Paléolithique moyen et Later Stone Age

Plusieurs sites témoignent de la très ancienne présence de l’Homme moderne sur l’actuel territoire ougandais. Ainsi à Sango Bay ont été mis au jour, dans les années 1920, des artéfacts (grattoirs, racloirs…) dont les plus anciens dateraient de 150 000 av. J.-C. Occupé, intermittemment, pendant des dizaines de milliers d’années, Nsongezi, sur la Kagera, est l’un des sites les plus fouillés du pays. Ici, comme dans le Debasien Range (est), des microlithes du Later Stone Age ont été excavés.

Ier millénaire av. J.-C.-Ier millénaire ap. J.-C.

Autour de 1000 av. J.-C., arrivèrent des chasseurs-cueilleurs en provenance de la cuvette congolaise. Ces derniers pourraient être les auteurs de tout ou partie des peintures rupestres du levant ougandais (Nyero, Dolwe Island…). Au début de notre ère, ils furent rejoints par des populations du groupe linguistique bantou qui peuplèrent les rives du lac Victoria. Cette époque vit le développement de l’agriculture et de la métallurgie du fer.

1000-1650

Les recherches archéologiques et historiques entreprises dans l’ouest (Mubende, Ntusi…) font remonter les premiers systèmes politiques structurés vers l’an mil. Le plus fameux d’entre eux est indubitablement le royaume de Bunyoro-Kitara à la tête duquel régnèrent successivement les dynasties, mi-historiques, mi-légendaires, Tembuzi et Cwezi. L’expansion des Luo, venus du Soudan méridional au XVIe siècle, mettra en péril la suprématie de ce régime. La puissance de Bunyoro (80 000 km2), de son roi (Omukama) et de son économie (reposant sur l’exploitation des gisements de fer et des mines de sel du Rwenzori) ne fut, a contrario, guère menacée par l’émergence, quelques décennies plus tôt, de deux petits royaumes : le Buganda et l’Ankolé.

1650-1850

Ce laps de deux siècles fut certes marqué par l’épanouissement des royaumes ankolé et toro, mais ce fut surtout l’essor du Buganda qui le ponctua. Avant 1650, ce royaume étriqué (15 000 km2), caractérisé par ses terres agricoles fertiles, vivait dans l’ombre de son prééminent voisin, le Bunyoro. Bien que les souverains ganda (kabaka) ne parvinssent jamais à conquérir ce royaume, ils réussirent toutefois à l’affaiblir en prenant (partiellement) le contrôle des routes commerciales le liant au littoral de l’océan Indien et en tirant profit de ses querelles de succession (notamment au cours des décennies 1830 et 1840). Aussi le Buganda éclipsa-t-il le Bunyoro en termes de puissance politique et commerciale et atteignit son apogée sous le règne du kabaka Suuna II (1832-1856).

Décennie 1850

Durant les années 1850, que ce fût au Buganda ou au Bunyoro, au sein duquel le nouvel omukama, Kamurasi, triompha des luttes intestines, les contacts avec les commerçants arabes et swahilis s’intensifièrent. Ces marchands, dont certains étaient bien en cour, introduisirent l’islam en 1846. En 1858, l’explorateur John Speke fut, quant à lui, le premier Européen à poser le pied dans le royaume du Buganda. Il sera suivi, dans les années et décennies suivantes, par d’autres aventuriers occidentaux tels que James Grant, Samuel Baker ou Henry Stanley.

1869-1878

Période troublée au Bunyoro. En 1869, à la mort de l’omukama Kamurasi, plusieurs princes se disputèrent le trône. Ce fut finalement Kabalega qui l’emporta. Inspirateur de réformes politiques et militaires, il tint en respect (1871-1878) les gouverneurs britanniques de la province soudanaise d’Equatoria qui souhaitaient mettre la main sur son royaume.  

1879

Arrivée du Père Lourdel, premier missionnaire catholique à fouler le sol du Buganda. Les évangélisateurs protestants étaient déjà actifs céans depuis deux ans.

1884-1890

En 1884, Mutesa Ier, kabaka qui avait autorisé les marchands d’esclaves arabes à s’installer dans sa capitale, Mengo (Kampala), passa l’arme à gauche. Converti à l’islam, comme bon nombre de notables ganda, il avait dû, suite aux injonctions des Britanniques, accepter la présence de missionnaires chrétiens sur son sol. Une fois intronisé, son fils, Mwanga, se montra beaucoup plus intransigeant à l’égard de ces derniers. Cette politique culmina tristement le 3 juin 1886 avec l’immolation par le feu d’anglicans et de catholiques romains à Namugongo. Alimentées en sous-main par la Grande-Bretagne et la France, les dissensions religieuses atteignirent alors leur acmé. De guerre lasse, Mwanga sollicita (et obtint) la médiation allemande en 1890.

1893-1894

Dès le début des années 1890, un pacte anglo-germanique octroya le Kenya et l’Ouganda à l’Imperial British East Africa Company. La Grande-Bretagne parvint rapidement à circonvenir Mwanga qui apposa sa signature sur un accord de protectorat. L’Union Jack fut alors hissé sur Kampala cependant que les troupes du Buganda furent mobilisées pour mettre au pas les royaumes voisins.

1897

Extension du protectorat, après de violents combats, aux royaumes toro et ankolé. Ayant perdu les faveurs des Britanniques, Mwanga fut évincé et remplacé par son fils, Daudi Chwa II, âgé d’un an. Deux ans plus tard (1899), malgré une résistance acharnée, le Bunyoro sera à son tour assujetti et l’omukama Kabalega relégué aux Seychelles.

