Mammifères terrestres

Parmi les herbivores, le renne (caribou) est le plus connu. Le mot « caribou » vient d’Amérique du Nord et signifie « le pelleteur », car il déblaie la neige avec ses bois. Ses migrations couvrent jusqu’à 1 200 km, de Paamiut sur la côte ouest, jusqu’au nord. La population varie beaucoup, mais elle est actuellement stabilisée. Ils sont élevés dans le sud pour leur viande.

Animal très ancien, le bœuf musqué n’était présent que dans l’extrême nord du Groenland. Il mesure 2,10 m de long et 1,45 m de hauteur. Il vit en troupeaux d'une quinzaine d'individus. Les Inuits s’attaquaient aux solitaires et filaient leur laine (quviut), d'ailleurs son nom umimmak en groenlandais signifie « l'animal avec une fourrure comme une barbe ». Ne dépassant pas 1,20 m au garrot, ces derniers sont pourvus de longs poils, chauds et soyeux, et de cornes recourbées vers l'avant. Malgré son nom, le bœuf musqué s’apparente en réalité aux caprins. Les baleiniers l’ont appelé « musqué » parce qu’ils n’appréciaient pas sa chair. L’espèce était proche de l’extinction dans les années 1960 : il a été réimplanté en plusieurs endroits, en particulier près de Kangerlussuaq, autour de l’aéroport où on peut les chasser, la population étant nombreuse aujourd’hui. Vous pourrez en observer grâce à un safari d’Albatros ou en déguster dans votre assiette au délicieux restaurant Roklubben. Ils ont aussi été réintroduits dans les régions de Thulé, l'île de Disko et à Uummannaq. Des projets de fermes spécialisées sur la côte ouest sont en cours de réalisation afin de permettre un apport de viande (non importé) de boucherie bien qu'il semble que les bœufs musqués s'adaptent très mal à la vie en captivité.

Au fur et à mesure qu'on pénètre plus dans le pays, apparaissent aussi des loups, des renards et des lièvres, tous qualifiés d'arctiques ou de polaires, pourvus en hiver d'un pelage blanc immaculé, ainsi que des hermines et des lemmings, ces derniers assez proches, en apparence, de nos campagnols. Le lemming (au nord) est associé à sa légende du suicide collectif ; en réalité, il migre à la fonte des neiges pour se nourrir, et beaucoup meurent en traversant les lacs, mais surtout chassés par les hermines et les chouettes harfangs.

Indissociables du Groenland, les chiens de traîneau forment un couple inébranlable avec le chasseur depuis plusieurs siècles. « Donnez-moi l'hiver, donnez-moi des chiens et vous pouvez garder tout le reste », disait Knud Rasmussen. Pourtant, méfiez-vous, ce ne sont en aucun cas des animaux de compagnie tels que nous le concevons, ils sont avant tout considérés comme des chiens de transport. Sans conteste, ils sont la plus pure, la plus robuste et la plus authentique race de chien de traîneau de l'Arctique. Si les malamutes sont connus pour être de puissants traceurs, les samoyèdes des compagnons affectueux et intelligents, et les siberian huskies les plus rapides, la race groenlandaise est la seule vraie race de trait et de travail. Sa robe très chaude et épaisse peut revêtir différentes couleurs allant du gris-blanc et pouvant tirer jusqu'au brun-noir. Ses oreilles sont courtes (adaptation au froid), sa tête est petite, sa silhouette trapue et puissante. Avec l'été arctique, les chiens ne sont plus utilisés et pour la plupart attachés près des maisons, sur les pourtours des villes comme à Ilulissat, voire exilés sur des îles voisines. Les chiens sont majoritairement présents au Groenland au nord du cercle polaire puisqu'ils ne sont pas autorisés au sud (sauf à Tasiilaq). Plusieurs tour-opérateurs organisent des excursions pour aller les nourrir ou, mieux, faire des excursions en hiver, à l’instar d’Ilulissat Tourist Nature, Tasiilaq Tours ou encore Hotel Sisimiut & Tours. En été, il est possible de faire du chien de traîneau seulement sur l’île de Disko avec Sikuaput.

Mammifères marins

La mer, c'est la Sassuma Arnaa de la mythologie inuite, un océan aux eaux polaires oxygénées où pinnipèdes et cétacés abondent. Les pinnipèdes sont classés en trois familles : les otaries, les phoques et les morses. Ces pinnipèdes amphibiens, les morses et les phoques, nagent, mais aussi rampent sur terre grâce à leurs membres antérieurs en forme de nageoires.

Le morse qui atteint 4 m de long pour 2 tonnes vit en grands troupeaux ; il se dresse sur ses nageoires antérieures et se déplace grâce à ses nageoires postérieures ; autrefois, les Inuits taillaient ses défenses (longues de 40 cm) comme armes et les sculptaient.

