Guide de PHILADELPHIE : Histoire

La région avant l'arrivée des Européens

A l'arrivée des premiers explorateurs européens, le continent nord-américain est peuplé depuis dix millénaires par de nombreuses tribus autochtones. On estime que 20 000 Amérindiens Lenapes peuplent l'ensemble de la côte Est, plusieurs milliers d'entre eux habitant la vallée du Delaware qui comprend une partie de la Pennsylvanie, du New Jersey, du Delaware et du Maryland. Les autochtones dépendent entièrement de la richesse des terres pour subvenir à leurs besoins. Ils cultivent du maïs, des courges et des haricots et survivent grâce aux ressources naturelles de la région. Les rivières regorgent de poissons, les forêts sont riches en gibiers et en fruits rouges. L'arrivée des Européens a un impact dramatique sur les populations autochtones. Les conflits avec les Européens et entre tribus autochtones sont particulièrement meurtriers. Mais ce sont surtout les maladies européennes, contre lesquelles ils ne sont pas immunisés, qui déciment les peuples natifs. Des 7 500 Lenapes qui peuplaient la région en 1600, il n'en reste que 3 000 en 1670.

La découverte de l'Amérique

Si la découverte de l'Amérique est typiquement datée de 1492 et l'arrivée de Christophe Colomb, les premiers Européens à l'avoir atteint sont les Vikings. C'est Leik Erikson qui, en l'an 1000, avec un équipage de 35 hommes, se lance dans l'exploration de la côte Atlantique. Ces vastes terres sont occupées par plusieurs milliers de tribus indiennes. Des colonies vikings s'établissent quelque temps puis fuient, très certainement victimes d'attaques indiennes. Il est intéressant de rappeler que les Indiens ont été nommés ainsi par Christophe Colomb qui, lors de son expédition, cherchait une route pour les Indes et pensait l'avoir trouvée.

Très vite, l'Europe entière se rue vers ce continent inconnu. La France envoie d'abord Jacques Cartier entre 1534 et 1541. Celui-ci, en remontant le fleuve St Laurent, découvre le Québec actuel. Puis, grâce à René-Robert Cavelier de la Salle qui descend le long du Mississippi, elle prend possession de nouvelles contrées et implante une colonie en 1684, appelée Louisiane en l'honneur de Louis XIV. L'Angleterre s'impose cependant rapidement. Jamestown, dirigée par le capitaine John Smith est la première colonie fondée en Virginie en 1607. En 1620, des protestants dissidents, fuyant les persécutions de l'Eglise anglicane à bord du Mayflower, s'installent près du Cape Cod. Entre ces deux sites d'implantation anglaise, des colonies hollandaises et suédoises sont déjà en place. Les Anglais les éliminent progressivement et disposent en 1732 de treize colonies. Le pouvoir est centralisé à Londres et des gouverneurs, révocables par le roi, régissent l'organisation des territoires et le commerce.

Chronologie

1492 > Christophe Colomb découvre le continent américain.

1681 > Charles II, roi d'Angleterre, concède à William Penn une parcelle de terrain dans le Nouveau Monde (entre les rivières Delaware et Schuylkill) en remboursement de nombreuses dettes dues à la famille.

1682 > William Penn signe un traité de paix avec les Indiens Lenape qui vivent sur le territoire. Il fait du commerce avec la tribu indienne et commence à concevoir la ville de Philadelphie. De par ses convictions religieuses, il prône la tolérance et la liberté de culte.

1700 > La ville croît grâce à ses activités commerciales et à sa zone portuaire. Elle devient la deuxième plus grande ville anglophone, derrière Londres.

1723 > Benjamin Franklin arrive à Philadelphie, il commence à travailler chez un imprimeur avant de fonder sa propre entreprise quelques années plus tard.

1744 > Benjamin Franklin crée The Philadelphia Contributionship, la première assurance contre l'incendie aux Etats-Unis. L'homme s'implique de plus en plus dans le développement de la ville.

1774 > L' Angleterre taxe de plus en plus les colonies qui protestent. Un premier Congrès se réunit à Philadelphie : l'Amérique se lance dans sa quête pour la liberté.

1776 > Déclaration d'Indépendance (le 4 juillet) face à la Grande-Bretagne.

1777 > Les Anglais entrent dans la ville. Au cours des années suivantes, la région est le théâtre des principales batailles de la guerre d'Indépendance.

1784 > Traité de paix avec l'Angleterre ratifié par le Congrès.

