Guide du Sahara : Arts et culture

ARCHITECTURE

Dans les oasis, l'architecture berbère est depuis toujours symbolisée par des constructions de pisé, un mélange de cailloux, d'argile et d'un peu de paille, tassé entre deux planches lors de la construction. Ces constructions particulièrement fragiles s'érodent avec la pluie et peuvent disparaître en moins de cinquante ans. Leur entretien est particulièrement coûteux.

La kasbah est une forteresse, habitée jusqu'au début du siècle par des seigneurs, qui défendaient la population aux alentours des attaques des nomades. Il s'agit en général d'une construction rectangulaire, dont les hauts murs s'inclinent légèrement vers l'intérieur. Le rez-de-chaussée est réservé aux animaux, le premier étage est utilisé comme grenier, et le deuxième étage est réservé aux pièces d'habitation. Les kasbahs sont élevées en faisant sécher du pisé humide entre deux planches de bois. Lorsque la construction s'élève, des trous sont pratiqués dans le mur pour maintenir les planches, d'où les orifices réguliers que l'on peut observer dans les façades. Les plafonds sont en général faits de poutres de palmier ou de thuya, entre lesquelles on dispose des lattes de roseau ou des palmes.

L'agadir est un grenier forteresse, une tour massive percée de meurtrières, où les sédentaires mettaient leurs vivres et leurs animaux pour se protéger des attaques.

Le ksar est un village fortifié, construit en pisé. Les murs extérieurs, aveugles, forment les remparts, et sont défendus par des tours aux angles. A l'intérieur, outre les habitations, les ksours comptent toujours un agadir pour mettre les vivres à l'abri.

Les villes arabes appelées médinas, serrées à l'intérieur de remparts qui n'existent souvent plus, sont organisées traditionnellement autour du souk ou bazar, le marché. Ici aboutissent les principales rues qui se ramifient en ruelles de la largeur d'un âne chargé et en impasses. Les demeures présentent au passant un aspect austère et rébarbatif, sans ouvertures autres que la porte et des petites fenêtres, qui doit effacer les différences entre les maisons habitées par des familles modestes et celles habitées par des gens aisés. La différence se trouve à l'intérieur. Si elles sont situées en hauteur, les fenêtres se dérobent derrière des grillages ou des moucharabiehs souvent en saillie sur la rue. L'intimité est toujours préservée. L'entrée de la demeure est d'ailleurs en chicane, ce qui permet de la laisser ouverte sans qu'un regard curieux puisse y pénétrer. La porte est vaste, parfois monumentale, décorée de couleurs et de symboles destinés à écarter le mauvais oeil (heurtoir en forme de main, main imprimée dans l'enduit frais, etc.). La salle de réception était la limite à ne pas dépasser pour l'étranger. La plus grande partie de la maison est le domaine de la femme.

Les tentes nomades

Selon les régions, elles varient de formes, de couleurs, mais elles sont traditionnellement en peau de chèvres partout dans le Sahara. On recouvre le sol de tapis pour l'isoler.

En arabe, ces tentes sont appelées les khaïma. Au Maroc, elles sont dressées sur des perches et recouvertes de peaux ou de bandes tissées cousues entre elles. Elle est protégée à l'extérieur par une natte (isebran). A l'intérieur, on retrouve le coin des hommes et des invités délimité par des nattes. L'autre partie de la tente est consacrée aux femmes et comporte souvent un métier à tisser. Les larges tentes sont recouvertes de flij, bandes tissées en laine ou en poils, cousues entre elles. Deux poutres centrales soutiennent la toile alors que, sur les côtés, des perches sont élevées, maintenues par des cordages extérieurs fixés par des piquets. L'emplacement de la tente se situe invariablement près d'un point d'au, et si possible près d'un monticule pour la protéger du vent.

La tente est nommée Ehakit en tamacheq. Elle est encore dressée par les Touaregs du Hoggar et des Ajjers à coté de la zériba leur mode d'habitation traditionnelle. Faite de peaux cousues et débarrassée de tout poil, elle est rouge aux couleurs du soleil couchant sur le Hoggar. Une tente peut avoir de 50 à 150 peaux et des touffes de fines lanières artistement découpées donnent à l'intérieur un splendide effet. Elle est soutenue par des piquets de bois dont la tête est souvent sculptée. A l'intérieur, la khaïma est entourée d'un essaber, sorte de longue natte de 7 à 8 mètres faite de tiges d'une graminée que les femmes vont ramassées dans les oueds : l'afazzou. Il faut 4 à 5 nattes selon la taille de la tente : deux ou trois placées à l'intérieur protègent des regards et du vent et deux autres arrondissant le devant de la tente permettent d'aménager un espace ou l'on se tient et ou l'on reçoit les invités. A l'intérieur de la tente le côté droit est celui du chef de famille et le gauche celui des femmes. Dans un campement les tentes sont toujours éloignées les unes des autres pour protéger l'intimité des familles : " Eloignez vos tentes, rapprochez vos coeurs dit un proverbe touareg. "

Avec la modernité cette longue tradition de la fabrication des khaïma a tendance à se perdre et surtout auprès des jeunes générations. Cependant vous pouvez encore dans les villages du Hoggar comme Tagmart, Hirafok, Tazrouk et d'autres découvrir les femmes touarègues confectionnant ces splendides habitations traditionnelles.

Les zéribas. Les Touaregs du Sahara central (Hoggar) peuvent habiter, à certaines périodes, dans des cases à palmes appelées zéribas. On trouve des zéribas par exemple dans l'oasis de Ouat, au sud de la Garet El Djenoun sur le versant Est du Massif de la Tefedest est certainement le plus bel endroit pour découvrir de splendides zéribas entretenues et construites par les nomades de la région, qui y reviennent en été.

Tente du Kanem au Tchad : Les tentes sont en forme de demi-sphère, toujours bâties suivant le même modèle. Elles sont constituées de deux rangées de mâts centraux et de deux rangées de piquets extérieurs. Ces piquets sont reliés entre eux par des arceaux souples, sur lesquels on pose des nattes de doum. Le sol est lui-même recouvert par une natte. L'intérieur est garni succinctement de calebasses et de bassines pour la cuisine, et de sacs de peaux pour ranger les quelques vêtements. Au Kanem, la tente s'ouvre toujours sur l'ouest, à l'opposé des vents dominants.