Le Groenland comprend cinq espèces différentes de phoques visibles partout le long du littoral dont le phoque annelé (marbré), le phoque du Groenland et le phoque à capuchon sont les plus répandus. Le phoque barbu et le phoque commun sont à l'inverse relativement rares. Les plus petits mesurent environ 1 m et pèsent dans les 40 kg tandis que les plus gros mesurent jusqu'à 4 m pour un poids pouvant atteindre jusqu'à 700 kg ! Aucune des espèces n'est menacée d'extinction, mais le phoque commun, qui n'est pas vraiment une espèce de phoque de l'Arctique, semblerait être en baisse dans l'ouest du pays. Ces pinnipèdes « aux pieds en forme d'ailes » se méfient de l'homme, vous en apercevrez difficilement sur des icebergs ou des côtes rocheuses.

Le Groenland n’abrite pas moins de… quinze espèces de baleines ! Comme tous les mammifères, elles ont besoin de respirer et quittent les zones de banquise en hiver. Le reste du temps, vous pourrez observer des rorquals, des cachalots, des baleines à bosse et peut-être même des baleines franches, les plus grandes avec une longueur de 20 m et pesant près de 150 tonnes. La baleine à bosse est facilement reconnaissable grâce à ses ailerons et sa queue blanche. Une multitude d’agences touristiques proposent des excursions pour aller les observer dont Whale Tours à Ilulissat. Le béluga, très répandu, vit en troupeaux de milliers d’individus : il est menacé par son ennemi l’orque épaulard. La baleine blanche, espèce protégée, a pratiquement disparu des eaux groenlandaises. Le narval, quasi menacé, qui vit en petits groupes de douze, était recherché en Asie pour les prétendues vertus aphrodisiaques de sa défense, en réalité la canine gauche du mâle. Ce fabuleux appendice nasal lui vaut également le surnom de licorne de mer et d'ailleurs beaucoup de Groenlandais s'en servent pour faire de la sculpture. Il est à noter que les scientifiques se questionnent encore sur le rôle de cette défense. De tous les cétacés, la baleine bleue est la plus grande, avec 30 m de long.

D'instinct grégaire, les dauphins et les marsouins se déplacent en bandes pouvant atteindre plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d'individus. Il est à noter l’incroyable récente découverte du requin groenlandais qui pourrait vivre… jusqu'à 400 ans ! Il s'agit du vertébré ayant l'espérance de vie la plus longue. Une seule autre espèce animale est connue pour avoir une longévité plus importante, le coquillage praire d'Islande (507 ans). Leur longévité s'explique par leur très lent développement (environ 1 cm par an).

Jointe aux nombreuses espèces de poissons (morue, saumon, flétan, omble chevalier) et de crustacés (crevettes surtout), toute cette faune sauvage, chassée ou pêchée, constituait jadis la nourriture de base pour les Groenlandais ainsi que la matière première des vêtements, des outils et de l'habitat.

Pour réussir à s'adapter à un environnement si peu hospitalier, les mammifères terrestres et marins sont enrobés de graisse (phoque, morse, ours…) et sont couverts d'une fourrure protectrice très chaude (bœuf musqué, renne, loup, renard, lièvre…). Les espèces homéothermes à sang chaud présentent aussi des extrémités, telles que les oreilles ou les queues d'un renard ou d'un lièvre, plus réduites.

Oiseaux et insectes

La moitié des 50 espèces visibles au Groenland sont de magnifiques oiseaux migrateurs (oies, goélands, mouettes lagopèdes, pétrels, sternes, guillemots…). Une légende groenlandaise dit que le corbeau apporte la lumière après la nuit. De fait, les oiseaux comme l’eider ou le guillemot noir annoncent brusquement l’été en arrivant en colonies entières du jour au lendemain. La mouette arctique ne vit que sur la banquise. Enfin, dans tout le Groenland, on ne compte que quatre espèces d’oiseaux prédateurs : le faucon pèlerin, l’aigle à queue blanche, la chouette harfang ou des neiges, symbole de la faune arctique souvent représentée par les artistes, et le rarissime faucon gerfaut, payé très cher en Orient, qu’Ivan le Terrible avait offert à Marie Tudor…

À la plus grande surprise des touristes, un grand nombre de moustiques et de mouches envahissent la toundra durant la saison estivale (surtout en juin et juillet, le mois d'août étant plus calme). Le fait que la température globale augmente accélère le développement des insectes. N'oubliez donc pas de vous équiper de produits insecticides et surtout d'une moustiquaire à visage !

