La Serbie et ses frontières

La Serbie est délimitée au nord par sa frontière avec la Hongrie, à l’est par ses frontières avec la Roumanie et la Bulgarie, au sud avec la Macédoine du Nord, le Kosovo et l’Albanie, et enfin à l’ouest avec le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie. La Serbie compte donc huit voisins, neuf si on compte sa frontière avec le Kosovo. L’Union européenne a d'ailleurs une présence importante en Serbie, le pays est candidat à l’adhésion depuis 2009 et fait partie de nombreux programmes de coopération et de voisinage. Parmi ses voisins, on retrouve beaucoup de nouveaux adhérents comme la Croatie qui a intégré l’Union en 2013, la Hongrie en 2004, la Bulgarie et la Roumanie en 2007. En somme, depuis une décennie, près des deux tiers des frontières serbes sont limitrophes avec l’UE. Dans l’ensemble serbe, Belgrade occupe une position excentrée au nord, à l'entrée de la plaine pannonienne composée des grandes plaines de la Bačka, qui s’étendent jusqu’en Hongrie, et celles du Banat qui sont mitoyennes de la Roumanie. Au sud s’étendent aussi les vallées fluviales de la Morava. Le reste du territoire serbe est un territoire de montagnes, très accidenté et percé de rares axes fluviaux et vallées. Le pays comprend en effet trois grands ensembles montagneux, principalement la chaîne des Alpes dinariques au sud-ouest, le massif de Rhodope à la frontière bulgare et une partie de la chaîne des Carpates balkaniques sur son flanc est. Finalement, les massifs occidentaux et orientaux, de formations géologiques différentes, coupés par la plaine de la Morava et la grande plaine hongroise au nord donnent une grande variété de paysages à la Serbie.

Les montagnes et sommets de Serbie

La présence des Alpes dinariques explique les nombreux sommets élevés de la Serbie, quinze d’entre eux dépassant les 2 000 m d'altitude. À partir de ces sommets impressionnants, se développent vers l’est des massifs montagneux entrecoupés de forêts et de pâturages alpestres, baptisés la Stara Planina. Cette région d'alpage entrecoupée de lacs et de rivières constitue le cœur de l’habitat et de la vie en altitude dans le pays. Enfin, quand on ajoute sur la carte les très nombreux systèmes de montagne culminant entre 1 500 et 1 900 m, on obtient un véritable entrelacs de chaînes ceinturant le pays dans une sorte de fer à cheval à l’envers.

De ces monts imposants on retiendra :

dans le massif du Prokletije au Kosovo, les quatre sommets de Djeravica (le mont le plus élevé, qui culmine à 2 656 m), Gusam (à 2 539 m), Bogdas (à 2 533 m) et Žuti Kamen (à 2 522 m) ;

dans le massif de Šar Planina au Kosovo, les deux sommets dépassant 2 400 m d’altitude sont les monts Crni Vrh (à 2 585 m) et Ljubošten (à 2 498 m) ;

le massif de Stara Planina à l’est compte le sommet Midžor à 2 168 m d’altitude, proche de la ville de Pirot ;

enfin, dans le massif de la Suva Planina au sud, près de Niš, se trouve le sommet de Trem qui culmine à 1 809 m.

En outre, la région du Sandžak à l’Ouest et la Serbie orientale en général est une région karstique, notamment le karst dinarique, composé de roches calcaires qui lui donnent un aspect tourmenté, parfait pour les randonnées et les photos. Leurs massifs recèlent de nombreux canyons et des formidables réseaux de grottes naturelles.

Hydrographie et axes de communication

Dans ce territoire très accidenté, les principales voies naturelles creusées par les cours d'eau sont des canaux de communication majeurs, empruntés depuis des millénaires.