1790 > Philadelphie devient la capitale des Etats-Unis d'Amérique. Elle accueille aussi la plus large communauté noire libre.

1797 > Plusieurs épidémies de fièvre jaune font des milliers de morts. Pour les enrayer, Philadelphie devient la première ville américaine a être approvisionnée en eau potable grâce à la rivière Schuylkill.

Dans les années 1865 > Après la guerre de Sécession, Philadelphie devient le noyau de la Révolution industrielle américaine.

1917 > Les Etats-Unis entrent en guerre contre l'alliance germanique.

1929 > Depression économique. La crise monétaire touche le monde entier et la ville de Philadelphie ne fait pas exception.

1941 > Le Japon attaque la base militaire de Pearl Harpor. Les Etats-Unis entrent dans la Seconde Guerre mondiale.

1965 > Philadelphie est une des premières villes à accueillir les manifestations pour les droits des homosexuels. Ils se rassemblent devant Independence Hall.

1984 > Le programme des fresques murales est lancé pour lutter contre les graffitis. Philadelphie n'est pas une ville très sûre et doit faire face à la montée en puissance des gangs.

1993 > Inauguration du Pennsylavania Convention Center (palais des congrès) qui relance l'économie de la ville. Des entreprises du secteur tertiaire viennent s'installer.

11 septembre 2001 > Attentats terroristes contre les tours du World Trade Center à New York et contre le Pentagone à Washington. L'avion qui se dirigeait vers la capitale, manque sa cible et s'écrase en Pennsylvanie. Le monde est sous le choc.

2008 > Election historique de Barack Obama, premier afro-américain élu à la présidence des Etats-Unis.

2009 > Le célèbre Race Speech (discours historique sur la race, immédiatement reconnu comme l'équivalent de celui de Martin Luther King) prononcé par le président Obama à Philadelphie durant sa campagne présidentielle fait désormais partie de la collection du National Constitution Center.

2011 > Le maire et enfant de la ville Michael Nutter est élu pour un 2e mandat consécutif à la tête de Philly avec la bagatelle de 76 % des voix.

2012 > En mai, la prestigieuse fondation Barnes a déménagé de Lower Merion, dans la banlieue de Philadelphie, pour poser ses chefs-d'oeuvre au 2025 Benjamin Franklin Parkway.

2012 > Malgré un premier mandat quelque peu critiqué, Barack Obama est réélu à la présidence pour 4 ans. Philadelphie a voté en masse pour le natif d'Honolulu qui a atteint 85,1 % des suffrages.

2014 > En juillet, le célèbre architecte Franck Ghery est choisi pour agrandir le mythique Philadelphia Museum of Art. A l'horizon 2024, ce sont plus de 15 000 m2 qui seront rajoutés en sous-sol.

2016 > Donald Trump est élu et devient le 45e président des États-Unis.

2018 > En août, l'Eglise catholique est éclaboussée par le scandale des plus de 300 prêtres pédophiles dans six diocèses de Pennsylvanie.

La naissance de la Pennsylvanie et de Philadelphie

La région est dans le giron britannique depuis 1674. En 1681, après avoir visité le Nouveau Monde, William Penn, un jeune quaker anglais obtient du roi Charles II le droit de fonder une nouvelle colonie sur ce grand territoire, en échange de l'annulation d'une dette que le gouvernement devait à son père. William Penn appartient à ce groupe religieux qui rejette la hierarchie ecclésiastique et prône l'égalité et la non-violence. Les quakers, persécutés en Angleterre, voient en la Pennsylvanie un refuge pour ne plus être opprimés pour leur foi. Dans le respect de leur principe de tolérance, Penn établit, à son arrivée, des relations d'amour fraternel avec les Indiens et signe un traité d'amitié en 1682. Le nom de la ville, Philadelphie, est ainsi choisi pour ce qu'il signifie en grec : ville de la fraternité. Le fondateur de la Pennsylvanie apprend leur langue (l'algonquin) et plusieurs anecdotes rapportent qu'il n'était pas rare de croiser des dizaines d'Indiens dans sa maison. Tant que les principes quakers ont dominé, les deux communautés ont vécu en parfaite harmonie. On prétend même qu'en 75 ans, il n'y eut pas un seul crime de sang en Pennsylvanie. A sa mort, en 1718, les rapports entre les colons et les tribus indiennes du territoire ne seront plus jamais aussi pacifistes.
William Penn aménage Philadelphie selon un plan en damier, avec des rues larges. Il veut une ville humaine, supprime la peine de mort et garantit la liberté de culte. En 1701, il établit même une charte pour créer de réelles institutions municipales. Attirés par la réputation de respect, de nombreux immigrants (quakers d'Angleterre, de Hollande, ménnonites d'Allemagne...) arrivent et Philadelphie devient la ville la plus peuplée des treize colonies. En 1702, elle est même considérée comme l'égale de New York pour son commerce et sa fortune.

