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Musiciens Twas accompagnent les danseurs Intore © wlablack - Shutterstock.com.jpg

La musique et la danse traditionnelles

Au Rwanda, musique et danses traditionnelles sont indissociables. Ainsi, les meilleurs représentants de la discipline dans le pays sont les danseurs intore. Créée il y a plusieurs siècles, la troupe des Intore se produisait autrefois à la cour. Intore signifie littéralement « les élus » car ses membres étaient sélectionnés parmi les enfants des familles nobles. Concentré fantastique de la culture rwandaise, ces danses intore sont aussi réputées du fait de leur majesté. Réglées et précises comme les meilleurs ballets du monde, leurs chorégraphies paraissent paradoxalement libres et spontanées et évoquent dans les bonds, les poitrails bombés et les poings crispés sur les arcs et les lances, les combats épiques d’autrefois. Entre ces pieds nus martelant le sol, le battement des coiffures à longs poils blancs et la tension des tambours, le spectacle est aussi unique qu’inoubliable.

Autre tradition musicale et chorégraphique incontournable au Rwanda, l'Ikinimba est une danse relatant les héros et personnages illustres rwandais, accompagnée d'instruments traditionnels. Elle est pratiquée par les jeunes femmes non mariées et par les hommes, et fait partie du rituel pour faire la cour. Une fois mariées, les femmes ne peuvent plus participer à la danse, contrairement aux hommes.

Autre grande spécificité rwandaise, les musique et danse traditionnelles sont enseignées dans les amatorero (itorero au singulier), des groupes de danse dispersés dans tout le pays. Le plus célèbre d'entre eux est le Ballet national Urukerereza qui, depuis le début des années 1970, sélectionne les meilleurs danseurs du pays pour se produire dans tous les rendez-vous officiels et représenter le Rwanda lors d’événements internationaux.

En dehors du célèbre tambour – l’ingoma, qui autrefois précédait les annonces officielles –, le Rwanda est riche d’une grande variété d’instruments traditionnels : la cithare en forme de bouclier (inanga), toujours très populaire sur les collines, la flûte en lobélie (umwirongi), les trompes (amakondera), la vieille monocorde d’origine ougandaise (iningiri ) et introduite dans les années 1930, l’arc musical (umuduri), les idiophones (ikembe), le hochet en calebasse (ikinyuguri), joué lors de rites divinatoires, les grelots attachés aux chevilles des danseurs (amayugi), ou encore la lulunga, instrument à huit cordes semblable à une harpe, qui sert à accompagner les chants et les danses. On trouve aussi des flûtes faites en roseau. Quant aux tambours, ils produisent chacun un son différent, en fonction de leur taille. Si les orchestres à proprement parler n’existent pas, les joueurs de tambour se regroupent souvent. La plupart des danses de cérémonie sont accompagnées par un orchestre de sept à neuf tambours qui produisent une explosion de rythmes.

S’il existe une reine de la musique traditionnelle rwandaise, c’est bien Cécile Kayirebwa. Issue d’une longue lignée d’artistes, danseurs, poètes, conteurs et chanteurs, elle n’a cessé d’approfondir sa connaissance de la culture traditionnelle rwandaise tout au long de sa carrière jusqu’à en devenir une de ses plus célèbres ambassadrices dans le monde ainsi qu’une icône pour toutes les générations d’artistes locaux.

Une excellente adresse dans la capitale pour un spectacle de musique et danse traditionnelles est l’Inema Arts Center à Kacyiru. Fondé en 2012 par deux frères artistes peintres, le centre offre un espace pour une dizaine d’artistes en résidence qui explorent des voies nouvelles dans différentes disciplines et propose pas mal d’événements liés au folklore. Autrement, ce sont souvent les hôtels qui programment les spectacles de danse comme l’Hôtel des Mille Collines à Kigali ou Red Rocks, situé à l’extérieur de Ruhengeri.

La musique actuelle

Le génocide a naturellement eu des conséquences sur la production musicale au Rwanda. Mais dès le début des années 2000, la musique est progressivement revenue dans le pays sous l’impulsion de la jeunesse rwandaise et de nouvelles stars sont apparues. C’est notamment le cas de Josiane Uwineza, plus connue en tant que Miss Jojo, auteure d’un R&B engagé, riche en sujets politiques (conditions des femmes, sida, drogues, etc.). Citons aussi Beniwe, de son vrai nom Ben Kayiranga, qui trouve son inspiration dans la culture traditionnelle, comme les chants polyphoniques des Batwas. Originaire de Gisenyi au Rwanda, il quitte sa terre natale avec sa famille à l’âge de 17 ans pour s’installer en France. Il réside désormais actuellement à Orsay en Île-de-France. Succès plus récent, Kamichi (né Adolphe Bagabo) est un artiste d'afrobeats et de R&B de plus en plus populaire et reconnaissable à sa voix rauque. Des artistes qui ont tous pour influence commune la légende Jean-Paul Samputu, pilier de la musique rwandaise et l’un des artistes africains les plus populaire dans le monde.

Aussi, ces dernières années, la musique rwandaise contemporaine a beaucoup évolué et de nombreux artistes ont entrepris de créer un pont entre passé et présent. Une nouvelle vague où la jeune création tricote du neuf autour de sa tradition musicale et questionne l’identité rwandaise. L’étoile montante Teta Diana est sans aucun doute la plus fière représentante de cette nouvelle scène avec sa musique fusion de folk, de jazz et d'afro-pop et son timbre magnifique. Citons aussi The Good Ones, trio afro-folk comprenant un membre de chacune des trois tribus – Hutu, Tutsi et Abatwa – et chantant en kinyarwanda, Munyakazi Deo, jeune prodige de l’inanga qui souhaite emmener l’instrument vers la jeune génération en le mariant à la musique moderne (essentiellement hip-hop et R&B), ou encore Ineza Kerschkamp, artiste belge dont le mélange de jazz et soul aborde ses racines rwandaises.

Pour quiconque est de passage au Rwanda début août, une excellente idée est de se rendre au tout nouveau Hill Festival, premier festival du genre au Rwanda, qui met la musique hip-hop et reggae au cœur de la programmation, mais également les musiques et danses traditionnelles. Les artistes se produisent dans l'enceinte du Canal Olympia de Rebero. Autrement, à Kigali, il est toujours bon de flâner en fin de semaine dans Nyamirambo. Ce quartier, temple de la musique à ciel ouvert, est un lieu de passage obligé de toutes les stars de la musique rwandaise – ou de ceux qui rêvent le devenir – et donc un concentré de la production musicale actuelle au Rwanda. Évidemment, la capitale compte son lot de bonnes scènes dont L'Espace, le Repub Lounge à Kimihurura, valeur sûre des soirées kigaliennes, le People, réputé pour ses concerts et DJ sets, ou encore le Rosty Club à Remera, adresse très populaire auprès des Rwandais avec ambiance locale assurée.