Du Xe au XIe siècle

La période précoloniale

Jusqu’au Xe siècle, le Rwanda était habité par les Twas, un peuple de chasseurs-cueilleurs. Un siècle plus tard, vinrent les Hutus, une ethnie provenant du sud du continent africain.

Du XIIIe au XVIIIe siècle

Il faut attendre le milieu du XIIIe siècle pour voir arriver les premiers Tutsis, originaires de la vallée du Nil. Cette ethnie de pasteurs nomades vivait d’abord en petites tribus avant de se regrouper en vastes communautés dirigées par de puissants guerriers. Les Tutsis auraient alors lancé des raids afin de soumettre les Hutus et les Twas à leur autorité. En résulte une société de castes complexe où la notion de hiérarchie est prédominante. Toutefois, malgré le clivage ethnique, les populations entretenaient de bonnes relations. De fait, tous parlaient la même langue et partageaient la même religion. Pendant près de six siècles, les mwamis (rois) tutsis se sont succédé à la tête du royaume du Rwanda faisant de cet État l’un des plus puissants d’Afrique, capable de résister aux envahisseurs arabes et occidentaux.

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1894

La période coloniale

Un explorateur germanique, le comte Adolf von Götzen, traverse pour la première fois le Rwanda avec un contingent de soldats. Le gouvernement allemand décide alors de maintenir des troupes dans le pays afin d’en entamer la colonisation. C’est à cette même époque que débarquent les missionnaires d’Afrique. Appelés Pères blancs, ils voient dans ce petit pays, qui ne croit déjà qu’en un dieu unique, le lieu idéal pour propager la religion catholique.

1916

Pendant la Première Guerre mondiale, les Belges chassent les Allemands et occupent à leur tour le pays. Les autorités s’appuient alors sur les Pères blancs pour asseoir leur domination sur le territoire. Les missions catholiques prennent de plus en plus d’importance et de vastes campagnes de baptêmes sont lancées.

1931

Le roi Yuhi Musinga refuse de se faire baptiser et est contraint à l’exil. La Belgique confie alors le pouvoir à son fils le mwami Mutara Rudahigwa, converti au catholicisme.

1935

Les Rwandais sont soumis à un recensement et doivent préciser leur ethnie. Une tâche ardue car au fil des siècles les populations se sont mélangées et il y a eu des unions entre Hutus et Tutsis. L’administration décide donc d’imposer un critère pour le moins arbitraire. Ceux qui possèdent plus de dix têtes de bétail sont considérés comme Tutsis tandis que les paysans deviennent des Hutus et les ouvriers des Twas. Le livret d’identité portant la mention du groupe ethnique date de cette époque et ce schéma racial sera enseigné dans les écoles jusqu’au génocide.

Les années 50

De l’indépendance à la deuxième République

L’aristocratie tutsie affirme de plus en plus son hostilité envers les colonisateurs. En 1956, le mwami Mutara Rudahigwa va même jusqu’à aborder la question de l’indépendance du Rwanda auprès de l’ONU. Trois ans plus tard, il meurt dans des conditions mystérieuses. Les autorités belges placent alors au pouvoir un nouveau roi tutsi, Kigeli V Ndahindurwa. Une succession refusée par les Hutus qui souhaitent être intégrés à la vie politique du pays. En 1959, des manifestations éclatent et dégénèrent en guerre civile. Le mwami, menacé de mort, est alors contraint de quitter le pays pour se réfugier en Ouganda.

Janvier 1961

Un référendum est organisé et 80 % des votants souhaitent la mise en place d’une république. Dix mois plus tard, le Hutu Grégoire Kayibanda devient le premier président du Rwanda.

1er juillet 1962

L’indépendance du pays est proclamée. Toutefois, la politique menée par ce nouveau gouvernement reste basée sur la différenciation ethnique et de nombreux Tutsis sont assassinés.