Tente kréda : la tente est construite sur un modèle asymétrique autour du lit. Elle est également recouverte de nattes de doum.

Tente daza : les piquets extérieurs sont presque aussi élevés que les mâts centraux, ce qui donne aux tentes dazas une forme de parallélépipède. Elles sont très vastes (environ 3m x 8 m) et meublées d'un lit, constitué de nattes, ou de peaux ornées de cauris, appelées dalyas.

Tente toubou : elle est construite sur le modèle classique et forment des demi-sphères de nattes. celles des transhumans arabes sont regroupées en unités de campement appelées ferriks.

ARTISANAT

L'artisanat, est très varié dans les populations oasiennes et chez les nomades : tapis, nattes, selles, bijoux, objets de la vie courante magnifiquement décorés, travail du cuir, travail du bois et travail des métaux. Chaque région a ses particularités mais on peut notamment admirer la diversité et la qualité de l'artisan touareg.

Au Maroc, l'artisanat est très important et riche et varie selon les régions. Les objets fabriqués par les Marocains le sont grâce à des méthodes traditionnelles.

En Mauritanie, le cuir est aussi travaillé pour confectionner de magnifiques sandales, ceintures et autres étuis à usage multiples. Les forgerons utilisent le fer, le cuivre ou l'argent pour des réalisations traditionnelles comme les couteaux, ou les bijoux, les bagues mais aussi les pipes. On trouve aussi de splendides vêtements traditionnels et les femmes pratiquent encore la teinte des tissus à l'indigo et la technique traditionnelle du batik qui consiste à masquer à l'aide de cire les parties que l'on ne veut pas teindre. Depuis quelques années, une forme d'artisanat touristique se développe à Nouakchott et dans la région de l'Adrar avec des objets nouveaux : pinces à glace ou coupe-papier.

Au Tchad, il y a un artisanat intéressant notamment lié à l'islam avec des objets artisanaux religieux, destinés à l'apprentissage du Coran : le dawaï qui est l'encrier de l'écolier, creusé dans une courge, le Khalam, la plume en tige de mil et le loh, l'ardoise de bois sur laquelle les marabouts écrivent les sourates. Les femmes ont aussi des bijoux traditionnels : le zeitoun, un collier de grosses perles d'ambre jaune affectionné par les femmes krédas et arabes. Sur les marchés du Nord, on voit encore de nombreuses femmes goranes, arabes et krédas, aux cheveux ornés de khourous, ces sortes de boucles d'oreilles, dont partent de longues chaînettes d'argent, qui tintinnabulent aux moindres mouvements de tête. On peut aussi trouver des bijoux importés, comme les fameuses croix d'Agadèz.

Au Soudan, dans ce si grand pays riche de différentes cultures, l'artisanat est relativement peu développé. Les bijoux, particulièrement les bracelets et les colliers, sont une constante, surtout dans le nord et l'est. A l'est aussi, les sabres et les couteaux sont des pièces d'apparat. Les objets en feuilles de palme comme les boîtes ou les grands paniers ronds pour les repas sont courants en Nubie. La sculpture sur bois, particulièrement le bois d'ébène, pour fabriquer des petits objets sculptés de la vie courante ou des statuettes est un point d'intérêt à ne pas négliger. Le travail du cuir est un incontournable. Vous trouverez un peu partout par exemple de ces sacs ou ces chaussons (poilus ou non) délicieusement "kitsch". Les Soudanais possèdent également une garde-robe impressionnante dans laquelle les toubes (robe féminine) et gallabiyas (robe masculine) n'en sont que les plus connus. Les tissus en général se parent de motifs très divers. Le comble du raffinement se trouvera dans les parfums de production locale, dont les usages répondent à des règles bien précises.

Travail du cuir

Dans le domaine du cuir, les Touaregs sont de remarquables maroquiniers, notamment dans la technique du cuir repoussé permettant la création de motifs géométriques très élégants dont on recouvre alors les objets. Les techniques ont été adaptées aux besoins d'aujourd'hui pour la confection de sacs de dames (association de cuir et de nattes ou de pagnes tissés colorés), de cartables avec fermoir en os de chameau, sac fourre-tout et sac à dos, ceinturons, poufs, etc.

Les bata, une spécialité agadézienne

Ces boîtes en peau très élégantes, moulées et décorées à Agadez (on en fabrique aussi à Tombouctou) sont appelées bata, (qui signifie " petite boîte ", en songhaï). Elles servent à mettre les encens, fards, bijoux, et résultent d'un travail mixte : les hommes s'occupent de la fabrication et les femmes de la décoration. Après avoir construit un moule en argile, on le laisse sécher plusieurs jours et on l'enduit d'huile pour faciliter le détachement de la peau de zébu ou de chameau dont on l'aura recouvert. La peau est travaillée comme un parchemin, et il faut plusieurs couches fines collées les unes sur les autres pour obtenir l'enrobage parfait du moule. Pour la décoration, la femme utilise la technique de réserve, avec des fils de cire d'abeille pressés sur la peau, sans dessin préalable. Le décor en relief est minutieux : chevrons, spirales, losanges, le tout est ensuite trempé dans une teinture végétale rouge garance. Après bain et séchage, la cire est délicatement enlevée et le moule en argile cassé avec précaution.

Terik : une performance artisanale

N'oublions pas la fameuse selle de chameau touarègue (terik), en bois recouvert de cuir rouge décoré. Les trois doigts de la croix du pommeau sont enveloppés de cuir noir encadrant un décor central en cuir vert sur la face externe et en cuir rouge sur la face interne sur laquelle est représenté " l'oeil de l'oiseau de nuit " en guise de protection pour les déplacements nocturnes. Une échoppe du marché d'Agadez en est pleine, on peut aussi voir travailler les forgerons dans la vieille ville d'Agadez lorsqu'ils ne sont pas en brousse partis quérir les matériaux de fabrication (plusieurs essences d'arbre sont nécessaires en fonction de la dureté du bois et de la partie de la selle à laquelle elles sont destinées).

