Deux guitaristes de fado. (c) shutterstock - Sopotnicki.jpg

Fado

Loin d’être le pré carré des Lisboètes, le fado est un trésor national que l’on chérit sur l’ensemble du territoire, y compris en Algarve. Dérivé de fatum, qui en latin signifie « destin », ce chant à la poésie rugueuse est l’expression même de la saudade, mélancolie aigre-douce singulièrement portugaise. Ses origines prêtent encore à débat, et nul n’est bien certain d’où il vient : goualante de ports, évolution locale du chant mauresque, complainte gitane ou modulations vocales issues des rythmes brésiliens rapportés ? Un peu de tout cela vraisemblablement. Depuis des siècles, le fado est une vraie chanson populaire qui sort des tripes de l’enfant ou de l’adulte qui l’entonne – et qui étreint celui qui se laisse conquérir. Généralement chanté par une femme vêtue de noir accompagnée de musiciens à la guitare, le genre est à tout jamais immortalisé par la plus célèbre des fadistas, Amália Rodrigues, immense vedette éteinte en 1999 et enterrée au panthéon national. De son vivant, la chanteuse pouvait ainsi émouvoir un auditoire jusqu’aux larmes tant son style chargé d’humanité venait appuyer le timbre subtil de sa voix.

Aujourd’hui, le fado est donc loin de simplement appartenir au patrimoine. Chaque génération s’en est emparé et a vu d’excellents artistes le maintenir vivant comme Madredeus et la voix bouleversante de sa fantastique chanteuse Teresa Salgueiro, Camané, considéré un temps comme « le plus grand fadista depuis Amália Rodrigues », des pointures épatantes comme Dulce Pontes, Mariza ou Cristina Branco ou encore les grandes voix de la nouvelle génération : Ana Moura et Cuca Roseta.

En Algarve, les concerts de fado sont plus que réguliers et nombreux sont les restaurateurs à faire venir des musiciens en fin de semaine pour animer les repas. C’est notamment le cas à Loulé où, caché en contrebas du château, on trouve le restaurant A Muralha, très romantique et avec concert de fado tous les vendredis soir. À Tavira, c’est à la Casa do Polvo Tasquinha que l’on trouve des soirées fado. C’est d’ailleurs dans cette même ville que l’on trouve Fado Com Historia, spectacle de quarante minutes comprenant plusieurs morceaux phares du genre, entonnés par la chanteuse maison Tereza.

La musique traditionnelle

Si chaque région portugaise entretient ses propres folklores et traditions musicales, l’Algarve se démarque par ses danses comme le fameux corridinho, particulièrement entraînant et tout en accordéon, ou les bailes mandados et bailes de roda. Aussi, quel que soit le style folklorique joué en Algarve, certains instruments reviennent plus souvent que dans le reste du pays. C’est par exemple le cas des castagnettes, du cavaquinho - petite guitare typique –, du triangle et du pandeiro, un instrument semblable au tambourin.

Pour entendre la musique traditionnelle de l’Algarve, le mieux est encore de se rendre dans des rendez-vous folkloriques locaux tels que le Festival Da Sardinha de Portimão en août.

La musique populaire

Naturellement, les Portugais n’écoutent pas que du fado et de nombreux artistes de tous horizons sont très populaires dans le pays. Parmi eux, citons Zeca Alfonso et José Mário Branco, deux figures adorées de la chanson, célèbres pour s’être levés contre la dictature, ou encore le chansonnier Rui Veloso, dont les textes lyriques et intelligents accompagnent les Portugais au quotidien depuis une trentaine d’années, considéré comme le père du rock portugais. D’ailleurs, le rock est un genre inoxydable au Portugal. Les pionniers Xutos e Pontapés sont toujours diffusés en radio et The Legendary Tigerman (le nom d'artiste de Paulo Furtado) et son groupe les Wrayguns sont cultes (ou presque) depuis la fin des années 1990.

N’oublions pas de mentionner la pimba, spécialité locale tout en accordéon, cousine du schlager allemand ou du turbo-folk des Balkans et dont l’exubérant Quim Barreiros est l’incarnation. Il est souvent de passage dans l’Algarve et la plupart des fêtes populaires passent un moment ou l’autre de la pimba.

En Algarve, le Cais Club d’Olhão incarne assez bien la musique populaire portugaise et mélange beaucoup de musiques des années 1980, de rock et de variété portugaise dans une très bonne ambiance.

Les musiques actuelles

Ces dernières années, la jeunesse portugaise a particulièrement brillé par son dynamisme et sa capacité d’innovation sur la scène internationale. En puisant dans les racines des pays d’Afrique lusophones (Guinée-Bissau, Cap-Vert, Mozambique, Sao Tomé), la jeune création a enfanté des esthétiques nouvelles, mélanges de kuduro, kizomba ou taraxo africaines et de musiques électroniques comme la house, le grime ou la techno. Une superbe avant-garde représentée autrefois par des groupes comme Buraka Som Sistema et maintenant incarnée par le fabuleux label Principe Discos.

Si la création est surtout partagée entre les deux pôles urbains que sont Lisbonne et Porto, on trouve paradoxalement beaucoup de scènes dédiées en Algarve. À Faro, par exemple, le Cabaret, nouveau club à la mode, a très bonne réputation. On y entend beaucoup de bonne musique alternative et underground. Moins underground mais bien programmé aussi, le bar-restaurant Pé do Copos, situé sur la petite place de Pé da Cruz, est le lieu favori des habitants de Faro pour prendre un verre avec des concerts ou DJ. Et bien entendu, en capitale de l’Algarve, Faro se devait d’être dotée d’un équipement culturel digne de ce nom : le Teatro municipal de Faro, un bel amphithéâtre de 772 places avec une programmation souvent de qualité. Autrement à Lagos, le Centro Cultural propose quelques bons concerts et à Portimao, le Nosoloagua, immense bar décoré à la balinaise, accueille de nombreuses soirées DJ. C’est d’ailleurs dans cette même ville que l’on trouve le BPM Festival, riche en house et techno underground. Toujours rayon festival, chaque mois d’août, la ville de Sagres accueille le Super Bock Surf Fest sur la plage de Tonel avec son lot de concerts.

La danse

Si l’Algarve n’est pas la région la plus dansante du Portugal, l’endroit entretient tout de même quelques folklores intéressants, souvent visibles lors des fêtes populaires. C’est notamment le cas de la madeira, danse originaire de Madère et qui répond à des sonorités plus exotiques et au son des castagnettes. Citons également le minho et ses nombreuses variantes, dont les costumes spectaculaires rendent les représentations particulièrement populaires. Il existe aussi une danse pour séduire sa partenaire, le ribajeto où un homme tourne autour d’une femme en lui chantant quelques vers. Cela étant dit, la danse traditionnelle la plus typique de l’Algarve est sans conteste le corridinho. Débarquant directement d’Écosse au XIXe siècle, le corridinho et sa musique vive se dansent en couple, les femmes à l’intérieur de la ronde, les hommes à l’extérieur. Le couple tourne alors en rond tout aussi rapidement. Un bon jeu de jambes est recommandé pour assumer la vitesse d’enchaînement des pas.