Guide de LEIPZIG : Population et langues

Les Leipzigois historiques sont des Saxons, population à part entière du peuple allemand. Historiquement, la Saxe actuelle a été un territoire de contact entre des populations slaves (les Sorabes) et des colons allemands, venus surtout de Saxe occidentale et des quatre coins du monde allemand. En Saxe, l'influence slave dans la culture, les noms de famille, et même la langue, n'est pas négligeable. Après-guerre, Leipzig comme d'autres villes d'Allemagne a accueilli beaucoup d'Allemands réfugiés de Prusse orientale, de Silésie et d'autres régions perdues après la chute du nazisme. Après la chute du Mur, de nombreux Allemands de l'Ouest sont venus s'établir à Leipzig pour travailler, étudier. S'est notamment faite remarquer la fameuse " mafia souabe ", une génération de gens originaires de Stuttgart et sa région, alors saturée, venue s'aventurer à l'est au début des années 1990 pour accéder à des postes plus importants plus rapidement, et qui se sont ensuite entre-aidés jusqu'à constituer des réseaux significatifs, particulièrement dans le milieu universitaire. Aujourd'hui, Leipzig est une vraie ville du melting-pot national allemand ; une bonne partie de sa population (notamment dans les classes moyennes et supérieures) vient de cette mouvance-là.

Minorités et immigration : du fait qu'elle était en RDA, Leipzig est moins cosmopolite que les grandes villes d'Allemagne de l'Ouest qui avait une politique d'immigration massive dans les années 1960-70. C'est une ville relativement peu " brassée " ethniquement. On peut cependant noter la présence d'une communauté vietnamienne (immigrée en RDA au début des années 1980), de Russes et d'Allemands russophones (les " Russlandsdeutsche "), immigrés de Russie dans les années 1990-2000), ainsi que d'Arabes et de Kurdes issus principalement du Machrek et fuyant les conflits récents (Irak, Syrie, Liban, Palestine). L'Eisenbahnviertel est un quartier assez marqué par la présence d'Irakiens, essentiellement kurdes, et se fait appeler " Little Bagdad ". Contrairement aux villes ouest-allemandes, les Turcs sont assez peu nombreux à Leipzig.

Langue : la langue maternelle des " Leipzigois de souche " est un dialecte moyen-allemand, c'est-à-dire un dialecte proche de l'Allemand standard, dont il est l'ancêtre direct. Par rapport à ce dernier, il connait quelques différences syntaxiques et lexicales, mais surtout un accent marqué. L'accent saxon est connu et, il faut le dire, moqué dans toute l'Allemagne en raison de ses sonorités nasales, de ses contractions sur les chuintantes. Le Leipzigois dit " Laeptsch " et non " Leipzig " ; la phrase cliché est " Laeptsch pötschsch tüschsch raös " au lieu de " Leipzig putzt sich tüchtig raus " (Leipzig se fait belle). On moque aussi le " er " de fin de mot (Winter, Müller) qui au lieu de se prononcer " a " comme ailleurs en Allemagne s'incarne par un élégant son guttural allant chercher au fond de la glotte (entre " O " et plus guttural). Parce que Walter Ulbricht, le secrétaire général du PC de la RDA des années 1960, était Leipzigois et doté d'un fort accent saxon qu'il n'a jamais perdu, les Allemands de l'Ouest ont souvent à tort collé au Saxon l'étiquette de ostdeutsch, allemand de l'Est, dialecte inexistant puisque les populations de l'ex-RDA parlaient des formes de l'allemand variées et liées aux mêmes frontières linguistiques qu'à l'Ouest (dialectes bas-allemand dans la moitié nord, moyen-allemand dans la moitié sud). Ainsi, les habitants du Mecklembourg parlent quasiment le même dialecte que ceux de Hambourg, et ceux de l'ouest de la Thuringe le même que ceux de Hesse. Il reste que pour un Français, l'accent saxon est une difficulté supplémentaire pour comprendre les autochtones, mais moins que ne le sont les accents bavarois ou souabe !