La Guerre de la Conquête

Alors que les grandes puissances européennes se disputent la domination coloniale de l'Amérique du Nord, la guerre de Sept Ans éclate en 1756. Si ce conflit prend racine en Europe, la couronne britannique y voit l'occasion de régler la question des colonies en assurant sa domination sur tout le continent nord-américain. Au Nouveau-Monde, les prémices de la guerre de Sept Ans se font ressentir dès 1754, avec la bataille de Jumonville Glen menée par le jeune officier George Washington pour revendiquer la vallée de l'Ohio, alors partiellement occupée par les Français. C'est ainsi que débute la Guerre de la Conquête (1754-1763), connue aux États-Unis sous le nom de " French and Indian War " (guerre contre les Français et les Indiens). Les années suivantes, les escarmouches entre les deux camps se multiplient et tournent tout d'abord à l'avantage des Français. Si les Britanniques sont en supériorité numérique, les Français se font les alliés de plusieurs tribus amérindiennes qui combattent à leurs côtés. En 1957, le marquis de Montcalm, lieutenant-général des armées françaises, parvient à rallier 2 000 Indiens à ses 6 000 soldats pour affronter les Anglais lors de la bataille de Fort William Henry (État de New York). C'est une victoire, mais en 1758, le vent tourne en faveur des Britanniques. L'Angleterre envoie 27 000 soldats pour soutenir les colons britanniques et les Iroquois, leurs seuls alliés amérindiens. Les Français sont en difficulté et les Anglais s'emparent de Fort Duquesne (actuelle ville de Pittsburgh), renommé Fort Pitt, puis prennent Québec et Montréal en 1759 et 1760. Les Britanniques dominent le conflit mais accumulent une dette colossale qui les pousse à débuter les négociations de paix avec la France en 1760. Le traité de Paris, signé en 1763, met fin à la guerre de Sept Ans. La France, qui obtient de garder sa mainmise sur les Antilles, cède le Canada à la Grande-Bretagne et se retire en grande partie du continent.

Philadelphie, berceau des États-Unis

Benjamin Franklin, un savant né à Boston, s'installe à Philadelphie en 1723, où il crée et édite son propre journal The Pennsylvania Gazette. La publication jouera un grand rôle dans la Révolution américaine. Franklin est très attaché aux idées des Lumières, ce mouvement culturel très présent en France (avec Voltaire, Diderot, Montesquieu...). A travers la Société de philosophie qu'il fonde en 1743, il diffuse et débat les idées de cette organisation. Il faut souligner que les écrits de ces penseurs contre les oppressions politiques et religieuses et sur les questions de la liberté individuelle ont été déterminants pour plusieurs événements de la fin du XVIIIe siècle comme la rédaction de la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis ou la Révolution française.

Sous l'impulsion de l'intellectuel, la ville va aussi énormément évoluer. Dans les années 1730, elle se dote d'un hôpital et d'une compagnie de pompiers. En 1765, une école de médecine ouvre, suivie quelques années plus tard de la première école de droit de la nation.
Entre 1766 et 1774, la politique coloniale s'alourdit : impôts de plus en plus lourds, taxes de plus en plus fréquentes, notamment sur le thé. Une forme de contestation gronde et les quelque 1,5 millions de colons se verraient bien mieux sans le joug de la couronne britannique. C'est tout naturellement à Philadelphie, de par sa position centrale au sein des treize colonies, que les colons se réunissent pour décréter la rupture des relations commerciales avec l'Angleterre et fomenter la révolte.

