Jeune femme ramassant des déchets sur la plage
Jeune femme ramassant des déchets sur la plage © _KUBE_ - Adobestock

Le tourisme régénératif s’annonce comme une solution de choix pour corriger les dérives du tourisme de masse, qu’elles soient écologiques ou sociales. On décrypte pour vous cette nouvelle branche de l’éco-tourisme, qui fait du bien aux voyageurs, et aux destinations qui les reçoivent !

Qu’est-ce que le tourisme régénératif ?

Le tourisme de masse fait de nombreux dégâts partout dans le monde : surconsommation des ressources naturelles, pollutions de l’eau et des sols, surproduction de déchets, destruction d’écosystèmes, menaces sur la biodiversité, introduction d’espèces envahissantes, émissions de gaz à effet de serre…

Pourtant, des solutions existent, parmi lesquelles le tourisme régénératif s’annonce comme une des plus ambitieuses. Son objectif n’est pas seulement de réduire son impact, mais même d’avoir un impact positif.

Il s’agit donc, lors de son voyage, de participer à diverses actions, de manière à agir positivement sur l’écologie ou la société locale. La philosophie du tourisme régénératif est simple : chercher à avoir un impact neutre en voyage en pratiquant l’éco-tourisme, c’est très bien, mais cela n’empêchera jamais les nuisances du tourisme de masse. Alors à la place, on remplace la volonté de voyager en faisant le moins de mal possible, par une volonté de faire du bien.

Ainsi, on met directement la main à la pâte, pour corriger soi-même les nuisances du tourisme de masse, et rééquilibrer la balance. De cette manière, les destinations touristiques, leurs habitants et leur biodiversité, sortiront réellement gagnants du tourisme.

Le tourisme régénératif doit s’additionner à des pratiques de tourisme durable. En d’autres termes, mener des actions correctives ne donne aucunement d’excuses pour se permettre de polluer. Avant de s’impliquer dans le tourisme régénératif, il faut donc s’assurer de ne pas laisser de déchets derrière soi, de réduire ses émissions de CO2, et d’avoir des pratiques éco-responsables. Il est également utile, pour ne pas participer sans s’en rendre compte au tourisme de masse, de voyager dans des destinations épargnées par le surtourisme, de manière à mieux étaler l’utilisation de ressources naturelles.

Le tourisme régénératif dans le monde

Empreinte carbone
Empreinte carbone ©malp - Adobe Stock

Si la pratique existe depuis longtemps, le terme tourisme régénératif est assez récent. Mais déjà, elle est en pleine expansion, si bien que de nombreux pays prennent déjà des mesures en sa faveur. La commission canadienne du tourisme a ainsi publié son « Livre blanc sur le tourisme régénératif » en juin 2023.

La Nouvelle-Zélande, quant à elle, est l’un des pays les plus impliqués dans le tourisme régénératif. Depuis 2018, le pays incite en effet ses visiteurs à prendre part à la promesse Tiaki. Il s’agit d’un engagement inspiré de la philosophie maori du respect de la nature. La promesse Tiaki est une charte divisée en 5 grands axes : protéger la nature, garder la Nouvelle-Zélande propre, être préparé, conduire avec prudence et montrer du respect.

En France, la tendance n’en est qu’à ses débuts, mais pourrait bien avoir un grand avenir, et déjà les autorités compétentes la surveillent de près.

Comment pratiquer le tourisme régénératif ?

Une marche de nettoyage
Une marche de nettoyage © _KUBE_ - Adobestock

Il existe de nombreuses possibilités pour pratiquer soi-même le tourisme régénératif. Suivez les pratiques suivantes pour avoir un impact positif pendant vos voyages.

Participer à des marches de nettoyage

Avant toute chose, il est important de réduire son usage de plastique en voyage, de manière à ne pas participer à la pollution. Mais une fois ces gestes simples adoptés, il est possible d’aller encore plus loin, en participant à des marches de ramassage de déchets. Il s’agit de rejoindre un groupe, souvent formé par une association, des locaux, ou parfois même des hôtels ou des commerces, et de nettoyer ensemble une zone donnée. Vous pouvez ainsi ramasser en groupe les déchets d’une rue, d’une plage, d’une forêt, d’un parc… Il arrive même que des associations munies en embarcations proposent des nettoyages des déchets de l’océan.

Sans attendre que l’initiative soit prise par une association, vous pouvez, vous-même, intégrer le ramassage de déchets à votre quotidien en voyage. Il suffit alors de vous munir en permanence d’un sac réutilisable et d’une paire de gants, et de ramasser les déchets que vous croiseriez en voyage. Cette pratique peut être très utile pour régénérer les milieux naturels, par exemple lors de vos randonnées !

Consommer local

Consommer local est un excellent moyen de stimuler l’économie de votre destination et donc de pratique le tourisme régénératif. En voyage, manger dans des restaurants locaux, dormir dans des petits hôtels de quartier plutôt que dans des grandes chaînes internationales, idéalement en choisissant un hébergement avec un label de tourisme durable, ou encore acheter vos souvenirs de voyage auprès d’artisans du coin, sont autant de gestes simples qui vous permettront d’avoir un impact positif.