En premier lieu, on retrouve les voies creusées par la Save et le Danube qui traversent le territoire d’est en ouest. Le Danube traverse la Serbie du nord à l’est, sur 588 km et depuis l’ouverture de l’axe Rhin-Main-Danube en 1992, un trafic de transporteurs fluviaux grand gabarit s’est développé de Rotterdam jusqu’à la mer Noire. Le tronçon serbe a pris de l’importance depuis le rachat et l’investissement du port fluvial de Smederevo (à l’est de Belgrade) par un groupe autrichien en 2002. Pour renforcer cet axe de communication majeur vers le Danube, les rivières Save et Tisza ont aussi été aménagées sur environ 200 km, auxquels s’ajoutent un réseau de canaux aménagé sur plus de 600 km. L’autre axe fluvial important réside dans la rivière Morava, qui relie le Danube au bassin d’eau de la mer Noire. Il a de tout temps organisé les communications entre le sud et le nord de la Serbie jusqu’à la Macédoine du Nord (à ne pas confondre avec l’autre affluent du Danube aussi nommé Morava en Tchéquie). La Morava draine tous les cours d’eau de la Serbie occidentale et traverse les principales villes de Choumadie que sont Užice, Čačak et Kraljevose avant de se diviser en la Morava méridionale qui relie notamment Niš, troisième ville du pays, à la capitale et la Morava occidentale qui abreuve notamment la ville de Kruševac. Enfin, la vallée de l’Ibar, lui aussi un affluent de la Morava, relie les plaines de l’Est serbe à la région du Kosovo et sa capitale Pristina. À ces réseaux naturels s'ajoutent les axes construits par l’homme : Belgrade est une intersection célèbre de deux des voies de l’Orient Express, entre les directions de Sofia et Skopje depuis l’Europe centrale, à cela s’ajoutent les corridors paneuropéens de l’UE n° 7 et n° 10 qui traversent aussi le pays pour irriguer toute la région, en passant par Belgrade.

L’eau, si elle est abondante, n’en est pas moins une ressource fragile. Les réseaux de montagne sont très susceptibles de succomber à la pollution et à la surexploitation et les très nombreuses sources d’eau minérale exploitées sont surveillées avec soin. La complexité des bassins hydrologiques rend aussi la gestion de l’eau difficile. On n’en profite pas moins de l’immense potentiel hydrologique du pays, en témoignent les nombreux canaux qui traversent la Voïvodine, grenier à blé de la Serbie, et des deux grands barrages sur le Danube (celui des Portes de Fer inauguré en 1972 à la frontière roumaine est parmi les plus grands d’Europe).

Géographie politique de la Serbie

La République de Serbie est constituée de provinces (pokrajine), de cinq régions statistiques (regioni), de vingt-neuf districts administratifs (upravni oblasti), de la ville de Belgrade (Grad Beograd), de villes (gradovi) et de municipalités (opštine).

Le pays compte deux provinces autonomes : au nord la Voïvodine, depuis 1945, une région ethniquement très diverse constituant près d’un quart du territoire et qui est le cœur agricole, et au sud-est le Kosovo peuplé d’Albanais, autonome sous l’impulsion de l’Onu depuis 1999. Ces régions autonomes ont leurs propres gouvernements et parlements, leurs propres politiques culturelles, politiques d’enseignement ainsi qu’une gestion autonome de leur infrastructure. Le Kosovo est un cas très particulier.

Le Kosovo, région autonome ou pays indépendant ?

Depuis 1999, la Mission d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo pendant la guerre civile avait dans ses missions de faire de la province une province autonome. Le Kosovo a déclaré unilatéralement son indépendance le 17 février 2008 par un vote de son parlement. Après 2008, la Minuk a été accompagnée de l’Eulex, une mission de l’UE visant à établir l’état de droit dans la région. Depuis, des frictions ont lieu au sein du Kosovo entre ces missions internationales et le gouvernement local, tandis que le gouvernement serbe ne reconnaît toujours pas le droit des Kosovars à l’indépendance. Les deux acteurs se livrent à de fréquentes passes d’armes juridiques et économiques, sans pour l’instant qu’il n’y ait eu d’escalade militaire. Ce qui est sûr, c’est que la vie des frontaliers est bien plus compliquée qu'auparavant. En mars 2020, sur les 193 membres souverains des Nations unies, seuls 92  reconnaissent l’indépendance du Kosovo. La région fait tout de même partie de la FIFA et du CIO, ils peuvent donc participer aux compétitions internationales.