Alors que la guerre bat son plein, les Pères Fondateurs se réunissent et Thomas Jefferson rédige, avec l'aide d'un comité dont fait partie Benjamin Franklin, la Déclaration d'indépendance. Elle est ratifiée par le congrès le 4 juillet 1776, dans l'Independence Hall (nom donné au bâtiment par Lafayette) et marque la naissance du pays. Quelques jours plus tard retentit la fameuse Liberty Bell, alors dans la tour de l'Independence Hall, pour convoquer les citoyens et leur faire entendre la première lecture publique de cette Déclaration historique. Entre 1775 et 1781, de sanglantes batailles opposent les Américains commandés par George Washington aux troupes britanniques. En 1777, la France accepte de s'allier aux Américains contre l'empire britannique, suivie par l'Espagne et la Hollande, une alliance décisive qui inscrit le conflit dans une nouvelle ère. Malgré cette précieuse coalition, certaines étapes s'avèrent particulièrement difficiles pour l'armée des colonies, notamment l'hiver 1777 à Valley Forge, en Pennsylvanie, qui voit mourir près de 2 500 soldats de froid, de faim et de maladies. En 1781, après huit années de guerre, l'armée des colonies, bien qu'en infériorité numérique, défait définitivement l'armée anglaise à Yorktown, en Virginie, sous le commandement de George Washington. La bataille de la baie de Chesapeake, pour laquelle la France a déployé 36 navires de guerre sous le commandement du lieutenant-général des armées navales François Joseph Paul de Grasse, contribue de manière décisive à la victoire des colons à Yorktown.

En 1778, Benjamin Franklin est à Paris pour négocier un traité d'alliance avec la France et obtient gain de cause. Mais ce n'est qu'en 1783, avec le traité de Versailles, que les Anglais s'avouent vaincus et que la déclaration d'indépendance rédigée par Thomas Jefferson devient effective. En 1787, la Constitution voit le jour et organise les institutions du nouveau pays. George Washington devient le premier président des Etats-Unis. Pour renforcer ce jeune gouvernement fédéral, les membres de la Constitutional Convention, réunis à Philadelphie au Congress Hall, suggèrent de créer une capitale fédérale. Les Etats du Sud prônent alors la création d'un site à côté de la rivière Potomac, tandis que ceux du Nord l'imaginaient plutôt en Pennsylvanie. Le président tranche le 17 juillet 1790 en faveur d'un site à côté du Potomac, plus central. Jusqu'en 1800, pendant la construction de la ville, Philadelphie est tout de même la capitale provisoire du pays.

Les relations entre les Français et Philadelphie

Grâce aux efforts de Benjamin Franklin, la France est le premier pays à s'allier à l'insurrection contre l'Angleterre pendant la guerre d'Indépendance. C'est la popularité parisienne de l'illustre citoyen de Philadelphie qui lui permet d'obtenir du gouvernement de Louis XVI l'aide financière nécessaire à la lutte américaine. De nombreux Français passent par Philadelphie, la présence de certains est plus marquante dans l'histoire du pays. Ainsi, le jeune marquis de Lafayette rejoint les Etats-Unis et combat avec distinction au côté de Washington notamment lors de la difficile défaite de Brandywine en 1777. Un capitaine de bateau bordelais, Stephen Girard, arrive dans la ville à la même période. Il y ouvre un commerce, s'enrichit rapidement et devient un grand armateur (ses bateaux portaient d'ailleurs le nom des philosophes du siècle des Lumières). Membre éminent de la franc-maçonnerie, il côtoie Benjamin Franklin et d'autres grands décisionnaires. À sa mort, en 1831, il légue à la ville de Philadelphie de nombreuses propriétés (dans le quartier du Benjamin Franklin Parkway). Antoine Bénezet est une autre figure française touchante. Arrivé à Philadelphie en 1736, il y passe sa vie à combattre l'esclavage et ses écrits ont beaucoup compté dans l'abolition de la traite des Noirs.

