Histoire d'HAMBOURG

La première colonisation sédentaire dans la région de Hambourg peut être attestée au IV^e siècle av. J.-C., notamment par des tombeaux mégalithiques.

Les peuples germaniques, installés en Scandinavie et dans le nord de l'Allemagne actuelle, s’établissent ou prennent place progressivement dans l'espace de ce qui sera le territoire allemand.

À partir du IV^e siècle, le peuple germanique des Saxons s'établit dans tout le cours inférieur de l'Elbe. Leur civilisation prospère jusqu'à la fin du VIII^e siècle. En 772, Charlemagne engage une série d'invasions en Saxe qui vont conduire à son intégration à l’Empire franc. Pendant trois siècles, les Francs mettent la Saxe à feu et à sang et répriment toutes les tentatives de révoltes saxonnes menées par leur chef Widukind. En 804, le duché de Saxe est définitivement incorporé à l’empire de Charlemagne.

Pour sécuriser ce territoire nouvellement carolingien, une enceinte fortifiée est construite. On la nomme Hammaburg, de l'ancien germanique Hamm : hauteur, promontoire boisé ; et burg : château, forteresse. Cette Hammaburg, qui a donné son nom à la ville, se trouvait très probablement à proximité de la Domplatz d’aujourd’hui.

L’empereur carolingien Louis le Pieux, fils et héritier de Charlemagne, fonde l’évêché de Hambourg. Ansgar - qui s’est illustré dans ses missions de christianisation en Scandinavie païenne - devient le premier évêque de Hambourg. Ce moine bénédictin, que l’on appelle aussi Anschaire en français, est vénéré comme l’« apôtre du nord ». Dès 834, l’évêché de Hambourg est élevé au rang d’archevêché.

L’archevêché de Hambourg subit (encore...) un assaut des Vikings danois. Ils pillent et détruisent la Hammaburg. Le siège de l’archevêché de Hambourg est déplacé à Brême.

L’empereur Othon I^er (Otto) accorde le duché de Saxe à son vassal Hermann Billung. La dynastie des Billung régnera sur la Saxe et sur Hambourg pendant près de cent-cinquante ans.

Au XI^e siècle, une division politique existe à Hambourg entre deux juridictions distinctes, qui pourtant ne forment qu'une seule ville : l'Altstadt, possession de l'archevêque de Brême, et la Neustadt, qui appartient au comte du Holstein. Ainsi se juxtaposent et se concurrencent dans la même aire urbaine une cité épiscopale et une cité séculaire.

Après l’extinction de la dynastie des Billung en 1106, Adolphe de Schauenburg est désigné comme comte du Holstein. Adolphe I^er devient ainsi le nouveau maître de la région de Hambourg. Il fait assécher marécages et tourbières autour de la ville. Il fait aménager une digue sur l’Alster, créant ainsi le grand plan d’eau tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Pour récompenser Adolphe III de Schauenburg de sa participation à la croisade en Terre sainte, l'empereur Frédéric Barberousse accorde à Hambourg la liberté de commerce et de douane jusqu'à la mer du Nord. Il s’est avéré bien après que le document octroyant ce droit était en réalité un faux du XIII^e siècle. Toutefois, ce jour reste fêté chaque année comme jour anniversaire du port.

En 1190, les bourgeois de l'Altstadt et de la Neustadt décident d'élire un conseil municipal (aristocratique) commun et s'octroient des libertés de plus en plus importantes. L'absence du comte Adolphe III, parti en croisade, et le désintérêt de l'archevêque permet à ce coup de force de s'opérer en douceur.

L’Altstadt et la Neustadt sont réunies sous l’autorité du comte Adolphe IV de Schauenburg. La ville se dote d’institutions communes : un conseil, un hôtel de ville et un tribunal habilité à rendre justice.

Hambourg noue des contrats commerciaux avec Lübeck. Les deux villes adoptent une monnaie commune.

