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L’art des Premières Nations

Les peuples autochtones occupent le vaste territoire du Canada depuis des dizaines de milliers d’années, jusqu’à 26 500 ans dans le Yukon. Chacun de ces peuples autochtones a développé ses propres caractéristiques culturelles.  
Les Canadiens d’aujourd’hui ont hérité des premiers occupants leur art de vivre en symbiose avec la nature. De nos jours, la reconnaissance des Natifs passe par la mise en valeur de leurs traditions artistiques. A Vancouver, les totems rappellent la complexité d’un patrimoine indissociable de sa mythologie. Les promeneurs ne manqueront pas de flâner dans Stanley Park pour admirer ces sculptures en bois fièrement érigées en pleine nature. Le MOA - Musée anthropologique de Vancouver - invite à mieux cerner l’identité culturelle du Canada à travers sa collection unique au monde. La vie des Premières Nations est relatée au gré des totems mais aussi des œuvres d’art dont des sculptures inuites sur pierre ou sur os et des gravures. Les vitrines d’artefacts et d’objets usuels couronnent ce vaste aperçu de l’univers des Premières Nations.

Héritage pictural

Au Canada, la création s’appuie dès ses balbutiements sur les formes artistiques en vigueur en France et en Angleterre. La peinture est tout d’abord religieuse. L’abbé Hugues Pommier quitte la France pour Québec en 1662. Ses tableaux de chevalet inspirés par la foi font longtemps école.
Au début du XIXe siècle, le portrait connaît un succès considérable. Au milieu du siècle, des artistes torontois tel Georges Théodore Berthon s’installent comme portraitistes. Leurs carrières sont favorisées par l’essor économique.
Le peintre Paul Kane (1810-1871), né en Irlande et mort à Toronto, accomplit un véritable travail documentaire en peignant la vie des peuples natifs. Le Glenbow Museum de Calgary propose un parcours à la fois historique et artistique. Illustrations réalisées par des artistes itinérants, scènes de chemin de fer sponsorisées par la Canadian Pacific Railway, explorateurs de l’Arctique se succèdent dans ses salles. Bien que les gravures et les dessins soient plus nombreux, tous les moyens d’expression participent à cet exposé qui raconte le Canada du XIXe siècle à nos jours.

Tournant artistique

En 1842, la photographie fait son apparition. Cette percée sonne la fin de la grande époque du portrait peint. Les peintres sont contraints de se renouveler pour faire face à la concurrence. En Ontario, Robert Whale se tourne vers la peinture décorative et devient le paysagiste le plus populaire. A la fin du XIXe siècle, l’influence impressionniste puis expressionniste se ressent dans le milieu de la création.
La fièvre romantique qui touche le Canada est scellée par la fondation de l’Académie royale canadienne des Arts. Les premiers grands noms de l’Académie sont Robert Harris, Homer Watson, Otto Jacobi et John A. Fraser qui collaborent avec le photographe Notman. La rigueur de l’académisme encourage l’éclosion d’une nouvelle peinture canadienne avide de changements.

