Guide du Bangladesh : Histoire

L'histoire du Bangladesh est intimement liée à celle de l'Inde et ses frontières actuelles n'ont été tracées que très récemment, suite à la partition de l'Inde en 1947. Sa civilisation est relativement récente puisque les premières traces remontent à 700 avant J.-C.

Figures historiques

Sheikh Mujibur Rahman (1920-1975)

Sheikh Mujibur Rahman, affectueusement surnommé Mujib ou Bangabandhu (l'ami du Bengale), est le Père de la Nation, celui qui a mené le Bangladesh sur le chemin de l'indépendance. Il entre en politique dès la faculté de droit en 1940, en rejoignant la Fédération indienne des étudiants musulmans qui milite pour la création d'un état musulman indépendant. Il termine ses études en 1947, année de l'indépendance de l'Inde et de la création du Pakistan. Il défend les intérêts de la population du Pakistan oriental, notamment lors de la crise du choix de la langue officielle. Le Pakistan veut imposer l'ourdou, parlé dans la partie occidentale du pays, au détriment du bengali, parlé dans la province de l'est et dont la population est majoritaire. Un conflit ouvert ponctué de manifestations et de grèves débute en 1952 pour s'achever en 1956 où le Pakistan cède et reconnaît l'ourdou et le bengali comme langues officielles. Mujib a joué un rôle essentiel dans cette crise en soulevant les étudiants, puis le peuple, ce qui lui vaudra plusieurs séjours en prison. Parallèlement, il participe à la création de la Ligue Awami, un parti aux orientations socialistes destiné à représenter les Bengalais dans les instances nationales. Il obtient plusieurs porte-feuilles de ministre, avant de démissionner en 1957 pour se consacrer au parti, dont il prend la tête en 1963. Il se fait la voix du mécontentement grandissant au Bengale oriental, délaissé voire méprisé par le Pakistan. Malgré sa population plus importante, le Bengale est mal représenté auprès des instances politiques et administratives nationales. Mujib passe l'année 1965 en prison, où il a le temps de mûrir un programme en 6 points, baptisé " Notre Charte de Survie ", présenté lors d'un congrès des partis d'opposition à Lahore en 1966. La présentation de ce programme marque le début des vélléités indépendantistes du Bengale oriental et unit le peuple bengalais au-delà des dissenssions religieuses. Mujib est arrêté puis condamné à deux ans de prison, mais le mouvement ne fait que gagner en ampleur. En 1969, il réitère sa demande d'acceptation du programme en 6 points, demande rejetée. Quelques mois plus tard, le 5 décembre 1969, il déclare lors d'un discours public que le Pakistan oriental doit désormais être appelé Bangladesh. Le Pakistan, de son côté, s'inquiète de voir Mujib devenir le chef de file d'un mouvement séparatiste. En 1970, la Ligue Awami remporte tous les sièges à l'exception de 2 de l'Assemblée du Pakistan oriental. Zulfikar Ali Bhutto, leader du Parti des peuples pakistanais, menace de boycotter les résultats si Mujib est invité à former un gouvernement par le président. L'armée et la majorité des partis musulmans refusent de voir Mujib accéder au pouvoir exécutif, ce qui risquerait de voir le Pakistan oriental obtenir plus d'autonomie. Devant cette impasse, le président Yahya Khan décide de reporter la convocation de l'Assemblée, ce qui entraîne un mouvement de désobéissance civile à Dhaka. En réponse, le président instaure la loi martiale, interdit la Ligue Awami et fait jeter en prison Mujib et d'autres activistes bengalais. Mujib est exfiltré au Pakistan occidental et de nombreux opposants politiques prennent la fuite en Inde. Le Pakistan tente de réprimer la rébellion naissante dans le sang. Le Pakistan s'enfonçe dans une guerre civile ignoble et l'Inde s'interpose dans le conflit en décembre 1971, y mettant fin. Le Bangladesh devient une nation libre et indépendante et Mujib est libéré le 8 janvier 1972 sous la pression internationale. Mujib prend la tête de la présidence provisoire avant de devenir Premier ministre à l'issue des élections. Il charge le Parlement de rédiger une nouvelle constitution, nationalise de nombreuses industries et entreprend une réforme agraire d'envergure destinée à sortir les paysans de la pauvreté. En 1973, il lance un plan quinquennal afin de concentrer les investissements étatiques sur l'agriculture et le développement rural. Malgré son insistance pour faire du Bangladesh un état laïque, Mujib se rapproche petit à petit des mouvements religieux, cédant à certaines de leurs demandes, dont l'interdiction des paris, la production et la vente d'alcool. Ses programmes d'inspiration socialiste échouent en partie, notamment à cause d'un manque de fonctionnaires qualifiés et d'une corruption rampante. Le peuple commence à s'impatienter et manifeste son mécontentement, qui ne fait que s'accroître avec la famine de 1974. Mujib ne trouve pas d'autre réponse qu'un renforcement de son pouvoir : il refond la Ligue Awami en un nouveau parti, le BAKSAL, seul parti autorisé et inscrit au 4ème amendement de la Constitution ; il déclare l'état d'urgence. Le 15 août 1975, un groupe de jeunes officiers de l'armée pénétre dans sa résidence privée située dans le quartier de Dhanmondi et tue à bout portant Sheikh Mujibur Rahman, toute sa famille ainsi que le personnel présent.

Ziaur Rahman (1936-1981)

Ziaur Rahman, aussi surnommé Zia, est né à Calcutta. A la création du Pakistan en 1947 son père fait jouer son droit au rapatriement vers le Pakistan musulman et il s'installe à Karachi, alors capitale du nouvel état. Zia poursuit sa scolarité au Pakistan et intègre l'Académie militaire à l'âge de 17 ans. Il en ressort deux ans plus tard avec le grade de lieutenant et intègre l'armée qui l'envoie au Bengale oriental en 1957. Il s'étonne de la mauvaise presse de l'armée dans cette région et constate que les Bengalais peinent à obtenir des postes au sein de l'armée. Il milite alors en faveur de l'intégration des Bengalais dans son administration. Il participe à la création des 8ème et 9ème bataillons du Bengale en tant qu'instructeur. En 1969, il est envoyé en Allemagne de l'Ouest pour suivre une formation au commandement avancée. A son retour, il est promu major et transféré au 8ème bataillon du Bengale en octobre 1970. Lorsque Sheikh Mujib Rahman est arrêté le 26 mars 1971, Zia arrête et exécute son officier supérieur puis s'empare de la station radio militaire de Chittagong où il déclare l'indépendance du Bangladesh. Il réitère le même message le lendemain. Il rejoint les Forces du Bangladesh et met sur pied une unité d'infanterie. Le 30 juin, il prend le commandement d'une brigade, baptisée " Force Z " et qui comprend 3 régiments. Il lance des attaques à grande échelle contre l'armée pakistanaise. Après l'assassinat de Mujib en 1975, Zia est nommé chef des armées par un des conspirateurs. Une grande période d'instabilité suit la mort de Mujib, faite de coups d'Etats et de contre-coups d'Etats. Zia se retrouve emprisonné, puis libéré en novembre 1976. La loi martiale est instaurée et Zia parvient de facto à la tête du pouvoir. Il est élu président en 1977. Il réautorise le multipartisme et fonde son propre parti dans la foulée, le Bangladesh National Party (BNP). Il entreprend de stabiliser le pays et quitte la ligne socialiste instaurée par Mujib. Il autorise le marché libre. Sa présidence connaît 21 tentatives de coup d'état et Ziaur Rahman est finalement assassiné le 30 mai 1981.

Chronologie

Les premières dynasties

700 av. J.-C. > Royaume bouddhiste d'Anga.

300 av. J.-C. > Empire Gangadirai.

335 > Avènement de Samadragupta qui unifiera la presque totalité de l'Inde pendant son règne de 40 ans.