Juillet 1973

Le président Kayibanda est destitué par son ministre de la Défense, le général Juvénal Habyarimana. Si ce dernier parvient à mettre fin aux exactions, l’égalité entre les castes est loin d’être de rigueur. Malgré une dictature sévère, il parvient à séduire les démocraties occidentales et l’aide internationale au développement arrive en masse depuis la Belgique, la France et l’Allemagne.

1 octobre 1990

Les prémices du génocide

L’armée du Front patriotique rwandais (FPR), formée en Ouganda par les exilés tutsis, pénètre en force aux nord du Rwanda avec pour objectif de renverser le pouvoir hutu en place. Elle est dirigée par Fred Rwigema, numéro 2 de l’armée ougandaise. Face à une offensive d’une telle ampleur, le président Habyarimana appelle à l’aide ses alliés.

2 octobre 1990

Fred Rwigema est tué au combat. C’est Paul Kagame, alors chef des renseignements militaires, qui prend la tête du FPR.

4 octobre 1990

La France, la Belgique et le Zaïre se retrouvent impliqués dans le conflit. Les deux pays européens assurent la sécurité de la capitale et évacuent leurs ressortissants tandis que les troupes zaïroises montent au front. Le président Habyarimana appelle à la traque des Tutsis qu’il considère comme des traîtres.

1993

Le FMI et la Banque mondiale décident de suspendre leurs aides financières car une grande partie de l’argent aurait été détourné par le président Habyarimana pour acheter des armes. Le pays est au bord de la faillite. Habyarimana est contraint de signer en août les accords d’Arusha qui prévoient l’arrêt de la guerre civile et la mise en place de nouvelles institutions de transition. Agathe Uwilingiyimana, membre d’un parti d’opposition, est choisie comme Première ministre.

6 avril 1994

Le génocide de 1994

Le président rwandais Juvénal Habyarimana rentre d'un sommet régional en Tanzanie. À ses côtés, le tout nouveau président burundais Cyprien Ntaryamira. Vers 20h, leur avion s’écrase, touché par une roquette juste avant d’atterrir à l’aéroport de Kigali. Aussitôt, des barrages sont érigés dans la capitale par la police et les exécutions commencent. Aujourd’hui encore cet attentat reste non élucidé.

7 avril 1994

La Première ministre Agathe Uwilingiyimana ainsi que les dix casques bleus belges chargés de sa protection sont assassinés par des miliciens hutus. La Radiotélévision des Mille Collines commence sa campagne de propagande haineuse et incite au massacre des Tutsis. Les préfets donnent l’ordre aux bourgmestres d’organiser dans chaque village du pays des battues afin de traquer les Tutsis.

9 avril 1994

La France et la Belgique évacuent leurs ressortissants tandis que les exterminations se poursuivent. Des milliers de Tutsis mais aussi de Hutus modérés sont rassemblés dans des lieux publics comme des écoles ou des églises afin d’être exécutés.

16 avril 1994

Le gouvernement belge décide de retirer ses troupes de la mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR). Créée en octobre 1993, elle avait pour objectif de faire respecter l’accord de paix d’Arusha et de protéger les réfugiés.

21 avril 1994

Au plus fort de la tuerie, le Conseil de sécurité de l’ONU décide de réduire les effectifs de la MINUAR qui passent de 2 500 soldats à seulement 270.

30 avril 1994

Lors d’une réunion de crise à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU condamne les massacres perpétrés par le gouvernement rwandais. Pourtant, les États-Unis et la France refusent toujours l’emploi du terme génocide.

1er mai 1994

La population s’exile de façon massive pour échapper aux massacres. Plus de 250 000 Rwandais s’enfuient vers la Tanzanie tandis que des milliers d’autres se dirigent vers l’Ouganda ou le Zaïre.

11 mai 1994

Le haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme se rend à Kigali afin de se rendre compte de la situation. Il prononce le mot de génocide.

30 mai 1994

Exode de plus de 500 000 Rwandais vers le Gitarama, province du sud du Rwanda moins touchée par les massacres.

