Découvrez Jamaïque : Géographie

Malgré sa taille réduite, la Jamaïque offre des paysages extraordinairement diversifiés et de toute beauté. Un historien espagnol, Andres Bernáldez, rapporte les propos de Christophe Colomb qui l'a décrite comme « la plus belle île que les yeux aient vu. Montagneuses, les terres semblent toucher le ciel, pleines de vallées et de plaines... Extraordinairement peuplée, sur les côtes comme à l’intérieur des terres, l’île est pleine de gros villages voisins les uns des autres ». Si les plages qui la bordent sont réputées, la forêt est omniprésente dans le pays. Vous ne manquerez pas d’admirer les contreforts des montagnes, tapissés de cette végétation luxuriante, tropicale et sauvage. Elle couvre près d’un tiers de la surface de l’île, soit près de 340 000 hectares, dont 88 000 de forêt primaire toujours intacte. La partie côtière du sud de l’île est caractérisée par une forêt sèche endémique, qui ne reçoit que peu de précipitations.

La troisième île des Grandes Antilles

Avec une superficie de 10 990 km2, 235 km d’est en ouest, 82 km de largeur maximale, 35 km de largeur minimale et 1 082 km de côtes, c’est la troisième île des Caraïbes par la taille, et la plus grande des îles anglophones. Effondrement d’une partie de l’Amérique centrale ? Emergence de terre suite à des mouvements tectoniques ? Conséquence de la dérive des continents ? Les théories sur l’origine de l’Arc antillais s’affrontent et restent hypothétiques. La Jamaïque appartient au quatuor des grandes Antilles, qu'elle compose avec Cuba, l’île d’Hispaniola (Haïti et la République dominicaine) et Porto Rico. Cet archipel forme l’Arc nord des Antilles (ou Indes occidentales "West Indies" comme les appellent les Britanniques).
La Jamaïque apparaît une première fois il y a environ 140 millions d’années. Engloutie une centaine de millions d’années plus tard, elle réapparaît il y a environ 20 millions d’années, couverte d’un épais manteau calcaire qui explique la topographie surprenante et tourmentée de cette terre aux multiples paysages. Située au centre de la zone Caraïbes, l’île n’est distante que de 144 km de Cuba (au nord), tandis que 160 km la séparent d’Hispaniola (au nord-est), ses plus proches voisines. 

Une terre qui touche le ciel

Plus de la moitié du pays dépasse 300 m d’altitude. Une cordillère centrale de montagnes courant d’est en ouest forme une épine dorsale au milieu de l’île. Le Blue Mountain Peak culmine à 2256 m, à 16 km à peine de la mer (à vol d’oiseau). De part et d’autre de cet axe, de petites chaînes s’étendent du nord au sud, modelant le pays en une géographie très tumultueuse. L’intérieur de l’île est sculpté par de profondes vallées creusant ces chaînes tropicales.
Le Cockpit Country est un haut plateau karstique qui s’étend sur 1 300 km2. Son relief accidenté s’explique par la tendreté et la porosité du calcaire, soumis à l’érosion. Le Cockpit est un chaos de buttes et de collines où de profondes dépressions dessinent des arènes circulaires et où des élévations se dressent soudainement en forme de dômes dodus. Il est recouvert d’un tapis de végétation broussailleuse impénétrable, qui reste en fait l’une des régions les plus mal connues de l’île.
Ces hauteurs intérieures s’effondrent rapidement pour former une plaine côtière étroite, cernée de plages parmi les plus belles du monde. La côte nord est protégée par des récifs coralliens et la côte sud, aux falaises dentelées, est riche en contrastes saisissants. La côte méridionale, sous le vent et épargnée par les alizés, bénéficie d’un climat aride alors que la côte nord, beaucoup plus humide, a développé une végétation tropicale dense. Quelques îlots inhabités s’égrènent dans les eaux de la côte sud, les Pedro Cays et les Morant Cays, au large de Morant Point. 

Les Blue Mountains, un joyau naturel

Culminant à 2 256 m d’altitude au-dessus de la ville de Kingston et de la région orientale de l'île, les Blue Mountains constituent le paysage montagneux le plus spectaculaire de la Jamaïque. Elles s’étendent sur 45 km. Cinq sommets, le John Crow (1 725 m), le Saint John’s Peak (1 899 m), le Mossman’s Peak (2 010 m), le High Peak (2 043 m) et, le plus élevé, le Blue Mountain Peak (2 220 m), forment le Grand Ridge, l’ossature principale de cette chaîne asymétrique. Depuis Port Royal ou Morant Bay, le sommet se détache de la frange de collines qui lui servent d’écrin. Depuis Port Antonio, sa pente nord se découpe sur les rondeurs de la forêt tropicale. Depuis Spanish Town, on l’aperçoit sous un angle différent encore.
La chaîne principale est bordée par des formations de collines côtières au nord et au sud ; et par les chaînes des John Crow Mountains à l’ouest. Datant du Crétacé, ses sols sont agités de fréquents tremblements de terre et parsemés de sources minérales, dont certaines très chaudes. Autant de signes que cette montagne est toujours en cours de formation ! Les vallées des rivières incisent profondément les flancs du massif. On y trouve en grande quantité du nickel, du chrome, du fer, du manganèse, de l’argent, du cuivre... Quelques carrières d’un marbre remarquable sont exploitées au sud. Les Blue Mountains ont depuis toujours souffert de la violence des éléments : des cyclones, pluies ou glissements de terrain qui ravinent leurs flancs. L’érosion, consécutive à une exploitation forestière vieille de quatre siècles, s’accélère avec le développement de la population au sein des communautés et l’utilisation de méthodes agricoles modernes. Le succès de la culture extensive du café a entraîné l’utilisation de fertilisants, herbicides et insecticides chimiques, ce qui n’est pas sans conséquences sur le fragile écosystème de la région. Des mesures ont été prises afin de sauvegarder cette nature exceptionnelle animée d'une vie sauvage très riche. Le parc national des John Crow et Blue Mountains occupe désormais quelque 80 000 ha protégés des initiatives destructrices. Il est ouvert à un écotourisme raisonnable.

Des rivières, fleuves et sources à profusion

Malgré ses 120 rivières, le pays souffre régulièrement de sécheresse et l’alimentation en eau de certaines régions se révèle parfois incertaine. En effet, de nombreuses rivières n’apparaissent que pendant les fortes pluies de la saison humide. Parmi les 12 principales rivières, peu sont navigables. La plupart d’entre elles s’écoulent dans des lits profonds, le cours souvent entrecoupé de rapides et de cascades. La Black River est la plus importante du pays avec ses 70 km, dont seuls 27 sont navigables depuis son embouchure. Le Rio Grande, rendu célèbre par les descentes en radeau  de bambou qui, avant de réjouir les touristes, ont fait les beaux jours de la colonie anglaise, dévale les pentes des Blue Mountains en traversant des paysages particulièrement sauvages et spectaculaires. La Wag River et la Hope River alimentent en eau la ville de Kingston. D’autres rivières, telles la Milk River ou la Cabaritta, permettent l’irrigation des plaines jamaïcaines. Soufrées, radioactives, salines, de nombreuses sources d’eau minérale jaillissent un peu partout dans l’île, prodiguant leurs vertus médicales aux nombreux adeptes des bains. Parmi les plus fréquentées, citons Rockfort, près de Kingston, Bath dans l’Est, ainsi que Milk River et Black River dans le Sud. 

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