590 > Shashanka fait tomber le dernier souverain Gupta et fonde un royaume au Bengale qu'il baptise Gauda.

750 > Gopala est élu empereur de Gauda. Il est le premier souverain de la dynastie Pala qui va marquer une ère de stabilité et de développement au Bengale. Le bouddhisme est la religion dominante.

1096 > Vijay Sen fonde la dynastie Sena. Son règne de 60 ans marque une époque de grande stabilité. Il réintroduit l'hindouisme.

1179 > l'empire Sena s'étend de l'Assam à l'est au Bihar et peut-être même Varanasi (Bénarès) à l'ouest. Le système de caste est instauré. Lakshman Sen, le dernier empereur Sena, est connu pour son soutien aux arts.

L'avènement de l'Islam et les conquêtes mogholes

1204 > le général turcique Bakhtiyar Khalji, venu d'Asie centrale, fait tomber Nabadwip, la capitale de l'empire Sena. Le Bengale est divisé en deux, avec à l'ouest un régime musulman et à l'est une multitude de petits royaumes morcelés.

1277 > Le mamelouk Mughisuddin Tughral s'empare de Sonargaon et de la région au sud de Dhaka. L'emprise musulmane progresse vers l'est.

1342 > Avènement du Sultan Shamsuddin Iliyas Shah qui unifie un territoire allant du Bihar à louest, au Népal au nord, à Sylhet à l'est et au delta du Gange au sud. Il le baptise " Bangalah ".

1414 > Une révolte hindoue éclate qui interrompt le Sultanat Ilyas Shai pendant 20 ans.

1487 > L'assassinat du Sultan Fateh Shah met fin à la dynastie Iliyas Shahi.

1494 > Alauddin Hussein Shah s'empare du pouvoir et étend le territoire jusqu'à Chittagong au sud-est. Il voit arriver les premiers navires portugais.

1538 > Des seigneurs afghans pillent Gaur, la capitale du Bengale et affaiblissent la région, permettant l'invasion moghole quelques années plus tard.

1575 > L'empereur moghol Akbar rallie le Bengale à ses conquêtes en remportant la bataille de Tukaroi. Il déplace la capitale à Dhaka.

1608 > Islam Khan est nommé gouverneur du Bengale. Il a pour mission de faire tomber les petits royaumes des rajas et de rallier les zamindars au pouvoir de Delhi. L'emprise moghole s'étend désormais jusqu'à Sylhet au nord-est.

1632 > Les Moghols chassent les Portugais qui s'étaient installés à Chittagong pour y créer un comptoir.

1666 > Le gouverneur Shaista Khan pacifie le Golfe du Bengale infesté de pirates et facilite ainsi les échanges commerciaux avec les navires venus d'Europe ou du sud-est de l'Asie.

1690 > Le village de Calcutta est vendu à la Compagnie britannique des Indes orientales.

1704 > Murshid Quli Khan déplace la capitale à Muksushabad qu'il renomme modestement Murshidabad. Il réforme le système féodal.

1751 > Alivardi Khan, Diwan (Ministre) du Bengale est défait face aux Marathes. Il leur cède la région d'Orissa et accepte de leur verser une rançon annuelle de 1 200 000 roupies.

L'empire britannique

1757 > La bataille de Plassey permet à la Compagnie britannique des Indes Orientales d'étendre son emprise en Inde et de soumettre l'autorité de l'empire moghol.

1773 > Warren Hastings est nommé à la tête du Conseil suprême du Bengale et devient de facto le premier gouverneur britannique des Indes.

1857 > La révolte des cipayes oblige le gouvernement britannique à déchoir la Compagnie orientale des Indes de son autorité. Les pouvoirs sont transférés à la Couronne. Le Bengale devient une des plus importantes des 17 provinces que compte l'Inde. La capitale est installée à Calcutta.

1859 > Les paysans du Bengale se révoltent contre l'obligation de cultiver l'indigo, qui les appauvrit. Le gouvernement britannique vote une nouvelle loi qui autorise les fermiers à choisir leurs cultures.

1800 - 1941 > Le mouvement de la Renaissance du Bengale voit émerger des poètes essentiels à la culture bangladaise comme Ram Mohan Roy (1775-1833), Rabindranath Tagore (1861-1941) ou le Kazi Nazrul Islam (1899-1976).

1905 > Les Britanniques procèdent à la partition du Bengale. A l'ouest le Bengale hindou rassemblant les états actuels du Bengale occidental, de l'Orissa et de Bihar et à l'est le Bengale musulman qui réunit les états actuels du Bangladesh, de l'Assam, du Mizoram, de l'Arunachal Pradesh, de Manipur, du Nagaland et du Meghalaya. Dhaka est désignée capitale du Bengal oriental.

1906 > Création de la Ligue musulmane qui veut la réunion des deux Bengale.

1912 > Suite aux protestations véhémentes du Congrès National Indien, le Vice-Roi rassemble à nouveau les deux Bengale.

1940 > La Ligue musulmane vote la Résolution de Lahore qui milite en faveur de la création d'états musulmans indépendants. Cette résolution est rejetée par Gandhi qui souhaite une Inde unique.

Le Pakistan

15 août 1947 > Lord Mountbatten of Burma, le dernier Vice-Roi des Indes signe la partition de l'Inde et du Pakistan. Le Pakistan est scindé en deux territoires, le Pakistan occidental et le Pakistan oriental qui reprend les contours actuels du Bangladesh. La capitale est installée à Karachi.

1948 > L'ourdou est choisi comme langue nationale, au détriment du bengali parlé au Bengale.

16 octobre 1951 > Le Premier ministre pakistanais Liaqat Ali Khan est assassiné.

21 février 1952 > Une manifestation organisée par le Mouvement de la Langue Bengalie est reprimée dans le sang à Dhaka.

23 mars 1956 > Le Pakistan vote enfin sa Constitution qui fait de l'Etat une République islamique. L'ourdou et le bengali sont reconnues comme langues nationales.

7 octobre 1958 > La Constitution est abrogée et le Président Iskander Mirza proclame la loi martiale. Il est chassé du pouvoir 20 jours plus tard par le Général Muhammad Ayub Khan qui instaure une dictature militaire.

1962 > Une nouvelle Constitution est adoptée. La capitale est installée à Islamabad et Dhaka devient la capitale législative du pays.

6 février 1966 > Sheikh Mujibur Rahman fait lecture de son programme en 6 points pour le Pakistan oriental intitulé " Notre Charte de Survie ". Cette lecture donne naissance au Mouvement indépendantiste des Six Points.

15 février 1969 > Le sergent Zahurul Haq, membre du Mouvement des Six Points est tué à bout portant. De violentes manifestations s'emparent du Pakistan oriental pour protester contre cet assassinat.

5 octobre 1970 > Des élections législatives anticipées voit la victoire totale de la Ligue Awami au Pakistan oriental, ce qui lui confère la majorité au Parlement national. Le Pakistan s'engage dans des négociations pour la nomination du gouvernement.

L'indépendance

1er mars 1971 > Les négociations n'aboutissant pas, le Général Yahya Khan reporte la tenue de la session parlementaire sine die.

7 mars 1971 > Sheikh Mujibur Rahman prononce un discours historique devant une foule chauffée à blanc à Dhaka. Il appelle à une lutte pour l'indépendance.

26 mars 1971 > Le Pakistan réprime les manifestations à Dhaka et ailleurs au Pakistan oriental dans le sang. C'est le début de la Guerre de Libération. Sheikh Mujibur Rahman est arrêté.

27 mars 1971 > Ziaur Rahman, un officier de l'armée, lit une déclaration d'indépendance sur les ondes à Chittagong.

10 avril 1971 > Formation d'un gouvernement provisoire de la République populaire du Bangladesh à Meherpur, à la frontière indienne.