Les bijoux touaregs

Ces bijoux, qui rappellent par leurs formes l'écriture touarègue tifinagh, sont, pour les Touaregs, des marqueurs d'identité, géographique notamment, mais peuvent être aussi dotés de vertus magiques. Parmi les croix touarègues en argent, dont l'origine remonterait à l'époque pharaonique, figure la fameuse croix d'Agadez. Chaque croix possède sa signification et tire son nom d'un haut lieu de la géographie touareg. Les Touaregs ne les appellent pas croix mais teneghelt, de la racine enghel qui signifie " verser ". Le terme se réfère au processus de fabrication de la croix : elle est modelée dans de la cire qui est recouverte d'argile puis chauffée. La cire fondue sort ensuite du moule d'argile dans lequel on verse alors l'argent chauffé.

Une fois refroidi, le bijou d'argent est libéré de son moule d'argile et retravaillé. Traditionnellement, il existe 21 croix différentes, mais, en 1996, la liste s'est enrichie de la croix de Mano Dayak, du nom du chef de la rébellion touarègue. D'autres croix ont été créées récemment, souvent pour des raisons commerciales, comme la croix de l'Akakus proposée aux touristes dans le Sud libyen (d'ailleurs le mot " Akakus " est utilisé par les Arabes, alors qu'en tamashek, la langue des Touaregs, la région montagneuse de l'Akakus porte le nom de Tadrart). Vers Ghat, vous trouverez aussi des boucles d'oreilles qui empruntent la forme de la croix d'Ingall ornée d'agate.

CINÉMA

Jusqu'ici le cinéma saharien s'oriente plutôt sur des documentaires ou des grands films internationaux (comme Le Patient anglais), tourné dans les somptueux paysages sahariens, ou encore les studios de Ouarzazate au Maroc qui accueille aussi un grand nombre de productions internationales. Ensuite, vient le cinéma étranger qui parle du désert comme le très joli film Imuhar, et enfin les réalisateurs sahariens eux-mêmes qui sont encore très peu nombreux. Pourtant ce ne sont pas sujets qui manquent, ni les paysages somptueux mais les pays accordent très peu de subventions aux réalisateurs locaux ce qui n'aide que très timidement au développement du 7e art.

Fort Saganne, Alain Corneau, 1985. Avec Gérard Depardieu, Philippe Noiret, Catherine Deneuve, Sophie Marceau. D'après le livre de Louis Gardel. Le lieutenant Charles Saganne, fils de paysans ariégeois, se couvre de gloire au Sahara en 1911. De retour à Paris, il vit une folle passion amoureuse. Déçu par la politique, il retourne dans le désert. Toute l'ambiance de la conquête du Sahara.

Un thé au Sahara, Bernardo Bertolucci. Tourné au Niger.Adapté du roman de Paul Bowles, ce film utilise la traversée du Sahara comme toile de fond aux amours tourmentés d'une femme. Il fut tourné au Maroc, en Algérie (Beni Abes) et au Niger (Agadez).

La Captive du désert, Raymond Depardon, tourné au Djado début 1989 et traitant de " l'affaire Françoise Claustre " au Tchad. Dans le désert africain, une jeune Française (on fera le lien avec François Claustre, retenue presque trois ans au Tibesti) est tenue en otage par des nomades. De splendides images du désert et presque aucun dialogue dans ce film sur le silence et le vide des étendues désertiques.

Life without Death, Frank Cole, 2000, Canada. Avec Frank Cole. Life without death est le récit personnel et intense de la traversée du Sahara entreprise à dos de chameau par le cinéaste Frank Cole, de l'océan Atlantique à la mer Rouge. Pendant son périple, il doit surmonter la soif, la solitude et le risque de se perdre.

Imuhar, une légende. Jacques Dubuisson en 1996, la société touarègue plutôt romancée, avec de beaux paysages.

Agadez Nomade FM de Christian Lelong et Pierre Mortimore, 2004. Une immersion en plein coeur des ruelles et des cours de cette cité du désert, doublée d'une réflexion sur la vie quotidienne ou les traditions, religieuses notamment, dans une société touchée par la modernité. Le tout vu à travers l'oeil de deux reporters de la radio locale.

Sarraounia, 1986, France. Burkina Faso-France. Avec Aï Keïta, Jean-Roger Milo, Féodor Atkine, Didier Sauvegrain. D'après Sarraounia, d'Abdoulaye Mamani. En Afrique en 1898, Sarraounia, reine des Aznas, s'oppose afin de préserver son indépendance à l'avancée d'une colonne de militaires français, chargée de repousser l'avancée de Rabah, le sultan noir.

Un homme sans l'occident, Raymond Depardon, 2002, France. Avec Ali Hamit. La vie de l'un des derniers hommes libres du Sahara au début du XXe siècle. Adopté par des chasseurs, cet homme du désert devient un guide réputé et tente d'échapper à la colonisation.

En attendant le bonheur. Fait assez rare pour être souligné, un film mauritanien, réalisé par Abderrahmane Sissako a quitté son pays d'origine pour venir toucher le public français dans les salles obscures en janvier 2003. En attendant le bonheur, narre l'histoire de destins croisés qui se noient dans une quête individuelle du plaisir et qui forment un tableau où se mêlent la sensibilité et l'humour. Tout est dans la force de l'image : à travers des regards profonds et perdus à la fois, mais aussi de magnifiques couleurs, les scènes s'enchaînent et captent l'attention du spectateur.

Sahara. Breck Eisner, 2003, avec Matthew McConaughey, Penélope Cruz, Steve Zahn, Lambert Wilson. Une épidémie humaine et une épidémie maritime viennent de se déclarer au Mali : les villages sont décimés par la maladie et l'océan s'asphyxie. C'est une course contre la montre que mènent Dirk Pitt (Matthew McConaughey), océanographe, et Eva Rojas (Penelope Cruz), médecin pour une ONG, pour éviter que la menace ne s'étende. Leurs recherches vont les mener au coeur du Sahara, où ils vont subir les représailles des militaires maliens dirigés par un infâme dictateur. Combat naval, fuite, explosions, assaut d'un fort, traversée du désert, sauvetage des héros au dernier moment par la cavalerie... touarègue !

Sahara, le pays des djinns, Barry Clark. Des très belles images sur le Sahara et un voyage au coeur des tribus touarègues. Une étude sur les animaux et la préhistoire au Sahara.

Tassili n'Ajjer, de Jean-Dominique Lajoux, VF.

Azalaï, la caravane de l'or blanc, de Joël Calmettes, VF.


FESTIVALS

Les festivals connaissent de plus en plus de succès auprès des Sahariens, permettant de découvrir la vie culturelle du Sahara, en allant au-devant de fêtes traditionnelles et en découvrant leur culture. Il vaut mieux réserver à l'avance, car les avions comme les hébergements sont complets assez tôt.

