Histoire Histoire

L’histoire de la Martinique est avant tout liée aux mouvements de population qui ont contribué à modeler sa physionomie et à y faire naître des sociétés pluriethniques, fruits d’un métissage étalé sur plusieurs siècles. Depuis les premiers indiens arawaks en passant par les colons français installés dès 1635, celle que l’on surnomme « l’île aux fleurs », pour son extraordinaire végétation, occupe une position stratégique dans l’ensemble de la Caraïbe qui lui vaut d’être courtisée par les colonisateurs. A partir de 1670, la culture de la canne à sucre entraîne la déportation massive d’esclaves venus d’Afrique. De la période précolombienne jusqu’à la décolonisation et l’assimilation par la République française, la Martinique garde des traces visibles de chaque époque, tant sur le plan culturel que social. Une histoire fascinante mais mouvementée, sur fond de catastrophes naturelles, de tragédies humaines et de luttes pour la liberté.

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2 000 av. J.-C

Premières traces de présence humaine en Martinique

Les fouilles archéologiques ont permis d’estimer les premiers peuplements de l’île à environ 2 000 ans avant J.-C. Il s’agit alors de tribus nomades venues d’Amérique centrale et du bassin de l’Orénoque, en Amérique du Sud.

100 av. J.-C. – 300 ap. J.-C

Etablissement des Arawaks dans les îles de l’archipel caribéen. Ce peuple de cultivateurs, originaire de l’actuel Venezuela, apporte avec lui de nombreuses espèces végétales. En 295, les Arawaks auraient fui la Martinique suite à une éruption de la montagne Pelée.

700-1350

Des Tainos aux Caraïbes

De nouvelles peuplades, les Tainos, cultivant la terre et pratiquant la pêche et la chasse, s’installent sur l’île. Ils y vivent paisiblement jusqu’à la conquête des Petites Antilles entamée par les Caraïbes, un peuple de navigateurs guerriers, autour de 1350.

15 juin 1502

Christophe Colomb débarque au Carbet

Lors de son 4e voyage vers les Indes, le navigateur espagnol atteint les côtes du Carbet. Longtemps, la Martinique va faire office d’escale pour le ravitaillement : les aventuriers français, hollandais et anglais échangent de l’alcool et des outils contre du tabac, de l’eau et des vivres avec les Caraïbes.

Christophe Colomb © traveler1116 - iStockphoto.com.jpg

15 septembre 1635

Début de la colonisation

Le flibustier Pierre Belain d’Esnambuc débarque à Saint-Pierre avec 150 colons français. Il fonde la première colonie française sur l’île pour le compte de la Compagnie des Isles d’Amérique. Saint-Pierre devient ainsi la capitale des Antilles françaises. L’année suivante, Louis XIII autorise l’introduction d’esclaves dans les Antilles françaises. C’est le début de la colonisation.

1650

La Compagnie des Isles d’Amérique fait faillite. Jacques Dyel du Parquet, neveu de Pierre Belain d’Esnambuc, achète la Martinique, les Grenadines et Sainte-Lucie. A sa mort en 1658, une guerre éclate entre les colons français et les Caraïbes. Ces derniers sont massacrés. Les survivants sont obligés de se réfugier à Saint-Vincent et à la Dominique. Les colons vont alors développer sur l’île la culture de l’indigo, du café puis de la canne à sucre.

Avril 1664

Louis XIV rachète la Martinique, les Grenadines et Sainte-Lucie. Il confie à son ministre Jean-Baptiste Colbert la fondation de la Compagnie des Indes occidentales.

1673

La Martinique passe sous l’autorité directe du roi. La traite négrière est désormais ouverte à tous les ports français.

Mars 1685

Promulgation de l’Edit royal « touchant la police des isles de l’Amérique française », appelé Code Noir de Colbert, qui définit en soixante articles la condition des esclaves sur l’île. A partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, la France, à l’instar de l’Angleterre et des Pays-Bas, entre dans le commerce triangulaire avec la traite des Africains vers le Nouveau Monde et utilise massivement des esclaves noirs dans les plantations. Le but du Code Noir est d’encadrer les relations entre maîtres et esclaves, quatre fois plus nombreux que les premiers. Ce texte qui fait des esclaves des « êtres meubles » (pouvant être achetés et vendus) règlemente notamment la torture des esclaves, impose aux maîtres des rations hebdomadaires aux esclaves et limite le métissage.