En plus de cela, consommer local permet de réduire son empreinte carbone, puisque qu’en achetant des articles issus de producteurs locaux, vous réduisez grandement les émissions de gaz à effet de serre impliquées dans le transport de marchandises. Enfin, consommer local est le meilleur moyen de découvrir pleinement votre destination et ses traditions de manière authentique et enrichissante. Au bout du compte, tout le monde est gagnant !

Faire du volontariat dans des fermes écologiques

Pour contribuer à l’économie locale, rien de tel que d’en être acteur ! Pour cela, vous pouvez faire du bénévolat auprès d’un agriculteur local. Dans ce cas, sélectionnez une ferme biologique ou engagée dans le développement durable, de manière à ne pas participer à la pollution des sols et des eaux. Vivre à la ferme est, en plus, un excellent moyen de pratiquer le slow tourisme. On appelle cette pratique le WWOOFING, pour World Wide Opportunities on Organic Farms. Vous aiderez alors un fermier dans ses tâches quotidiennes, qu’il s’agisse de soins des animaux, de récoltes ou de travaux dans le domaine agricole, et soutiendrez ainsi à la fois l’économie locale et l’implantation d’une agriculture durable dans votre destination.

S’engager dans des projets de restauration des écosystèmes

Il existe de très nombreux projets pour restaurer les écosystèmes, souvent organisés par des associations locales. Ces actions peuvent varier complètement selon les besoins des écosystèmes locaux. Par exemple, vous pouvez vous engager dans des projets de reforestation, qui consistent le plus souvent à participer à des plantations d’arbres à grande échelle. Il existe également des projets associatifs visant à sauver les récifs coralliens en replantant des fragments de coraux, de manière à pouvoir les régénérer.

Faire des dons à des associations

Beaucoup d’associations manquent avant tout de fonds pour mener à bien leurs projets, qu’ils soient écologiques ou sociaux. Au-delà de pratiquer le bénévolat, il peut être judicieux de les aider dans leur combat en pratiquant des dons. Vous pouvez alors choisir entre des donations isolées, ou bien mensuelles, selon vos possibilités personnelles.

Faire des dons rentre en effet dans la pratique du tourisme régénératif, puisque vous soutenez des actions, et laissez donc un impact positif sur votre destination. Ce geste est d’autant plus important que ces petites associations locales ne bénéficient pas de la visibilité et des fonds de grands ONG internationales, et leurs actions très localisées ont donc bien plus de difficultés à être menées à bien.

L’exemple d’Amsterdam, une ville aux multiples expériences régénératives

Amsterdam
Amsterdam © Yasonya - Adobe Stock

Découvrez comment Amsterdam se transforme en une destination touristique non seulement attrayante mais aussi engagée grâce à des initiatives innovantes que vous pourrez découvrir le temps d'un long week-end par exemple.

Par exemple, avec Plastic Whale, vous pourrez participer à une expérience unique : une croisière dans les canaux tout en contribuant au nettoyage des déchets aquatiques. De même, Tours that Matter propose des visites impactantes où les visiteurs donnent autant qu'ils reçoivent : par exemple, en participant à des activités d'agriculture urbaine comme le désherbage d'un jardin communautaire. Ces expériences laissent une impression durable sur les participants, les impliquant dans des actions bénéfiques pour la collectivité.

Depuis 2018, le festival "Reinventing Tourism" réunit des artistes-activistes et des entrepreneurs sociaux à Amsterdam, cherchant à transformer le tourisme pour le bien de la ville.

Des idées novatrices émergent, favorisant des partenariats fructueux entre acteurs du tourisme et acteurs locaux. Ensemble, ils travaillent à l'ouverture prochaine d'un centre d'impact positif où visiteurs et communauté pourront collaborer pour imaginer de nouvelles formes de tourisme.

Bien que ces initiatives montrent qu'Amsterdam est à la pointe de l'innovation en matière de tourisme régénératif, il reste à résoudre un défi majeur : comment intégrer tous les acteurs du tourisme et des secteurs connexes (mobilité, gestion des déchets, agriculture) pour créer un changement systémique significatif ?

La récente feuille de route de la municipalité d'Amsterdam pour l'économie touristique à l'horizon 2035 est prometteuse : elle insiste sur la nécessité de concevoir le tourisme avec la communauté plutôt que pour elle, et de diversifier les centres d'intérêt touristique au-delà du centre-ville. Elle propose également des actions concrètes pour soutenir les entrepreneurs souhaitant impacter positivement le tourisme. Le laboratoire Inholland Urban Leisure & Tourism Lab par exemple forme les étudiants et jeunes professionnels du tourisme à concevoir un tourisme régénératif, contribuant ainsi à une transformation durable de l'industrie touristique.

Ces efforts témoignent de la volonté d'Amsterdam de promouvoir un tourisme plus résilient, équitable et durable. Cependant, il est nécessaire d'aller au-delà des initiatives individuelles et de créer des politiques et des produits touristiques qui favoriseront un véritable changement.