Paysage des environs de Saint-Puy © PhilippeGraillePhoto - stock.adobe.com .jpg
shutterstock_1928347835.jpg

Un paysage vallonné

Entre vallée de la Garonne et plateau de Lannemezan, le Gers est enchâssé au cœur du Sud-Ouest gascon. Il est délimité par le Lot-et-Garonne au nord, le Tarn-et-Garonne et la Haute-Garonne à l’est, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques au sud et les Landes à l’ouest. Sa préfecture, Auch, épinglée au centre de son territoire, compte plus de 22 000 habitants, soit un peu plus de 10 % de la population du département. Dans les mentalités locales, le territoire se divise en deux parties : l’Armagnac et le reste. Si cette scission peut s’expliquer sur un plan historique ou culturel – en Armagnac, une culture unique de la vigne sur le territoire d’un ancien état féodal –, elle n'a aucune légitimité sur le plan géologique ou géographique. Comme se plaît à le décrire Gustave Laurent dans les Annales de Géographies de 1911, « l’ensemble du paysage gascon est d’une douceur profonde, d’un calme pénétrant dans sa monotonie même. […] L’aspect uniforme de l’Armagnac et du Gers gascon est dû essentiellement à la constitution géologique du sol. » À l’époque du Crétacé, tandis que la plaque océanique s'ouvre pour former le golfe de Gascogne, la plaque tectonique ibérique commence une lente rotation vers le sud-est et vient s'encastrer dans la plaque eurasienne pour former les Pyrénées. Le tapis gersois se gondole pour former de douces vallées suivant un axe nord-sud. À l’époque du Miocène, la mer se retire des Landes et les marais agenais s’assèchent, laissant place à des marnes calcaires, des molasses, et des sables quartzeux à l’ouest. Le sol gersois se divise en deux grandes catégories : les « terres fortes » et les « boulbènes ». Les premières, calcaires, se trouvent plutôt au sommet des collines et sur leurs flancs est, tandis que les secondes, à la couleur blanchâtre, moins fertiles, se concentrent dans les fonds de vallons et à l’ouest des côteaux. Il en résulte une végétation naturelle et une agriculture différentes. Bruyères, bouleaux et vigne s’épanouissent dans le quart nord-ouest qui correspond à l’Armagnac. Gaude ou réséda des teinturiers, genêt, petit chardon affectionnent les terres fortes où l’on cultive maïs, soja et tournesol. Les quelques plateaux karstiques cachent des grottes propices à la spéléologie, comme la grotte de Buguet à Bazian ou celle du Sinaï à Gazaupouy qui peuvent être explorées avec le GAS ou le Spéléo Club de Gascogne. Ces rares cavités calcaires et chambres profondes doivent être explorées avec une personne expérimentée, car elles sont « en perte », c’est-à-dire traversées par des rivières souterraines.

Un territoire façonné par les cours d’eau

L’eau est un des grands facteurs modelant du Gers. Le département tient son nom de la rivière qui la traverse du sud au nord. Elle prend sa source sur le plateau de Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées et se déverse dans la Garonne au sud d’Agen. Elle n’est qu’une parmi tant d’autres. Le territoire gersois est parcouru de rivières, aux sources pyrénéennes, qui remontent vers la Garonne à l’est et au nord, ou vers l’Adour à l’ouest. La Baïse, la Save, l’Osse, l’Arrats, la Gimone, l’Arros sont autant de cours d’eau qui forment des vallées peu encaissées sur un axe nord-sud. Un seul fleuve traverse le Gers : l’Adour, qui serpente au sud-ouest du département et qui peut notamment être découvert à pied ou en VTT en suivant « le Sentier de l’Adour ». Un réseau de ruisseaux secondaires vient nourrir avec parcimonie les cours principaux. En survolant une carte hydrologique du Gers, on s’aperçoit que les cours principaux dessinent un large éventail, tandis que le réseau secondaire vient tisser une toile assez dense. Sur papier, le territoire semble arrosé de manière généreuse, mais la réalité du terrain est tout autre. Le débit est souvent modeste et nombre de ruisseaux ne sont qu’un enchaînement de flaques à peine traversées par un léger courant. Le poète romain Venatius Fortunatus décrivait ainsi le Gers dans les années 550 : « Le Gers se traîne à grand peine, aussi languissant que ses poissons qui meurent sur le sable. » Néanmoins, les cours d’eau ont été aménagés pour limiter les effets dévastateurs des crues dans les plaines et les fonds de vallées. Seules de rares portions sont navigables, comme celle de la Baïse entre Valence-sur-Baïse et Saint-Léger en Lot-et-Garonne. Il est possible de louer une péniche pour s’offrir quelques jours de plaisance fluviale. Pour parer à une répartition inégale et aléatoire des eaux vites absorbées par les terres de molasse, les agriculteurs ont créé de nombreux lacs et réservoirs. Près de 2 900 étendues de stockage ont été créées au creux des vallons depuis un demi-siècle. Certaines forment des sites remarquables, comme les étangs de l’Armagnac éclatés sur 1 000 hectares d’étangs anciens et les lacs de retenue de l’Astarac. Nombre des bassins hydrographiques du Gers sont aussi des réserves naturelles. Les points d’eau sont autant de zones de repos ou d’habitation pour l’avifaune, que La Tchourre, groupe ornithologique gersois, peut vous aider à découvrir.

Des forêts clairsemées

Habité depuis des temps très anciens, le Gers a connu un déboisement régulier afin de faire place nette aux terres cultivées. Les forêts ont ainsi pratiquement disparu du territoire, et le paysage se pare plutôt de bosquets, de taillis, de haies et de bandes boisées qui délimitent les parcelles. Cet éclaircissement contribue à renforcer l’effet de patchwork des paysages. Département le moins boisé d'Occitanie, le Gers investit dans ses forêts depuis plus de soixante ans. Il a acquis de nouveaux massifs et détient actuellement 703 ha de forêts. Gérées par l’Office National des Forêts (ONF), ces bois ont une vocation essentiellement commerciale. Chênes sessiles et pins Laricio servent de bois de construction et de menuiserie, de bois de chauffe ou entrent dans la confection de la pâte papier. L’ONF a mis en place une gestion durable destinée à préserver la biodiversité et à stocker le carbone. Tout comme les forêts, les prairies naturelles ont quasiment disparu du territoire. Il en subsiste quelques-unes dans les plaines alluviales étroites. Si le territoire demeure essentiellement rural, avec ses côteaux, ses cours d’eau et ses plateaux, le paysage, lui, a été profondément modifié au fil des siècles et il ne reste que peu de témoignages de sa nature originelle.