Le S'bou de Timimoun (Algérie). Le S'bou, dont le nom vient de sebha qui signifie " sept ", célèbre par une fête qui dure sept jours et sept nuits le septième jour après l'anniversaire du Prophète (12e jour du mois de rabia, premier du calendrier arabe lunaire). A l'origine de cette fête, un songe attribué à Sidi El-Hadj Belkacem, il y a cinq siècles, lui enjoignant de fêter ainsi le Mouloud. Depuis, les Gourari des ksours du Gourara (Timimoun, Tabelkoza, Zaouiet Debbagh, Ouled Saïd, Ighzer, Massine) s'emploient à respecter la recommandation et ont réussi à faire de cet événement une fête très populaire sur le calendrier des célébrations du Grand Sud. A la fin des sept jours, les différentes zaouiates (confréries) se réunissent précédées de leur drapeau à El-Hafra près du mausolée de Sidi El-hadj Belkacem. Le spectacle des grandes assemblées, scandant avec ferveur des chants traditionnels et dansant au son des tam-tams, est très impressionnant, surtout la nuit. Au printemps, on célèbre la fête du Gourara.

Le festival de Tazrouk, Tamanrasset (Algérie). Chaque année, le premier week-end du mois d'août à Tazrouk, le plus haut village d'Algérie, se déroule une grande fête touarègue : la Ziara de Moulay Abdellah. C'est un festival de chants et de danse, de prières et de rencontres. On peut admirer les courses de chameaux, les défilés permanents des Touaregs dans leurs plus beaux costumes, instants magiques où le temps s'arrête. C'est aussi une semaine pendant laquelle de nombreuses fiançailles et mariages ont lieu.

Le festival international des oasis (Tunisie). Le festival international des oasis (à Tozeur et à Douz) a lieu en décembre. Le festival international des oasis de Tozeur est considéré comme la plus grande manifestation culturelle et touristique du Sud. Sa naissance remonte à 1938 sous l'appellation fête du palmier dattier. Interrompu pendant la Seconde Guerre mondiale, il ressuscite à l'aube de l'indépendance tunisienne. C'est en 1991 qu'il deviendra un festival international. Au programme, représentations théâtrales, ateliers de peintures, parades de troupes folkloriques et liturgiques, projections de films et de diapositives, fantasias, équitations, course de chevaux et démonstrations de la récolte des dattes dans la palmeraie.

Festival des ksours ou châteaux du désert (fin mars ou début avril). Il a lieu, bien sûr, dans les ksours sahariens, hauts lieux de la civilisation du Sud tunisien. Il invite chacun à découvrir, dans le cadre de ses citadelles impressionnantes et ses villages fortifiés, l'histoire tumultueuse de cette civilisation qui a su conserver, au cours des siècles, ses traditions et ses chants berbères.

Le festival de Ghadamès (Libye). Le festival de Ghadamès entre dans sa douzième année. Il a toujours lieu en octobre, selon une date mobile. Durant les trois jours du festival, la vieille ville renaît, envahie par la joie de ses anciens habitants qui rouvrent les maisons familiales, parés de leurs plus beaux habits traditionnels, au rythme des derbouka. Dans les dunes, les Touaregs charment le désert de leurs danses. Lors de ce festival très prisé par les touristes, les hôtels affichent vite complet.

Le festival de Ghat (Libye). Depuis 1994, chaque année à la toute fin du mois de décembre, la ville de Ghat vibre pendant trois jours au rythme de son festival traditionnel. Certains voyagistes organisent des séjours de fin d'année axés sur cet événement qui demeure cependant encore préservé des flots de touristes, ces derniers n'en sont que mieux accueillis et choyés. Le festival commence par une superbe cérémonie d'ouverture où se présentent les différents groupes touaregs participants. Ce festival est en effet consacré aux arts et à la culture touaregs de la ville, avec au programme des réjouissances, courses de chameaux, les fameux méharis, danses et musiques traditionnelles touarègues et artisanat dans la vieille ville. Cette dernière revit alors comme jamais, ses maisons ouvrent sur de beaux stands artisanaux, ses places s'animent au rythme des chants traditionnels et les robes colorées des femmes la parent de couleurs. Attention, pendant le festival, les possibilités d'hébergement limitées de la ville peuvent s'avérer insuffisantes. Dans ce cas-là, on peut aussi bien prévoir de camper dans les environs.

La Cure Salée (Niger). C'est la fête des pasteurs nomades, interrompue en 2007, pour des raisons de sécurité. Cette superbe manifestation traditionnelle des éleveurs est célébrée depuis plusieurs décennies dans la bourgade d'Ingall, à 190 km au sud-ouest d'Agadez. Elle réunit les pasteurs touaregs, arabes et peuls. La cessation de la rébellion dans le nord du Niger, intervenu depuis 2009, a permis de relancer cette fête. Au programme, des danses, des chants ainsi que d'incroyables tenues vestimentaires et capillaires. On peut y voir des courses de dromadaires, écouter le tendé, la musique touarègue. Les vols charters étant relancés sur Agadez, le tourisme peut reprendre dans la région.

Festival au désert à Essakane (Mali). Le 6-7-8 janvier 2011, le désert est en fête au Mali. A deux heures de piste de Tombouctou, les Touaregs accueillent d'autres communautés pour un ou deux jours d'échanges et de fêtes. La musique blues du désert résonne dans les dunes et rythme les courses de dromadaires, les danses, les contes et poésies. C'est l'un des plus prestigieux festivals du Mali. Pour plus d'informations www.festival-au-desert.org

Festival d'Essouk ou le festival des nuits sahariennes (Mali). Moins important que le précédent, on l'appelle aussi le festival de Tadamakat, du nom du site archéologique. Il a lieu à Essouk tous les ans au moins de janvier mais il peut être différé en février pour des raisons de sécurité. Le festival des nuits sahariennes est un festival des arts et culture touaregs pour un public de nomades mais aussi pour tout un chacun : il s'intéresse à toutes les disciplines. Il dure 3 jours complets.

Festival Tamadacht à Andéramboukane (Mali). Depuis des siècles à Andéramboukane, les peuples nomades du Niger, d'Algérie et du Mali se rassemblent fin janvier à 400 km à l'est de Gao. Pour résumer l'état d'esprit du festival, sachez simplement que Tamadacht signifie " échange culturel et artistique " en Tamacheq. On peut admirer les musiques touarègues, les danseurs, les lutteurs et applaudir les courses de chameaux et d'ânes.

