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La Tarasque de Tarascon

Vous en trouverez des traces un peu partout dans la ville de Tarascon, mais également dans le reste de la Camargue. La Tarasque est un animal bien connu du folklore provençal. Il s’agissait d’une sorte de dragon à six pattes, avec un torse de bœuf et portant une carapace de tortue. Plutôt original comme croisement, mais bien effrayant en cas de rencontre, vous en conviendrez. La terrible bête hantait les marécages autour de Tarascon et se réfugiait parfois sur le rocher qui abrite aujourd’hui l’imposant château de la ville. De là, il guettait les voyageurs égarés sur lesquels il fondait avant de les emporter vers le fleuve pour les noyer. Il s’agit probablement d’une allégorie des caprices du Rhône qui débordait régulièrement et décimait les hommes, les troupeaux et les cultures.

Selon la légende, l’animal fut maîtrisé en l’an 48 par Sainte-Marthe qui l’attacha à l’aide de son écharpe pour le promener dans les rues de la ville. Hélas, les locaux qui avaient subi tant de pertes à cause du monstre le massacrèrent sans la moindre pitié.

On retrouve des textes parlant de la Tarasque dans le livre La Légende dorée, écrit par Jacques de Voragine au XIIIe siècle, mais le mythe est certainement bien plus ancien.

La chèvre d’or de Saint-Rémy

Avec la chèvre d’or, encore plus qu’avec la Tarasque, on entre dans le domaine du magique et du fabuleux. Ici on parle de trésors ! Des monceaux d’or, de pierres précieuses, de coupes et de calices, pillés dans la région par les Sarrasins, durant près de 250 ans. Car cet animal-là, tout fait d’or, des cornes jusqu’aux sabots, en passant par son long pelage, garderait les trésors abandonnés par les Arabes au moment où ils fuirent la Provence. Pour Frédéric Mistral, la chèvre hanterait le Val d'Enfer, dans la vallée des Baux, pour d’autres, elle veillerait depuis le sommet du mausolée des Antiques… quoi qu’il en soit, si vous décidez de la suivre pour lui voler ses biens, par une nuit de pleine lune, sachez que d’autres ont essayé avant vous. On ne les a jamais revus !

Si on retrouve des légendes de chèvres d’or dans de nombreuses provinces, ces histoires sont toujours en relation avec l’occupation sarrasine. Un spécialiste des trésors nous expliquait que ces légendes viendraient probablement de l’habitude qu’avaient ces guerriers de transporter leur or dans des outres en peau de chèvre. Au fil des siècles, bien des personnes disent avoir aperçu le mythique animal. Beaucoup, persuadés qu’une véritable fortune attendait d’être découverte dans la région, se sont lancés dans d’incroyables explorations de cette région mystérieuse, pleine de grottes et de vallons. Mais jusque-là, la chèvre d’or a réussi à déjouer leurs plans et à conserver ses secrets.

La maison de Nostradamus

Restons à Saint-Rémy-de-Provence pour y découvrir un personnage qui, aujourd’hui encore, fait couler beaucoup d’encre et ne manque pas d’enflammer les imaginations : Michel de Nostredame plus connu sous le nom de Nostradamus. Cet apothicaire, astrologue, un peu mage, est né à Saint-Rémy en 1503. Sa maison existe toujours, au numéro 6 de la rue Hoche, une ruelle étroite dans laquelle même le Mistral a du mal à se faufiler. Seule une petite plaque, apposée au-dessus de l’entrée rappelle que celui que certains considèrent comme un prophète est né là. Mais soyons clairs, rien n’est… clair dans les fameuses prophéties, qui sont un recueil de quatrains, regroupés en centuries, annonçant les événements majeurs, souvent catastrophiques, qui attendent l’humanité, jusqu’en l’an 3797.

L’une des prédictions de Nostradamus fit toutefois grande impression, en son temps. En effet, l’un de ses quatrains (le trente-cinquième de la première centurie) collait assez bien à la mort tragique du roi Henri II en juin 1559. Du coup, la notoriété de l’astrologue s’en trouva assurée.

Aujourd’hui, ce sont plus de dix mille ouvrages qui ont été publiés sur le sujet, tentant de traduire en langage clair les fameux quatrains. Dix mille ouvrages et presque autant d’interprétations. Nostradamus est décédé le 2 juillet 1566, à l’âge de 62 ans, à Salon-de-Provence. Il fut inhumé dans l’église des Cordeliers. On dit que, lorsque les sans-culottes ouvrirent son tombeau pour profaner ses restes, en 1793, ils découvrirent un squelette portant sur la poitrine une plaque en cuivre annonçant la date exacte de cette profanation. Ses restes furent finalement récupérés et portés cette fois, à la collégiale Saint-Laurent, de Salon-de-Provence.