Au XIV^e siècle, Hambourg adhère à la ligue hanséatique, communauté de villes sous l'égide de Lübeck, ayant pour but d’assurer le commerce sur la mer Baltique et la mer du Nord, en luttant conjointement contre la piraterie et en négociant des privilèges dans les comptoirs à l’étranger. Idéalement placée au cœur des routes commerciales de l'Europe médiévale, Hambourg prospère, notamment en exportant la bière conçue dans les 450 brasseries que compte la ville.

La grande peste arrive à Hambourg et fait 6 000 morts, soit un tiers de la population de l’époque.

La branche-mère des comtes de Schauenburg s’éteint avec la mort d’Adolphe VIII. Son neveu, le roi du Danemark Christian I^er, est choisi comme souverain pour le duché du Schleswig et le comté du Holstein. Hambourg tombe de juro sous domination danoise. Son statut restera flou jusqu’au « Gottorper Vergleich » où le Danemark reconnaît la pleine souveraineté de la ville.

En dépit de la domination danoise, Hambourg est élevée au rang de Ville Libre d’Empire par l’empereur Maximilien I^er. Cette « immédiateté impériale » signifie qu’il n’y pas d’intermédiaire entre la ville et l’empereur et que, par conséquent, la ville n’est pas soumise à l’autorité d’un autre prince.

Luther, dans ses Quatre-vingt-quinze thèses, dénonce la vente des indulgences et déclenche la Réforme qui trouve de nombreux adeptes à Hambourg.

Le conseil municipal de Hambourg adopte la foi réformée. À la suite des guerres de religion qui déchirent l’Allemagne, de nombreux adeptes de la foi réformée (luthériens, calvinistes notamment de Hollande) s’installent à Hambourg.

Fondation de la bourse de Hambourg, la première bourse en Allemagne.

À la fin du XVI^e siècle, des juifs séfarades pour l’essentiel du Portugal s’établissent à Hambourg. Persécutées dans la péninsule Ibérique, ces familles juives appartiennent à la diaspora marrane, la communauté des juifs convertis de force au christianisme. En 1612, le conseil de Hambourg leur accorde le droit de séjourner dans la ville, la liberté de conscience et la liberté d’exercer un métier. À la même époque, des juifs ashkénazes s’installent dans la cité hanséatique et chez sa voisine Altona. Au milieu du XVII^e siècle, la communauté juive de Hambourg compte 1 200 membres.

Hambourg se dote de nouvelles fortifications pour se protéger des attaques pendant la Guerre de Trente Ans (1618-1648). Celle-ci ravage l'Allemagne dans la première moitié du XVII^e siècle. Hambourg, moins touchée par cette guerre, profite au contraire des chamboulements politico-économiques et de la ruine de nombreuses concurrentes. Sa politique de neutralité et de non-alignement pendant la guerre lui permet d’en sortir renforcée.

Les traités de Westphalie mettent fin à la Guerre de Trente Ans qui opposait la Suède, le Danemark (protestants), la France (catholique) et l’Allemagne des princes protestants et des princes catholiques.

Ouverture du premier café à Hambourg, inaugurant une passion hambourgeoise restée intacte aujourd'hui. C’est l’un des tout premiers d’Allemagne. Cette inauguration précède de huit ans le premier café de Vienne.

Avec l'accord de Gottorf, le Danemark reconnaît officiellement à Hambourg le statut de Ville Libre d’Empire et son indépendance du duché de Holstein (vassal du Danemark). La ville d’Altona, en revanche, reste danoise.

En 1806, les troupes de Napoléon occupent le nord de l’Allemagne pour contrôler les embouchures de l’Elbe et de la Weser, imposant ainsi un embargo à l’adversaire britannique. Entre 1810 et 1814, Hambourg est incorporée à l'Empire français comme département des Bouches-de-l'Elbe.

Le traité de Vienne entérine la défaite française. Hambourg adhère à la Confédération germanique et se retrouve plus fortement que jamais intégrée dans un État souverain, tout en préservant sa précieuse liberté avec le statut de Ville hanséatique libre, titre qu'elle porte encore aujourd'hui. Un fort exode rural fait arriver des flots de population des campagnes dans les nouveaux quartiers, souvent indigents, d'une ville qui se dote d'industries. La cité fait son entrée bouillonnante dans la modernité, avec l'avènement de la toute-puissance du libéralisme économique, l'industrialisation, et surtout sa participation à la construction nationale allemande.