Groupe des Sept

Du côté de Montréal, le début du XXe siècle voit s’épanouir un art harmonieux, celui des paysages au charme naïf. Montréal traverse alors une phase de croissance sans précédent. Après-guerre, elle devient la ville de tous les plaisirs. Cela dure jusqu’au krach de 1929. Le chômage frappe alors durement la population.
C’est dans ce contexte que le Groupe des Sept se forme à Toronto, la rivale de Montréal. Sept peintres paysagistes redéfinissent radicalement l’identité visuelle du pays en peignant les vastes étendues sauvages du Canada. Les membres fondateurs sont Franklin Carmichael, Lawren Harris, A.Y. Jackson, Franz Johnston, Arthur Lismer, J.E.H. MacDonald et F.H. Varley. Ces révolutionnaires du pinceau se revendiquent du postimpressionnisme et de la tradition scandinave. Ils peignent des panoramas du Bouclier canadien, empreints de romantisme, qui participent à la définition d’une « vision nationale ». L'influence que Tom Thomson exerça sur la formation du Groupe ne fut jamais niée par ses membres. Avant sa mort précoce qui survint en 1917, ce garde-forestier les convertit assurément aux plaisirs de la vie au grand air. C'est sous son impulsion que les futurs Sept entreprennent de représenter les paysages sauvages l'Ontario. Ensemble, ils réalisent des esquisses et peignent en pleine nature, s'inspirant et se critiquant mutuellement. Mort noyé dans le lac Canoe, Tom Thompson n'assista pas à l'éclosion du Groupe, mais ses membres n'ont jamais cessé de saluer le rôle majeur qu'il a eu dans leur évolution.
Leur influence s’exercera sur plusieurs générations. De nos jours, la plupart des musées publics canadiens possèdent des peintures du Groupe des Sept. Signalons entre autres le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, l’Art Gallery of Ontario à Toronto et la McMichael Canadian Art Collection.
Il convient de mentionner Emily Carr (1871-1945) dont le travail est fortement marqué par le Groupe des Sept. Reconnue comme une figure de proue de l’art canadien, ses peintures ont pour thème les forêts et l’art totémique de la région Pacifique. A la Vancouver Art Gallery, ses nombreuses peintures visibles dans la collection offrent une excellente approche de sa vision de la nature et du peuple indigène de la Colombie-Britannique.

La Société des Sculpteurs du Canada

Fondée par de prestigieux sculpteurs canadiens, The Sculptors Society of Canada défend la sculpture canadienne depuis 1928. L’association créée par Emanuel Hahn, Frances Loring et Henri Hébert a pour vocation de développer cette pratique artistique tout en assurant la promotion de la sculpture canadienne sur le plan à la fois local et international. L’engagement de la SSC est soutenu par des galeries, des festivals et des musées dont le Musée des beaux-arts du Canada. Des expositions itinérantes ont emmené leurs travaux en Europe, à travers les États-Unis ainsi qu’à la première Biennale Internationale de Beijing en 2003. L’organisation accueille dans ses locaux situés au 500 Church Street des expositions et des débats, accompagne les jeunes talents, surtout les plus novateurs.

Influences modernes

A la suite du Groupe des Sept, les artistes canadiens s’imposent à un niveau international.
Localement, le passage au XXe siècle se caractérise par l’expression individuelle et la liberté stylistique. Dans la première moitié du XXe siècle, les artistes d’Alberta sont influencés par leurs pairs venus enseigner dans la région. Des associations d’artistes professionnels et des écoles spécialisées voient le jour. Ce terrain est favorable à l’éclosion d’une génération d’artistes locaux. Le paysage reste le thème majeur mais les courants qui révolutionnent l’art en Europe imprègnent peu à peu le style canadien.
Alfred Pellan (1906-1988) se détache ouvertement de l’influence des Sept. Dans les années 1930, il séjourne à Paris, où il est marqué par sa rencontre avec Picasso, Miro et les surréalistes. Son retour au Canada en 1940 sonne le réveil de la peinture créative au Québec. Celle-ci ose s’écarter des traditions pour se rallier à l’École de Paris. L’expressionnisme, le surréalisme et le cubisme s’ajoutent aux précédentes inspirations.
Aux alentours de 1950, les principales influences proviennent des États-Unis, à commencer par l’expressionnisme abstrait. Au Canada l’abstraction évoque la nature plus que nulle part ailleurs. La technique élargit le champ des possibles : expériences photographiques et technologiques enrichissent les explorations visuelles. Dans cette effervescence sont fondés Fusion des Arts à Montréal en 1964 puis Intermedia, en 1967, à Vancouver. Deux groupes informels qui abattent les frontières en alliant tous les médias disponibles (cinéma, musique, danse, poésie). Les artistes de Fusion, regroupés autour de Richard Lacroix, François Soucy, François Rousseau et Yves Robillard, produisent des happenings et des performances publiques.

