Manifestation d'enseignants à Zagreb © Marija Ivancic - Shutterstock.Com.jpg
Andrej Plenkovic © Alexandros Michailidis - Shutterstock.com.jpg

Retour de la croissance mais des défis à relever

L’urgence pour les gouvernements successifs est la mise en place de réformes structurelles, l’amélioration de la productivité globale et l’engagement de ses quatre plans-programmes financés sur des fonds européens (10,7 milliards d’euros sur la période 2014-2020). Principaux secteurs concernés : l’environnement, l’efficacité énergétique, la compétitivité des PME, les infrastructures de transports. Si la croissance est revenue en 2018, d’autres préoccupations subsistent en Croatie, comme la démographie déclinante, le chômage élevé, la productivité faible, l’économie informelle, la transition écologique, le poids de la dette ou la dépendance de l’économie au secteur touristique.

Début 2015, le HDZ trouve un nouveau souffle. Le 9 janvier, c’est une femme, Kolinda Grabar-Kitarović, qui pour la première fois devient présidente de la République croate alors que le contexte européen de l’époque est tendu. Sur fond de crise migratoire majeure, le virement à l'extrême droite du treizième gouvernement s’accélère, agitant sa rhétorique des « valeurs patriotiques » et du repli identitaire.

Six mois après la constitution d’un gouvernement radical, avec un homme d’affaires comme Premier ministre (Tihomir Orešković) et un ultracatholique révisionniste à la culture (Zlatko Hasanbegović), le mécontentement social s’accroît. Une motion de défiance au gouvernement est lancée. Les causes sont multiples : dérive droitière sur fond d’exaltation des valeurs traditionnelles, réforme de l'éducation qui passe mal, critique des médias qui se sentent mis au pas, révisionnisme dangereux de la dernière guerre, soupçons de conflits d'intérêt touchant de près le vice-Premier ministre Karamarko. Les députés au pouvoir et les sociaux-démocrates n'ayant pas réussi à s’entendre pour former une coalition, la dissolution du Parlement est votée le 20 juin 2016. Lors des élections législatives anticipées (11 septembre), les conservateurs du HDZ se maintiennent au pouvoir grâce notamment au ralliement du parti conservateur Most, proche de l'Église catholique et gardien de l’orthodoxie.

Retour de la stabilité politique

À la tête de ce nouveau gouvernement de coalition (le troisième en deux ans !), Andrej Plenković, le chef du HDZ, ancien diplomate et eurodéputé, apporte une certaine stabilité. Le Premier ministre s’attache à maintenir un cap centriste, souhaitant tourner le dos à l’aile populiste et nationaliste de son prédécesseur.

Plenković désigne sept nouveaux ministres, notamment à l'Éducation et à la Construction, ce qui démontre plus de maturité politique et toujours cette volonté manifeste de sortir des querelles intestines. Son programme reste centré sur la restructuration de l’administration et des entreprises publiques, voire leur privatisation, pour renforcer la compétitivité. En 2017, l’adoption d’une réforme fiscale, la réduction des effectifs des organes de l’État, la révision des avantages sociaux des fonctionnaires, mais aussi les réformes du système des retraites, du régime hospitalier ou encore la gestion de la crise de la natalité sont autant de dossiers majeurs qui intéressent directement les différentes strates de la société civile.

A partir de 2018, la reprise économique est bien là !

Avec des prévisions de croissance positives (autour de 2,7 % pour 2020) et un PIB de 49,8 milliards d’euros, les observateurs économiques confirment les bons résultats. Ils sont obtenus grâce au rebond de la demande intérieure, mais surtout grâce à l’envolée des chiffres du tourisme (de 20 à 25 % du PIB). Véritable manne de devises et d’investissements étrangers, cette mono-industrie est concentrée sur le littoral adriatique, dans les archipels ainsi que dans la capitale et les cités historiques.

Mais le tourisme de masse présente des risques à long terme, sans parler ici de son impact sur l’environnement alors que d’autres indicateurs économiques inquiètent. Le déclin industriel dans la part des principaux secteurs d'activité, le dynamisme des ventes, les transactions qui s’émoussent (bois, textiles, transformateurs électriques, turbines, pièces auto, bateaux, médicaments), la faible productivité, alors que les importations augmentent, les chamboulements dans le secteur de la pêche sous la responsabilité de Bruxelles, l'agriculture en peine au sein de l’UE… autant de freins au maintien d’une économie saine et diversifiée, qui profite à tous. Le gouvernement se veut rassurant. Une meilleure orientation de l’emploi, des retombées touristiques plus équitables et un probable allègement de l’imposition des revenus devraient continuer à soutenir la consommation des ménages, malgré la réapparition de pressions inflationnistes. L’investissement public, notamment dans l’énergie et les transports, devrait bénéficier d’une meilleure absorption des fonds structurels européens. Ceux-ci continueront à apporter leurs aides au financement de projets (eau, énergie, modernisation du service public, des infrastructures portuaires et ferroviaires, consolidation des PME-PMI), le tout avec une enveloppe allouée de 11 milliards d’euros sur la période 2014-2020.

Autre priorité de l’État, la lutte contre le chômage des jeunes

D'un taux aux alentours de 16 % en mai 2015, le taux de chômage national est descendu à 7,1 % (juin 2019), mais il touche toujours près d’un jeune sur trois, 20,9 % chez les moins de 25 ans (avril 2019). Conséquences : depuis 2013, alors que la population vieillit, les jeunes émigrent massivement à la recherche d’un avenir meilleur. Ce phénomèn s’est accentué depuis que les candidats au départ n’ont plus besoin de visa pour travailler en Europe. La plupart des jeunes qui restent au pays souhaitent s’orienter ou se recycler dans le secteur tertiaire, les services du tourisme notamment, sachant que le salaire moyen croate à Zagreb est de 877 €. De fait, pour lutter contre cette crise démographique et ce manque de perspectives, le parti politique de centre gauche, de retour au pouvoir en 2020, devra prendre des mesures plus fortes que l’augmentation des allocations familiales ou l’accroissement des places dans les écoles maternelles.