Découvrez la Croatie : Dans les profondeurs de l’Adriatique

Sur le littoral et dans les archipels croates, l’eau de l’Adriatique est si claire que tout plongeur amateur, avec masque et tuba, peut entreprendre son parcours « no kill ». Mais la grande aventure commence à l’approche des bateaux-épaves, échoués dans les fonds ou affleurant à la surface, proches du rivage. Certains navires remontent à l’époque antique. Encore chargés de leurs amphores comme à Cavtat, ils relèvent de l’archéologie sous-marine et leur accès est strictement contrôlé. D’autres galions furent lancés sous l’empire vénitien ou durant les dernières guerres du XXe siècle. Impressionnants récifs artificiels, ces colosses de bois et de métal abritent une riche faune et flore. Mais il arrive aussi que le plongeur tombe nez à nez avec d’autres types d’épaves, des carcasses plus exactement, balancées à la mer. Ainsi cette machine à laver, devenue l’abri préféré d’une pieuvre mythique, que l’on a localisée à proximité de Makarska.

La Croatie par ses grands fonds

Commençons par l’Istrie où l'on a retrouvé récemment le bateau de Zambratija, datant de l’âge de bronze. Les archéologues travaillent sur le site (interdit au public) afin de préserver ce patrimoine unique. Pour la plongée avec bouteilles, l'exploration de la grande presqu’île peut se faire par sa côte ouest, considérée par les marins comme la plus dangereuse de toute la Croatie. Plusieurs épaves, pour la plupart des pavillons de guerre, y reposent sous quelques dizaines de mètres de profondeur.

La plus impressionnante, au large de Rovinj, est sans conteste le ferry Baron Gautsch, long de 85 m et large de 12 m, coulé en 1914 par une mine sous-marine lors de son trajet Kotor-Trieste. 240 personnes périrent. Aujourd’hui, le bateau s’aperçoit enfin entre 28 m et 42 m de profondeur. Dans le golfe du Kvarner, au large de l’île de Krk, deux épaves (le Lina et le Peltastić) furent localisées. La première a heurté un rocher lors d’une tempête en 1914 et coulé à pic. La seconde affleure à quelques mètres de la surface. Il peut donc être visité par des plongeurs non expérimentés. La proue est dirigée vers les rochers de Krk ; le corps du bateau (mât, cheminées, winchs et même cabines) est particulièrement bien conservé. Avec prudence, on peut explorer « l’intérieur » en évoluant lentement pour ne pas soulever la boue.

Traçons à présent vers l’archipel des Kornati, véritable paradis pour la plongée. À partir de Pakostane, Biograd, Tisno ou Murter, on reste à proximité des îles protégées. Ces eaux ne font pas partie du grand parc national marin mais la faune et la flore y sont tout aussi belles. Près du phare de Veli Rat (Dugi Otok), on peut aussi trouver une épave à visiter.

Au sud de la Dalmatie, les côtes offrent des fonds marins plus profonds qu’au nord. On découvre de nombreuses falaises rocheuses recouvertes de corail et des grottes. À quelques kilomètres au sud de Dubrovnik, on peut accéder à l’épave du Seka od Mrkana (entre 23 m et 52 m de profondeur), un bateau de transport de la marine italienne, touché par une mine des Alliés en 1943. Couchée dans un angle de 70 degrés, l’épave gît, la proue dirigée vers la surface. Des morceaux de sa cargaison et des pièces du moteur sont encore visibles.

Dans la baie de Cavtat, à quelques kilomètres de la frontière avec le Monténégro, la fameuse épave de Pithos date du IVe siècle avant J.-C. Le navire a été transformé en musée sous-marin, où sont « exposées » à 30 m de profondeur des amphores en terre cuite toujours bien entreposées, où des jarres globulaires aux larges ouvertures sont si grosses qu’un homme peut tenir dedans. Mais c’est bien pour le transport du vin et du grain que l’on utilisait ces poteries monumentales.