3 décembre 1971 > Face à l'afflux de réfugiés massif (plus de 10 millions) et aux exactions commises par le Pakistan, Indira Gandhi déclare la guerre à ce dernier.

16 décembre 1971 > L'armée pakistanaise capitule et le Bangladesh obtient officiellement son indépendance.

26 mars 1972 > Le Bangladesh signe un traité de paix avec l'Inde.

16 décembre 1972 > L'Assemblée constituante vote la Constitution du Bangladesh, qui fait du pays une république laïque et démocratique soumise au régime de la démocratie parlementaire.

7 mars 1973 > Les premières élections législatives sont organisées qui voient la victoire de la Ligue Awami. Sheikh Mujibur Rahman est nommé Premier Ministre.

Décembre 1974 > Mujib fait voter l'état d'urgence et limite les pouvoirs judiciaires et législatifs au profit de l'exécutif. Il créé un parti unique, le BAKSAL, et dissout tous les partis politiques du pays.

15 août 1975 > Sheikh Mujibur Rahman est assassiné dans sa résidence avec toute sa famille, à l'exception de ses deux filles Hasina et Rehana, alors à l'étranger.

7 novembre 1975 > Une mutinerie militaire éclate. Ziaur Rahman s'empare du pouvoir. Il rétablit le multipartisme et fonde le Bangladesh Nationalist Party (BNP).

30 mai 1981 > Ziaur Rahman est assassiné par des militaires à Chittagong.

24 mars 1982 > Le Général Ershad s'empare du pouvoir par un coup d'état. Il suspend la constitution, les partis politiques et instaure une dictature militaire.

11 décembre 1983 > Ershad se fait nommer officiellement à la tête du Bangladesh.

6 décembre 1987 > Ershad dissout le Parlement face à la pression de l'opposition et appelle à de nouvelles élections. Celles-ci sont boycottées par la Ligue Awami et le BNP.

6 décembre 1990 > Face à la pression des opposants politiques et de la rue le Général Ershad démissionne.

27 février 1991 > Khaleda Zia, la veuve de Ziaur Rahman, remporte les élections avec le BNP. Elle devient la première femme Premier Ministre du Bangladesh.

29 avril 1991 > Le cyclone Gorky fait 138 000 morts.

15 septembre 1991 > Un réferendum est organisé appelant le peuple à se prononcer sur un retour à un régime parlementaire. Le peuple donne son assentiment avec 83,6% des voix.

12 juin 1996 > La majorité au Parlement bascule et voit cette fois-ci la victoire de la Ligue Awami, emmenée par la fille de Mujib, Sheikh Hasina.

1er octobre 2001 > L'alternance semble la règle et Khaleda Zia reprend le pouvoir suite aux élections législatives remportées par son parti.

29 octobre 2006 > Le gouvernement de Khaleda Zia démissionne et le gouvernement par interim convoque de nouvelles élections dans les 90 jours. La Ligue Awami se désiste.

11 janvier 2007 > L'armée intervient pour instaurer l'état d'urgence et soutenir le gouvernement par interim. Il s'en prend à la corruption endémique dans le pays et procède à 160 arrestations, dont Khaleda Zia et Sheikha Hasina.

15 novembre 2007 > Le cyclone Sidr tue 3 400 personnes et fait des milliers de blessés et de sans-abri.

29 décembre 2008 > Les élections législatives ont finalement lieu qui voit une victoire écrasante de la Ligue Awami. Sheikh Hasina prête serment en tant que Premier Ministre.

Août 2010 > Un accord est signé entre l'Inde et le Bangladesh pour la construction d'une immense centrale électrique au charbon à Rampal, aux portes de la zone protégée des Sundarbans.

15 janvier 2013 > Asif Mohiuddin est poignardé à la sortie de son bureau pour son militantisme athéiste. Il survivra à l'attaque, mais il est le premier d'une longue liste de blogueurs athés à être attaqué.

2013 > Khaleda Zia chef de file de l'opposition bloque le pays pendant 85 jours avec des grèves dans l'espoir de peser sur la tenue des élections législatives de 2014. Sheikh Hasina rejette ses demandes et Zia appelle au boycott des élections.

5 janvier 2014 > En l'absence du BNP et de 18 autres partis d'opposition la Ligue Awami remporte une victoire écrasante au Parlement avec l'obtention de 234 sièges sur 300. Sheikh Hasina repart pour 5 ans.

25 avril 2016 > Xulhaz Mannan et Tanay Majumder sont poignardés à mort dans l'appartement de Mannan. Il était l'éditeur du premier magazine LGBT au Bangladesh. L'attentat a été revendiqué par Daesh.

13 juin 2016 > Le gouvernement réagit à une nouvelle vague d'attaques terroristes ciblées et fait arrêter 119 militants de partis islamistes radicaux et 8 000 criminels suspectés de détenir des armes à feu, de se livrer au trafic de drogue ou ayant commis d'autres infractions.

1er juillet 2016 > Attaque meurtrière revendiquée par Daesh dans un restaurant du centre de Dhaka. Un bilan lourd avec vingt otages massacrés donc 18 ressortissants étrangers, majoritairement des Italiens et des Japonais.

Les premières dynasties

Le royaume d'Anga : des fouilles archéologiques permettent d'attester de la présence humaine dans la région du Bengale vers 700 avant J.-C., correspondant à l'âge de fer. Ces traces coïncident avec l'établissement de 16 Etats dans le nord de l'Inde. Le Bengale dépend du royaume bouddhiste d'Anga, situé à l'extrême nord-est, et qui est mentionné dans le texte bouddhique de l'Anguttara Nikaya ou dans le récit épique sanscrit du Mahabharata. Anga connaît son âge d'or au début du VIe av. J.-C. et s'en va conquérir le royaume voisin de Magadha. Mais la victoire n'est que de courte durée. A la moitié de ce siècle, le prince magadha Bimbisara tue le roi d'Anga et s'empare de sa capitale, Champa. A compter de cet épisode, le royaume d'Anga se dilue dans celui de Magadha, et qui correspond peu ou prou au Bengale occidental et au Bangladesh. Pendant deux siècles et demi, le territoire se voit ballotté d'une dynastie à une autre, passant sous la tutelle d'un chef militaire ou d'un autre, au gré des conquêtes.

L'Empire Gangaridai : vers l'an 300 av. J.-C., l'empire Gangaridai se forme. Il est puissant. Son armée compte " 20 000 chevaux, 200 000 hommes, 2 000 chars et 4 000 éléphants " tel que le rapporte Diodore de Sicile dans sa " Bibliothèque historique ". Alexandre le Grand aurait battu en retraite devant une telle armée, conscient de ses maigres chances. L'empire connaît une relative stabilité au moins jusqu'au Ier siècle av. J.-C., ce qui permet à la région de se développer économiquement et d'entreprendre du commerce avec les régions asiatiques voisines et de tirer profit de la route fluviale du Gange. L'histoire se perd un peu à l'avènement de notre ère et nul ne sait bien de ce qu'il advient de l'empire Gangaridai.

L'Empire Gupta : en 335, Samudragupta accède au trône d'un empire qui s'étend du delta du Gange jusqu'au nord de l'Inde et occupant une partie du plateau central du Deccan. En 40 ans de règne, Samudragupta conquiert la presque totalité de l'Inde, à l'exception du Sud, qui correspond aujourd'hui aux Etats du Karnataka, du Kerala, de l'Andhra Pradesh et du Tamil Nadu. Paradoxalement, à travers ses campagnes, l'ambition de Samudragupta est de pacifier le pays. Il replace sur leur trône presque tous les souverains qu'il a démis, les soumettant à sa loi. Le souverain est également un homme de culture. Il se déplace partout avec des poètes et des musiciens, chargés de forger une culture commune. Même s'il est hindou, il respecte et tolère les autres religions, autorisant l'édification de monastères bouddhistes dans certaines régions. Jusqu'en 415, l'empire est stable et florissant. Puis le contrôle se relâche progressivement, les souverains perdent des territoires au profit des Huns et le système féodal mis en place se retourne contre eux : les chefs locaux prennent les armes et font éclater l'unité Gupta à l'aube du VIe siècle. Seule une poche subsiste, dans la région de Magadha.