Ouverture du nouveau Palais de la Bourse (Börse).

Le 5 mai, à 1h du matin, les veilleurs de nuit font retentir les cloches et les trompettes pour annoncer un départ de flamme dans une manufacture au numéro 42 de la Deichstraße. Attisé par un vent du sud-ouest, le feu se propage et atteint les habitations de la vieille-ville. Pendant trois jours, la ville retient son souffle ; les pompiers tentent par tous les moyens d’endiguer les flammes. On envisage de faire sauter des blocs entiers d’immeubles pour créer un pare-feu, mais cette option est rejetée par le conseil de Hambourg, freiné par la crainte de devoir dédommager les propriétaires. Le matin du dimanche 8 mai, le feu s’arrête dans une rue qui porte aujourd’hui le nom de Brandsende, littéralement « fin de l’incendie ». Ce brasier ravageur, resté profondément gravé dans la mémoire de la ville, détruit un tiers de la cité : 51 personnes perdent la vie, 20 000 se retrouvent sans toit. Plusieurs édifices de la ville sont partis en fumée : la Petrikirche, la Nikolaikirche, l’Hôtel de Ville, la vieille bourse, etc. Mais la reconstruction ne tarde pas : les gravats sont collectés pour remblayer le Ballindamm. Hambourg est reconstruite avec des infrastructures modernes. Un nouvel Hôtel de Ville monumental est planifié. On appelle Nachbrandarchitektur (architecture post-incendie) le style adopté pour les édifices reconstruits après 1842, comme les Alsterarkaden. Cet incendie est l’une des premières actualités à être couvertes par la photographie (daguerréotype), un nouveau vecteur d'information dans ces années 1840.

La révolution de mars, qui met Berlin et Vienne en ébullition, connaît aussi quelques troubles à Hambourg. La tentative de donner à Hambourg une constitution libérale est contrecarrée par les forces conservatrices du conseil et de l’assemblée.

En 1867, la Prusse établit son hégémonie sur la plus grande partie de l'Allemagne du Nord, avec l'unification allemande comme idéologie motrice. Hambourg adhère à la Confédération d'Allemagne du Nord (Norddeutscher Bund), puis au nouvel Empire allemand (Deutsches Kaiserreich) en 1871.

Inauguration de la Hamburger Kunsthalle.

Pour stocker des marchandises en transit, sans devoir les soumettre à aucune taxe, Hambourg a négocié avec les autorités impériales la création d’un port franc sur les bords de l’Elbe. Près de 20 000 personnes sont délogées pour dégager l’espace nécessaire à la création de la Speicherstadt, la cité-entrepôt la plus innovante d’Allemagne à l’époque. Cette modernisation facilite prodigieusement le transit des marchandises. Hambourg devient une plaque tournante dans le commerce du thé, du café, du tabac, des épices et des tapis d’Orient. 

Une grave épidémie de choléra éclate dans les quartiers populaires et coûte la vie à 8 600 Hambourgeois. Suivant les recommandations du bactériologue Robert Koch, Hambourg impose des quarantaines aux malades, ferme les écoles, les théâtres et les lieux de loisir, Pour améliorer les conditions d’hygiène en ville après l’été 1892, les autorités municipales font raser les Gängeviertel les plus insalubres. L’avenue de la Mönckebergstraße, large et aérée, vient remplacer un quartier dense et surpeuplé de l’est de la vieille-ville.

Pendant onze semaines, les ouvriers du port de Hambourg font la grève générale pour protester contre les difficiles conditions de travail et revendiquer de meilleures rémunérations. La mutinerie se solde par un échec pour les grévistes qui rejoignent en masse les organisations syndicales. Suivie par 18 000 ouvriers, cette grève fut la plus importante de tout l’Empire allemand (1871-1918).

