Une palette d'arts
Est-ce la lumière dorée du Gers ou ses paysages verdoyants qui ont inspiré les artistes de la Villa de Séviac ? Toujours est-il qu'ils ont laissé en héritage de somptueuses mosaïques dans ce domaine gallo-romain du IVe siècle. Il s'agit là des premières traces artistiques visibles dans le Gers. Ensuite, il faut attendre le Moyen Âge pour voir les murs se couvrir de fresques et de sculptures. La religion est intimement mêlée au développement des arts. L'Astarac rend hommage à ce mécénat avec la « Route des peintures murales et sculptures » qui mène aux églises les plus intéressantes des environs. On est touché par la fraîcheur et la naïveté de certaines scènes. Amateurs d'art sacré, découvrez la première figuration d'un pèlerin de Compostelle à la Collégiale Saint-Nicolas de Nogaro, admirez les retables en pierre de la Chapelle Notre-Dame-des-Anges à Miramont-Latour, ou de l'église Notre-Dame-de-Pitié à Biran. L'abbaye de Flaran, joyau cistercien, abrite la somptueuse collection d'art Simonow. Ce philanthrope britannique a rassemblé des chefs-d'œuvre du XVIe au XXe siècle. Cézanne, Renoir, Matisse, Picasso, Monet, Braque, Rodin…. Les plus grands maîtres y figurent.
L'art contemporain trouve sa place grâce à l'excellent travail du Centre d'art et de photographie de Lectoure, soutenu par le Ministère de la Culture. Axé principalement sur la photographie, il invite des artistes en résidence et propose des expositions au regard singulier tout au long de l'année. L'Été Photographique, rendez-vous incontournable des amateurs d'art contemporain, présente photographes, vidéastes et plasticiens prometteurs ou confirmés dans les sites patrimoniaux de la ville. Autrement, Memento, espace départemental d'art contemporain à Auch, a investi l'ancien couvent des Carmélites et expose l'art actuel sous toutes ses expressions : installations, photos, vidéo, peintures...
Inspiration Gers
Les expositions foisonnent dans les mairies, les galeries d’art et les restaurants, laissant entrevoir la multiplicité des artistes gersois. Ils sont nombreux à résider dans le département en raison de la qualité de sa lumière, de la douceur et de la beauté de ses paysages, inépuisables sources d’inspiration. Marco Cavaglieri, le plus célèbre d’entre eux, est né en 1887 à Rovigo en Italie. Il a souvent dépeint une société bourgeoise en proie aux doutes, dans les Années Folles. Ses toiles colorées et foisonnantes cachent mal la lassitude et la mélancolie des personnages. Il délaissa les portraits mondains qui le firent connaître pour s’attacher aux paysages gersois où il s'install en 1925. Sa toile Peyloubère plage, après le bain (1933), exposée au Musée des Amériques à Auch, est sans doute l’une des plus réussies. Cavaglieri décèda dans sa maison de Peyloubère en 1969. Sa demeure, classée monument historique, accuille un gîte et des chambre d’hôtes. Christian Gardair, lui, ne s’est jamais enraciné dans le Gers où, enfant, il se retrouva réfugié du côté d’Eauze. Mais le Girondin, né en 1938, conserva toute sa vie ce souvenir au point qu’il en a fit l’un des thèmes majeurs de son œuvre. « Jamais n’est mort en moi l’enfant qui s’en allait à pied à travers champs apprendre à lire et à compter par pommes et allumettes interposées, dans l’admirable paix gersoise alors même que la Shoah faisait rage. » a-t-il écrit. En 2019 et 2020, le paysagiste américain de la lumière Marc Dalessio posait ses pinceaux en Lomagne. Il tira de ses séjours une série d’huiles confessant que : « le Gers est vraiment une région sensationnelle pour la peinture des paysages et je ne saurais que le recommander à ceux qui cherchent un endroit pittoresque pour le travail en plein air. »
Les grandes figures locales
C’est dans l’art du portrait que le plus illustre des peintres gersois a laissé exploser sa créativité. Jean-Paul Chambas est né le 11 mars 1947 à Vic-Fezensac. À seulement 20 ans, il accrochait ses premières toiles dans une galerie toulousaine. Deux ans plus tard, il s'orientait vers la figuration narrative et partait pour Milan sur les traces d’Arthur Rimbaud à qui il consacra plusieurs séries. Inspiré par les écrivains, il aborde ses œuvres comme le toréro descend dans l'arène : « Que ce soit Kafka, Lowry ou Rimbaud, je veux tout savoir d’eux. […] J’ai besoin du sujet pour me l’approprier et après je le tue. […] À la sortie, si c’est réussi, la peinture doit bouffer le sujet. C’est un combat. » Touche-à-tout de génie, il met la même ardeur dans la création de ses décors de théâtre. Carmen, monté en 1993 à l’Opéra-Bastille, le consacre. Son génie puissant peut être admiré à la station Chaussée-d’Antin à Paris ou dans la station Mermoz du métro toulousain.
Autre portraitiste gersois de renom, Gustave de Galard né à L’Isle-Bouzon en 1779. Sa vie fut rocambolesque. Obligé de fuir la Terreur à seulement 15 ans, il embarqua pour les Petites Antilles depuis l’Espagne. Il se mit à la peinture pour vivre et se forgea une réputation dans l’art de la miniature. De retour en France en 1802, il s’essayea à la lithographie, puis à la caricature, ce qui lui valut un séjour en prison pour avoir outrages à Louis-Philippe. Libre, il reprit les pinceaux et devint le portraitiste attitré des bourgeois de Bordeaux. Certaines de ses toiles sont exposées au musée des Beaux-Arts de la "Belle endormie".
Le talent de Paul Noël Lasseran s'est concrétisé dans les églises. Ce fils de sculpteur et peintre né à Lectoure en 1868 débuta comme peintre en bâtiment avant de s’essayer au trompe-l’œil. Il affina son coup de patte académique sur les murs de la Taverne du Bastion où il avait ses habitudes. Repéré par les édiles locaux, il fut invité à restaurer les fresques de plusieurs églises : Goutz, Castet-Arrouy, Saint-Pierre d’Aubézies, Masseube ou encore la chapelle des Carmélites de Lectoure.