Le royaume de Gauda et la dynastie Pala : vers 590, Shashanka, un chef tribal de la région de Magadha lève une armée et chasse le dernier souverain Gupta en place. Il est le premier à unifier le territoire du Bengale et lui conférer une dimension politique, qu'il baptisera royaume de Gauda. Shashanka s'efforce d'éradiquer le bouddhisme, détruisant les stupas et mettant à prix la tête des moines bengalis. Il fait régner terreur et chaos, tous comme ses successeurs. En 750, Gopala est élu Empereur de Gauda par des chefs féodaux. Il est le premier des Pala, qui signifie " protecteur " en bengali, et son avènement va marquer le début d'une longue période de stabilité et d'épanouissement pour le Bengale. Disciple des courants bouddhistes Mahayana et Tantra, il va s'affairer, avec ses successeurs, à reconstruire temples et monastères. Les Pala sont de grands mécènes et promeuvent l'art sous toutes ses formes : philosophie, littérature, peinture, sculpture. Diplomates et excellents chefs de guerre, ils agrandissent leur empire petit à petit en se reposant sur une importante armée offensive d'éléphants et sur une marine défensive dans la Baie du Bengale. L'empire Pala connaît son âge d'or au IXe siècle sous les règnes successifs de Dharmapal et Devapala, qui repoussent une fois de plus les frontières de l'empire jusqu'au Pendjab. A la mort de Devapala, l'empire connaît des tensions internes avec la rébellion de suzerains locaux. Au tournant du premier millénaire, Mahipala Ier a repris la main sur l'ensemble du Bengale et réussit à repousser pendant un temps les assauts des Cholas, un puissant empire du sud de l'Inde. Le Bengale n'aura jamais connu un rayonnement plus grand que sous le règne des Pala, introduisant le bouddhisme mahayana au Tibet, au Népal et au Myanmar. Son influence s'étendra jusque dans le Sud-Est asiatique, grâce aux voies commerciales notamment.

La dynastie Sena : comme par le passé, le pouvoir change de mains suite à un " coup d'Etat " proféré par Hemanta Sen en 1095. Son fils Vijay Sen lui succède un an plus tard, et jette les fondations d'une nouvelle dynastie. Son règne exceptionnellement long, de 60 ans, lui permet de rendre sa stabilité au Bengale et de réintroduire l'hindouisme. Le quatrième souverain, Lakshman Sen, étend le territoire à l'ouest, probablement jusqu'à Varanasi (Bénarès) et à l'est en s'emparant de la région de l'Assam. Les Sena perpétuent le rayonnement intellectuel du Bengale en s'entourant notamment de nombreux poètes. Plusieurs historiens pensent que le célèbre poète sanscrit Jayadeva, auteur de Gita Govinda, était l'un des Pancharatnas (5 Joyaux) établi à la cour de Lakshman Sen. Les Sena sont également responsables de l'instauration du système de caste au Bengale, qui visait à organiser la société en différents groupes hiérarchisés et héréditaires. La dynastie Sena s'éteint avec Lakshman Sen. Celui-ci prend la fuite lorsque le général turcique Muhammad Bakhtiyar Khalji attaque la capitale du Bengale, alors située à Nabadwip dans le Bengale occidental. Le royaume se trouve de facto divisé en deux. La partie occidentale du Bengale passe sous le régime musulman, tandis que la partie orientale passe sous le contrôle de la dynastie Deva et d'autres royaumes plus petits et morcelés. Ces royaumes joueront un rôle important dans le développement économique et culturel de la région. Ils serviront également de remparts aux attaques des Birmans et des Portugais face aux Moghols.

L'avènement de l'islam

L'islam est présent au Bengale dès le VIIIe siècle, notamment par la présence de marchands venus du Moyen-Orient et celle de missionnaires soufis. Mais ce n'est qu'avec la prise de Nabadwip en 1204 par le général turc Bakthiyar Khalji que l'islam s'ancre dans la région. Pendant deux siècles, le Bengale va passer entre les mains de conquérants musulmans, qui grignotent progressivement du territoire vers l'est. En 1277, Sonargaon et la région au sud de Dhaka se rendent suite aux assauts répétés du mamelouk Mughisuddin Tughral. La période est trouble et violente. Les prises se succèdent les unes aux autres et la région, suffisamment éloignée de Delhi, est la proie des convoitises de chefs de guerre en mal de pouvoir. Ils poussent les gouverneurs locaux à revendiquer leur indépendance face au pouvoir central. Le Bengale héritera, certes, du surnom de " terre de rebelles ", mais ne fera qu'exciter la velléité suprématiste de Delhi. Pendant 70 ans, l'indépendance de la région est violemment contestée et mise à mal par les sultans de Delhi. Il faudra attendre 1342 et l'avènement d'un nouveau sultan, Shamsuddin Iliyas Shah, pour que le Bengale retrouve une indépendance sereine, à l'écart de l'emprise du Nord. Pendant près d'un siècle et demi, la dynastie Iliyas Shahi va instaurer une politique culturelle bienveillante à l'égard de la littérature bengalie permettant aux habitants de se forger une nouvelle identité dans le respect des règles de l'islam. De grands travaux sont lancés et de nombreuses mosquées imposantes voient le jour dont la mosquée Darasbari ou la mosquée Shatgumbad à Bagherat. Le sultanat unifie le territoire en jetant les bases d'une administration et rebaptise la province " Bangalah ". Le territoire s'étend de la région de Tirhut à l'ouest (dans l'actuel Bihar), au Népal au nord, à Sylhet à l'est et le delta du Gange au sud. Le voyageur Ibn Battuta dépeint une terre d'abondance. Les liens commerciaux avec la Chine, Java et Ceylan sont fertiles. Malgré cet état progressiste, une révolte hindoue éclate en 1414, menée par Raja Ganesha. Il prend le contrôle du Bengale, mais afin de faire face à une menace d'invasion, il se voit obligé de s'allier à un saint puissant, Qutb Al Alam. Le saint homme accepte, à la condition que Raja Ganesha convertisse son fils Jadu à l'islam et lui cède le trône. Raja Ganesha accepte, mais lorsque Qutb Al Alam meurt l'année suivante, il destitue son fils, le reconvertit à l'hindouisme et reprend les rênes du pouvoir. A la mort de son père, Jadu se reconvertit à l'islam et remonte sur le trône. Le chaos et l'anarchie règnent à nouveau, et après 20 ans d'absence le pouvoir est rendu à la dynastie Iliyas Shahi. En 1487, le sultan Fateh Shah est tué par Habshi, un membre de sa garde rapprochée, mettant fin à la dynastie.
La prise de pouvoir en 1494 par Alauddin Hussein Shah marque une nouvelle période de calme et de prospérité pour le Bengale. Son règne de 25 ans apporte une longue parenthèse de paix dans la région. Il est considéré comme le plus grand des sultans du Bengale, notamment pour sa bienveillance à l'égard de ses sujets hindous et pour avoir permis une renaissance culturelle, qui se manifeste par une abondante littérature. Il étend les limites du Bengale jusqu'à Chittagong à l'est qui voit arriver les premiers navires marchands portugais. Il réussit à repousser les assauts de Delhi et empêche les pillages par sa propre armée dans les villes conquises. Lors de la prise de Gaur, la capitale du sultanat, il fait exécuter 12 000 pillards et restitue à leurs propriétaires l'équivalent de 13 000 plaques d'or. Son fils perpétue la tradition de stabilité en négociant avec Babur, lors de sa tentative d'invasion, permettant au Bengale de rester neutre. La trêve n'est que de courte durée, et en 1538, des seigneurs afghans pillent Gaur et s'emparent du pouvoir jusqu'à l'arrivée des Moghols.

