Histoire Histoire

Au fil des siècles, l’Aude a vécu de nombreux soubresauts, se forgeant ainsi un caractère bien trempé. L’histoire du territoire commence en 450 000 av.J.-C. Elle se poursuit par l’occupation romaine et la création de la Narbo Martius, 1re province de l’Empire Romain. Puis l’Aude se confronte aux invasions, à la diffusion du catharisme… En 1229, sous l’égide du Royaume de France, le réseau des châteaux sentinelles sort de terre : Cité de Carcassonne, châteaux de Peyrepertuse, de Puilaurens, de Quéribus, de Saissac…. L’inauguration du Canal du Midi en 1681 donne un coup d’accélérateur au département, et notamment à son secteur viticole, permettant de transporter et de vendre ses vins de l’océan Atlantique à la mer Méditerranée. Mais en 1907 éclate la révolte des vignerons du Languedoc, puis les deux guerres mondiales, qui n’épargnent guère le département. Jusqu’à nos jours, où d’autres tumultes viennent secouer le territoire et ses habitants.

1 500 000 avant J.-C.

La Préhistoire

Les tout premiers habitants de l’Aude auraient laissé des traces dès 1 500 000 avant J.-C. et l’homme de Tautavel, 450 000 ans avant notre ère aurait vécu dans toute la région.

Entre 6000 et 1800 ans avant J.-C

Des monuments tels des menhirs témoignent d’une activité religieuse à cette période.

3100 avant J.-C

L'âge du bronze

C’est à l’âge du bronze qu’une organisation économique commence à se mettre en place, avec l’extraction du minerai en montagne Noire. Des échanges qui s’étendent vers l’Italie, la Grèce et l’Espagne à l’âge du fer. À cette époque, le département appartient à la confédération des Volques Tectosages, peuple celte installé dans la vallée de la Garonne. Une période de paix et de développement s’ensuit.

118 avant J.-C.

Rome fonde, à Narbonne, sa première colonie hors d'Italie. Choisie pour sa situation en bordure de l’Aude, près de la mer et à la croisée de deux grands axes de circulation, la ville, devenue capitale de la province narbonnaise, connaît une grande période de prospérité grâce à son port, plaque tournante d’échanges commerciaux avec tout l’Occident romain. Son déclin s'amorce dans la première moitié du IIIe siècle et s'accentuera lors des invasions dès l'an 275.

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30 avant J.-C.

Carcassonne devient latine ; elle possède de riches exploitations céréalières. Les vignobles apparaissent et le vin est commercialisé. Mais l’Empire romain décline et la région subit des invasions dès l’an 250. La région bénéficie d'une longue période sans conflits majeurs : la Pax Romana.

Du Ve au VIIIe siècle

C’est après les invasions wisigothes, en 435, que la région devient Septimanie. Les Arabes envahissent la région au début du VIIIe siècle, mais ils en sont chassés par Pépin Le Bref vers 760. Son fils, Charlemagne, divise l'Aude en comtés. C'est à cette période que sont construites de nombreuses abbayes bénédictines, comme celle de Lagrasse, dont la charte de fondation est précieusement conservée aux Archives Départementales de l'Aude. Les comtes auxquels les carolingiens avaient confié des territoires deviennent, petit à petit, très puissants. C'est le cas de Raymond Roger Trencavel dont la Maison contrôle Carcassonne, Albi, Béziers et le Razès.

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XIIe siècle

L'apparition d'un christianisme dissident, le catharisme, bouleverse l'équilibre de cette région. C’est au XIIe siècle qu’il se développe dans l’Aude. Vivant comme les premiers chrétiens et prêchant la parole du Christ de village en village, les cathares mettent en exergue les abus de l'Eglise de Rome. Afin d'éradiquer le catharisme, considéré alors comme une hérésie, le pape Innocent III va appeler à la croisade.

1209 – 1229

La croisade contre les Albigeois

Lors de cette croisade, l’Aude est mise à feu et à sang. La Cité de Carcassonne tombe aux mains des croisés en août 1209. En 1229, Carcassonne, rattachée au Royaume de France, devient le siège d’une nouvelle institution judiciaire, administrative et militaire : la sénéchaussée. La construction d’un réseau de châteaux sentinelles débute dans les montagnes alentours pour affirmer la nouvelle puissance royale et se poursuit durant un demi-siècle.

1233

Les conflits guerriers ne venant pas à bout de « l'hérésie », le pape Grégoire IX instaure l'Inquisition en 1233, un tribunal religieux impitoyable qui fera de nombreuses victimes au fil des siècles. C'est le temps des bûchers et de la persécution. Les derniers bastions, le château de Montségur et celui de Quéribus, tombent respectivement en 1244 et 1255. Le dernier « parfait », Guilhem Bélibaste, est brûlé vif à Villerouge-Termenès en 1321.

