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Art rupestre et antique

L’une des plus belles vallées de la Lombardie, Val Camonica, abrite le premier site italien classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le Parco Nazionale delle Incisioni Rupestri. Plus de 12 000 ans d’histoire se déroulent sur des milliers d’œuvres rupestres. Signes et figures gravés dans la roche ont pour thème l’agriculture, la chasse, la navigation, la danse et les combats parmi des compositions géométriques. Le quotidien et les croyances de nos ancêtres ont continué d’orner les deux flancs de cette vallée proche de Brescia, durant les époques romaine et médiévale. L’excursion se complète au musée national du Val Camonica, dont les collections archéologiques soulignent la continuité picturale des pétroglyphes. Les musées dédiés sont nombreux autour du lac de Garde. Au musée archéologique de Sirmione, associé à la Grotte du poète Catulle (Grotte di Cattullo), la période romaine est magnifiquement représentée par les mosaïques polychromes et les fresques qui ornaient la villa bâtie sur le site.

Sculpture médiévale

Après une domination étrusque, les Lombards s’installent en territoire romain dès 568. Dans le nord-ouest de l’Italie, l’art roman se développe à la fin du XIe siècle et rayonne jusqu’en Sardaigne et en Angleterre. Les innovations esthétiques arrivent par les Alpes par l’intermédiaire d’artistes venus travailler des pays frontaliers. Ainsi, les modèles nés en Europe du Nord sont diffusés dans la région de Côme. Ils modifient l’architecture mais aussi le travail de la pierre et l’art religieux en général.

Les premiers maîtres de l’art roman lombard sont des sculpteurs anonymes itinérants. Nombre d’entre eux convergent dans la région de Côme. Nommés les Maîtres de Côme, ils contribuent à l’émergence du style lombard. A Côme, ils taillent des figures zoomorphes, griffons et autres monstres à l’extérieur de la Basilica di Sant’Abbondio ainsi que dans le chœur de la Basilica di San Fedele. Plus rares à cette époque, les représentations humaines, trapues et peu réalistes, contrastent avec les ornements animaliers et végétaux, plus élaborés. A leur suite, d’autres maîtres s’illustrent dans le nord de l’Italie : Wiligelmo à Modène, Nicolaus à la cathédrale de Piacenza et à Ferrare ; en 1138, il participe au tympan polychrome de la basilique de San Zeno à Vérone. En 1139, il sculpte pour le portail de la cathédrale de Vérone une Madone, une scène d’Annonciation et une Adoration des Mages qui révèlent des éléments empruntés au nord de l’Espagne.

Renaissance lombarde

Le XIe siècle se caractérise par de larges peintures murales destinées aux églises. La Lombardie conserve de magnifiques fresques romanes comme à Civate (Lecco), à San Pietro Al Monte, ou encore la chapelle San Martino à Carugo (Côme). Dans cette dernière, les artistes s’affranchissent du modèle byzantin. Peu à peu, les figures s’allongent et un courant plus naturaliste émerge au début du XIIIe siècle ainsi qu’on peut le noter dans la fresque du Sacrifice d’Isaac de l’église San Jacopo do Grissiano qui a pour fond les pics enneigés des Dolomites.

La Renaissance lombarde est marquée par la transition au pouvoir des Visconti aux Sforza au milieu du XVe siècle. Les caractéristiques des différents territoires italiens, principalement Florence, Ferrare et Padoue, fusionnent avec l’héritage antique pour engendrer des talents novateurs.

La scène artistique milanaise atteint son apogée avec l’arrivée de deux maîtres : Bramante, en 1479, rapidement suivi de Léonard de Vinci en 1482. Dans les bouleversements picturaux qui se jouent, tradition et avant-gardes cohabitent avec bonheur. Cette explosion artistique est rendue possible par les mécènes.

Francesco Sforza et ses descendants sont à l’origine des commandes les plus exceptionnelles. Vincenzo Foppa exécute pour lui des fresques dans la chapelle Portinari. Là, il applique magnifiquement les leçons de l’architecture à la peinture : créer l’illusion de l’espace par l’entremise d’un point de fuite unique.

Léonard

Ludovico il Moro confie à Leonardo la décoration d’un petit mur du réfectoire de la Basilica di Santa Maria delle Grazie. C’est là que le génie réalise la célébrissime Cène, en 1498. Les vives émotions des apôtres dominent la composition des figures groupées par trois, de façon à isoler le Christ au centre de la fresque. La lumière reprend l’éclairage naturel de la pièce, afin que le spectateur ait l’impression d’entrer dans la scène.

De Vinci frappe les esprits de ses élèves directs et indirects durant plusieurs décennies. La composition étudiée, la mélancolie des visages, le sfumato (contours atténués par une sorte de brume), les visages androgynes, l’éclairage diffus comptent parmi ses apports majeurs, perpétués par les « leonardeschi ». Actifs au XVIe siècle, Boltraffio, Andrea Solario, Cesare da Sesto Bernardino Luini et Agostino da Lodi participent à l’harmonisation du goût en diffusant ses enseignements dans le Duché et même bien au-delà de Milan.

