéra Vanessa (1956) et son Concerto for Piano and Orchestra (1962) lui valent deux Prix Pulitzer de musique. A sa mort en 1981, Barber est l'un des compositeurs les plus reconnus et talentueux de son époque.

Peinture et arts graphiques
Peinture sur les murs de Philadelphie.
Peinture sur les murs de Philadelphie.

Philadelphie abrite la plus ancienne école d'art et le plus vieux musée des Etats-Unis : la Pennsylvania Academy of Fine Arts, fondée en 1805 par le peintre Charles Willson Peale. Cette institution forme des grands noms de la peinture américaine tels que Thomas Eakins et Mary Cassatt, les fondateurs du précisionnisme Charles Demuth et Charles Sheeler, et même plus récemment David Lynch, plus connu comme réalisateur. Parce qu'il déteste utiliser de la couleur dans ses peintures, les oeuvres de Lynch sont toujours sombres, parfois violentes. La Fondation Cartier lui a dédié une rétrospective en 2007. Le documentaire The Art of Life (2017) revient sur la carrière artistique de Lynch et l'influence que la peinture a eue sur son métier de réalisateur.

Le précisionnisme fait son apparition au début des années 1920. Ce mouvement présente certaines caractéristiques du cubisme et du futurisme et a généralement pour thèmes l'urbanisation et l'industrialisation du paysage américain. Il est porté par des artistes tels que Charles Demuth, avec sa fascination pour les silos à grains, Elsie Driggs, dont on se rappelle le tableau Pittsburgh avec son aciérie menaçante, Charles Sheeler, qui représenta les usines Ford dans Criss-Crossed Conveyors, et Georgia O'Keeffe, avec ses inoubliables interprétations des gratte-ciel de Manhattan.

Street art et fresques murales. L'art s'expose également dans les rues. Philly est la ville des fresques murales. Le Mural Art Program est né en 1984 pour lutter contre la prolifération des graffitis sous l'impulsion du maire de l'époque, Wilson Goode. L'idée était d'embellir la ville, de donner du travail aux faiseurs de graffs et de réhabiliter certains secteurs en promouvant l'intégration et le collectif puisque chaque oeuvre est réalisée par un artiste et des personnes du quartier. Des cours de peinture sont dispensés aux participants. C'est le plus grand programme d'art public du pays.

Le street art revêt une telle importance à Philly que certains artistes de rue ont atteint la notoriété. Amber Lynn, ou Ambarella, décore les rues de la ville depuis près de 20 ans. Son oeuvre signature est un coeur noir et blanc avec une phrase courte à l'intérieur, que vous apercevrez forcément durant votre séjour. Plus original, le natif de Philly J. Curtaz, connu sous le pseudo Bindingthings, orne les grilles des parkings de motifs colorés en utilisant de la laine. On ne manquera pas enfin les mosaïques fantasques d'Isaiah Zagar et son Magic Gardens.

Quelques artistes notables

Alexander Calder (1898-1976). Né à Philadelphie, Alexander est fils et petit-fils de sculpteurs célèbres. Son grand-père, Alexander Milne Calder a dessiné tous les éléments architecturaux du City Hall de Philadelphie. Son père a signé la fontaine du Logan Circle. Influencé par l'art de Miró et Mondrian lors d'un voyage à Paris en 1930, Calder devient un des sculpteurs les plus innovants de sa génération, surtout connu pour ses mobiles (assemblages de formes souvent très colorées animées par les mouvements de l'air). En 1952, il obtient le grand prix de la Biennale de Venise. Le musée d'Art moderne de New York possède plusieurs de ses oeuvres et il a également réalisé le mobile du siège de l'UNESCO à Paris (10 mètres de haut, 5 bras et 2 tonnes). A Philadelphie, on pourra admirer le mobile Ghost dans le hall du musée d'art.

