… Et religions

Aujourd'hui, la principale religion est le christianisme protestant, la plupart des croyants appartenant à l’Église luthérienne du Danemark. Il n'existe pas de recensement officiel, mais on estime à environ 85 % de protestants. Comme au Danemark, il n’y a pas de séparation de l’Église et de l’État : le gouvernement s’occupe donc directement de son financement et de son administration. Depuis les années 1990, le Groenland détient son propre diocèse et l’évêque actuel est une femme (Sofie Petersen). La capitale compte également une église catholique ainsi qu’une cathédrale (Annaassisup Oqaluffia), probablement l’une des plus petites au monde. Vous trouverez des églises dans toutes les villes du pays, parfois confondues avec des écoles dans les villages. On y célèbre les baptêmes, les communions et les mariages qui sont nombreux au Groenland en raison d’un fort attachement des habitants à ces pratiques depuis la colonisation. Les églises sont souvent très typiques et la messe est très différente de l’ambiance respectueuse et silencieuse de nos églises. L’office est un moment social très attendu où l’on chante beaucoup. Les Groenlandais y viennent pour être ensemble, prendre des nouvelles, échanger, exhiber les tenues traditionnelles de fête composées de mini-shorts en peaux, bottes en fourrure brodées, somptueuses cuissardes en ours polaire, capes et colliers de perles multicolores. La messe est habituellement suivie par une collation avec petits gâteaux. Même si vous n’êtes pas croyant, ne manquez sous aucun prétexte cet événement typique.

Le Groenland abrite aussi d’autres communautés religieuses, dont l’Église catholique, l'islam et le judaïsme. Y sont présentes aussi des sectes, dont les Témoins de Jéhovah.

Sedna, la déesse de la mer

Les Inuits des régions arctiques ont toujours survécu grâce aux ressources naturelles et ont ainsi toujours eu conscience de faire partie intégrante de la nature. La légende la plus célèbre du Groenland intitulée Sassumap arnaa porte sur la déesse de la mer qui recueille dans sa chevelure ébouriffée tous les animaux marins afin de punir les hommes pour leur cupidité et le fait d’enfreindre les règles et les interdits de la communauté. S’il existe beaucoup de versions éparpillées dans tout le pays, et dans tous les foyers, la déesse est systématiquement décrite comme l’entremetteuse entre les Inuits et la mère Nature. La légende dit que Sedna, lorsque la mer se déchaîne, est en colère et que ses cheveux s’emmêlent en vagues… Les autochtones se voient ainsi forcés de toujours traiter l’océan avec un immense respect. Un chaman est alors envoyé pour l’apaiser et lui promettre que les hommes vont améliorer leur comportement. Il est alors autorisé à peigner ses cheveux de manière à permettre aux animaux de s’échapper de sa tignasse. L’anthropologue Jean-Michel Huctin explique ainsi : « Au-delà de la compréhension évidente du fait que leur survie dépendait de cette nature maternelle et nourricière, cette légende exprimait leur conscience aiguë d’en faire partie intégrante et l’intuition profonde d’un ordre écologique complexe. (…) Cette personnification traditionnelle d’une nature à la fois avare et généreuse enseignant aux Inuits le respect de ses lois cachées. Ceux-ci suivaient certains rites pour ne pas vexer les phoques, les baleines et les ours qui s’offraient à eux. Rien n’était gaspillé : la viande était partagée entre les humains et leurs chiens, la peau utilisée à la confection des vêtements les plus chauds, les tendons servant de fil à coudre ; les os étaient destinés à la fabrication d’outils ou de jouets ; l’huile extraite de leur graisse procurait un combustible pour les lampes, etc. Et c’était le rôle de l’angakoq (le chaman) d’apaiser les esprits tourmentés pour retrouver l’harmonie du monde ». À l’heure du réchauffement climatique et des menaces de pollution en provenance des pays industrialisés, menaçant grandement la faune et la flore de l’Arctique, la déesse de la mer reste plus que jamais un symbole fort pour la lutte de la préservation de l‘environnement. Le groupe populaire Nanook en a d’ailleurs fait un clip. Si vous souhaitez lire ce conte en intégralité, sachez qu’il a été traduit en français à partir des écrits de Knud Rasmussen.

Prénoms

L’ateq, littéralement « nom » en kalaallisut, représentait l’âme ou plutôt la personnalité du défunt. Dans le passé, cette croyance inuite faisait partie intégrante de la culture groenlandaise. Sorte de double spirituel de chaque individu se transmettant du défunt au nouveau-né, le plus souvent à un membre de la même famille, il s’agissait d’une continuité de survivance du nom à travers des traits de caractère plutôt que d’une réincarnation totale. La personne décédée continuait ainsi un peu de vivre à travers ses descendants. Pour communiquer avec ces esprits, le chaman (angakoq en groenlandais) utilisait tambour sacré, danses ou incantations. De nos jours, si cette croyance n'est plus aussi vive, il n'est pas rare que les familles transmettent le nom du défunt à l'enfant et cherchent à déceler en lui la personnalité de la personne disparue.