LITTÉRATURE ET TRADITION ORALE

La tradition orale des peuples du Sahara donne lieu à de nombreuses poésies, chantées ou déclamées, à des improvisations, à du théâtre, de forme orale toujours.

Avec l'évolution des sociétés, de nouvelles formes d'expression apparaissent : la poésie s'écrit, le roman apparaît. La nouvelle et le roman, sont d'un genre contemporain. Ils expriment souvent l'expérience d'une société traditionnelle confrontée au modernisme. A l'exception des Touaregs, dans les autres pays, les auteurs sont souvent publiés dans les revues et les journaux car ils souffrent des faiblesses du secteur de l'édition. D'autres écrivains écrivent en langue arabe et ne sont pas encore traduits.

Parmi les écrivains touaregs, on peut citer : Moussa Ag Assarid pour Y a pas d'embouteillage dans le désert, Mano Dayak pour Je suis né avec du sable dans les yeux, Sidi Mohamed Iliès pour Contes du désert, Lakhdar Khellaoui et Simon pour Marche avec moi, Issouf ag Maha pour Touareg du XXIe siècle, Alhassane A. Solimane pour Bons et mauvais présages, et les poètes Rhissa Rhossey et Hawad.

En Libye, on lira Ibrahim el-Khony et en Mauritanie, Ousmane Moussa Diagana. Enfin, on ne peut pas clore cette rubrique sans dire un mot sur Naguib Mahfouz, écrivain égyptien, né au Caire, prix Nobel de littérature en 1988 et célèbre dans le monde entier.

MUSIQUE
Groupes et musiciens de renommée internationale

La musique moderne du Sahara, et particulièrement la musique touarègue composée de guitare et de chants issus de la rébellion, rencontre un réel succès. Plusieurs groupes connaissent un succès mondial.

Tinariwen

Tinariwen est un groupe de musiciens touaregs maliens. Ce sont des Ishumars, c'est-à-dire d'anciens rebelles touaregs et leur musique est empreinte de ce blues spécifique. Les Tinariwen sont originaires de l'Adrar des Ifoghas et plus particulièrement du village de Tessalit. Leur musique est un mélange de rock, de bleus et de musique traditionnelle et les chansons parlent de leur peuple, de leur exil, de leurs difficultés. Les musiciens arrivent entièrement voilés sur scène. Au moment où ils commencent à jouer, le blues saharien nous transporte dans le désert avec une force insoupçonnée. Un concert des Tinariwen est un voyage au coeur de la culture touarègue. Petit à petit, le spectacle se débride pour terminer en apothéose rock.

Desert Rebel

Desert Rebel, c'est d'abord la rencontre entre Farid Merabet (impresario de Bérurier Noir) et d'Abdallah Oumbadougou.

De cette rencontre, naît l'idée d'un film : une rencontre artistique entre Abdallah et des musiciens français. Viennent alors Daniel Jamet (ex-guitariste de Mano Negra), Amazigh Kateb de Gwana Diffusion, Guizmo, chanteur du groupe Tryo. Par la suite, ce collectif veut amorcer une réflexion sur la culture équitable, en initiant des rencontres culturelles. Les recettes des projets artistiques servent en partie sur le terrain à développer l'accès à la culture. Parmi les Touaregs faisant partie de ce collectif et musiciens également : Moussa Bilalan Ag Ganta (chant, basse, auteur, compositeur) et Mohamed Bilalan (guitare, chant, choeurs), le plus jeune du collectif.

Omar Moctar Aka Bambino

Omar Moctar, qu'on appelle aussi "Bambino" est le musicien en vogue au Niger. Il est né à Agadez et a une trentaine d'années. Il s'intéresse à la musique lorsqu'il a 12 ans et commence à jouer de la guitare. Il a voyage à partir de 14 ans à Tamanrasset, à Djanet et jusqu'en Libye où il découvre la musique de Jimi Hendricks ou Dire Straits qui vont l'inspirer. De retour à Agadez, il continue à jouer de la guitare. Il travaille aussi dans le tourisme jusqu'à ce que, par hasard, il fasse partie d'une équipe qui assiste des journalistes espagnols venus faire un documentaire. Sa musique est alors enregistrée en deux jours à Agamgam, qui restera le nom de son premier album. Il a enregistré son deuxième album "Agadez" à Boston avec Ron Wyman. C'est un musicien qui plaît beaucoup aux jeunes nigériens avec son rock psychédélique ou ses mélodies plus traditionnelles mais toujours originales.

Tamikrest

Tamikrest (qui signifie " coalition ") est un groupe originaire du Mali, mais qui ne prend pas son inspiration dans le blues des Imushars, même si leurs textes évoquent les difficultés du peuple touareg. Son leader est Ousmane Ag Mossa. Son premier album Adagh, ainsi que la chanson qui porte le même nom, est une vraie révélation. Son avec de multiples influences et planant... une autre réalité de la musique touarègue à découvrir d'urgence.

Nabil Othmani

Nabil Othmani est le fils d'un célèbre musicien de Djanet, Baly Othmani, disparu par accident dans un oued en crue en 2006. Nabil décide alors de reprendre le flambeau car il est lui-même musicien. Il reprend l'oud de son père, un instrument arabe traditionnel mais il joue aussi de la guitare, son instrument préféré. Son blues saharien est riche en émotions. S'il reprend le répertoire de son père, il crée aussi ses propres musiques dont notamment la superbe chanson Djanet dont la mélodie est magnifique. Il chante en tamasheq et ses chansons reflètent la culture touarègue. Il se produit sur scène à l'étranger. Il a sorti deux albums Awalin avec Steve Shehan chez Safar et Tamghart In, en solo, chez Reaktion.