L'ère moghole

Le Bengale rejoint l'empire moghol sous le règne d'Akbar après la bataille de Tukaroi en 1575. Seuls l'extrême est et sud-est de la région échappent au contrôle de l'empereur. L'empire s'étend alors des confins du Pakistan à la chaîne de l'Himalaya au nord, jusqu'au plateau du Deccan au sud. Akbar fait déplacer la capitale du Bengale à Dhaka. Cette période correspond à un renforcement de la culture bengalie. Une production littéraire abondante, le développement de coutumes propres et la propagation de la langue affermissent la cohésion régionale. Jahangir, le fils d'Akbar, complète la conquête du Bengale en ralliant Sylhet à la province. Islam Khan est nommé Subahdar du Bengale, ou gouverneur, en 1608. Il dirige la province depuis Dhaka, qu'il rebaptise Jahangir Nagar. Sa mission consiste à soumettre les rebelles rajas, bara-bhuiyans, zamindars et afghans, qu'il accomplit parfaitement. Il fait tomber d'autres royaumes de moindre importance, ralliant sous la férule moghole l'ensemble du Bengale à l'exception de Chittagong, toujours aux mains des Arakan. Il faudra attendre 1666, et l'action du Subahdar Shaista Khan, pour finalement ramener Chittagong dans le giron bengali. Cette prise assure une plus grande stabilité à l'est de la région en coupant net les tentatives d'assaut des Arakan et en repoussant les pirates, nombreux à piller les navires du golfe du Bengale, vers d'autres ports plus au sud. En assurant une paix maritime, Shaista Khan encourage le commerce avec les Européens, les pays sud-asiatiques et d'autres ports indiens. Le Bengale est enfin parfaitement unifié et l'empire moghol est étendu à toute l'Inde, à l'exception du Sud (Kerala, Tamil Nadu et une partie du Karnataka actuels).

Les Nawabs du Bengale

Parallèlement au Subahdar, le pouvoir central nomme un Diwan, ou ministre, chargé de collecter les taxes pour le compte de l'empereur. Aurangzeb nomme Murshid Quli Khan à ce poste vers 1700. L'homme a une trajectoire peu commune. Né dans une famille brahmane pauvre en 1670, il est vendu comme esclave à Haji Shafi, un riche marchand perse d'Ispahan. Celui-ci le convertit à l'islam. A la mort de son maître, Murshid Quli Khan entre au service du Diwan de Vidarbha. Il se fait remarquer par l'empereur Aurangzeb, l'un des plus puissants que l'Inde moghole ait connu, qui le nomme au Bengale. A peine arrivé à Jahangir Nagar, il met à son service les officiers du Subahdar, qui n'est autre que le petit-fils d'Aurangzeb et qui nourrit l'ambition de succéder à son grand-père sur le trône. Furieux, il tente de le faire assassiner. Ne se sentant plus en sécurité à Dhaka, Murshid Quli Khan déménage à Muksushabad, sur la rive occidentale du Gange. Il justifie sa relocalisation en assurant être au plus près des administrés et garder un oeil sur les Européens présents dans la région. Les banquiers de Dhaka le suivent, ce qui ne fait qu'accroître le mécontentement du Subahdar. En 1704, Murshid Quli Kahn revient à Muksushabad, après 2 ans comme émissaire impérial dans l'Orissa. Il récupère alors les pouvoirs du Subahdar et renomme la ville Murshidabad qui devient de facto la nouvelle capitale du Bengale. Il réforme le système féodal en mettant en place le mal jasmani, similaire à celui des fermiers généraux en France. Il souscrit des obligations auprès de contractuels, les ijardaars, chargés en retour de prélever les dîmes auprès des paysans. Il fait édifier un palais, des bureaux pour les administrations à sa charge (trésor public, un ministère des finances) et une mosquée dans laquelle il sera enterré en 1724. En 1717, investi des pleins pouvoirs sur la région, il déclare son indépendance et fait de Murshidabad la capitale officielle du Bengale. Mushid Quli Kahn devient le premier nawab du Bengale. Sous son règne, la situation économique du Bengale fleurit. Le commerce avec les Européens va bon train et les hindous bénéficient d'une relative bienveillance, obtenant des emplois publics, notamment dans la collecte des taxes. Murshidabad est réputée pour ses nombreux festivals et fêtes, où touristes et représentants des compagnies européennes étaient conviés. Murshid Quli Khan meurt le 30 juin 1727. Son petit-fils lui succède mais se voit subtiliser le titre par son père. Il remonte sur le trône à la mort de son père en 1739, pour se le faire à nouveau subtiliser par un membre de la cour, Alivardi Khan, l'année suivante.
Alivardi Khan réussit à repousser les premières invasions marathes, ce peuple venu du Maharashtra dans l'ouest de l'Inde et qui s'était rebellé contre la tutelle de Delhi sous le règne d'Aurangzeb. Il réprime une révolte afghane dans le nord-ouest et se fait grassement rétribuer par les Britanniques pour bloquer les navires marchands des Moghols et des Afghans. En 1751, il échoue à réprimer une énième invasion marathe. Il parvient à un accord de paix qui consiste à céder aux Marathes la région d'Orissa, au sud de Calcutta, et à verser une rançon annuelle de 1 200 000 roupies.

L'Empire britannique

Les Bengalais sont habitués à la présence européenne. Les Portugais commercent depuis la fin du XVe siècle avec la région. Ils ont envoyé des missionnaires s'établir à Chittagong, au sud-est du Bengale et à Hoogly, un port fluvial au nord de Calcutta. Les Portugais sont chassés par les Moghols en 1632. Les Britanniques ne tardent pas à arriver, suivis dans leur sillage par les Français, les Hollandais et les Danois.

La Compagnie des Indes orientales : en 1690, un chef local soumis à l'autorité moghole vend à la Compagnie des Indes orientales, chargée de faire commerce pour le compte du roi d'Angleterre, trois villages, dont Calcutta. Ces comptoirs commerciaux sont rapidement transformés en forteresses. Constatant l'intense militarisation de ces villages, le nawab Siraj ud-Daulah reprend Calcutta aux Anglais en 1756, mais la perd l'année suivante lors de la bataille de Plassey. Cette première conquête permet non seulement à la Compagnie des Indes de marquer sa souveraineté face aux Moghols, mais aussi d'annihiler la concurrence européenne dans la région. Dès lors, Calcutta devient un important port de commerce, exportant bambou, thé, sucre de canne, épices, coton et jute. C'est aussi la première fois dans l'histoire coloniale que l'autorité d'une compagnie commerciale fait loi sur un Etat. Un gouverneur-général, Warren Hastings, est nommé à Calcutta et ses pouvoirs s'étendent à tout le Bengale. En un siècle, la puissance commerciale et l'autorité politique de la Compagnie des Indes orientales s'étend à quasiment l'ensemble du sous-continent.

La naissance du Raj : en 1857, des scandales à répétition et la mutinerie sanglante des cipayes, ces soldats indiens employés par la puissance commerciale, obligent le gouvernement britannique à déchoir la Compagnie des Indes de son autorité. Les pouvoirs sont transférés à la Couronne, qui réprime violemment la rébellion. Même si ces évènements se déroulent au nord et au centre du sous-continent, ils n'en constituent pas moins un tournant majeur dans l'histoire de l'Inde et leurs répercussions affecteront le Bengale à terme. La souveraineté britannique est assurée sous l'autorité d'un vice-roi qui a d'abord pour charge de réorganiser l'armée, le système financier et l'administration. Le Raj britannique est divisé en 17 provinces, le Bengale étant l'une des plus importantes. Le comte Canning, alors gouverneur-général, devient premier vice-roi des Indes.

