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La musique traditionnelle et folklorique

Il y a une longue tradition musicale en Corée. On dit que le royaume de Baekje (18 av. J.-C. à 660 apr. J.-C.) transmit sa culture au Japon, et ce pays a conservé des troupes qui utilisent depuis le VIIe siècle ses danses et musiques anciennes ! La musique de cour, très formelle, est héritée de la musique royale de la dynastie chinoise Song et se divise en trois types : « aak », « tangak » et « hyangak ». Cette dernière, gorgée de haegeum (vielle à deux cordes) et de janggo (la percussion coréenne par excellence) est encore très pratiquée aujourd’hui. À cette musique de cour, s’ajoute le jeong-ak, une musique de chambre pour nobles ou aristocrates. Lente et sophistiquée, elle est soit instrumentale (cordes et vents), soit une musique vocale toute en poésie et vibrato. Parmi les instruments typiques du gugak (le nom de la musique traditionnelle coréenne), on croise très régulièrement le gayageum. Inventé sous les Trois Royaumes par Gaya, c'est une sorte de harpe horizontale à douze cordes pincées. Cet instrument vraiment divin exprime toutes les saisons de l'âme. Il fait partie des orchestres, mais il existe aussi des pièces solos dédiées appelées sanjo. Les autres instruments traditionnels typiques sont le piri, petite flûte à bec très fine ainsi qu’une autre flûte traversière de bambou plus épaisse, le daegum. Dans la musique folklorique (minsokak) ou de paysans (nong-ak), la prédominance des percussions est remarquable. Le samulnori est le plus populaire des ensembles folkloriques, il comprend quatre types d'instruments : le tambour, le tambour-sablier, le gong sur pied et le gong à main. Ces instruments, liés aux fêtes paysannes des semailles et des moissons, symbolisent les éléments naturels (tonnerre, pluie, etc.). La musique chamanique reprend certains de ces instruments folkloriques, comme le tambour et la petite trompette de cuivre au son très aigu. La musique bouddhique utilise les principales percussions (gong, tambours, percussions de bois, cloche).

Dans le domaine de la chanson, il y avait sous Silla des chants du terroir (hyangga) dont certains nous sont parvenus. Plus tard, se développa à partir de Goryeo la chanson traditionnelle arirang, déclinée en plusieurs versions et considérée comme un trésor national (d’ailleurs inscrite comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité). Sous Joseon, surtout à partir du XVIIe siècle, se développa la chanson folklorique ou min-yo. Le contenu, comme dans l'arirang, est en général nostalgique et amer. Le pansori est une autre forme populaire qui remonte à cette époque. Souvent qualifié à tort d’« opéra coréen », il s'agit d'une longue chanson (plusieurs heures) interprétée par une femme ou un homme (myeongchang) avec pour seul accompagnement un tambour (gosu) qui rythme le chant et répond aux assertions du chanteur. Le chant, parfois proche de la parole, raconte une histoire et fait apparaître plusieurs personnages qui s'expriment tous par la bouche du seul chanteur. Les gestes (pallim), accompagnés d'un éventail, ont aussi leur importance. Le pansori réclame des années d'apprentissage et le chanteur ne devient capable de représentations qu'à l'âge de 40 ans environ. On dit que les chanteurs doivent s'entraîner sous une chute d'eau pour parvenir à couvrir son bruit de leur voix. Le chant ne vient pas de la gorge, mais du ventre (tungseong), ce qui donne sa spécificité à la chanson coréenne traditionnelle. Aujourd’hui, des artistes comme la pianiste Eunhye Jeong redonnent un nouveau souffle au pansori en le mariant au jazz ou à la musique expérimentale. Un univers surprenant comme chez Park Jiha et son mélange envoûtant de musique de cour, jazz, post-rock et minimalisme qui offre de nouvelles perspectives aux instruments traditionnels (surtout le piri).

Où écouter de la musique traditionnelle coréenne ?

Haut la main, le meilleur endroit pour assister à un spectacle traditionnel en Corée est le National Gugak Center. L’endroit a bâti son excellence en conviant sur scène aussi bien les étudiants de l’Institut national de musique classique (rattaché au centre) que des « Biens Culturels Humains », artistes hors pair protégés comme faisant partie du patrimoine culturel. La programmation, différente toutes les semaines, est variée, allant de la musique formelle de cour aux danses folkloriques paysannes, en passant par des solos de kayageum (harpe horizontale). Sinon, au cœur de Séoul, le grand complexe du Centre Culturel Sejong organise aussi très régulièrement des spectacles de musique et de danse folkloriques. Deux festivals intéressants sont aussi à noter : le Jeonju International Sori Festival, excellent rendez-vous de musique traditionnelle et de musique du monde se déroulant chaque année en octobre ainsi que le festival de musique traditionnelle de Nangye Yeongdong, commémorant Nangye Park Yeon, qui a vécu pendant la dynastie Joseon avec une grande célébration de la musique traditionnelle coréenne dans l’histoire.