Tartit

Tartit est un groupe de musiques traditionnelles de femmes touarègues du Mali. Ces femmes étaient réfugiées pendant la rébellion touarègue à Bassikounou en Mauritanie. C'est à un véritable spectacle traditionnel que vous assisterez si vous avez la chance de les voir en concert. Revêtues de leur tunique indigo, coiffées de perles blanches, elles dansent et marquent le rythme en frappant dans les mains, en chantant les longues mélopées berbères hypnotiques. Certains musiciens sont des hommes et ils sont vêtus du costume traditionnel et le visage caché. Les thèmes sont l'amour, l'exil ou les récits épiques, la vie quotidienne et ils laissent une part importante à l'improvisation, les chanteuses s'interpellant les unes les autres. Les instruments sont l'imzad et le tindé, deux instruments traditionnels. Le seul instrument joué par les hommes est le tehardant, qui est un luth à trois cordes. Les musiques, les instruments, les vêtements, les danses sont absolument traditionnels, et c'est une véritable immersion chez les nomades touaregs et pour une fois, les femmes.

Musiques, instruments et danses traditionnelles

La musique berbère est constituée de chants fortement répétitifs à caractère partiellement improvisé. Elle est indissociable de la danse et est conçue comme un véritable spectrale ; Chaque tribu possède ses coutumes et son propre style, qui s'expriment principalement lors de grandes fêtes collectives. les danseurs, s'accompagnant au son du bendir au Maroc, sont également les chanteurs et les musiciens.

La musique sahraouie, bédouine à l'origine, bénéficie d'influences africaines et arabes. les textes d'une grande poésie, accompagnés de flûtes et de bendir, célèbrent le désert. Khelifi Ahmed, Bar Amar, Rah Tahar, ou Bachir Sahraoui, figurent parmi les représentants les plus connus de la musique sahraouie.

L'ahallil de Timimoun (Gourara) est beaucoup mieux diffusé. Il s'agit d'une musique, religieuse et hypnotique, jouée et chantée par des groupes lors de soirées musicales. Enfin, du côté de Béhcar, on écoute en boucle l'enfant du pays, Alla, dont la musique envoûtante et sortie de nulle part puisqu'elle ne renvoie pas à une tradition est très apaisante.

La musique touarègue, indissociable de la poésie, du Sahara central et jouée en Algérie dans les régions de Tamanrasset et de Djanet. les deux instruments de base sont l'imzad, un violon à une corde joué par les femmes, et le tobol (t'bel) ou tindé (tendé), un tambour en forme de mortier. Parmi les thèmes les plus développés, de façon toujours poétique, on retrouve souvent la guerre et ses héros mythiques, les femmes, la beauté des montagnes et des rochers qui ont tous une personnalité propre, les animaux qui expriment chacun un trait de caractère tout à fait humain. Ne manquez pas d'écouter cette musique, souvent appelée blues du désert au cours de votre séjour dans le Sud, elle vous marquera aussi sûrement que les paysages.

Imzad et Tindé du Tassili N'Ajjer ; Tis Ras, Othman Othmani, Khadija Othmani ; Imaran, Ahmed Chakali, volumes, Al Sur/Média, coll. " Touareg, volume I, II, III et IV ", 1994.

Rythmes et mélopées du Tassili N'Ajjer, Khadija Othmani, Blue Silver, 1998.

Assouf (la nostalgie) et Assarouf (le pardon) de Bali Othmane et Steve Shehan, Triloka/Safar, Al Sur. La voix la plus connue de Djanet s'est éteinte en juin 2005 par la volonté d'un oued en crue... A écouter également Live à Caracas et Kef none live (Belda Diffusion).

Ihendja, chants et rythmes touaregs d'aujourd'hui, Ahmed Chakali et Imaran, Blue Silver, 1998.

Musique des Touaregs du Hoggar, ensemble Stella de Tamanrasset, Chants du Monde.

Le Festival au désert, Paix et musique au désert, collectif, Triban Union/Créon Music/EMI, 2003. Le disque a été enregistré à Essakane, au Mali, lors du festival touareg de janvier 2003.

Ahallil de Gourara, Barka Foulani (Institut du Monde Arabe, 2000).

Alla Foundou de Béchar, Alla, Al Sur, 1993 ; Taghit, Alla, Al Sur, 1995 ; Zahra, Alla, Night&Day, 2002.

L'Imzad

Selon la légende touarègue, ce serait Amerolqis, héros galant géant et surdoué qui aurait inventé le tifinagh pour une communication secrète et libertine avec les femmes. Il aurait aussi inventé la poésie et l'imzad, instruments essentiels de l'ahâl, la réunion galante. L'imzad, violon à une corde joué exclusivement par les femmes, est devenu le symbole de la volonté de la culture touarègue. Pour garder une trace de cette musique unique, une équipe internationale l'a enregistré avec la participation de Jean Roussel, réalisateur et compositeur de renommée internationale, de Pierre Augie, ethnomusicologue, et du studio nomade de Siddik.

En Mauritanie

La musique traditionnelle maure interprète des poèmes chantés en langue hassaniya. Les griots s'accompagnent d'instruments traditionnels, le plus utilisé étant le tidinit, sorte de luth à quatre cordes. Les percussions sont également présentes sous forme de calebasses de différentes tailles ou de tambours dont le plus connu est le t'bol. L'ardine complète cet éventail non exhaustif, cette harpe jouée par les femmes comporte de huit à douze cordes. S'éloignant petit à petit du rôle social qu'elle avait auparavant, la musique maure s'oriente de nos jours, avec l'apparition d'instruments modernes comme la guitare, vers une clientèle plus citadine ouverte sur l'Occident.

Les Maures Harratines pratiquent une forme de danse assez spectaculaire, mélange de traditions et de modernisme. Ils sont accompagnés dans leurs évolutions par plusieurs instruments de musique, comme des guitares, des tam-tams ou des petites percussions. Ces danses, dont les plus connues sont la bleïda et la kashra, mettent en scène des représentations d'actes de la vie quotidienne.

De nombreuses parties de chasse y trouvent leur place : certains danseurs grimés campent avec un réel mimétisme le gibier convoité, souvent des hyènes, d'autres armés de fusils en bois incarnent les chasseurs. D'autres tableaux mettent en relief l'aspect immortel d'un chef, la puissance et le respect qu'il dégage lui valant, non sans malice, un certain intérêt de la gent féminine. Dans tous les cas de figure, ces danses réclament de leurs exécutants une condition physique et une souplesse irréprochables, car les danseurs effectuent à un rythme effréné des sauts et des cabrioles difficilement compatibles avec une surcharge pondérale, même légère.

Le groupe Lansar, originaire de la région du Trarza, est l'un des plus réputés, non seulement en Mauritanie, mais aussi au-delà des frontières, et se produit dans toute l'Afrique de l'Ouest.