Parmi les chefs-d’œuvre de l’incontournable Pinacoteca Ambrosiana de Milan, on retrouve Leonardo, Raphaël, Botticelli ainsi qu’une Nature morte du grand peintre lombard Caravage qui marque le début de la peinture baroque.

Bergame et écoles locales

Dans les villes frontalières, comme Bergame et Brescia, l’effervescence artistique est nourrie au XVIe siècle par le passage de peintres étrangers, en particulier vénitiens. A Bergame, la quête d’un style local est soutenue par l’installation de trois peintres. Originaire de Brescia, Vincenzo Foppa (1429-1519) réalise à la demande des Sforza des fresques de la chapelle Portinari, de l'église de Sant'Eustorgio à Milan, entre 1464 et 1468. Après cela, c’est à Bergame qu’il se démarque résolument du léonardisme qui domine à Milan. A sa suite, Gaudenzio Ferrari et surtout Lorenzo Lotto, à partir de 1513, laissent de remarquables retables ainsi que des tableaux exposés à l'Accademia Carrara.

Les explorations formelles, orientées vers une expressivité exacerbée, donnent lieu à une éclosion d’écoles picturales : celle des frères Piazza à Lodi, des Campi à Crémone. A Brescia, une génération de peintres (Moretto, Savoldo et Romanino) ouvre la voie au courant baroque.

Le Caravage

L’artiste lombard Michelangelo Merisi dit Le Caravage (né à Milan en 1571, mort à Porto Ercole en 1610) est considéré comme le grand maître du baroque. Dans ses œuvres d’un réalisme saisissant, sa maîtrise du clair-obscur fait de lui un artiste inégalé. Son tempérament tumultueux le conduit à voyager très jeune, souvent pour fuir les ennuis. Il est ainsi actif à Rome dès l’âge de 18 ans, où des mécènes le prennent rapidement sous leurs ailes. Cependant, son goût pour la fête et les rixes lui attirent des ennuis. Condamné à mort par le pape, il s’enfuit à Naples, puis à Malte. Là aussi, il finit emprisonné... avant de s’évader pour revenir en Sicile. Une vie rocambolesque qui a probablement nourri ses scènes sanguinaires les plus poignantes. La Pinacoteca Ambrosiana de Milan conserve une Nature morte tandis que le Repas à Emmaüs est visible à la Pinacoteca di Brera. Bien que mort relativement jeune, son influence est immense. Rembrandt ou Rubens ont puisé dans son répertoire pictural pour déployer leur génie.

Les commandes privées continuent d’entretenir le dynamisme de la Lombardie au XVIIIe siècle. Actif à Brescia, Giacomo Ceruti dit le Pitocchetto représente la pauvreté d’une société paysanne et ouvrière. Au siècle suivant, la peinture romantique atteint son apogée avec Francesco Hayez qui peint en 1859 son célèbre Baiser (Pinacoteca di Brera).

Futurisme

A l’époque moderne, Milan est de nouveau au cœur d’une révolution artistique qui rayonnera dans toute l’Europe et touchera tous les domaines de la création avant-gardiste, aussi bien l’architecture, le théâtre que la musique et les arts plastiques. Le mouvement futuriste naît sous l’impulsion de Tommaso Marinetti qui publie le Manifeste du Futurisme en 1909.  L’année suivante, en 1910, le Manifeste des peintres futuristes est signé à Milan par les artistes Boccioni, Carrà, Severini, Balla et Russolo. Sur le plan pictural, les artistes reprennent les codes du cubisme pour exalter les caractéristiques du modernisme : la vitesse, la machine et le mouvement s’imposent comme les sujets de prédilection du courant italien. Ses représentants mettent leur manifeste en pratique lors d’événements mêlant peinture, sculpture, théâtre et une bonne dose de provocation. C’est ainsi que les futuristes sont à l'origine de l’art de la performance, crucial au XXe siècle. A Milan, le futurisme s’admire désormais au PAC (Pavillon d'art contemporain) et au Museo del Novecento qui abrite le célèbre bronze de Boccioni, Homme en mouvement. Le lieu défend par ailleurs de nombreux contemporains italiens, comme le peinture et poète milanais Emilio Tadini.

De nos jours

Premier musée public d’Italie consacré à la photographie, le MUFOCO met la photographie contemporaine à l’honneur en accordant une place de choix aux enfants du pays, comme Giovanni Gastel (1955-2021).

Parmi les hauts lieux lombards de l’art contemporain, la Villa Panza à Varèse a enrichi sa collection de plusieurs pièces de l'Américain Dan Flavin. Les installations qui peuplent le jardin font écho à l’avant-garde valorisée dans les salles. Bruce Nauman et Rauschenberg nous rappellent que le brassage culturel continue d’embellir le patrimoine italien.

Le street art s’épanouit dans la capitale du design, en particulier dans les quartiers d'Isola et de Lambrate. Le Musée d’Art Urbain Augmenté ou MAUA propose des parcours hors du centre. De fresques en graffitis, les œuvres de 200 artistes ressortent du mur sous les yeux ébahis des visiteurs conviés à les cadrer avec leur smartphone.