Mary Cassatt (1844-1926). La peintre impressionniste Mary Cassatt est née en 1844 dans la ville d'Allegheny, qui fait aujourd'hui partie de Pittsburgh. Issue d'une famille aisée, elle reçoit une éducation à la française et voyage avec ses parents, qui s'installent avec elle à Paris pendant cinq ans. En 1961, Cassatt intègre la prestigieuse Pennsylvania Academy of Fine Arts, à Philadelphie. Elle partage les années suivantes de sa vie entre la Pennsylvanie et l'Europe où elle est au contact des plus grands, notamment le peintre Jean-Léon Gérôme dont elle devient l'élève à Paris. Elle s'initie dans le même temps à l'art de la gravure. Edgar Degas, membre fondateur des impressionnistes, devient son maître en 1874 après avoir remarqué l'une de ses toiles au Salon de Paris. Elle devient célèbre pour ses portraits impressionnistes représentant souvent des mères avec leurs enfants, et c'est en partie sous son influence que le mouvement impressionniste prend de l'ampleur aux Etats-Unis. Mary Cassatt est décorée de la Légion d'Honneur en 1904. A sa mort en 1926, son oeuvre est immense.

Charles Demuth (1883-1935). Le pionnier du mouvement précisionniste est né à Lancaster, où il passera la plus grande partie de sa vie. Il est diplômé de la Pennsylvania Academy of Fine Arts, à Philadelphie. Le mouvement précisionniste, dont il est le principal représentant aux côtés de Charles Sheeler et Elsie Driggs, se caractérise par une représentation cubiste mais figurative de paysages urbains ou industriels. Dans les années 1920, ses séries de portraits, collages d'objets, de lettres et de chiffres, annoncent les réalisations à venir du Pop art. En 1927, sa peinture My Egypt représente un silo à céréales à Lancaster. L'année suivante, il peint ce qui deviendra son oeuvre la plus acclamée, I Saw the Figure Five in Gold. Artiste infatigable, Demuth produit plus de 1 000 oeuvres au cours de sa vie. De santé fragile depuis qu'il est enfant, il s'éteint à l'âge de 51 ans dans sa maison de Lancaster, qui sera ensuite transformée en musée.

Charles Sheeler (1883-1965). A l'âge de 17 ans, Sheeler intègre la Pennsylvania Museum School of Industrial Art à Philadelphie, ville où il est né. En 1909, il fait un voyage à Paris où il découvre les peintres cubistes Picasso et Braque, dont il s'inspire. De retour aux Etats-Unis, il devient l'un des pionniers du mouvement moderniste et expose à New York dès 1913. Tout d'abord fasciné par les granges de Pennsylvanie, qu'il représente encore et encore en 1917 et 1918, il se passionne pour les gratte-ciel lorsqu'il s'installe à New York l'année suivante. Son obsession pour l'architecture et l'urbanisme se reflète dans ses photographies, son autre grande passion. Il peaufine son style précisionniste et en devient l'un des principaux représentants, ce qui lui vaut une exposition solo dans une galerie de New York en 1929. En 1939, le Museum of Modern Art de New York lui dédie une rétrospective.

Andrew Wyeth (1917-2009). Andrew Wyeth naît et grandit dans la banlieue de Philadelphie. De santé fragile, il ne va pas à l'école et est éduqué par son père, un illustrateur reconnu qui l'initie aux arts graphiques. Il apprend l'aquarelle puis se familiarise avec la technique de la tempera à base d'oeuf. Il se fait connaître en représentant son quotidien, notamment les paysages de Pennsylvanie, se classant ainsi parmi les peintres régionalistes et réalistes. Son oeuvre la plus connue, Christina's World (1948), peinture représentant une femme qu'il a connue atteinte de la polio assise dans un champ, est exposée au Museum of Modern Art de New York. Mainte fois reconnu et récompensé, Wyeth est élu membre de l'Académie des Beaux-Arts de Paris en 1976. Il meurt en 2009 mais la relève est assurée, puisque son fils Jamie Wyeth est, à son tour, un peintre reconnu.