A partir de 1666

La construction pharaonique du « Canal Royal en Languedoc » commence, sous l’égide d’un entrepreneur biterrois de génie, Pierre Paul Riquet. C’est lui qui, à l’âge de 53 ans, a imaginé le projet de canal et écrit à Colbert, le puissant ministre des Finances de Louis XIV, pour lui en parler. Pour convaincre le ministre (celui-là même qui réquisitionnera des forêts du plateau de Sault pour alimenter les constructions navales), il fait creuser avec ses propres deniers une rigole d’essai dans la Montagne Noire et jusqu’à Naurouze, montrant ainsi que ce canal ne manquerait pas d’eau. Pendant 14 ans, 12 000 ouvriers creusent la terre, élèvent des ouvrages d’art -pas moins de 63 écluses, 130 ponts, 55 aqueducs, 7 ponts-canaux et 6 barrages !- ou plantent 45 000 platanes, cyprès et autres arbres le long des berges.

1789

Les Révolutionnaires renomment le canal, le « Canal du Midi » car ils veulent lui donner un nom plus démocratique et populaire.

Après la Révolution

Pour l’anecdote, c'est à un Carcassonnais, Philippe François Nazaire Fabre, appelé Fabre d'Eglantine, que l'on doit le calendrier révolutionnaire ! Le département de l’Aude naît après la Révolution française, en 1790, à la demande des députés de Carcassonne, Limoux et Castelnaudary. La majorité des sociétés populaires est rattachée au club des Jacobins. La loi du 28 pluviôse an 8 crée quatre arrondissements (réduits à trois par Poincaré en 1926) et trente et un cantons.

Au XIXe siècle

L’industrie drapière, autrefois florissante, connaît un net déclin. Au même moment, la viticulture entame un véritable essor. « L’or rouge » fait la joie -et la fortune !- de nombreux propriétaires terriens, qui en profitent pour se faire construire des « châteaux pinardiers » exubérants. En 1853, commencent les travaux de restauration de Carcassonne par Viollet-le-Duc.

Au début du XXe siècle

L’Aude a transformé une partie de ses plaines arides en superbes vignobles. Mais le département subit, comme ses voisins héraultais, gardois et pyrénéens, la surproduction de vin, qui se solde par une mévente et une chute brutale des prix, divisés par deux ou par trois en quelques années. Pour de nombreux petits viticulteurs et négociants audois, c’est la ruine. La crise se transforme en révolte des vignerons en 1907. Une région entière se soude et se soulève pour sauver sa culture, ses traditions, son savoir-faire, son gagne-pain. A leur tête, un homme : Marcelin Albert, natif d’Argeliers, viticulteur, mobilise les foules. Ainsi le 26 mai 1907, une manifestation réunit près de 250 000 personnes au pied des remparts de Carcassonne. « En avant pour la défense de nos droits ! » crient ces vignerons en colère. Leurs slogans sont rédigés en français, en occitan et en catalan. Certains d’entre eux sont demeurés célèbres, tels que “Mort aux fraudeurs” ou “Lou darnié croustet” accompagné d'une miche de pain. Le 19 juin 1907, la crise de la viticulture languedocienne débouche sur des affrontements tragiques entre les forces de l’ordre et les manifestants, faisant plusieurs morts. Aujourd’hui encore, 1907 reste une référence identitaire, un mythe chez les vignerons du Midi.

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1939-1945

La Seconde Guerre mondiale

En 1941, Pétain exige des fonctionnaires, des militaires et des magistrats un serment de fidélité. Un seul juge en France s’y refuse : il s’agit de Paul Didier, un Audois qui est aussitôt révoqué et arrêté. En octobre 1941, 28 jeunes gens sont arrêtés pour avoir distribué dans le Narbonnais des tracts communistes à l’occasion des vendanges. Ils sont traduits devant la section spéciale du Tribunal militaire de Montpellier. 26 sont condamnés à des peines d’emprisonnement ou de travaux forcés. L’un d’entre eux, Gabriel Pelouze, dirige en février 1944 le soulèvement de la centrale d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot ; après l’échec de la révolte, il est fusillé. Dans l’Aude toujours, l’abbé Albert Gau met en place une organisation pour sauver les Juifs (attestations de baptême, faux papiers pour faciliter le passage en Espagne, hébergement de familles, etc.). Le 8 août 1944, à Trassanel, 41 Résistants perdent la vie sous les balles allemandes. Le département compte 28 Justes parmi les Nations, une expression qui distingue ceux qui ont fait preuve d’un courage extraordinaire pour sauver des juifs, parfois au péril de leur vie.

Dans les années 1990

En 1992, l’Aude subit des inondations meurtrières. Entre le 12 et le 13 novembre 1999, un déluge s’abat à nouveau sur le département. Le littoral, les basses plaines, le Minervois et les Corbières sont sous l’eau : Bilan : 25 morts et un disparu.

Les années 2000

En 2003, est créé le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée. En 2016, les régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées sont regroupées en un seul territoire : la région Occitanie, dont l’Aude fait désormais partie intégrante aux côtés de 12 autres départements. Le 23 mars 2018, un terroriste fiché S tue quatre personnes dans des attaques commises à Carcassonne, et surtout dans le Super U de Trèbes. Durant la prise d’otages, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame perd la vie en se substituant à un otage. Et en octobre 2018, des pluies diluviennes s’abattent à nouveau sur le département, coûtant la vie à 15 personnes.

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