Une musique traditionnelle

Si la Gascogne a été ballottée au cours de son histoire, des Celtes aux Romains, des Vascons aux Francs, des catholiques aux protestants, elle n’en a pas moins réussi à se forger une identité culturelle profonde. Celle-ci a vacillé sur ses fondations pendant la IIIe République et a manqué de se noyer dans le marasme des deux guerres mondiales. Dans les années 1970, une poignée d’hommes et de femmes se mobilisent pour collecter auprès des anciens musiques et chants qui résonnaient dans les campagnes gersoises au début du XXe siècle. La sauvegarde de ce répertoire folklorique s’accompagne de la restauration ou de la refabrication d’instruments oubliés. Désormais, la musique gasconne est enseignée dans les écoles de musique régionales et sa diffusion est assurée à l’occasion de festivals dédiés comme Les Gasconnades de Lectoure ou Lo Rondèu de Castelnau-Barbarens. Le groupe Nadau, fondé en 1973, réinvente le genre en mêlant les guitares électriques aux instruments traditionnels. Fort de 4 Olympia et 4 Zénith de Paris, il est le meilleur ambassadeur de la musique gasconne en France.

Les instruments gascons

Un ensemble de musique gasconne comporte au moins une cornemuse. Dans le Gers, il s’agit de la boha (prononcée bou-hô), qu’il ne faut pas confondre avec le bot du Val d’Aran ou la samponha des Pyrénées. Son sac est fait de cuir de chèvre ou d’agneau et porte-vent et pièce de jeu sont taillés dans le buis. Les anches autrefois en roseau sont désormais fabriquées en matière synthétique. La boha a bien failli disparaître en 1957 avec le décès de « Jeanty » Benquet, dernier bohaire folklorique, qui se produisait en béret, manteau en peau de mouton et sabots. Aujourd’hui, on ne recense pas moins de 6 facteurs de boha et des centaines de pratiquants. L’accordéon diatonique, autre instrument emblématique, occupe une place de choix dans les formations gasconnes. Plus petit que l’accordéon chromatique cher à André Verchuren, cet instrument se distingue aussi par ses anches. Celles-ci étant de tailles différentes, elles ne produisent pas le même son selon que l’on pousse ou tire le soufflet. Le violon est le troisième instrument indispensable pour faire danser dans les bals. Plus mélodique que la cornemuse ou l’accordéon, il donne le tempo. L’instrument, qui n’est pas gascon, a vite été adopté une fois « découvert » et parfois adapté par ceux qui ne pouvaient s’en payer un. On a ainsi retrouvé un exemplaire dont la caisse de résonance n’était autre qu’un vieux sabot de bois. Fifres et flûtes à bec viennent compléter l’ensemble, donnant des notes aiguës. Elles ne comportent en général que deux ou trois trous, ce qui permet de jouer d’une seule main, pendant que l’autre bat la rythmique sur un « tamborin » à cordes. Ce tambourin gascon fait son apparition dans sa forme actuelle vers le XVIIe siècle. Il s’agit d’une caisse de résonance en bois longue de 80 cm et d’un jeu de 5 à 9 cordes tendues sur la table d’harmonie. Parmi les instruments moins représentatifs, on peut citer le hautbois, surtout pratiqué dans les Pyrénées, ou la vielle à roue. La musique gasconne était jouée dans les villages à l’occasion des fêtes et mariages, par les habitants eux-mêmes. Elle était uniquement destinée à faire danser les gens et ne s’écoutait pas le soir au coin du feu. L’autre musique qui anime les soirées festives est celle de la banda. Cette fanfare de rue trouve ses origines dans les années 30 où des orchestres ambulatoires se chargeaient d’animer les rues les jours de feria. Née dans les Landes, la banda a été reprise dans toutes les régions taurines. Avec ses 20 arènes, le Gers n’échappe pas au son des cuivres, bois et percussions. La banda est même célébrée lors du festival de Bandas y Peñas de Condom en mai, où fanfares et bandas viennent de toute la Gascogne et du Pays Basque pour animer la ville. Un jury récompense la plus festive par une palme d’or.

Danses et chants folkloriques

La musique est faite pour accompagner les danses et chants du répertoire gascon. Ce folklore, par essence transmis de façon orale, s’est retrouvé dépouillé d’une partie de ses oripeaux. La seule danse a avoir traversé les siècles semble être le rondeau, encore très pratiqué du côté de Samatan. Il se danse en couple, chaque couple se mettant en place en cercle. Les danseurs se tiennent par la main droite, l’homme entraînant sa partenaire vers l’avant. Puis, il se tourne vers elle, et elle recule. Les danseurs progressent ainsi en formant une ronde. Les pas sont répétés jusqu’à ce que la musique s’arrête. À la fin du XIXe siècle, de nouvelles formes de danses apparaissent et remplacent progressivement les danses gasconnes, comme la scottish, la mazurka, la polka, le quadrille ou encore la valse. Ces danses sont toujours reprises dans les fêtes de village, pour peu qu’il y ait un orchestre traditionnel qui résonne. Si le gascon ne se parle plus guère, il se chante encore. Le chant gascon puise à la source d’un territoire plus large que le Gers. « Se canto », chant médiéval peut-être composé par Gaston Fébus, est devenu l’hymne du fier Occitan. Il se décline à travers différents dialectes, mais l’histoire demeure la même : deux amants séparés par les hautes montagnes des Pyrénées, que seul le rossignol arrive à franchir pour les rassembler. L'ancien député des Pyrénées-Atlantiques, Jean Lassalle, l’a entonné dans l’hémicycle en 2003 pour signifier l’abandon de sa région par l’État. Chant de protestation, chant identitaire, il n’est jamais plus beau que repris par un chœur polyphonique. L’air résonne des Pyrénées, du Gers, et des Landes jusqu’aux Vallées occitanes d'Italie. Il existe de nombreux autres chants gascons préservés et entonnés par les « cantèras » ou chorales qui fleurissent en territoire occitan. Les arts vivants en Gers ne se limitent pas au folklore. Ce sont 54 compagnies professionnelles qui cherchent, créent, innovent quotidiennement. Comédiens, mimes, circassiens, musiciens, danseurs, compositeurs expriment leur rapport à l’art à travers des créations contemporaines ou des reprises de classiques. Auch accueille le Pôle national du cirque, le CIRCA, qui dynamise le territoire grâce à une saison culturelle riche et variée. Celle-ci est lancée par le très beau festival du Cirque Actuel qui se tient en octobre tous les ans depuis 1988.