1900

Signature du Buganda Agreement qui unifia les royaumes. Dès lors, le protectorat, dont le premier gouverneur fut sir Harry Johnston, prit le nom d’Ouganda. Son administration fut majoritairement confiée aux Baganda.

1945-1962

Montée, consécutivement à la Seconde Guerre mondiale, des revendications indépendantistes. Le parti anti-colonial UNC (Uganda National Congress) fut porté sur les fonts en 1952. Lui emboîteront le pas le DP (Democratic Party) et l’UPU (Uganda People’s Union), principalement soutenu par les populations du nord du pays, à l’instar des Acholi. En 1960, l’UNC et l’UPU fusionnèrent pour former l’UPC (Uganda People’s Congress), mené par Milton Obote.

9 octobre 1962

Proclamation de l’Indépendance de l’Ouganda. Son premier président, nommé, fut le kabaka Mutesa II. Le poste de Premier ministre échut à Milton Obote, vainqueur des élections en avril 1962.

1964-1971

Les tensions entre Mutesa II et Milton Obote, opposé à la domination politique et économique des Baganda, s’exacerbèrent au mitan de la décennie 1960. Soucieux d’abolir les royaumes sur lesquels l’État fédéral fut institué, Obote – de conserve avec son chef d’état-major, Idi Amin Dada – chassa manu militari Mutesa II de son palais, le 22 février 1966. Environ 2 000 Baganda favorables au kabaka-président (contraint de s’exiler à Londres) furent massacrés à cette occasion. Dix-neuf mois plus tard, Obote parvint à ses fins puisque la nouvelle constitution fit de l’Ouganda un État centralisé. Le nouveau régime présidentiel à parti unique, où l’armée jouissait de conséquentes prérogatives, abolit promptement les royaumes, au premier rang desquels le honni Buganda.

Janvier 1971-avril 1979

Le 25 janvier 1971, alors qu’Obote participait à une conférence du Commonwealth à Singapour, un coup d’État militaire fut orchestré par Idi Amin Dada. S’ensuivit la mise en place d’un régime dictatorial terrible qui se traduisit par l’assassinat de quelque 300 000 opposants, l’expulsion d’environ 50 000 Indo-Pakistanais (accusés de déloyauté, de fraudes commerciales…), l’instauration de tribunaux militaires et du State Research Bureau, une agence de renseignement passée maître en matière de torture… Exsangue économiquement, progressivement mis au ban de la communauté internationale, l’Ouganda d’Idi Amin Dada dut également faire face à une opposition en exil de plus en plus virulente. Afin de juguler cette dernière, le dictateur déclara la guerre à la Tanzanie en 1978. Cette campagne militaire fut un échec : en avril 1979, les opposants ougandais et l’armée tanzanienne s’emparèrent de Kampala. Idi Amin trouva refuge en Libye, puis en Arabie Saoudite où il mourut le 16 août 2003.

Décembre 1980-juillet 1985

Au bord de la faillite, l’Ouganda vit revenir aux commandes – après une période de transition, le retrait des troupes tanzaniennes et des élections truquées – Obote et l’UPC. Jouant sur les rivalités ethniques et usant de moyens coercitifs à l’endroit de ses rivaux politiques (on estime à 100 000 le nombre de civils massacrés en près d’un lustre de pouvoir), Milton Obote fut confronté à des rébellions armées, dont celle entreprise par la National Resistance Army (NRA) de Yoweri Museveni dans le sud du pays.

29 janvier 1986

Après le renversement d’Obote par le général Tito Okello (27 juillet 1985), la voie fut libre pour Museveni. Victorieux de cette funeste guerre civile, ou Bush War, il fut porté au pouvoir le 29 janvier 1986.

Décennie 1990

Confortablement élu président en 1996, Museveni libéralisa l’économie, suivant en cela les préconisations du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, ce qui encouragea les investissements étrangers. Dans la même veine, il adopta une série de mesures favorisant le retour des Indo-Pakistanais. Sur fond de décollage économique, Museveni rétablit, en tant qu’« institutions culturelles », les royaumes (Mutebi II fut ainsi intronisé kabaka du Buganda). Il dut cependant en découdre, dans le septentrion, avec les insurgés de la Lord’s Resistance Army (LRA). À l’international, on notera son implication dans le renversement du président zaïrois Mobutu.

2005-2008

Période faste pour Museveni, au faîte de sa notoriété internationale : transition vers un système politique multipartite approuvée par référendum (28 juillet 2005), découverte de gisements d’hydrocarbures commercialisables dans le bassin du lac Albert, processus de paix avec la LRA afin de mettre fin à la guerre civile…

11 juillet 2010

Revendiqué par les shebab somaliens, double attentat à Kampala faisant 74 morts.

Février 2014

Le vote et la promulgation d'une loi renforçant la pénalisation de l’homosexualité attira l'attention et les foudres de l'opinion publique internationale sur l'Ouganda. La loi fut abandonnée en août.

Mars-mai 2020

Confinement national afin de lutter contre la pandémie de Covid-19.

14 janvier 2021

Obtenant 58 % des suffrages exprimés, Yoweri Museveni rempile à la tête du pays. Ce sixième mandat fut permis par une décision de justice supprimant la limite d’âge, fixée à 75 ans, pour être éligible à la présidence de la république.