1759-1814

Vagues successives d’occupation anglaise

Jusqu’en 1814, la Martinique est attaquée à plusieurs reprises par les Britanniques. Cette période est marquée par des batailles retentissantes, telle la bataille de la Martinique en 1779 devant Fort Royal qui oppose treize vaisseaux de Hyde Parker à la flotte de La Motte Picquet et qui se solde par la victoire de la France.

Septembre 1793

L’île est déchirée entre le pouvoir officiel révolutionnaire et les grands propriétaires blancs, les békés, partisans de la royauté. Ces derniers entament une contre-révolution royaliste. C’est dans ce contexte houleux que les Britanniques envahissent Saint-Pierre en février 1794. Pendant ce temps, l’esclavage, de plus en plus contesté en métropole, est aboli par la Convention. Mais la Martinique, sous occupation anglaise, n’applique pas le décret.

25 mars 1802

Signature du Traité d’Amiens : les Anglais se retirent de la Martinique. L’île redevient française et l’esclavage y est maintenu par Napoléon.

1803-1814

Reprise des hostilités franco-britanniques

En 1803, la flotte anglaise s’empare du Rocher du Diamant qu’elle fortifie. Sept ans plus tard, les Anglais prennent Fort-de-France. La Martinique ne sera rétrocédée à la France qu’en mai 1814 avec le Traité de Paris.

22 mai 1848

Abolition de l’esclavage

Soulèvement des esclaves en Martinique qui obtiennent l’abolition immédiate de l’esclavage. L’information du décret rédigé par Victor Schoelcher, qui prévoit de libérer dans un délai de deux mois 250 000 esclaves noirs dans les colonies françaises, se répand rapidement dans les Antilles françaises. Partout dans l’île, l’atmosphère entre maîtres et esclaves est explosive. C’est l’arrestation de Romain, esclave de l’habitation Duchamp au Prêcheur, emprisonné pour avoir continué à jouer du tambour, qui va mettre le feu aux poudres. Dans les rues, les esclaves commencent à s’amasser. Le 22 mai, Romain est relâché mais Huc, le maire du Prêcheur, tire sur la foule, faisant trois morts et dix blessés. Une flambée de violence s’abat alors sur Saint-Pierre. Le 23 mai, le conseil municipal de Saint-Pierre décrète l’abolition immédiate de l’esclavage. Le gouverneur Rostoland publie l’arrêté suivant : « Art. 1er : L’esclavage est aboli à partir de ce jour à la Martinique. Il n’y a plus parmi nous de maîtres ni d’esclaves ; la Martinique ne porte aujourd’hui que des citoyens ». Les « nouveaux libres » deviennent des citoyens à part entière, reçoivent notamment un patronyme, ont le droit de voter, de s’instruire, de travailler. Les colons, eux, seront indemnisés pour la perte de leur main-d'œuvre gratuite. Cette date du 22 mai (fériée en Martinique) est célébrée avec ferveur car elle marque la fin de deux siècles de traite négrière sur l’île mais surtout elle souligne le rôle clef joué par les esclaves pour conquérir leur liberté.

1871

Représentation des colonies à l’Assemblée nationale, à la Chambre des députés, puis au Sénat. Les nombreuses réformes lancées en France (laïcité, gratuité de l’enseignement…) sous la IIIe République trouvent un écho en Martinique.

8 mai 1902

Eruption de la montagne Pelée

Après plusieurs semaines de pluies de cendres et de grondements souterrains, une nuée ardente s’échappe du volcan de la montagne Pelée. Ce nuage de gaz enflammés dévale à une vitesse de près de 700 km/h (et à une température proche de 1 000 degrés) vers Saint-Pierre. Cette catastrophe, la plus meurtrière du XXe siècle, fait près de 30 000 morts en trois minutes ! La capitale économique et culturelle de l’île est rayée de la carte. Avec elle, c’est toute l’industrie rhumière qui s’effondre. Le 30 août, une nuée ardente tue un millier de personnes au Morne-Rouge.

De septembre 1939 à juillet 1943

An Tan Robè (du temps de Robert)

L’île passe sous le régime de Vichy, représenté par l’amiral Robert. A partir de 1942, un blocus imposé par les Américains vers les îles françaises prive les Martiniquais de vivres.