Riopelle

En 1948, un manifeste artistique signé Paul-Émile Borduas est publié sous le manteau à Montréal par les Automatistes. L’auteur du Refus Global questionne dans ces pages les valeurs de la société québécoise, rejette toute contrainte, et prône la liberté individuelle. Parmi les signataires, on dénombre des psychiatres, des acteurs, des designers, ainsi que le peintre et sculpteur Marcel Barbeau, le photographe Maurice Perron et Jean-Paul Riopelle.
Peintre, graveur et sculpteur né à Montréal, Riopelle (1923-2002) s’installe à Paris en 1947 où il se lie d’amitié avec les surréalistes, avant de regagner sa terre natale. C’est en 1958 qu’il entame une carrière de sculpteur. De retour à Paris, il expose ses sculptures et se forme au pastel, à la gravure, au collage ou encore à la céramique. La nature puis les éléments figuratifs occupent une place croissante dans sa démarche créatrice. Son succès se confirmant, il répond à des commandes des deux côtés de l’Atlantique. Entre abstraction et figuration, Riopelle aime se renouveler, explorant aussi bien la peinture au pochoir que les bombes aérosol. Le musée des beaux-arts de Montréal, qui lui a consacré une grande exposition en 2006, conserve plusieurs de ses œuvres : La Roue, Hommage à Grey Owl, Soleil de Minuit ou encore Hibou.  Sa fontaine « La Joute » trône sur une place qui porte son nom, en face du Palais des Congrès.

Vers un art autochtone contemporain

Le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa réunit grâce à une scénographie remarquable l’art autochtone et l’art canadien. Près de mille œuvres couvrent une vaste période de plus de 7 000 ans. On constate que l’art des Natifs se met à l’heure contemporaine.
Le Musée Bill Reid à Vancouver est l’un des rares lieux culturels consacré aux œuvres contemporaines des autochtones de la côte nord-ouest du Canada. En plus de la collection permanente, des expositions temporaires sont réservées aux jeunes artistes indigènes. Le musée doit son nom au peintre, sculpteur, orfèvre et écrivain canadien Bill Reid (1920-1998) d’origine haida. Pour rappel, les Haidas forment une communauté autochtone de la Colombie-Britannique. Selon le célèbre anthropologue et ethnologue Claude Lévi-Strauss, Bill Reid a littéralement sauvé la culture haida. Bill Reid débute sa carrière à l’âge de 30 ans, dans l’objectif de faire revivre la tradition artistique des Haidas. C’est grâce à son intervention que les mâts totémiques des îles de la Reine-Charlotte (archipel Haida Gwaii) purent être sauvés. Ils trouvèrent ensuite leur place devant le Museum of Anthropology à Vancouver. Ce même musée accueille à présent son imposante sculpture datée de 1973, Le Corbeau et les premiers hommes, qui représente l’origine de la communauté haida. Pour la petite histoire, dans la mythologie haida, le corbeau engendra l’humanité en libérant les humains enfermés dans une immense coquille de palourde. Les voyageurs qui feront halte à l’aéroport international de Vancouver auront la chance de contempler sa majestueuse sculpture Esprit de Haida Gwaii.

