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Panier gourmand

Vos pénates sont regagnés ? Oui ? Alors il est grand temps d’exhumer les saveurs ougandaises, celles de vos dernières vacances. En ouvrant votre panier et ses composants – un pot de miel, une bouteille de waragi, un paquet d’arabica et un sachet de vanille –, votre demeure s’embaumera d’odeurs melliflues, d’arômes de café, d’effluves vanillés et de vapeurs capiteuses… Certes, vous auriez bien voulu garnir votre manne de fromages au lait cru de chèvre produits par la Kyaninga Dairy, de fruits tropicaux (matooke, pomme jaque, ananas…), d’un tilapia, voire même d’une burette d’obushera (bière traditionnelle). Mais pour des raisons évidentes de conservation, vous avez renoncé à ces délectables denrées et ce typique breuvage… Deux mots sur vos emplettes. Le miel, tout d’abord. Le Kigezi est la principale région apicole du pays. Tandis que les Batwa collectent le miel dans des ruches sauvages, les agriculteurs kiga fabriquent, en bois, bambous ou lianes tressées, leurs propres ruches. Le miel est généralement récolté deux fois l’an. Les populations locales ont une connaissance fine des abeilles, des plantes qu’elles butinent et, par conséquent, des sites les plus appropriés à l’installation de ruchers. Réputé d’excellente qualité, le miel ougandais est largement exporté vers l’Angleterre (au palais de Buckingham, notamment) où il est vendu comme miel biologique certifié. Les méliphages pourront acquérir cette ambroisie dans les épiceries fines et les échoppes spécialisées de Kampala (Malaika Honey, The Pantry…) et du Kigezi (BeeHealthy à Kabale, par exemple). L’arabica, ensuite. Cultivé dans les caféières épousant les pentes de l’Elgon et du Rwenzori, il ne représente que 20 % de la production nationale (contre 80 % pour le robusta), mais il a la préférence des connaisseurs. Vous pourrez le goûter dans la plupart des cafés du pays. Pour un achat responsable et solidaire, plusieurs options s’offrent à vous, dont l’entreprise sociale Gorilla Conservation Coffee (Entebbe). Passons, désormais, à la vanille. La fameuse orchidée, connue pour ses fruits (gousses), a été introduite en Ouganda dans les années 1940. Pollinisée à la main, la vanille noire ou Gourmet, cultivée dans le sud et l’ouest du pays, se distingue par sa riche palette aromatique. Ses petites notes rehausseront vos plats mijotés, à l’instar du pot-au-feu, et vos pâtisseries. Récoltées deux fois par an, les gousses sont exclusivement, ou presque, destinées à l’exportation. Si vous êtes en veine, vous en trouverez dans les delis kampalais… Sinon, vous pourrez toujours vous les procurer en ligne. Terminons par le waragi. À consommer avec modération, l’Uganda Waragi, titré à 40 %, est l’eau-de-vie nationale. Les bouteilles de cette marque commerciale, créée en 1965 à Port Bell, enferment un esprit où se mêlent, entre autres, des touches citronnées et muscadées. Vous pourrez mettre le grappin sur ce gin dans tous les débits de boissons du pays.

Africaniser sa garde-robe

Gomesi, kanzu, tenue en tissu d’écorce… Si vous souhaitez changer votre mise, l’Ouganda a ce qu’il vous faut ! Le gomesi, pour vous mesdames, est la robe traditionnelle des Baganda et des Basoga. Porté occasionnellement (noces, funérailles, réceptions…) ou quotidiennement, il est fait de soie, lin ou coton. Bien que son origine et son histoire ne soient point décidées, ce vêtement coloré à l’encolure carrée et aux manches bouffantes semble avoir été l’apanage des élites ganda à l’aube du XXe siècle. Le kanzu, pour vous messieurs, est la tunique des grands événements, notamment le kwanjula, chez les Baganda. Apparenté au boubou, de couleur blanche ou crème, rehaussé de broderies, il se porte généralement sous un blazer ou un blouson. Vraisemblablement introduit par des marchands arabes au XIXe siècle, il a d’abord été arboré par le kabaka et les hauts dignitaires du Buganda avant de se diffuser dans l’ensemble de la population. Enfin, le tissu d’écorce (barkcloth en anglais) résulte d’un savoir-faire immémorial développé par le clan ngonge (Buganda). Pour obtenir ce tissu, les artisans prélèvent, lors de la saison des pluies, l’écorce du Ficus natalensis puis la martèlent afin de l’affiner et de l’assouplir. Ocrée (pour les plébéiens) ou teinte en blanc ou noir (pour les patriciens), cette étoffe, aux usages multiples, entre dans la confection de vêtements traditionnels unisexes ganda. Quoique les cotonnades (usurpant parfois l’appellation barkcloth) aient réduit à peau de chagrin la production de ce tissu, son façonnage ancestral demeure d’actualité dans les districts de Mpigi, Masaka et Rakai. Il connaît même un regain d’intérêt depuis quelques années : promotion par les autorités ganda, inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco (2008), remise en honneur par les doués stylistes ougandais…

So Ugandan !

Afin de combler le dernier espace vacant de votre valise, misez sur un souvenir 100 % made in Uganda ! Primo, la vannerie. Bannettes, dessous de plat, corbeilles et tutti quanti : l’assortiment, de tout premier choix, est conséquent. Citons, en guise d’exemple, l’ekiibo. Véritable spécialité du Toro, tressé de fibres naturelles (raphia au premier chef), coiffé d’un couvercle et coloré au moyen de plantes tinctoriales, il constitue un présent très apprécié au sein duquel peuvent être glissées des galettes de millet ou des perles. Le village de Rubona, situé sur l’axe Kasese-Fort Portal, s’est fait une spécialité de ce panier. Secundo, un instrument de musique. L’engoma (tambour à deux peaux des Baganda et des Banyankole) et l’endingidi (vièle à une corde dont la caisse de résonance est faite de bois ou de corne de bovidé) sont deux instruments traditionnels du sud et du sud-ouest que l’on peut notamment découvrir dans le village de Mpambire. Tertio, enfin, une cotonnade. Cette étoffe tissée est, de nos jours, largement importée. Toutefois, une poignée d’ateliers continue à utiliser le coton ougandais, d’excellente qualité et principalement destiné à l’export, afin de confectionner des objets du quotidien (couvre-lit, maniques, sac à main…) écoulés localement. C’est notamment le cas de Kilombera, non loin de Jinja. Bref, si de toutes les matières c’est la ouate que vous préférez...