19 mars 1946

Adoption de la loi de départementalisation et d’assimilation défendue par le jeune député martiniquais Aimé Césaire. La Martinique devient un département français, administré par un préfet.

Mars 1958

Création du Parti progressiste martiniquais (PPM), par Aimé Césaire et Pierre Aliker, qui se définit comme un parti inspiré de l’idéal socialiste, progressiste et humaniste.

Décembre 1959

Les Trois Glorieuses

Fort-de-France est secouée par trois jours d’émeutes suite à un incident raciste. La répression fait 3 morts.

1961

Création du BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer) qui prend en charge l’organisation des flux migratoires des habitants des départements d’outre-mer vers la France métropolitaine.

1973

Alfred Marie-Jeanne, Lucien Veilleur, Marc Pulvar et Garcin Malsa fondent le mouvement « La Parole au Peuple ». Il deviendra cinq ans plus tard le Mouvement Indépendantiste Martiniquais, dont l’objectif était l’indépendance de la Martinique. Il a été dissout le 12 novembre 2019.

1983

Création du Conseil Régional de Martinique, dans le cadre de la décentralisation. L’île devient une Région à part entière. Aimé Césaire en est le premier président.

1996

Vote de la loi de finances qui entérine l’égalité sociale entre la France métropolitaine et les départements d’outre-mer sous la présidence de Jacques Chirac. Le but de cette loi est de réduire les disparités en matière de protection sociale entre les départements d’outre-mer et la métropole. Le SMIC ultramarin est aligné sur celui de la France métropolitaine, et les Martiniquais ont désormais accès aux mêmes aides sociales.

Mars 2001

Election de Serge Létchimy (PPM) à la mairie de Fort-de-France. Il succède à Aimé Césaire qui a passé 56 années à la tête de la capitale foyalaise.

17 avril 2008

Mort d’Aimé Césaire

Le monde entier lui rend hommage lors d’obsèques nationales.

5 février – 14 mars 2009

Grève générale

L’île est secouée par un mouvement social sans précédent contre la vie chère. Celui-ci débouche sur une baisse des prix d’une centaine de produits de première nécessité.

Janvier 2010

Les Martiniquais rejettent par référendum l'application de l'article 74 de la Constitution et préfèrent le maintien du système actuel en reconduisant l'article 73. La Martinique devient un DROM, département et région d’outre-mer, soumis au régime d’assimilation législative tel que défini par l’article 73 de la Constitution, qui prévoit pour ces entités un régime d’identité législative, c'est-à-dire que « les lois et règlements sont applicables de plein droit », sous réserve d’une possibilité d’adaptation ou de dérogation des lois et les règlements, afin de tenir compte des caractéristiques et contraintes particulières de ces DROM.

Décembre 2015

Fusion des deux collectivités territoriales, le Conseil Régional et le Conseil Général. Alfred Marie-Jeanne devient le premier président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de la Martinique.

Mai 2019

Réhabilitation du musée Franck Perret de Saint-Pierre, rebaptisé Mémorial de la Catastrophe de 1902.

22 mai 2020

Deux statues de Victor Schoelcher sont arrachées par un groupe d’activistes le jour de la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Ces manifestants anti-héritage colonial mettent en avant le fait que les esclaves se sont libérés eux-mêmes et non grâce à Victor Schoelcher, et qu’il faut rendre hommage avant tout aux esclaves et à leur combat.

Le 26 juillet, ce sont les statues de l’impératrice Joséphine de Beauharnais, déjà privée de tête depuis 1991, et de Pierre Belain d’Esnambuc sur la place de la Savane qui sont détruites. Les motivations sont les mêmes : les manifestants disent être entourés de « symboles insultants ».

15 septembre 2021

La Martinique devient Réserve mondiale de Biosphère

Le programme Homme et Biosphère de l’UNESCO a reconnu l’ensemble du territoire terrestre et marin de la Martinique Réserve mondiale de Biosphère. Cette distinction engage la Martinique à valoriser ses richesses naturelles et culturelles dans une dynamique de développement durable.

Novembre 2021

La Martinique accueille la Transat Jacques Vabre

Pour la première fois de son histoire, la Transat Jacques Vabre, qui retrace la route du café qu’empruntaient au XVIIIe siècle les grands navires marchands, s’arrête en Martinique. Le 25 novembre, c’est LinkedOut, représenté par Thomas Ruyant et Morgan Lagravière, qui a atteint en premier Fort-de-France et signé sa première victoire après 18 jours, 1 heure et 21 minutes pour parcourir les 6000 miles qui séparent la Martinique du Havre.