Aux confins de l’Adriatique croate, les fonds marins de Vis révèlent aux plongeurs des vestiges plus récents. Une trentaine d’avions, datant de la Seconde Guerre mondiale, ont été repérés à quelques miles de la terre ferme. Avec l’assistance d’agences locales, l’archéologie militaire marine a pu approcher le bombardier B-17G qui a coulé le 6 novembre 1944, à 150 m près du cap de Polivalo (baie de Rukavac). Il faut descendre à plus de 70 m de profondeur pour voir l’une des épaves d’avion les plus spectaculaires. Pratiquement intacte, la cabine du pilote est toujours en place.

Des grottes chromatiques au zénith

Au sud-ouest de l’île de Premuda, un site réputé baptisé la « katedrala » (baie de Široka) cache des grottes sous-marines reliées entre elles par des passages et laisse apparaître une roche poreuse. Quand les rayons du soleil entrent dans les cavités, un jeu d’ombres et de lumières fascinant se crée.

Sur l’île de Brač, les meilleurs spots de plongée se trouvent dans le canal qui la sépare de sa voisine Hvar. Dans une eau transparente, poissonneuse, on explore de nouvelles grottes, des tunnels et quelques petites falaises comme à Golubinja Špilja, Babaca Stine et Murvica ou, de l’autre côté (Hvar), à Zala Luka, Tatinja et Kabal. Un peu plus au large, dans l’archipel des îles Pakleni, une des plus belles falaises commence à partir de 5 m et descend jusqu’à 45 m. Au plus profond, se trouve d’innombrables gorgones rouges et violettes, des algues où se cachent les poissons, les escargots marins ou encore des oursins.

Vis offre toujours aux amoureux de la mer un grand nombre de plages et de baies magnifiques comme Srebrna, Stiniva, Stončica ou Rukavac. À 5 miles de Komiža, sur l’îlot de Biševo, la grotte Bleue fut découverte par le baron Eugen Ransonnet en 1884. Formidable phénomène naturel, la fameuse Modra Spilja, avec ses reflets azur projetés à la surface de l’eau et sur les parois rocheuses, aimante les visiteurs comme des papillons. La grotte Verte (Zelena Splija), sur l’îlot moins fréquenté de Ravnik, n’est pas moins spectaculaire.

Dans le parc naturel de Lastovo, les fonds marins de l’archipel révèlent aussi des passages secrets menant à des grottes mystérieuses, comme à Seka Drašan (nord-est de l’île), Petrovac (îlot Bijelac) ou près de Tajan, la falaise Struga, qui atteint 80 m de profondeur. Au large de cette côte nord, l’épave du Drašan plic est indiquée en surface par une balise, qui prévient sur la dangerosité de la zone pour les marins. De nombreux navires se sont échoués ici, comme en témoignent les amphores et les restes de navires, plus ou moins anciens. Après ancrage dans les bas-fonds, une lente descente commence pour explorer enfin une vie marine exceptionnelle.

Plongée sous-marine en toute sécurité

Pour bien préparer et réussir sa plongée sous-marine, quelques conseils à appliquer avant, pendant et après la sortie en mer.

Être en règle avec l’administratif. Pouvoir présenter ses papiers ID, la carte de diplômé, l’autorisation de plongée, le certificat médical.

État de santé. Ne pas plonger si l’on ne se sent pas en forme, si l’on a fait la fête la veille.

Pression de l’eau. Lors d’une plongée, une carie peut devenir douloureuse.

Temps de réadaptation. Après plusieurs mois voire semaines sans plongée, prévenir le club réceptif de votre reprise.

Lestage nécessaire. Pour une plongée plus confortable. On peut perdre jusqu’à 2 kg entre deux plongées quotidiennes.

Plonger seul, à éviter ! Votre binôme doit pouvoir vous rassurer et réciproquement. Sinon, signalez votre présence (pavillon rouge avec diagonale blanche).

Refroidissement. Dès les premiers frissons ressentis, prévenir le moniteur car plus on descend en profondeur, plus il fait froid.

Réserves naturelles. Surpris dans un site interdit, vous pouvez être verbalisé ou voir votre matériel saisi par les gardes maritimes.

Pas de collecte ! Ne rien remonter en surface (à part des déchets plastiques !), ni fragment d’épave, ni corail, éponge, coquillage ou rocher.

Voyage en avion. Selon le nombre de plongées et leurs profondeurs, il ne faut pas prendre un vol dans les 24h ou 48h qui suivent.

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