La Renaissance du Bengale : si l'empire britannique continue d'exploiter avidement les ressources économiques de l'Inde, cette période coïncide avec " la Renaissance du Bengale ". Cet élan socio-culturel et religieux prend racine au XIXe siècle dans les salons d'hindous de haute caste instruits de Calcutta. Il est amorcé par deux auteurs, Ram Mohan Roy (1775-1833) et Iswar Chandra Vidyasagar (1820-1891). Le premier jette les bases du Brahmo Samaj, une réforme socio-religieuse de l'hindouisme. Le Brahmo Samaj vise à faire d'un hindouisme réformé, une religion universelle et monothéiste. La coutume du sati, qui consiste à ce qu'une veuve se jette dans le bûcher de son défunt mari, et la polygamie sont condamnées. Cette philosophie religieuse n'atteindra jamais les masses et sera réservée à une élite désireuse de réformer la société. Le second revisite la langue bengalie, simplifiant son alphabet et sa grammaire, la rendant accessible à un plus grand nombre. Cette révolution intellectuelle visant à moderniser la société et sa culture est soutenue par de nombreuses personnalités tissant des ponts entre les sphères littéraires, religieuses, politiques, universitaires et scientifiques. Le courant s'éteindra avec le poète et auteur Rabindranath Tagore en 1941. Le poète bangladais, Kazi Nazrul Islam (1899-1976), élevé au rang de poète national du Bangladesh, s'élève contre l'oppression britannique et se voit jeter en prison pour son poème Bidrohi (le Rebelle). La renaissance intellectuelle s'accompagne d'une volonté d'émancipation politique, tant au Bengale qu'à travers l'Inde tout entière. Les hommes politiques bengalais hindous rejoignent le Parti du Congrès, alors que les musulmans peinent à s'organiser. Les Britanniques se saisissent de la dualité religieuse manifeste au Bengale en procédant à sa partition en 1905. Officiellement, il s'agit de scinder un territoire trop grand pour être administré de façon efficace. Officieusement, on peut penser que les Britanniques tentaient de tuer dans l'oeuf les velléités indépendantistes. A l'ouest, le Bengale hindou composé du Bengale occidental, d'Odisha et du Bihar, et à l'est, le Bengale musulman qui rassemble le Bangladesh actuel, l'Assam, le Mizoram, l'Arunachal Pradesh, le Manipur, Nagaland et le Meghalaya. Dhaka est choisie pour capitale du Bengale oriental. Cette séparation ne durera que 7 ans. Le vice-roi se voit obligé de réunir les deux entités face aux protestations véhémentes du Congrès national indien ainsi que de la population bengalie qui se sent atteinte dans son intégrité.

La montée du séparatisme musulman : la partition du Bengale fait naître la Ligue musulmane en 1906 lors de la Conférence mahométane pan-indienne sur l'éducation qui se tient à Dhaka. Pour la première fois dans leur histoire, les Indiens musulmans se dotent d'un organe politique. Son but premier était de mettre un terme à la séparation du Bengale et de veiller aux droits de la minorité musulmane indienne. L'influence de la Ligue musulmane croît au fil des années et en 1940, le parti s'empare de la question indépendantiste en adoptant la Résolution de Lahore. Il est désormais question de créer un, ou plusieurs Etats musulmans indépendants en Asie. La Ligue musulmane rejette fermement la notion d'une Inde unie et indépendante face à la montée irrépressible des violences interreligieuses. Cette résolution est introduite par A. K. Fazlul Huq, alors Premier ministre du Bengale. Elle rend non négociable l'inclusion des musulmans du Pendjab et du Bengale à l'ambition d'un Pakistan indépendant. Le gouvernement britannique, affaibli par la Seconde Guerre mondiale et les nombreux fronts sur lesquels il est engagé, peine à maintenir l'ascension des partis indépendantistes et les violences communautaires. Dépassé par les évènements, il nomme un nouveau vice-roi en 1946, Lord Mountbatten of Burma, chargé de négocier une sortie favorable du Raj et d'offrir à l'Inde une indépendance pacifiée. Cette nomination n'aura que pour effet d'exacerber les tensions entre musulmans et hindous et c'est dans la précipitation que l'indépendance est obtenue. Le traité prévoit deux Etats distincts : l'Inde et le Pakistan, qui comprend le Pakistan actuel et le Bangladesh, alors nommé Pakistan oriental. Les frontières retenues pour cette région sont dessinées en suivant la ligne religieuse. Le Bengale occidental, l'Odisha et Bihar vont à l'Inde, quand le Bengale oriental va au Pakistan. La région de Sylhet, alors incluse dans la province d'Assam, rejoint le Pakistan oriental par référendum. L'indépendance est actée le 15 août 1947.

La période pakistanaise

Le Pakistan naît dans le chaos le plus absolu. La séparation de l'Inde en deux entités politiques et trois entités territoriales distinctes crée des déplacements migratoires de masse, dans un contexte d'extrême tension. Le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU estime le déplacement des populations à 14 millions de personnes, ayant provoqué la mort de 500 000 individus.
Muhammad Ali Jinnah devient premier Gouverneur général du pays et son Premier ministre est Liaqat Ali Khan. Ils improvisent une capitale à Karachi, au Pakistan occidental, mais l'Etat ne dispose pas de fonctionnaires qualifiés, ni d'infrastructure administrative réelle. En 1948, le gouvernement impose l'ourdou comme langue nationale. Cette décision provoque l'ire du Pakistan oriental, dont la langue majoritaire est le bengali. La région se sent déjà délaissée par son éloignement géographique : le Bengale oriental est situé à 1 700 km du Pakistan. Le Mouvement de la Langue bengalie se forme, visant à faire reconnaître le bengali comme langue officielle dans le pays. Les mécontentements des Bengalais vont se cristalliser autour de ce mouvement. Pour toute réponse, le gouvernement pakistanais interdit les réunions publiques et les rassemblements. Une résistance s'organise. Les étudiants de l'Université de Dhaka accompagnés d'activistes politiques organisent une manifestation le 21 février 1952, réprimée par des tirs de la police. Il y a des morts. La Ligue musulmane Awami attise l'agitation et de nombreux troubles à l'ordre public sont déclarés.
L'instabilité politique est immense et les difficultés économiques tout autant. Muhammad Ali Jinnah décède en 1948, alors que le Pakistan est en conflit ouvert avec l'Inde concernant le ralliement du Cachemire. L'Etat situé aux confins septentrionaux de l'Inde et du Pakistan compte 78 % de musulmans dans sa population, mais le maharaja décide de rejoindre l'Inde le 26 octobre 1947. S'ensuit une guerre, suspendue par un cessez-le-feu négocié par l'ONU, qui entre en vigueur le 1er janvier 1949. Le 16 octobre 1951, le Premier ministre Liaqat Ali Khan est assassiné par un fanatique afghan. Une Constitution émerge tout de même de ce chaos politique le 23 mars 1956. Le Pakistan devient une république islamique au sein du Commonwealth et reconnaît le bengali parmi les langues officielles de l'Etat.
Ce geste fait retomber les tensions au Pakistan oriental, mais il n'apaise pas les esprits. Bien que la région soit plus peuplée, elle est laissée à l'écart des réformes agraires et économiques d'importance et reçoit moins de subventions et d'investissements pour développer l'économie. Les places dans la fonction publique sont essentiellement attribuées aux Penjabis. Ainsi, l'armée pakistanaise ne compte qu'un seul régiment bengalais. Le conflit au Cachemire provoque un sentiment d'insécurité et de vulnérabilité plus que de l'enthousiasme. Le Pakistan oriental se sent bien seul face à son voisin indien.
Ne réussissant à ramener le calme au Pakistan oriental, le président Iskander Mirza abroge la Constitution le 7 octobre 1958 et proclame la loi martiale. Il fait appel au général Muhammad Ayub Khan qui le contraint à l'exil 20 jours plus tard et prend la tête de la dictature militaire. En 1962, une nouvelle Constitution est proclamée, qui installe notamment la capitale à Islamabad et fait de Dhaka la capitale législative. Les troubles persistent néanmoins au Pakistan oriental et la Ligue Awami fédère les mécontentements.
En 1966, Sheikh Mujibur Rahman se rend à Lahore pour une conférence rassemblant les partis d'opposition. Il y présente un plan en six points intitulé " Notre Charte de Survie " qui demande notamment l'auto-détermination, et une autonomie politique, économique et militaire élargie au Pakistan oriental. Ce manifeste va donner naissance au Mouvement indépendantiste des Six Points, mené par Sheikh Mujibur Rahman. En réponse, le gouvernement militaire engage des poursuites à l'encontre de Mujib et 34 autres activistes. Les protagonistes sont emprisonnés. Pendant le procès, un immense soulèvement populaire s'empare du Pakistan oriental, réclamant la libération immédiate des prisonniers et la fin des poursuites. Le 15 février 1969, le sergent Zahurul Haq, un des accusés, est tué à bout portant. Les manifestations redoublent d'intensité. L'Etat abandonne les poursuites une semaine plus tard et le 25 mars 1969, le général Ayub Khan passe le pouvoir au général Yahya Khan, qui prend pour première mesure la suspension de toute activité politique. Plus tard dans l'année, il convoque des élections législatives pour le 5 octobre 1970.