Bakhân. Cheikh Abdoulaye N'Diaye, dit Bakhân est né à Rosso en 1981. Il est issu de 4 Ethnies différentes du pays dont les Maures. Il chante dans plusieurs langues et veut créer une musique qui transcende les cloisonnements. En Mauritanie, les musiciens qui osent le mélange entre traditionnel et moderne se comptent sur les doigts d'une main et ont tous le même objectif : faire connaître la culture mauritanienne et en particulier sa musique.

Au Tchad

La musique traditionnelle est encore bien vivante au Tchad. Les instruments les plus utilisés sont au Kanem, on trouve des sortes de longues trompettes au son grave, évoquant irrésistiblement les instruments des Suisses utilisés dans les alpages.

En 1994, le groupe Tibesti est formé par trois musiciens : Ali Adoum, Aimé Palyo, et Thierry Martial Tsoungui. La musique de ce groupe est un mélange de funk, de rock, de blues et de Saï. Ils mettent ainsi en osmose la musique traditionnelle et la musique moderne. Avec des instruments modernes, ils tentent de reproduire les sons traditionnels comme les balafons, le tam-tam, ou les flûtes. Habillés sur scène en costumes traditionnels, ils font preuve d'une énergie vraiment incroyable et leur musique est avant tout festive.

En Égypte

Ali Hassan Kuban est né à Gotha dans un village de Nubie près d'Assouan en 1933. Tout jeune, il part avec ses parents au Caire et apprend à jouer de la clarinette. Il joue aussi des percussions pendant les mariages. Il découvre ensuite le saxophone, la guitare électrique, la basse, la trompette et créé son propre groupe. Il conserve les sons traditionnels nubiens, tout en y ajoutant des influences et des instruments venus d'ailleurs. Il est décédé au Caire en juin 2001.

Hossam Ramzy. Hossam Ramzy est né au Caire d'une riche famille égyptienne qui lui enseigne la musique, ainsi selon la tradition égyptienne, il va recevoir sa première darkouba très jeune. Il vivra un temps en Arabie saoudite avec les Bédouins qui l'influenceront beaucoup. Dans les années 1970, il part pour Londres et il travaille comme batteur avec des musiciens de jazz reconnus comme Andy Sheppard. Cette connaissance des musiques occidentales et moyen-orientales va le rendre incontournable et il collaborera avec les plus grands : Peter Gabriel, les Rolling Stones, Cheb Khaled, Rachid Taha. Sa discographie est impressionnante et il a sorti beaucoup d'albums personnels également.

Au Soudan

Hamza El Dine. Chanteur et musicien américain, d'origine soudanaise, Hamza el Dine est surnommé " le bluesman de la Nubie ". Il transmet une musique traditionnelle, oudiste virtuose, il se fait le chantre d'un pays disparu entre l'Egypte t le Soudan, la Nubie. Albums : A Wish, Lily of the Nile, Al Oud-Instrumental et vocal, Eclipse, Le Moulin à eau, Music of Nubia.

Abdel Gadir Salim All-Stars. Album, Le Blues de Khartoum, Merdoum Kings Play Songs of Love, Nujum Al-Lail.

PEINTURE

Les arts plastiques ne sont pas encore très développés dans la région saharienne. D'abord parce qu'ils demandent beaucoup de matériel et sont souvent chers. Par contre, des associations d'artistes voient le jour, permettant de croire de plus en plus à l'expression artistique picturale.

www.compagniedesdeserts.com

Ahmed Abdoulaye Boudane

" Je m'appelle Ahmed Abdoulaye Boudane. Je suis né vers 1976 ou 78, je ne l'ai jamais su... J'ai passé mon enfance avec ma famille maternelle, qui vivait dans des tentes et était nomade... Je me rappelle quelques noms de dunes où on campait... Ikinzigui Tigart et Damboutan qui était le petit village où on venait acheter nos provisions. J'habitais là comme un vrai nomade. Mon père avait déjà essayé de m'amener à l'école, mais mon arrière-grand-mère était encore en vie, et elle ne voulait pas que je la quitte pour l'école. Surtout pas, parce que pour elle, l'école était synonyme de perte de la culture. Mais la vie n'est pas éternelle. Un jour, mon père est arrivé à me scolariser. Mon premier contact avec l'école n'était pas gai, parce comme le voulait la tradition touarègue, les garçons portent des tresses. Et ce jour-là, j'avais des enfants derrière moi qui criaient : "On va te couper les cheveux... broussard. Tu vas devenir propre ! ". Ma maîtresse, Mme Lélé, m'a coupé mes belles tresses de broussard : "Maintenant tu oublies la brousse, les chameaux, la transhumance ! Bienvenu dans le monde moderne." J'ai été un bon élève durant mes années d'étude. En 1995, je quitte l'école pour rejoindre le FFL, le Front de Force de Libération qui combattait pour une meilleure représentation du peuple touareg dans son pays. Après les accords de paix entre nous, les rebelles, et le gouvernement du Niger, j'ai échangé ma "kalash" contre un pinceau...

Voilà, et depuis, quand une révolte se termine, une autre commence. Je me suis dit qu'il y a d'autres armes plus redoutables que les fusils, ce sont les armes de la culture, de l'art et je les utilise. C'est ainsi que je suis devenu victime de ma passion : la sauvegarde de l'alphabet tifinagh est pour moi un devoir, car on doit redresser les piliers tombés. "

Propos recueillis par Marie Liquard.

Abdelfetah Kacemi

Abdelfetah Kacemi a une histoire particulière. Son père est un français marié en pays touareg et qui vécu toute sa vie dans le Sahara en ne parlant que le tamacheq avec ses enfants. Pourtant la double culture imprègne cet artiste qui est fasciné par la lettre et qui travaille sur la calligraphie. Il habite à Tamanrasset où il est guide saharien mais il est avant tout un artiste déjà reconnu. Il a reçu le prix de la calligraphie en 2006 pendant les rencontres des artistes plasticiens. Il fait régulièrement des expositions. La beauté et la précision des formes et des couleurs, la poésie qui se dégage de ses calligraphies est typique de son talent.

