Découvrez l'Algarve : Religions

La foi catholique est la religion majoritaire au Portugal, même si musulmans et juifs ont joué un rôle prépondérant et marqué de leur empreinte l’histoire de la région. La ferveur religieuse se traduit par la fréquentation des églises par des Portugais toujours profondément pieux. Il suffit de se rendre à la messe un dimanche pour se persuader de l’importance de la religion dans la vie quotidienne. Même si la fréquentation des églises tend à la baisse, on recense 85 % de catholiques parmi une population qui continue néanmoins à respecter rites et fêtes liées aux croyances. Certaines sectes, qui ont envahi le Brésil ces dernières décennies, comme les puissants évangélistes, se propagent dans tous les pays lusophones et constituent un grand défi pour l’Église portugaise. De plus en plus de catholiques quittent les églises pour rejoindre les temples des Témoins de Jéhovah.

Le retour des Séfarades

Depuis 2013, le Parlement a adopté un texte de loi qui va radicalement changer la vie de milliers de descendants de juifs séfarades. En échange de preuves, un descendant de juif expulsé du Portugal par l’édit du roi Manuel Ier en 1496 pourra désormais obtenir la nationalité portugaise. Ce retour semble bien accepté, les Portugais considérant qu’il s’agit d’une réparation historique, cinq siècles après l’édit du roi. D’ailleurs, le Portugal prend ce sujet d’actualité à cœur et s’apprête à mettre en place un tourisme spécifique autour de la culture religieuse et des anciens quartiers juifs, les judiarias. Aujourd'hui, les juifs du Portugal sont organisés en 4 communautés : Lisbonne, Porto, Belmonte et Portimão en Algarve. Près de 1 800 descendants de séfarades ont déjà acquis la nationalité portugaise en 2017 et 12 000 autres sont en cours de demande. Nul doute que cette loi aura un impact conséquent sur la communauté.

Les traditions de Noël en Algarve

Outre les traditionnels achats de cadeaux rappelés à grands coups de spots publicitaires, Noël est marqué en Algarve par une cuisine spécifique. À la campagne, la mi-décembre est la période où l’on tue le cochon, le temps pour chaque famille de confectionner sa propre version du chouriço qui sera accroché dans la cheminée pour lui donner une saveur fumée. Le porc est le mets privilégié de cette fête familiale, servi avec du chou et frit à l’ail. La consoada, repas de Noël, sera constitué de cabidela de galinha ou d’ensopado de galo (coq) ou de bacalhau. Si l’on retourne vers la côte, le porc sera cuisiné avec des crustacés, mélange dont les Algarviens sont friands. Les figues cueillies et séchées en septembre réapparaîtront pour l’occasion, aplaties en forme d’étoiles, garnies de sucre, de cannelle, farcies d’amandes.

Passons au dessert : rabanadas, filhosos, azevias, sans oublier l’omniprésent bolo-rei couronne garnie de fruits confits qui sera consommé tout au long de la période de Noël jusqu’au Nouvel An. Sa légende voudrait que lorsque les Rois Mages arrivèrent pour entrer dans l’étable où Jésus était né, ils ne pouvaient décider lequel passerait la porte en premier. Ils ont fait un gâteau et y ont mis une fava (fève).

La bûche (cepo) brûle dans le foyer tout au long des célébrations et les cendres seront conservées pour protéger la maison de la foudre. Une autre tradition est de déposer des oranges sur la table pour attirer la bonne fortune.

L’achat d’un sapin est un phénomène récent en Algarve ; par contre l’exposition de crèches (presepios) dans les maisons et les églises est un phénomène répandu. Réalisées avec les pousses de céréales plantées début décembre, on voit émerger dans les espaces publics des crèches gigantesques faites en liège.

La messe traditionnelle est connue sous le nom de Missa do Galo (messe du coq), l’animal ayant chanté au matin du 25 décembre pour annoncer la Nativité. La tradition des charolas (chœurs) a évolué en simples chants traditionnels appelés reisadas qu’on entend jusqu’au 6 janvier, Jour des Rois.

Romarias, Maios...

Les fêtes rythment la vie des Portugais qui aiment sortir et elles sont célébrées à l’occasion de processions, les romarias. Ces fêtes aux accents religieux marquaient initialement le solstice d’été, époque à laquelle on célébrait l’abondance. De mai à fin juin, partout les quartiers organisent des rencontres joyeuses où l’on déguste sardines et grillades arrosées de vin, et l’on saute par-dessus les feux de romarin.

Pâques est intensivement célébrée dans tout le pays. Une jolie tradition est d’offrir à son filleul un folar, sorte de brioche sucrée à la cannelle. De nos jours, la brioche est souvent remplacée par un cadeau ou de l’argent mais le nom perdure.

Le 1er mai est un jour très spécial, l’occasion aussi de fabriquer les maios, grandes poupées en tissu, personnification du renouveau.  Cette tradition, qui revient en force en Algarve, a commencé comme un hommage à la déesse maya de la fertilité. Autrefois, les jeunes filles vêtues de blanc, ornées de couronnes de fleurs, étaient assises aux portes des maisons ou sur les toits-terrasses et chantaient et dansaient. Elles ne devaient ni sourire ni cligner des yeux. Dans le jargon populaire, on dit encore souvent d'une personne statique qu’il ressemble à un maio. De nos jours, le maio est personnifié par une poupée faite de paille de seigle et de chiffons sur lesquels on place des vers ou des poésies satiriques.

Top 4 des fêtes pour s’imprégner de la culture locale

La plus singulière. A São Bras de Aportel : la Festa das Tochas Floridas (fête des torches fleuries) où les hommes composent une procession célébrant la Résurrection, portant des torches confectionnées avec des fleurs sauvages.  

La plus colorée. Mardi gras à Loulé : un des plus importants défilés carnavalesques, réputé dans tout le pays.

La plus pieuse. Pâques à Loulé : la Festa de Mãe Soberana, considérée comme la plus grande manifestation religieuse au sud de Fatima. Une gigantesque procession parcourt les rues et gravit la colline escarpée vers le sanctuaire en portant la statue de Nossa Senhora da Piedade.

La plus régressive : le Banho Santo du 29 août sur la plage de Manta Rota, près de Vila Real de Santo Antonio. Selon la tradition, c’était le jour où les montagnards descendaient avec leurs bêtes de somme pour prendre un bain de mer considéré comme « saint », capable de guérir tous les maux.

Le monde mystérieux de la Bruxaria

Enfin, depuis des siècles, en dépit des oppositions de l’Église et de la science, la pratique de la bruxaria est un phénomène encore répandu. Ce type de sorcellerie ancrée depuis des siècles fait toujours partie intégrante des croyances collectives, notamment dans les classes populaires, et constitue l’un des derniers modes de guérison traditionnels. Que ce soit pour des troubles physiques, spirituels ou toute autre situation de détresse, les salles d’attente chez les bruxos sont toujours pleines. Solution miracle ou magique, la pratique répond à une demande antagonique de la société portugaise, entre rationalité et croyances.

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