Frenchman's Cove est un des lieux de décor du film Night and Day avec Tom Cruise © SLIC - Shutterstock.com .jpg

Des vues touristiques aux blockbusters américains

Si l’industrie cinématographique en Jamaïque n’a jamais été florissante, l’île a néanmoins été très vite un objet d’intérêt pour les réalisateurs dès les débuts du cinéma. Dans les années 1900, de nombreuses vues sont filmées pour être ensuite diffusées en Europe et aux États-Unis, contribuant à la notoriété de la Jamaïque comme destination de villégiature. La beauté des paysages et l’exotisme des villes coloniales attirent le regard. Vous pourrez d’ailleurs découvrir certaines de ces vues en ligne avant votre départ, si le cœur vous en dit.

Le premier long-métrage marquant réalisé en Jamaïque est vraisemblablement La Fille des dieux, un film américain de 1916 aujourd’hui disparu, au budget faramineux d’un million de dollars – 26 millions actuels. L’une des plus grosses productions de l’époque. Le film est célèbre pour la scène de nu tournée sous une cascade par l’actrice et nageuse professionnelle Annette Kellerman. Il fut majoritairement tourné dans un décor construit à Kingston, avec plus de 20 000 personnes employées sur le tournage jamaïcain.

Pendant les décennies suivantes, Hollywood continue à utiliser et ainsi promouvoir les décors et les paysages de l’île. Dans 20 000 lieues sous les mers, l’adaptation du chef-d'œuvre de Jules Verne réalisée par les studios Disney, on aperçoit les grottes de Xtabi, à proximité de Negril, cavernes marines aujourd’hui surplombées d’un hôtel de luxe. Pour les amatrices et amateurs de cinéma préférant rester au sec, rendez-vous à Ochos Rios sur les lieux de tournage de Cocktail, l’un des films de jeunesse de Tom Cruise, sorti en 1988. Le bel acteur a servi de nombreuses boissons au bar de Dragon Bay Beach, à l’hôtel Sandals Royal Plantation, avant d’aller se perdre dans les Chutes de la Dunn avec sa dulcinée (Elisabeth Shue). L’acteur reviendra d’ailleurs plusieurs fois sur l’île, plus récemment en 2010 pour Night and Day, avec Cameron Diaz. Cette fois, c’est du côté de Port Antonio que vous retrouverez les lieux de tournage du film, et plus précisément à Frenchman’s Cove Beach. Depuis 2017, un tour-opérateur organise régulièrement des visites guidées de l’île axées sur le cinéma. N’hésitez pas à vous renseigner lors de votre arrivée. Départs de Falmouth, Ochios Rios ou Montego Bay, et préparez-vous à découvrir l’envers du décor.

D’un Bond à l’autre

En 1962, le monde découvrait la saga 007 au cinéma avec James Bond contre Dr No, premier épisode et première apparition de Sean Connery dans le rôle de l’agent secret. Parmi les trois films de la série tournés sur l’île, c’est Dr No qui met cette dernière le plus en valeur, à commencer par l’arrivée de Bond au Palisadoes Airport, aujourd’hui l’aéroport Norman Manley. Ensuite, c’est dans Kingston et dans ses environs que Bond découvre les joies de la vie insulaire, à l’image de son créateur Ian Fleming. Ce dernier rédige en effet la grande majorité des romans sur l’île, dans sa villa GoldenEye. Une propriété paradisiaque reconvertie en hôtel, où vous pourrez même loger en famille ou entre amis. À défaut de disponibilités – ou de budget –, rendez-vous à Laughing Waters Beach pour rejouer la scène la plus connue du film, lorsque James rencontre Honey Rider (Ursula Andress, première Bond girl de la série), sortant de l’eau après une pêche aux coquillages fructueuse.

Soixante ans plus tard, c’est sous les traits de Daniel Craig que Bond fera à nouveau escale en Jamaïque dans Mourir peut attendre, après deux autres épisodes au moins tournés sur l’île entre Kingston, Oracabessa et Ochos Rios. Prenez le temps de vous arrêter à l’hôtel Couples sans souci, et demandez la chambre D20. C’est là que Bond – sous les traits de Roger Moore – passe la nuit dans Vivre et laisser mourir, avant de se rendre dans les Green grotto caves ainsi qu’à la Rose Hall Greathouse, deux lieux incontournables de votre séjour. Pour retrouver les lieux de tournage de Mourir peut attendre, il faudra vous diriger du côté de Port Antonio, dont les jetées et les plages ont servi à plusieurs séquences de ce dernier opus.

Et qu’en est-il du cinéma jamaïcain ?

Par rapport à la quantité de films que l’île a accueillie, le nombre de productions jamaïcaines se compte sur les doigts de la main, tout comme celles mettant en scène les habitants de l’île. La plus connue à ce jour reste sans doute Rasta Rockett. Ce film culte des années 1990 raconte l’histoire incroyable des quatre sportifs jamaïcains qui ont participé aux épreuves de bobsleigh des Jeux olympiques d’hiver de Calgary, en 1988. Un récit aussi drôle qu’inspirant. Mais le premier film réalisé par un Jamaïcain est sans doute Tout tout de suite, un thriller policier signé Perry Henzell, sorti en 1972. Bien plus sombre que Rasta Rockett, l'œuvre narre les aventures et mésaventures d’un jeune homme jamaïcain aspirant à devenir un chanteur à succès, mais qui finira englué avec des trafiquants et des producteurs véreux. Avec Jimmy Cliff dans le rôle du futur chanteur, le film marquera les esprits. Le cinéma jamaïcain sera dès lors rythmé par des récits de gangsters, de corruption et de trafic de drogue, reflétant les réalités et la vie difficile des jeunes de l’île. Third World Cop (1999), Shottas (2002) ou Better Mus Come (2010) font partie des films jamaïcains les plus connus.

Du côté des cinémas, l’île a connu une période faste dans les années cinquante avec plus de onze complexes en activité, des cinémas drive-in et, météo oblige, de nombreux cinémas en plein air. L’histoire de l’exploitation cinématographique jamaïcaine est étroitement liée à Audley Morais, fondateur de la compagnie Palace Amusement Co en 1921. Après une âpre compétition au milieu du XXe siècle avec la Tropical Cinema Company, c’est aujourd’hui la seule société à exploiter des salles en Jamaïque. Parmi celles-ci, le cinéma Carib à Kingston est la plus ancienne encore en activité, ouverte depuis 1938. Le Palace Cineplex ainsi que le Ward Theatre, plus vieux théâtre de l’île et monument national, complètent l’offre cinématographique de la ville, tandis que Montego Bay abrite le Palace Multiplex, qui vous accueillera pour toutes les sorties récentes durant votre séjour. Et gardez l’oreille ouverte, car de nombreuses projections en plein air ont lieu durant la haute saison.