Vers l'indépendance

A l'issue des élections, la Ligue Awami remporte la totalité des sièges du Pakistan oriental et devient le parti majoritaire à l'Assemblée nationale. Le Pakistan occidental engage des discussions constitutionnelles avec le Pakistan oriental portant notamment sur la répartition du pouvoir dans les provinces, ainsi que des négociations sur la formation d'un gouvernement. Les discussions n'aboutissant pas, le général Yahya Khan décide de reporter la tenue de la session parlementaire sine die, le 1er mars 1971. Le lendemain, un groupe d'étudiants de l'Université de Dhaka brandit le drapeau du Bangladesh et intime à Sheikh Mujibur Rahman de déclarer l'indépendance. Celui-ci refuse. Le 3 mars, l'étudiant Shahjahan Siraj lit une Déclaration d'indépendance lors d'un rassemblement public. Le 7 mars, Sheikh Mujibur Rahman prononce un discours historique lors d'un rassemblement à Dhaka où il invite le peuple à se mobiliser par ces termes : " Notre lutte est cette fois-ci une lutte pour notre liberté, notre lutte est cette fois-ci une lutte pour notre indépendance ". Le peuple gronde tant et si bien que l'armée se décide à intervenir lors de répressions sanglantes le 26 mars 1971. Elle fait arrêter Sheikh Mujibur Rahman et force les leaders politiques à quitter la région. La plupart se réfugie en Inde. Avant son arrestation, Sheikh Mujib a pris soin de rédiger une Déclaration d'indépendance du Bangladesh. Celle-ci circule et est diffusée par transmission radio par les Carabiniers du Pakistan oriental. Le Major Ziaur Rahman, un officier du régiment du Bengale, s'empare de la station de radio de Kalurghat à Chittagong et lit la Déclaration d'indépendance sur les ondes dans la soirée du 27 mars. Dès le lendemain, la presse internationale se fait écho de l'évènement.
Un gouvernement provisoire de la République populaire du Bangladesh est formé le 10 avril 1971 à Meherpur, à la frontière indienne. Malgré son incarcération, Sheikh Mujibur Rahman est nommé à la tête du nouvel Etat, remplacé provisoirement par Syed Nazrul Islam. Tajuddin Ahmed devient Premier ministre et le Général Osmani est rappelé pour prendre la tête de l'Armée. Un plan de stratégie militaire est dessiné et une armée constituée, qui prend le nom de Muktibahini (les combattants de la liberté). Le gouvernement de Meherpur est soutenu en sous-main par l'Inde qui fournit armes, munitions et entraînements. La guerre entre les deux camps est totale. Le Pakistan procède à une élimination quasi systématique des ressortissants bengalais de confession hindoue. Il pousse sur les routes près de 10 millions de personnes qui se réfugient en Inde, dans les Etats voisins du Bengale occidental, du Tripura et d'Assam. Cet exode massif ne fait qu'accroître les rapports toujours très tendus entre l'Inde et le Pakistan. Indira Gandhi en appelle à la communauté internationale, qui ne réagit pas. Le 3 décembre 1971, elle déclare la guerre au Pakistan, dans ce qui sera appelé la guerre indo-pakistanaise de 1971, le troisième conflit opposant les deux Etats depuis l'indépendance de 1947. La guerre-éclair ne dure que 15 jours. Le 16 décembre 1971, l'armée pakistanaise au Pakistan oriental capitule et le Bangladesh devient officiellement une nation indépendante le lendemain.

Le Bangladesh, ses premiers pas

Durant les premiers mois de son existence, le Bangladesh recherche la reconnaissance de la communauté internationale. Il signe un traité de paix avec l'Inde le 26 mars 1972 et oeuvre à obtenir un siège à l'ONU, reconnaissance qui lui sera accordée en 1974. L'accord de Simla est signé entre l'Inde et le Pakistan. Cet accord prévoit que l'Inde s'assure de la libération et du retour des soldats de l'armée pakistanaise, en échange de quoi le Pakistan reconnaît l'indépendance du Bangladesh. 93 000 hommes seront relâchés en 5 mois.
Libéré, Sheikh Mujibur Rahman assure la présidence transitoire et charge l'Assemblée de transition de rédiger une nouvelle constitution. Le régime choisi est celui de la démocratie parlementaire. La Constitution proclame le Bangladesh comme une république laïque et démocratique. Elle assure à ses citoyens des droits et des libertés fondamentaux et structure l'équilibre entre les branches exécutives, législatives et judiciaires. Le pouvoir exécutif est fort, avec une présidence essentiellement dévolue à une représentation officielle ; le système parlementaire est unicaméral ; la justice est indépendante. La Constitution érige en règle suprême les quatre piliers fondateurs de la Ligue Awami : nationalisme, laïcité, progrès social et démocratie. Elle est, à l'époque, une des Constitutions les plus libérales qui soit. Elle est votée par l'Assemblée constituante puis promulguée le 16 décembre 1972, un an jour pour jour après la fin de la Guerre de Libération.

Sheikh Mujubir Rahman : les premières élections législatives se déroulent le 7 mars 1973. La Ligue Awami, grâce à son organisation et son expérience, remporte une très large majorité. Sheikh Mujib est nommé Premier ministre et il s'emploie à reconstruire l'économie et la société. Dans un souci d'apaisement, il promulgue une amnistie générale qui concerne tous les criminels à l'exception des meurtriers, des incendiaires et des violeurs. Les tentatives de réformes économiques échouent. La nationalisation à grande échelle d'entreprises et d'usines privées tue l'entrepreneuriat dans l'oeuf. L'imposition du bengali dans les administrations et l'éducation au détriment de l'anglais éloigne un peu plus le Bangladesh du jeu économique international. Mujib met aussi en pratique une politique de favoritisme attribuant des postes au héros de l'indépendance et refusant des promotions aux militaires rapatriés du Pakistan. Ce régime partial provoque de nombreux mécontentements et jalousies. Le héros de l'Indépendance ne parvient plus à rassembler le peuple autour de sa personne et la colère gronde à nouveau. En décembre 1974, Sheikh Mujib prononce l'état d'urgence et fait passer une loi constitutionnelle par sa majorité qui limite les pouvoirs législatifs et judiciaires et renforce l'exécutif. Il crée un système de parti unique, que tous les membres de la classe politique et militaire sont tenus de rejoindre. Le Bangladesh Krishak Sramik Awami League (BAKSAL) voit le jour. Tous les autres partis sont dissous, y compris la Ligue Awami. Malgré un léger redressement de la situation économique au début de 1975, les réformes politiques promises ne suivent pas et Sheikh Mujib centralise désormais tous les mécontentements. Il est assassiné dans sa maison le 15 août 1975, ainsi que les membres de sa famille présents, par des officiers de l'armée. Ses deux filles, Sheikh Hasina et Sheikh Rehana sont à l'étranger. Un nouveau gouvernement est formé, avec à sa tête, un ancien collaborateur de Sheikh Mujib, Khondaker Mostaq Ahmad.