Almoustapha Tambo

" Mon nom est Almoustapha Tambo, je suis artiste peintre et éducateur. Je suis né vers 1968 dans une famille de nomades touaregs. Mes parents viennent tous les deux de l'Aïr, région montagneuse au nord du Niger. Mon père fut intégré dans le goum (armée française) et passa sa vie à sillonner le grand désert entre l'Algérie, le Niger, le Mali en vue de sécuriser la caravane et les hommes, car il y avait beaucoup de pillards et de rezzou à cette époque dans le Sahara.
Cela a permis à mon père d'approcher et connaître les Blancs et à la retraite, il s'investit dans la scolarisation en s'occupant de l'école de la mission de Tchirozerine, mon village natal. Je fréquentais cette école au même titre que la plupart des cadres touaregs du Niger d'aujourd'hui. Et il y en a qui sont actuellement ministres ! J'ai aimé dessiner depuis toujours et à 6 ans, je caricaturais déjà mes belles-soeurs et dessinais au charbon de bois sur tous les supports possibles.

Plus tard, quand j'étais adolescent, je fuguais de l'école et je partais me cacher tout seul dans la brousse, on disait que j'étais devenu fou... Mon frère aîné m'a donc récupéré et m'a forcé à rester à l'école. J'ai poursuivi mes études et j'ai ensuite été admis à l'école des instituteurs. Pour la première fois, je partais loin de ma famille en milieu inconnu.

A mon retour à la fin de la première année, je trouvais une insécurité jamais vue chez nous à cause de la rébellion touarègue. Dans ma famille plusieurs personnes sont arrêtées et jetées en prison à Agadez. Tous les soirs, les militaires tiraient des rafales de gros engins mortels juste à côté des maisons et des cases. Ma mère est décédée cette année-là... Ce fut un terrible choc pour moi.
Je trouvais une guitare et passer mon année à chanter ma mélancolie. Je chantais les poèmes que j'écrivais... En même temps, je dessinais et inventais des bandes dessinées mais cela ne me satisfaisait pas. Les autres voyaient mon talent mieux que moi-même. Je passais mes 20 ans en jeune homme instable et mes aînés me réprimandaient car je ne suivais pas le modèle familial.

En 2004, est enfin arrivée la Providence ! Je fus admis dans un groupe de Nigériens qui allait exposer au Mans pendant un mois à l'occasion d'une foire. Je venais en France pour la première fois et je vendais mes peintures pour la première fois. C'est là que j'ai réalisé que ma voie était tracée et que j'étais et serais peintre. Je peins à l'acrylique et à l'aquarelle. L'aquarelle est la technique qui me convient parfaitement car je peux représenter le désert comme je le sens... un monde sans horizon, grâce à la feuille blanche et aux ocres ! Les hommes et les scènes que je peins ne sont que l'hymne de ce grand passage qui m'a connu. Car déjà nous sommes " ceux d'avant " !

Aujourd'hui.... notre mode d'existence s'écroule inexorablement. Nous sommes les aveugles de notre futur. Notre destin est véritablement confisqué. Sommes-nous inconscients ou impuissants ? Où trouverais-je mon inspiration sans l'existence des nomades de mon enfance ? Le pinceau décidera... "

Propos recueillis par Marie Liquard.

A exposé en 2010 à Afrikabidon - Ardèche France.

Rissa Ixa

Rissa Ixa est né en 1946 au Niger, près de la frontière du Mali et près de Tillabery. Il grandit dans le Sahara, apprend le tifinagh avec les femmes en dessinant sur le sable. Il part en 1959 à Niamey et continue à dessiner. Il rencontre d'autres artistes, apprend différentes techniques en autodidacte. Il veut conserver dans ses peintures la mémoire de la culture touarègue pour qu'elle ne disparaisse pas et son oeuvre est engagée dans ce travail de sauvegarde. Il peint ainsi les scènes de la vie traditionnelle dans un registre figuratif, il reprend aussi les motifs géométriques traditionnels et les couleurs. Il s'intéresse également à peinture sous-verre et a réalisé plusieurs belles oeuvres de style naïf.

PHOTOGRAPHIE

Deux grands photographes sahariens sont particulièrement connus en France.

Alain Sèbe

La vision d'Alain Sèbe est avant tout celle de l'espace qu'il restitue de manière admirable. Ces beaux livres sur le Sahara transportent le voyageur dans les immensités sahariennes. Outre les paysages, il a vécu aussi avec les Touaregs du Hoggar, avant la grande sécheresse de 1974 et ses photographies sont un témoignage de ce qu'était leur vie à cette époque. L'espace, la lumière, le dessin des dunes, les nomades sont les principales sources d'inspiration de ce grand photographe. La maison d'édition Alain Sèbe Images publie des livres, cartes postales et cartes de correspondance, calendriers, posters : www.alainsebeimages.com

Jean-Marc Durou

A l'inverse d'Alain Sèbe, Jean-Marc Durou est le photographe des populations du désert. Il veut ainsi faire en sorte qu'on ne les oublie pas. Il photographie leur quotidien, l'intimité des campements, l'aventure des grandes caravanes de sel. Jean-Marc Durou est né en 1951 en Algérie. Il découvre le Sahara en 1967 à Toga au Ziban (au sud de Biskra). Peu de temps après, en 1967, il rencontre Théodore Monod avec lequel il se lie d'amitié et avec lequel il cosignera plusieurs livres. Il fait ensuite des études de tourisme avant d'être muté à Djanet où il restera plusieurs années. Il rencontre alors Mano Dayak, qui devient l'un de ses grands amis. En 1973, il rentre du Niger, bouleversé par la famine qui y sévit. Et en 1991, alors que les premières rébellions des nomades éclatent, il appuiera Mano Dayak pour médiatiser et sensibiliser l'opinion occidentale au sort des populations touarègues. Il abandonne petit à petit le tourisme pour se lancer dans la photographie, ce qui lui permet de faire partager sa passion. Il réalise des reportages pour des magazines "Grands Reportages" et "Partir". Il a publié une quarantaine d'ouvrages. Il a fondé une maison d'éditions Vent de Sable avec Hervé Derain.

Principaux ouvrages :

1977 : La Caravane du Sel, écrit en collaboration avec Théodore Monod.

1985 : Sahara Désert magique, écrit avec Théodore Monod.

1989 : Désert, avec Théodore Monod.

1993 : L'exploration du Sahara (ouvrage d'histoire)

1996 : Touaregs, écrit en collaboration avec Edmond Bernus.

2006 : En hommage à ce dernier, Jean-Marc publie Territoires Nomade.

2009 : Les Touaregs racontés aux enfants

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