7 juin 1994

Changement de cap du Conseil de sécurité de l’ONU qui organise une mission MINUAR II et autorise le déploiement de 5 000 casques bleus afin de protéger les populations.

22 juin 1994

La France, avec l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU, organise l’opération Turquoise qui a pour mission de créer une zone militaire sécurisée pour protéger les populations du génocide. Cette opération reste encore aujourd’hui très controversée. Certains estiment qu’elle a facilité la fuite des génocidaires.

4 juillet 1994

Le FPR réussit à prendre le contrôle de Butare et de la capitale Kigali. Les forces rwandaises sont en déroute.

17 juillet 1994

Le FPR atteint Ruhengeri et Gisenyi et contrôle désormais l’essentiel du pays. La fin de la guerre est déclarée.

19 juillet 1994

L’après-génocide

Le FPR met en place un gouvernement d'union nationale pour une période transitoire de cinq ans. Pasteur Bizimungu, un Hutu du FPR, devient alors chef de l'État tandis que Paul Kagame en devient le vice-président.

8 novembre 1994

L'ONU met en place en Tanzanie le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Il doit permettre de juger les responsables d'actes de génocide. Au total, une soixantaine de personnes ont été jugées par ce tribunal.

1996

Le Rwanda s’allie à l’Ouganda pour aider les forces rebelles du Zaïre car de nombreux génocidaires y sont repliés. Cette intervention militaire a pour conséquence le renversement du dictateur Mobutu.

2000

Pasteur Bizimungu démissionne. C’est Paul Kagame qui le remplace sur décision de l'Assemblée nationale de transition.

2003 - 2010

Paul Kagame est officiellement élu, en 2003, président de la République, avec 95 % des suffrages. Il est réélu en 2010. À son crédit, une lutte exemplaire contre la corruption, des progrès spectaculaires en terme de développement, une croissance économique particulièrement dynamique et la stabilité du pays. Le Rwanda entre officiellement dans la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) en 2007 et admis au sein du Commonwealth en 2009. La peine de mort est définitivement abolie au Rwanda. Les relations diplomatiques sont rétablies avec la France.

2016

Ouverture d’un procès historique devant la cour d’assises de Paris de présumés acteurs du génocide rwandais. La justice française relance l’enquête sur l’attentat en 1994 contre l’avion du président rwandais Habyarimana. La même année, le parquet en France annonce l’ouverture d’une enquête sur le rôle de vingt responsables français dans le génocide de 1994.

2017-2018

Début du troisième mandat de Paul Kagame. Il sera désigné en 2018 par ses pairs africains pour succéder à son homologue guinéen Alpha Condé à la présidence tournante de l’Union africaine.

2018

Nomination de Louise Mushikiwabo comme secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

2020

La cour d’appel de Paris confirme la décision de non-lieu rendu en décembre 2018 par les juges d’instruction du pôle antiterroriste de Paris dans l’enquête sur la mort du président rwandais Juvénal Habyarimana, en avril 1994. La même année, Félicien Kabuga, l’un des principaux responsables présumés du génocide, est arrêté en France.

2021

Remise d'un rapport sur le rôle de la France dans le génocide rwandais au président Emmanuel Macron. Celui-ci établit « un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes » pour Paris. Visite officielle et hautement symbolique du président français au Rwanda (mai 2021). Dans un discours prononcé au mémorial du génocide à Kigali, Emmanuel Macron reconnaît « (les) responsabilités » de la France dans le génocide de 1994. Cette visite hautement symbolique marque l'étape finale de normalisation des relations entre les deux pays, après plus de vingt-cinq ans de tensions diplomatiques.

2022

Dans un contexte de pandémie de Covid-19, le dernier rapport de l'Institut national des statistiques du Rwanda (NISR) fait état d'une croissance de 10,9 % en 2021. En vue de l'élection présidentielle de 2024, Paul Kagame se positionne ; il devrait se porter candidat pour un quatrième mandat. Selon une réforme constitutionnelle, adoptée en 2015, le président rwandais peut théoriquement se maintenir au pouvoir jusqu'en 2034.