Petit cours de saxon

Le saxon est un dialecte haut en couleur, notamment parce qu'il est très proche du hochdeutsch, l'allemand standard, et donc compréhensible par tous, tout en étant habillé d'un étrange accent. Celui-ci se décompose en plusieurs éléments appuyés. Sans doute en raison des influences slaves sur le dialecte local, les chuintantes sont particulièrement en joie dans le saxon. Les " tzchch " s'immiscent partout, les contractions vont bon train, les voyelles sautent au profit de l'agglutinement de deux chuintantes, un peu comme dans le polonais.

Un des éléments qui fait souvent sourire les autres Allemands est la gutturalité de nombreux sons, qui au lieu de s'articuler sur le bout de la langue viennent s'étouffer dans la gorge, produisant un élégant " ôôôôôô " universel. Il s'agit notamment de tous les mots se terminant en " er ", comme " immer ", " besser ", " wieder ", qui articulent un son proche d'un " a " dans la langue de Goethe, et sonnent plutôt " ô " dans la gorge dans celle de Lena Voigt. Les " a " ont également tendance à se " o " -ifier : " Ich habe " part vers un " ich hobe ".

L'alliance des chuintantes accentuées et des " er " / " a " gutturalisés donne un son saxon inimitable : " Ich habe wieder wirklich Hunger " (j'ai à nouveau vraiment faim), pronconcé en standard quelque chose comme " Ich habe vida virklich hounga ", deviendra : " Chch hob' vidôô virklchch houngôô ".

L'un des aspects qui vient renforcer la spécificité saxonne est, paradoxalement (vu que les " er " se ferment), l'ouverture des " o ", qui deviennent " ö " c'est-à-dire, en français, " eu ". Le " u " allemand (" ou " en français) se marque également quelque peu " eu ". Un simple " Hallo Du " (Salut toi) devient à Leipzig comme à Dresde " Halleu Deu ". " Ich bin der Marco, und du ? " (je suis Marco, et toi ?) sonnera dans la Messestadt ainsi : " Chch bin dôô Mooqueueu, eund deu ? ", où le contraste gorge/bouche est d'autant plus beau que les " r " ont tendance à s'effacer quelque peu et à partir aussi au fond de la gorge.

Enfin, et là vous obtiendrez une soupe saxonne détonnante, le saxon contracte, comprime, avale les mots et notamment les voyelles. C'est que le dialecte arbore un léger accent tonique, comme l'anglais ou le russe, qui fait que là où l'accent n'est pas, le son de la voyelle se contracte et devient un peu indifférent. Ainsi : " Hast Du ? " se transforme en un " Hosdee ? ". Essayez alors de prononcer la belle phrase : " Hast Du mich zwanzig mal angerufen, Gerdi ? ". Cela donne en toute simplicité : " Hosdeeumch tzvatzchch mol angéreufn, Goodi ? ".

Tentez donc à présent, muni(e) de ces éléments, le grand classique : " Leipzig putzt sich tüchtig raus ", qu'on pourrait traduire comme Leipzig se met sur son 31 ; vous arriverez sans doute sans aucun complexe au très typique et irremplaçable " Laeptchch peutzchch schch tüchtchch raeueuss ". Et vous comprendrez mieux comment certaines rues de la ville, sans effrayer leurs riverains, peuvent s'appeler " Zschochersche Strasse " (Tzchchokhôôchee Chtrossee) ou " Eutritzsche Strasse " (Oeuïtritzchchee Chtrossee) ! C'est qu'il y en a des " zsch " dans les toponymes du bassin leipzigois, tout simplement parce que l'alphabet allemand a du mal à rendre efficacement les chuintantes héritées des noms donnés ici naguère par les slaves. Les gens d'ici trouveront cela très naturel, mais le Rhénan ou le Hambourgeois aura autant de mal que vous !

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