Novembre 2021

La révolte gronde en Martinique

Le conflit social, qui touche aussi fortement la Guadeloupe, démarre le 22 novembre, insufflé par l’intersyndicale qui déclenche une grève illimitée et pose des barrages filtrants sur toute l’île, empêchant ainsi toute circulation des habitants. L’origine de cette contestation ? L’instauration par le gouvernement français d’une obligation vaccinale pour les soignants ainsi que le pass sanitaire dans plusieurs lieux publics. 

Dès le premier soir, en marge des revendications syndicales, débutent des actes de vandalisme dans tous les points de l’île : barrages, incendies, tirs de projectiles, rançonnement des automobilistes… La Martinique connaît des nuits de violence sans précédent et le préfet instaure un couvre-feu dès 18h pour faire face aux violences nocturnes. Le conflit s’enlise et le 30 novembre le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu annonce le report de l'obligation vaccinale au 31 décembre. Si l’origine de ce mouvement était cette obligation vaccinale pour soignants et pompiers, ce dernier s’est rapidement étendu à d’autres revendications politiques et sociales diverses : la vie chère, une défiance envers l’État, notamment en raison du scandale du chlordécone, ce pesticide qui a empoisonné durant des années les sols antillais et est à l’origine de nombreux cancers.

8 mai 2022

Saint-Pierre fête les 120 ans de l’éruption de la Montagne Pelée.

Juillet 2022

Le Tour Cycliste International de Martinique a fait son grand retour en Martinique après deux ans de crise sanitaire. La 41e édition de cet événement très attendu sur l’île a été remportée par le colombien Diégo Armando Soraca Cabezas de la Pédale Pilotine.

16 septembre 2023

Le 16 septembre 2023, la valeur universelle exceptionnelle de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord de la Martinique a officiellement été reconnue par le Comité Unesco à Riyad. La géologie particulière des Pitons du Nord, un ensemble montagneux d'origine volcanique, des ensembles forestiers parmi les mieux conservés des Petites Antilles ou encore une faune et une flore extrêmement riches, avec de nombreuses espèces endémiques, caractérise ce site qui s’étale sur 14 000 hectares, soit 12 % du territoire martiniquais, et qui est désormais inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco.

Top 10 : Personnages historiques

Les personnages historiques de la Martinique

Personnages connus ou moins connus, ces hommes et ces femmes, natifs de l’île aux fleurs ou simples visiteurs, ont marqué l’histoire de la Martinique par leur destin, leur engagement politique ou leur vocation artistique. Ils illustrent à merveille la diversité culturelle de l’île.

Belain d’Esnambuc (1585-1637)

Ce navigateur débarque en Martinique en 1635 avec 150 colons français venant de l’île de Saint-Christophe.

Jean-Baptiste Labat (1663-1738)

Ce missionnaire, fin connaisseur des techniques de distillation, est surnommé le père du rhum martiniquais.

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Victor Schœlcher (1804-1893)

Ce député est à l’origine du décret de 1848 abolissant l’esclavage dans les colonies françaises.

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Joséphine de Beauharnais (1763-1814)

Née aux Trois-Ilets, elle épouse le général Bonaparte en 1796 avant d’être couronnée impératrice en 1804.

Homère Clément (1852-1923)

Maire du François de 1885 à 1923, ce médecin achète l’Acajou, devenue aujourd’hui l’Habitation Clément.

Victor Sévère (1867-1957)

Maire de Fort-de-France pendant 35 ans, il s’opposa au régime de Vichy et entra dans la Résistance.

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Louis-Auguste Cyparis (1874-1929)

Emprisonné à Saint-Pierre, il est l’unique survivant de la catastrophe de la montagne Pelée en 1902.

Aimé Césaire (1913-2008)

Poète de la négritude, il s’engagea dans la politique en fondant le Parti Progressiste Martiniquais.

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Frantz Fanon (1925-1961)

Ce psychiatre foyalais est l’une des grandes figures de la lutte anticoloniale et de l’antiracisme.

Edouard Glissant (1928-2011)

Prix Renaudot en 1958 pour son roman La Lézarde, il est l’un des théoriciens de l’identité créole.

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