Street art

A Vancouver. Les premières œuvres publiques grand format qui sont apparues à Vancouver sont probablement les silos peints d’Ocean Concrete sur l’île de Granville. A voir également : la magnifique fresque Canada Secret Mountains (au 325 West 4th avenue), peinte par l’artiste international Okuda San Miguel ; les Lady Mermaids de Chazillah / Nik Martin ; la palissade bleue réalisée par Khelsilem qui a inscrit en langage musqueam (un peuple de Colombie-Britannique) : Est-ce notre terre ?
Le street art n’est autorisé à Vancouver que depuis peu de temps. Parmi les pionniers, le mystérieux artiste local iHeart dispersait avant l’heure des créations au pochoir qui étaient régulièrement effacées. Mais tout a changé en 2016 grâce au Vancouver Mural Festival. L’association a pour mission d’apaiser les tensions sociales en faisant la part belle aux communautés artistiques. Son action s’inscrit dans le cadre de la politique de réconciliation avec les Premières Nations. Désormais, l’art urbain a officiellement sa place grâce au dévouement des organisateurs du festival qui travaillent en collaboration avec la Ville. Les artistes, venus du Canada ou des quatre coins du monde, planchent sur le sujet de leur choix. Seul impératif : obtenir l’autorisation du propriétaire du support que ce soit un mur, le sol, une poubelle ou toute autre surface utilisable.
A Toronto, le programme StART implique les communautés dans l’embellissement des rues. Ce faisant, StART espère en prime encourager les moyens de transports doux comme la marche et le vélo. A découvrir dans Kensington Market, le quartier bohème où il fait bon chiner. L’allée Orbital Arts est entièrement recouverte de graffitis. A dix minutes à pied, Graffiti Alley est le territoire par excellence de la fresque urbaine. Au sud de Chinatown entre Spadina Avenue et Portland Street, Rush Lane est un symbole du programme StART. Cette ruelle d’un kilomètre est devenue le terrain de jeu privilégié des artistes. A ne pas manquer : le gigantesque aquarium de l’artiste canadien Uber5000 dont la vision du monde sous-marin donne le sourire. Pour l’anecdote, les portraits titrés Remove me (Efface-moi) font référence au maire Rob Ford qui partit en 2011 à la chasse aux graffitis armé d’un jet d’eau.
Fort du succès qu’il rencontre à Montréal depuis 2013, le Festival international d'art public Mural s’est transporté à Toronto. L'événement met en vedette des artistes du monde entier par le biais d’expositions, d’installations et de concerts au Stackt Market.
A Montréal, l’art urbain est partout. Ouvrez l’œil ! Il se niche dans des endroits inattendus : parkings, mobilier urbain, impasses ou cages d’escalier. Quelques pistes ? Sur le plateau Mont Royal, entre les stations de métro Laurier et Mont-Royal, de sublimes fresques ornent notamment le boulevard Saint-Laurent. Le charmant quartier de la petite Italie cache lui aussi ses trésors légués par les muralistes.

Ambiance contemporaine

Depuis l’an 2000, la Foire internationale d’art contemporain de Toronto est l’une des manifestations annuelles majeures du Canada. Au cœur de la ville, l’événement réunit des galeries locales et internationales.
La collection du musée d’art contemporain de Montréal est ouverte à toutes les techniques : vidéo, sculpture, photographie, peinture, installation, œuvre sonore et numérique, dessin. Les audacieuses sculptures de Louise Bourgeois partagent l’espace avec les autoportraits de la photographe Raymonde April (née au Canada en 1953), les peintures de Janet Werner (née au Canada en 1959) et le travail de Jon Rafman. Né à Montréal en 1981, Rafman associe sculpture, peinture, installation et photographie pour dénoncer la part de la technologie dans le monde actuel.
Une partie de la collection jalonne les rues de Montréal dans l’intention de rendre l’art plus accessible. Ainsi qu’en attestent les actions d’Art Souterrain, l’art public occupe une place de choix au sein du patrimoine montréalais. Dans ce domaine, la ville souterraine est connue comme un haut lieu de l’art public.
Le Quartier International du vieux Montréal accueille une multitude de galeries d’art. Les quartiers du Canal réunissent antiquaires, art moderne, artistes confirmés et émergents. Plus précisément, Griffintown est devenu en peu de temps une destination en vogue. Les rues William, Ottawa et Notre-Dame Ouest abritent un tourbillon d’ateliers de créateurs et de galeries. Le Centre d'art de Montréal dispose d’ateliers pouvant accueillir 100 artistes membres, ainsi que de deux galeries d’art : la Galerie William au premier étage et la Galerie Griffintown au second niveau.