Roger Hane (1939-1974). Né dans la petite ville pennsylvanienne de Bradford, Roger Hane obtient un diplôme de conception publicitaire à la University of Fine Arts de Philadelphie. Il déménage à New York en 1963 et réalise des illustrations pour un grand nombre de campagnes publicitaires, pochettes de disques et couvertures de livres. Il dessine notamment les couvertures des sept tomes du Monde de Narnia aux éditions Collier-Macmillan. Ses illustrations paraissent dans les plus grands magazines américains, de Sports Illustrated à Esquire en passant par New York, Fortune et Life. Ses oeuvres colorées aux accents surréalistes lui valent de remporter le prix d'Artiste de l'Année remis par Artist Guild Inc. en 1973. Victime d'un vol qui tourne mal à Central Park en 1974, Hane connaît une mort tragique alors qu'il n'est âgé que de 35 ans.

Keith Haring (1958-1990). Né à Reading, en Pennsylvanie, il grandit à 20 miles de là, dans la petite ville de Kutztown. Il est influencé dès son plus jeune âge par les univers de Walt Disney, des Looney Tunes et du Dr Seuss. A 20 ans, il décroche un petit boulot au Pittsburgh Center for the Arts, où il se familiarise avec les oeuvres de Jean Dubuffet, Jackson Pollock et surtout Pierre Alechinsky, qui aura une grande influence sur son art. En 1978, il expose pour la première fois au Pittsburgh Arts and Crafts Center, puis déménage à New York pour suivre des cours à la très renommée School of Visual Arts, où il devient ami avec Jean-Michel Basquiat. Inspiré par le graffiti, Haring se fait un nom en dessinant à la craie sur les panneaux publicitaires laissés vides dans les stations de métro. Il crée une iconographie unique, colorée, facilement identifiable et souvent engagée. Devenu incontournable, il expose dans les plus grandes galeries de New York puis du monde. Atteint du virus du sida, Haring meurt en 1990. Radiant Baby et Crack is Wack font partie de ses oeuvres les plus emblématiques.

Andy Warhol (1928-1987). Le chef de file du pop art est né à Pittsburgh en 1928. Un musée lui est consacré dans sa ville natale. Parmi tous les artistes installés à New York dans les années 1960, Andy Warhol fut l'un de ceux qui eurent une influence capitale sur le monde de l'art. En 1962, l'artiste se construit son studio, au 231 East 47th street. Appelé The Factory, le studio était le lieu de rendez-vous de tous les plus grands artistes de l'époque. On peut citer notamment Salvador Dali, Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, mais aussi les musiciens Lou Reed (décédé le 27 octobre 2013), Bob Dylan, David Bowie, Mick Jagger, ou les écrivains Allen Grinsberg et Truman Capote. Tous se retrouvaient à la Factory pour des soirées déjantées où les costumes extravagants tout autant que les amphétamines étaient de rigueur. De très nombreuses oeuvres d'art sont sorties de The Factory. Et pas seulement les tableaux pop art d'Andy Warhol. La très populaire chanson Walk on the Wild Side de Lou Reed raconte l'histoire des stars croisées par le chanteur dans le studio. Les rencontres entre Andy Warhol, les Velvet Underground et les Rolling Stones sont aussi à l'origine de plusieurs couvertures d'albums aujourd'hui célèbres. The Factory était aussi un pied de nez à l'Amérique puritaine. Les drag queens et les homosexuels y étaient les bienvenus. Des mariages gays - non-officiels bien sûr - y ont d'ailleurs été célébrés. The Factory a fermé en 1984, trois ans avant la mort d'Andy Warhol. Aujourd'hui encore, l'artiste se vend très bien. Le 13 novembre 2013 son oeuvre monumentale Silver Car Cash (Double Disaster) a été vendue à plus de 105 millions de dollars aux enchères à New York, un record pour une oeuvre d'Andy Warhol.

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