La musique populaire

Avant le monopole de la K-pop, la musique populaire par excellence en Corée était le Trot. Dans les années 1910, tandis que la Corée est sous domination japonaise, l'enka – la variété nipponne – y devient très populaire. Peu à peu, allant de pair avec le développement de l’industrie musicale coréenne, le trot éclot à partir de l’enka. Surnommé trot car le rythme de l’enka rappelle celui du fox-trot américain, le genre intègre, après la Seconde Guerre mondiale, des caractéristiques propres à la musique traditionnelle coréenne – comme le gagok, une technique de chant – et se singularise. Durant les années 1960, c’est au tour du jazz et du rock de s’inviter dans le trot. Une conséquence directe de la présence militaire américaine sur le territoire. La décennie suivante est considérée comme l’âge d’or du trot. Une époque où apparaissent ses grandes vedettes (souvent des fratries : Jung Sisters, Lee Sister, Kim Sisters) et où le genre absorbe sans cesse de nouveaux styles populaires (comme la pop). À partir des années 1980 et 1990, le trot décline et incorpore sans cesse les nouveaux codes du marché international, jusqu’à se muer progressivement, à l’orée des années 2000, en un genre nouveau : la K-pop.

La K-Pop

La Korean Pop, ou K-Pop, fait partie du décor à Séoul. Omniprésente en musique de fond dans les boutiques branchées, chantée dans les parcs le week-end ou représentée dans des concerts gigantesques qui attirent une foule impressionnante, elle est adorée par les jeunes Coréens. Girls et boys bands, artistes solos au look soigné, groupes de rock et chorégraphies élaborées... : la K-Pop ressemble à s'y méprendre à la J-Pop japonaise. Jadis réservée au seul marché sud-coréen, la K-Pop s'exporte désormais. Les pays de la périphérie ont succombé à la vague et les artistes se produisent de plus en plus loin.

Parmi les vedettes K-pop à connaître, il y en a certainement une qui ne vous a pas échappé : Psy. Avec plus de 2 milliards de vues sur YouTube, l’auteur de Gangnam Style est devenu un phénomène planétaire. Moins porté sur la qualité sonore que sur un accès facile, pour tous les âges et dans toutes les langues – notamment avec sa chorégraphie accrocheuse -, Gangnam Style incarne à lui seul le phénomène K-Pop. Devenu une superstar en Corée, Psy est constamment présent dans des spots publicitaires, vous ne pourrez pas y échapper. Trois autres noms emblématiques : Girls Generation, sans doute le plus connu de tous les girls bands coréens, Bigbang, idem mais en version masculine et Hyori Lee (1979), star du genre et icône de mode. Bien que la K-Pop soit omniprésente – des magasins à la télé –, on peut être certain d’en entendre sur scène au Festival de musique coréenne de Sokcho où sont représentées toutes les musiques coréennes, des sons traditionnels à la K-Pop.

Mais derrière cet univers fluo et apparemment inoffensif, des zones d’ombre apparaissent. C’est ce qu’illustre à lui seul le suicide en 2017 de la superstar K-Pop Kim Jong-hyun. A 27 ans seulement, cette idole coréenne, chanteur du groupe SHINee, mettait fin à ses jours, laissant tout le milieu musical sous le choc et des millions de fans effondrés. L'immense vedette qui se disait « cassé de l'intérieur » a été un rouage du soft power coréen dans le monde entier. Loin d'être anecdotique, le suicide de Jong-hyun a permis de mettre en lumière la violence du système K-Pop, un univers impitoyable où concurrence féroce, pression publique et harcèlement sont le lot quotidien de stars souvent très jeunes. Au-delà du microcosme artistique, le suicide est un vrai fléau dans la péninsule avec un taux record par rapport aux autres pays industrialisés.

Pour en connaître davantage, vous trouverez dans ce guide un dossier spécifique entièrement consacré à la K-Pop.