Les Saintes-Maries-de-la-Mer

Entre ciel et mer se trouvent Les Saintes-Maries-de-la-Mer. C’est un village où la douceur de vivre est un véritable concept. Une jolie station balnéaire qui résume, au fil de ses ruelles pavées, de ses belles maisons aux façades blanches et de ses restaurants typiques, tout l’esprit de la Camargue et de ses gardians. Mais Les Saintes-Maries, c’est aussi un haut lieu de pèlerinage et plus particulièrement pour les gens du voyage. La tradition raconte que c'est là que Marie-Jacobé, Marie-Salomé et Marie-Madeleine, abandonnées par les Romains dans un bateau sans voiles ni rames, abordèrent poussées par les courants et peut-être par un souffle divin. Dans la version gitane, les trois Maries furent accueillies sur la plage par Sarah qui devint leur servante. Dans une autre version, Sarah serait venue de Palestine avec les trois femmes et de nombreux chrétiens.

Certains historiens prétendent que le culte des Maries ne serait en fait que la transposition par l’Église d’un culte païen dédié à trois déesses mères de la fécondité. Mais, un conseil, n’allez pas claironner cela au milieu des milliers de pèlerins qui se regroupent, chaque année, les 24 et 25 mai, dans toute la ville.

Les Alyscamps

Au sud-est de la ville d’Arles, sur l’ancienne voie romaine, la via Aurélia, se trouve une très vieille nécropole. Tout d’abord lieu de sépulture païen puis chrétien, les Alyscamps, qui signifie Champs-Élysées en provençal, vont acquérir une grande notoriété dès le IVe siècle. D’innombrables personnes veulent être enterrées près de ce lieu qui connut le martyre de Genest, un saint arlésien, décapité en l’an 303 ou un peu plus tard, selon les sources. Au cours des siècles suivants, c’est même par bateaux entiers que l’on enverra les morts vers Arles, dans des tonneaux enduits de poix. Des dons financiers sont également expédiés avec les dépouilles pour régler les frais d’inhumation et faire des offrandes aux défunts. À partir du Moyen Âge, les Alyscamps deviendront le point de départ de la route de Compostelle pour les pèlerins provençaux.

Mais quel fut donc le miracle réalisé par saint Genest ? Une légende tardive, qui prit naissance bien après le martyre du saint, raconte que ce dernier, après avoir perdu sa tête sur le billot, la ramassa, la prit sous le bras et la jeta dans le Rhône où un ange l’aurait saisie et emportée jusqu'en Espagne.

Aujourd’hui, le site reste vraiment très impressionnant avec ses alignements de sarcophages imposants, dont certains sont d'incontestables œuvres d’art. Il y règne une ambiance très particulière, méditative et apaisante.

À voir également l’église Saint-Honorat-des-Alyscamps, classée aux Monuments historiques, qui est une véritable porte ouverte sur le passé.

Le Drapé

Si vous vous baladez du côté d’Aigues-Mortes, vous ne rencontrerez peut-être pas le Drapé, mais vous croiserez certainement quelqu’un qui pourra vous en raconter la légende. En effet, l’histoire, bien que datant de temps immémoriaux, est toujours bien connue des autochtones.

Le Drapé était un cheval fantôme (ou un âne rouge, selon les versions, faisant ainsi mentir l'adage qui dit que l'on ne peut pas changer un âne en cheval de course) qui sévissait dans les alentours d’Aigues-Mortes. Le bruit de ses sabots, sur le sol, avait le pouvoir d’attirer les enfants qui avaient la mauvaise habitude de faire l’école buissonnière ou qui s’étaient simplement attardés à flâner hors des remparts de la ville. Les petites victimes, comme hypnotisées, grimpaient sur le dos de l’animal qui avait la particularité de pouvoir s’allonger en fonction du nombre de cavaliers qu’il emportait. Le Drapé se dirigeait ensuite vers les marécages du Grau-du-Roi et là… le mystère demeure. Toujours est-il qu’on ne revoyait plus jamais les enfants. Alors, si vous allez visiter la ville aux magnifiques remparts, surveillez vos têtes blondes.

L’oratoire Notre-Dame-de-Grâce

Maillane est le village qui vit naître Frédéric Mistral, cela, tout le monde ou presque le sait. Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est qu’un miracle s’y produisit en 1854. Cette année-là, le choléra revenait pour la troisième fois en vingt ans, faire son lot de victimes parmi la population française. On comptait les morts par milliers. Personne n’était épargné, ni les pauvres ni les puissants. Le président du Conseil, Gabriel Perrier, avait même succombé lors de la première vague. Bref, la Provence, comme le reste du pays, tremblait en guettant les signes de la terrible maladie. À Maillane aussi, les habitants étaient durement touchés. Entre les morts et ceux qui avaient fui, il ne demeurait en tout et pour tout qu’une centaine de Maillanais sur les mille cinq cents que comptait habituellement la commune.

Comme il n’y avait pas d’épidémiologistes vedettes en ce temps-là, tous se retournèrent vers la seule qui pouvait les sauver : Notre-Dame-de-Grâce. Une procession fut organisée. Les pénitents avaient à peine atteint la place du village que le miracle se produisit. Une jeune femme, Marthe Gautier, prête à passer, d’un moment à l’autre, ouvrit soudain les yeux au moment où les cloches se mirent à sonner. Elle était totalement guérie. Depuis, les Maillanais organisent une fête en l’honneur de Notre-Dame-de-Grâce, tous les ans à la fin août. Il fallut toutefois attendre un peu avant que l’oratoire ne soit dressé à la place qu’il occupe aujourd’hui, puisqu’il ne fut construit qu’en 1954, soit exactement cent ans après les faits.