Ziaur Rahman : deux mutineries militaires éclatent les 3 et 7 novembre 1975 et précipitent la réorganisation du pouvoir. L'état d'urgence est à nouveau déclaré afin de procéder à un retour à l'ordre et au calme. Mostaq démissionne et le pays est placé sous la loi martiale. Justice Abu Sayem obtient la présidence, mais démissionne deux ans plus tard. Le lieutenant-général Ziaur Rahman s'empare du pouvoir et rétablit le multipartisme, la liberté d'échange et fonde un nouveau parti, le Bangladesh Nationalist Party (BNP). La Ligue Awami se reforme dans la foulée. Il consacre sa présidence à tenter de stabiliser le Bangladesh et à établir des relations diplomatiques avec les pays occidentaux, la Chine et le Pakistan, se démarquant ainsi de la ligne de politique étrangère Inde-Russie mise en place par Mujib. A son arrivée au pouvoir, il établit un programme économique en 19 points, centré sur l'autonomie, le développement rural, la décentralisation, la liberté de commerce et le contrôle des naissances. Zia pousse le secteur privé à se développer et accroître les exportations. Il lance de grands chantiers d'irrigation, de construction de centrales électriques et de barrages et de développement du réseau routier. Enfin, il lance des programmes d'éducation visant autant les enfants que les adultes dans les campagnes. Sous son impulsion, le Bangladesh connaît un développement économique et industriel florissants.

Les plaies de la Guerre de Libération sont encore à vif et Zia pensait que son peuple traversait une profonde crise identitaire et religieuse. Afin de renforcer le sentiment de souveraineté nationale, il introduit une réislamisation du pays. Il fait amender la Constitution en multipliant les références à Allah et l'islam dans le texte constitutionnel. Il impose par le biais de l'article 25 " que l'Etat consolide, entretienne et renforce ses liens fraternels avec les pays musulmans, basés sur la solidarité islamique ". Ces modifications inquiètent les esprits séculaires et les minorités religieuses du pays. Dans sa volonté d'ouverture et de renforcement du sentiment musulman, Zia autorise le retour du parti Jamaat-e-Islami sous une nouvelle identité, la Ligue Islamique Démocratique (LID). Le Jamaat-e-Islami a joué un rôle troublant durant la Guerre de Libération en prenant fait et cause pour le Pakistan, ayant même participé à des crimes de guerre contre le mouvement indépendantiste bangladais. Cette réhabilitation d'hommes controversés ainsi qu'une gestion musclée de l'armée conduit à son assassinat le 30 mai 1981 à Chittagong par des militaires.

Ershad : après une période de flottement, le lieutenant-général Ershad s'empare du pouvoir par un coup d'Etat le 24 mars 1982. Cet ancien bras droit de Ziaur Rahman, lieutenant-général dans l'armée, suspend la constitution et les partis politiques et instaure une dictature militaire. Il se fait nommer à la tête de l'Etat le 11 décembre 1983. En 1986, en vue des élections législatives, il autorise à nouveau l'activité politique et fonde son propre parti, le Jatiya qui remporte les élections entachées de fraudes et d'irrégularités. Des manifestations massives s'ensuivent, menées par Khaleda Zia, la veuve de Ziaur Rahman et chef de file du BNP, et Sheikh Hassina, la fille de Mujib à la tête de la Ligue Awami. Le 6 décembre 1987, Ershad dissout le Parlement et appelle à de nouvelles élections. Celles-ci se déroulent dans un contexte de violence et de méfiance généralisée, boycottées par la Ligue Awami et le BNP. Le parti nationaliste Jatiya emporte une victoire écrasante avec 251 sièges sur 300. Les manifestations populaires s'intensifient et Ershad est contraint à la démission le 6 décembre 1990. Sa présidence mouvementée et controversée aura surtout été marquée par la création de l'Association Sud-Asiatique pour la Coopération Régionale (ASACR) qui rassemble 8 pays d'Asie du Sud et favorise la coopération dans des domaines tels que l'agriculture, le développement rural, les sciences et les technologies, la culture, la santé et la lutte contre les drogues et le terrorisme. Ershad est aussi celui qui s'est définitivement détourné de la laïcité en faisant inscrire l'islam comme religion d'Etat dans la Constitution en 1989.

La transition démocratique

Un référendum constitutionnel est entrepris le 15 septembre 1991. Le peuple doit se prononcer sur l'ajout d'un douzième amendement qui prévoit le retour à un régime parlementaire, avec un président à la tête de l'Etat et un Premier ministre, chef de l'exécutif. Le président est élu au suffrage indirect, par le Parlement, et le poste de vice-président est supprimé. Le peuple vote massivement en faveur du référendum, par 83,6 % des voix. Le retour du Bangladesh à une démocratie parlementaire est acté. S'ensuivent des élections générales qui voient le BNP l'emporter. La campagne a été menée par Khaleda Zia, la veuve de Ziaur Rahman. Elle se voit ainsi nommée Premier ministre, première femme à ce poste au Bangladesh.
Les élections suivantes de 1996 sont remportées par la Ligue Awami, emmenée par la fille de Sheikh Mujibur Rahman, Sheikh Hasina. En 2001, Khaleda Zia emporte à nouveau les élections. Le Bangladesh voit se succéder deux femmes en alternance.
Fin octobre 2006, le gouvernement de Khaleda Zia démissionne menant à une période d'intense agitation politique. Le gouvernement par intérim convoque de nouvelles élections dans les 90 jours, comme le prévoit la Constitution. Mais au dernier moment, la Ligue Awami se désiste. Le 11 janvier 2007, l'armée intervient pour instaurer l'état d'urgence et soutenir le nouveau gouvernement par intérim. Ce gouvernement s'attache à bannir la corruption au sein de l'ensemble de la classe politique dirigeante. Il fait procéder à 160 arrestations, comprenant des politiques, des fonctionnaires, des hommes d'affaires et les deux chefs de partis Khaleda Zia et Sheikh Hasina. Une fois cette opération effectuée, le gouvernement intérimaire convoque de nouvelles élections libres et équitables le 29 décembre 2008. La Ligue Awami et Sheikh Hasina obtient une victoire écrasante avec 66 % des voix. Elle prête à nouveau serment en tant que Premier ministre le 6 janvier 2009. En 2013, à l'approche des nouvelles élections législatives, Khaleda Zia, chef de file de l'opposition rassemblant 18 partis, exige la constitution d'un gouvernement d'intérim non partisan 90 jours avant les élections, chargé de mener les affaires courantes et d'organiser les nouvelles élections. Elle organise des grèves générales (hartal) qui paralysent le pays pendant 85 jours. Sheikh Hasina refuse de céder et le BNP, suivi par les partis d'opposition, boycottent les élections législatives de janvier 2014. Dans ces conditions, la Ligue Awami remporte 234 sièges, soit la majorité absolue au Parlement. Sheikh Hasina signe pour un nouveau mandat de 5 ans en tant que Premier ministre.

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