L'esclavagisme et la guerre de Sécession

La guerre de Sécession est peut-être la seconde naissance des Etats-Unis. Cette terrible guerre civile qui a bien failli anéantir l'Union puise ses origines dans les différences de vision fondamentales entre les Etats du Nord, unionistes et abolitionnistes, et ceux du Sud, libre-échangistes et esclavagistes. L'économie des Etats du Sud repose en grande partie sur la pratique de l'esclavage, les 4 millions d'esclaves que comptent les Etats-Unis appartenant pour la plupart aux planteurs de ces Etats. Lorsqu'en 1860, Abraham Lincoln accède à la présidence, le gouvernement, basé à Washington, décide d'abolir l'esclavage. Redoutant que son économie ne s'effondre avec l'abolition, le Sud du pays veut alors se séparer du Nord. L'Union est composée de 25 Etats fidèles à Lincoln et à la Constitution américaine, dont la Pennsylvanie et le New Jersey. L'armé unioniste est successivement menée par quatre généraux mais c'est surtout le général Ulysses S. Grant qui restera dans les annales en remportant la guerre. Il deviendra par ailleurs le 18e président des Etats-Unis. En face, le général Robert E. Lee est à la tête des forces confédérées pendant tout le conflit. Après avoir remporté la bataille de Chancellorsville en Virginie, Etat confédéré, en avril 1863, le général Lee décide de tenter une percée dans les Etats du Nord. Le 1er juillet 1863, il rencontre les armés unionistes à Gettysburg, en Pennsylvanie. Après 3 jours de conflits, l'Union sort vainqueur mais les pertes humaines sont incommensurables. Avec 51 000 soldats morts, dont 28 000 du côté confédéré, la bataille de Gettysburg est la plus meurtrière du conflit et marque un tournant majeur dans la guerre de Sécession. Les troupes confédérées sont démoralisées et le général Lee ne tentera plus d'envahir le Nord. Le conflit, sanglant, dure 4 ans et fait 630 000 morts et 400 000 blessés. Philadelphie, réputée pour ses hôpitaux, les soigne en masse. Au printemps 1865, le Nord finit par l'emporter lorsque le général Lee signe la reddition de son camp face au général Grant à Appomatox, en Virginie. Le treizième amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui abolit l'esclavage et la servitude involontaire aux Etats-Unis, prend effet le 18 décembre 1865.

Deux importants changements sont issus de cette guerre fratricide : la volonté de représenter et de garantir une forme de démocratie et, évidemment, l'abolition de l'esclavage. Cependant, après la guerre, si les Noirs avaient, officiellement les mêmes droits que les Blancs, ce ne fut pas le cas dans la réalité, particulièrement dans le Sud. Les Noirs, comme les Indiens qui furent massacrés et parqués dans des réserves (on ne leur a même accordé la citoyenneté américaine qu'en 1924, un comble pour les tous premiers habitants du pays !), sont majoritairement restés en marge de l'American Dream. Ce n'est qu'en 1953 qu'une loi met fin à la ségrégation au sein du système scolaire.

Les mutations du XXe siècle

La Pennsylvanie connaît un important essor économique grâce aux richesses minières et agricoles. Avec la mécanisation de l'agriculture, beaucoup d'Afro-Américains, fuyant également la ségrégation du Sud, commencent à migrer vers le Nord. Des milliers d'immigrants venus d'Europe viennent travailler dans les usines de Philadelphie. Les raisons de cette vague d'immigration sont multiples mais sont souvent encore dues à la persécution religieuse (les juifs), politique ou à la misère. Philadelphie se modernise et construit son métro en 1907. En 1917, les Etats-Unis, alliés de la France, entrent dans la Première Guerre mondiale et sortent très largement renforcés par le conflit. Ils renforcent leur domination économique, l'Europe étant détruite et ruinée. Cependant, la crise monétaire de 1929 remet en cause le modèle américain. Le chômage atteint des niveaux records dans les années 1930, particulièrement dans la région industrielle de Philadelphie. Les Etats-Unis ne retrouve la prospérité que, et ce paradoxalement, grâce au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, qui relance les industries de l'armement. Après leur triomphe, ils deviennent une puissance incontestable face à l'Union soviétique. C'est le début de la guerre froide, qui oppose le monde communiste au monde capitaliste.

Difficultés et renouveau de Philadelphie

Dans les années 1960, des émeutes raciales éclatent au moment du Mouvement pour les droits civiques, mené par Martin Luther King. Dans le Sud, pour protester contre des mesures discriminatoires toujours en vigueur à l'égard des Noirs et en soutien à Rosa Parks (une femme noire ayant refusé de s'assoir à l'arrière du bus, aux places réservées aux Noirs), le boycottage des bus de Mongomery (Alabama) s'organise. Le pasteur lance alors une marche sur Washington en 1963 et son fameux discours a une portée internationale. Les problèmes sociaux s'aggravent ensuite avec la montée du chômage (de nombreuses entreprises se délocalisent à cause du coût de la main-d'oeuvre) et les problèmes de drogues. Philadelphie est en proie à la violence des gangs et perd plus de 13 % de sa population dans les années 1970. Dans les années 1980, l'insécurité reste un problème majeur. La guerre que se livre la mafia dans le quartier italien de South Philadelphia ou encore les trafics de drogue envahissant les bidonvilles de la ville font grimper en flèche le taux de crimes commis. Mais Philadelphie se construit progressivement une nouvelle image, plus axée sur le secteur tertiaire et développe ses infrastructures touristiques. La lutte contre la violence est une priorité absolue. Le centre-ville devient sûr, animé et les lieux historiques sont mis en valeur. Depuis 1952, tous les maires de la ville sont démocrates à l'instar de Jim Kenney, natif de Philly qui est entré en fonction en janvier 2016.