La faune unique du Parc national

Le parc présente une faune unique avec une population de 5 000 à 15 000 bœufs musqués, soit près de 40 % de la population mondiale de cette espèce, ainsi que de nombreux ours polaires dans les régions côtières. Parmi les autres mammifères, on trouve des renards arctiques, des lemmings à collier, des hermines, des lièvres arctiques. Bien qu'ils reviennent occasionnellement, les rennes et les loups ont déserté la zone respectivement au début du XXe siècle. Beaucoup de mammifères marins séjournent dans les eaux environnantes, dont le phoque annelé et le morse. Des dauphins, des orques, des baleines de Minke et des cachalots y circulent fréquemment, mais le béluga et le narval sont les seuls cétacés à y être présents de manière régulière. Parmi les espèces d'oiseaux nichant dans le parc, résident le corbeau, l'eider à duvet, l'eider à tête grise, le faucon gerfaut, le plongeon huard, la bernache nonnette, l'oie à bec court, le harfang des neiges, le bécasseau sanderling et le lagopède alpin. Le parc renferme aussi des gisements de minéraux qui pourraient un jour menacer sa tranquillité.

La chasse aux phoques, à la baleine et aux ours polaires

La chasse aux phoques, à la baleine ou aux ours polaires reste sujette à de nombreuses controverses, notamment en raison de l'intervention de célébrités opposées à la chasse aux phoques (Juliette Binoche, Kim Basinger, Paul McCartney, Pamela Anderson, Pierce Brosnan…). En France, dans les années 1980, Brigitte Bardot a beaucoup fait pour protéger les blanchons. En 1978, l'océanographe Jacques Cousteau critique l'attention portée sur la chasse au phoque, argumentant qu'elle est purement émotionnelle. Beaucoup de choses inexactes, maladroites et mensongères sont écrites à ce sujet. Certaines organisations écologiques ignorantes appellent au boycott et véhiculent des images de phoques en train de se faire massacrer sur la banquise. Cette démarche est démagogique puisqu'elle réalise, à tort, un amalgame entre le business lucratif de certains pays (Canada, Japon, Norvège) et la chasse artisanale de quelques communautés autochtones. Peut-être est-il utile de préciser ici que les phoques ne sont pas en danger dans les eaux groenlandaises, mais surtout que la chasse fait partie intégrante de l'identité culturelle des Groenlandais qui sont principalement d'origine inuite. Ils chassent avec respect à la fois pour se nourrir et aussi parfois pour utiliser la peau de leurs gibiers en guise de vêtements ainsi que pour recouvrir les kayaks, bien que ce dernier point soit moins courant. De nos jours, les Groenlandais sont toujours très attachés à la chasse comme l'a récemment déclaré le gouvernement groenlandais : « La chasse est le cœur et l'âme de la culture groenlandaise… Dans une société telle que le Groenland, la chasse a toujours été une survie dans ce pays. Notre identité est fondée sur la chasse ». En effet, aujourd'hui encore, une grande partie de la population se nourrit toujours de ces animaux dans les villages (principalement du phoque). Afin de préserver ses traditions, le gouvernement autorise toujours les Groenlandais à chasser, mais dans des quotas limités (établis par eux-mêmes à savoir l'Institut de la Nature à Nuuk) afin de ne pas menacer ces espèces. La chasse à la baleine reste toutefois un sujet polémique pour nombre d’étrangers fortement opposés à cette pratique, et ce bien qu’elle soit culturelle, non abusive et fortement surveillée par les autorités locales.

Flore

Les conditions climatiques de l’Arctique limitent à 12 semaines au maximum la période de floraison, mais les parfums qui s’en dégagent sont alors plus intenses que sous des climats tempérés. Neuf mois par an, le sol étant gelé, les plantes ne peuvent puiser d’humidité ; c’est pourquoi elles emmagasinent pleinement l’eau durant l’été et, comme les plantes désertiques, se protègent de l’évaporation. Dans ces conditions, il faut 200 ans à un arbre pour développer un tronc de la taille du bras ! S'il n'y a pratiquement pas d'arbres au Groenland, les bouleaux et les saules nains dans le sud peuvent atteindre quelques mètres de haut. Sur les côtes, une végétation type toundra (herbe, mousse, lichen, bruyère…) se développe en été. Des fleurs ont appris à survivre dans ce climat extrême. Dans les marées de la toundra pousse la fameuse linaigrette arctique utilisée dans un lointain passé comme mèche pour les lampes à huile inuites. Elles poussent généralement en taches blanches éblouissantes le long des étangs et des torrents, là où la mousse est la plus verte. Les courts mois d'été de juillet et août sont ceux des amateurs de cueillette de champignons (bolets arctiques, cèpes, rosé des prés, vesse-de-loup…) ou de succulentes baies (mûres, myrtilles, airelles), idéales aussi pour des tisanes bienfaisantes. N'hésitez pas non plus à ramasser la magnifique fleur rose appelée niviarsiaq (littéralement petite fille), emblème national, qui se trouve un peu partout sur la côte et s'avère comestible (bouillie, infusion…). Ces mets sont vendus dans plusieurs échoppes au Groenland, dont celle de Blue Ice Explorer à Narsaq.

Pour toutes questions, n'hésitez pas à contacter l'Institut de la Nature (www.natur.gl) qui se visite sur demande à Nuuk.