La musique classique

En dépit d’une tradition de musique savante très différente de celle de l’Occident, la Corée du Sud a cultivé une très belle scène débordant de prodiges. Le nom coréen sur toutes les lèvres, c’est bien évidemment Myung-Whun Chung. Honoré des prix musicaux les plus prestigieux – dont le Kumkuan, récompense la plus haute décernée par le gouvernement coréen pour sa contribution à la vie musicale du pays – il a, par sa notoriété, placé la Corée du Sud sur la cartographie mondiale de la musique classique. Pianiste émérite (il fut deuxième du Prix du Concours Tchaïkovski de Moscou), il est surtout connu pour son travail en tant que chef d’orchestre. Adoré des mélomanes français, il a assuré la direction artistique et musicale de l’Orchestre de l’Opéra de Paris entre 1989 et 1994 puis de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, entre 2000 et 2015. Depuis, il a été invité à diriger les plus grandes formations du monde : philharmonique de Berlin, le Concertgebouw d'Amsterdam, La Scala de Milan, la Staatskapelle de Dresde, l'Orchestre du Metropolitan Opera de New York ou encore les orchestres symphoniques de Chicago, Boston ou Cleveland…

Suivre sa carrière de près permet aussi de découvrir les meilleurs ensembles du pays comme l’Orchestre Symphonique de la KBS qu’il dirigea en 1999 ou l’Orchestre Philharmonique de Séoul dont il fut à la tête entre 2005 et 2015. Parmi les prodiges locaux, citons Kim Eun-sun, rare cheffe d’orchestre, à la tête de l’orchestre de l’opéra de San Francisco ; Sunwook Kim, jeune pianiste à l’ambition folle, réputé pour ses interprétations de Beethoven, Schumann, Chopin et Brahms ; Seong-Jin Cho, autre pianiste fabuleux qui a remporté le très prestigieux Concours Chopin en 2015 ; Bomsori Kim, jeune violoniste que les orchestres et scènes du monde commencent à s’arracher ou encore Jaehyuck Choi, compositeur diplômé de la très prestigieuse Juilliard School de New York. Aussi, le pays dispose de quelques très belles scènes pour écouter du classique, comme le KBS Hall, le LOTTE Concert Hall ainsi que le Théâtre National où passent régulièrement des phalanges internationales.

La danse

Enivrantes et raffinées, les danses coréennes traditionnelles et folkloriques sont de vrais trésors nationaux. Les danses traditionnelles coréennes sont essentiellement composées de danses de cour et sont plus lentes et compassées que les danses folkloriques. Le moindre geste ou mouvement est contrôlé, jusqu'à l'expression du visage. Généralement pratiquées par les femmes vêtues du hanbok traditionnel, il y en a plusieurs sortes (près de cinquante), toujours enseignées dans les instituts spécialisés et exécutées dans les théâtres et lors des fêtes et festivals. On notera le Gainjeonmokdan, magnifique danse des pivoines, le buchaechum, danse des éventails où des danseuses vêtues de l’habit de cour miment des fleurs qui s'ouvrent et des papillons ou encore la danse du sabre, évoquant les batailles militaires contre les Japonais...

Les danses folkloriques sont représentées dans les spectacles paysans (pungmul-nori) et sont souvent vives, sportives et pratiquées par les hommes. Elles sont accompagnées des instruments du samulnori et aussi d'une trompette et sont un mélange de danses et de musique, comme dans la changguchum, exécutée par des danseurs (hommes ou femmes) portant des tambours-sabliers. Une des danses folkloriques les plus spectaculaires est celle du samulnori debout où des jeunes hommes réalisent des figures acrobatiques en portant des chapeaux décorés de longs rubans blancs qu'ils font tournoyer en l'air (sangmo). Il y a aussi les danses masquées, talchum ou talnori. Mélanges de danse, de musique et de théâtre, elles remontent au XVIIe siècle et correspondent peu ou prou à nos fêtes des fous du Moyen Age où tous les rôles sociaux étaient inversés. Les danses bouddhiques sont également à voir. Elles ont souvent été influencées par le chamanisme et évoquent, comme le seungmu, l'accès du moine à l'éveil après avoir surmonté les tentations sensuelles de ce monde. Pour assister à des danses bouddhiques, on ira par exemple à Bongwonsa à Séoul. Il y a aussi des danses proprement chamaniques, comme salpuri ou danse de « libération des forces néfastes », qui sert à purger le chaman des pouvoirs et énergies qu'il a reçus du monde des esprits au début du gut (exorcisme). Toutes ces danses peuvent être admirées, par exemple, au Seoul Nori Madang, petit amphithéâtre à ciel ouvert qui accueille tous les week-ends des groupes de danse et de musique folkloriques. Bien entendu, le National Gugak Center de Séoul propose des spectacles magnifiques du genre. Quelques festivals sont à noter comme celui de Dan-O à Gangneung où l’on peut voir des danses chamaniques et masquées ainsi que celui de Cheonan, très populaire.