De façon plus générale, après la traumatisante attaque du 11 septembre 2001 à New York et au milieu de ces années de guerre contre le terrorisme, l'élection de Barack Obama, premier président noir-américain élu en novembre 2008 puis réélu en 2012, a représenté un espoir exceptionnel pour la forte communauté noire de Philly (ils sont 43 %). En novembre 2016, les habitants de Philadelphie ont voté à 82,6 % pour la candidate démocrate Hillary Clinton, mais la Pennsylvanie choisit Donald Trump à 48,8 %. Aucun candidat républicain n'avait remporté l'Etat depuis Reagan en 1984. Ces résultats mettent à jour le clivage qui existe entre les habitants de la capitale et ceux des campagnes. Les cols bleus se reconnaissant dans le discours de Trump qui promet de donner un second souffle à l'industrie du charbon et à la sidérurgie. Avec son message populiste, le magnat de l'immobilier millionaire se pose en détracteur de l'élite libérale démocrate et parvient à convaincre la classe moyenne et ouvrière de Pennsylvanie.

Figures historiques

Benjamin Franklin (1706-1790). À 17 ans, cet intellectuel qui fut physicien, inventeur et écrivain, quitte sa ville natale de Boston pour gagner Philadelphie (où il finira ses jours). Quelques années plus tard, il crée son imprimerie et édite son journal, la Pennsylvania Gazette. En 1743, il fonde la société américaine de philosophie à Philadelphie, ville qui s'attache à diffuser les idées des Lumières. A 42 ans, Franklin a assez d'argent pour prendre sa retraite. Il se consacre désormais aux sciences naturelles et aux inventions (musicales - l'harmonica -, d'autres relatives à l'électricité). Sa curiosité est insatiable. Il aura passé vingt-six ans de sa vie en Europe. Cultivé, éclairé, ce franc-maçon est un des pères de la Révolution américaine. En 1776, il est reçu à Versailles par Louis XVI, qui accepte de signer un traité d'alliance et d'amitié avec les 13 colonies américaines. Quand, en 1783, l'Angleterre est défaite, Benjamin Franklin retourne à Philly où il est accueilli en héros par la population. Un de ses mantras : " Parler peu, faire beaucoup. "

Thomas Jefferson (1743-1826). Thomas Jefferson naît en 1743 en Virginie où il poursuit des études de droit. A la suite d'un pamphlet publié en 1774 symbolisant le mécontentement des colons contre la Grande-Bretagne, il est choisi pour être le délégué de Virginie lors du congrès réuni à Philadelphie. Il prend alors part à la rédaction de la Déclaration d'indépendance. Son engagement en Virginie est important, il y occupe le poste de gouverneur de 1779 à 1781 et c'est sous son impulsion que le traite des Noirs y est interdite en 1778. Fervent défenseur des droits de l'homme, admirateur des idées des Lumières et membre de la Société de philosophie créé par Benjamin Franklin, il prend sa suite en 1785 comme représentant américain en France. Il devient ensuite secrétaire d'Etat sous le gouvernement de Washington puis président des Etats-Unis de 1801 à 1809. Son premier mandat est marqué par d'importants succès comme le rachat de la Louisiane à la France. Son second mandat est plus difficile, il a notamment du mal à maintenir la neutralité du pays dans les guerres napoléoniennes. Il se retire alors en Virginie, se consacre à l'architecture (il dessine les plans de l'université de Virginie) et meurt en 1826.

William Penn (1644-1718). Fils d'un riche amiral qui conquit la Jamaïque, William Penn adhère au quakerisme en 1666. Ce mouvement religieux, dissident de l'Eglise anglicane, prône notamment la liberté de conviction, la non-violence et croit au repentir. C'est sur ces principes qu'il fonde la Pennsylvanie et Philadelphie. Il a en effet obtenu, contre une créance de plusieurs milliers de livres sur la Couronne, une concession en Amérique du Nord, colonie anglaise qui devient une terre de refuge pour de nombreux quakers. Pour appliquer ces principes d'une société démocratique et libérale idéale, et même si le roi d'Angleterre lui en avait donné la propriété, Penn rachète l'espace aux Indiens et les relations avec eux restèrent pacifiques, du moins durant son vivant. Dès 1701, il y formule des lois (Frames of government) qui inspireront en partie la législation des futurs Etats-Unis.

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