Symbole de puissance et de prospérité, l’Hôtel de Ville (Rathaus) de Hambourg est inauguré en grande pompe. Il remplace l’ancien hôtel de ville qui avait été réduit en cendres lors du Grand Incendie de 1842. Ce prestigieux édifice incarne jusqu’à aujourd’hui toute la fierté de la cité hanséatique.

Inauguration du premier tunnel sous l'Elbe. Cet alter Elbtunnel peut être visité aujourd’hui.

Dix ans après Berlin, le troisième métro de l'Empire allemand est inauguré à Hambourg avec la ligne aérienne Barmbek-Rathausmarkt.

Quarante-mille Hambourgeois meurent dans les tranchées de la Première Guerre mondiale.

Une révolte des marins de Kiel entraîne la révolution de novembre qui conduit à l’abdication de l’empereur Guillaume II. La République de Weimar succède au Kaiserreich. En mars 1919 ont lieu les premières élections démocratiques du parlement de Hambourg (Hamburgische Bügerschaft). C’est la première fois que les Hambourgeoises sont appelées à voter.

En 1937, sous les nazis, est adoptée la loi du Grand Hambourg qui intègre à la métropole les cités voisines : entre autres Altona, Wandsbeck, Harburg. Hambourg prend la forme qu’elle a aujourd’hui.

A Neuengamme, au sud-est du centre de Hambourg, les nazis construisent un camp de concentration, dans lequel sont internés 106 000 prisonniers de 1938 jusqu’à son évacuation en avril 1945. Environ 55 000 personnes y périssent, soit 50 % des détenus.

Les nazis mettent à sac de nombreuses institutions et des commerces juifs partout en Allemagne. À Hambourg, la grande synagogue de la Bornplatz est détruite.

Le 25 octobre 1941, un premier convoi transporte plus de 1 000 juifs de Hambourg jusqu’au ghetto de Łódź en Pologne. Les différentes vagues de déportation orchestrées à partir de l’automne 1941 ont coûté la vie à plus de 5 000 juifs hambourgeois sur une communauté qui comptait 19 000 personnes avant l’arrivée au pouvoir des nazis. Entre 1933 et 1941, 12 000 juifs hambourgeois ont été contraints à l’exil et se sont réfugiés aux USA, au Royaume-Uni ou en Palestine.

Cent-un ans après le Grand Incendie, Hambourg subit de nouveau l’une des pires destructions de son histoire : l'opération aérienne Gomorrhe du 24 juillet 1943. En réponse à la destruction des villes anglaises par la Luftwaffe, la Royal Air Force se décide à cibler des civils en Allemagne. En pleine nuit, les bombes incendiaires tombent sur le centre-ville de Hambourg, sur les quartiers d’Hoheluft, Eimsbüttel, St. Pauli, Altona, etc., prenant les Hambourgeois en plein sommeil. Les vents forts et les températures estivales favorisent la formation d’une tempête de feu (Feuersturm en allemand) atteignant par endroits jusqu’à 800 °C. L’oxygène est rapidement consumé et de nombreux civils meurent asphyxiés ou brûlés. L’opération Gomorrhe est suivie par d’autres raids américains et britanniques. Les bombardements de l’été 1943 font 38 000 morts parmi la population civile hambourgeoise.

À la fin de la guerre, 80 % des installations portuaires, 50 % des logements et 40 % de l'industrie de la ville sont détruits. En tout, 70 000 Hambourgeois sont morts sur le front et 45 000 civils ont péri sous les bombes.

La conférence de Potsdam partage l’Allemagne en quatre zones. Hambourg se trouve dans la zone d’occupation britannique. En dépit des destructions, Hambourg accueille de nombreux réfugiés allemands venus des territoires perdus à l’Est.

Après avoir adopté une constitution provisoire en mai, les Hambourgeois sont appelés à élire une nouvelle Bürgerschaft. Le SPD emporte une majorité écrasante (83 des 110 sièges). Le social-démocrate Max Brauer, revenu d’exil, devient le premier maire élu démocratiquement dans la Hambourg d’après-guerre. 

Hambourg signe la Loi fondamentale (Grundgesetz) et est, par là-même, intégrée à la République fédérale d’Allemagne comme Ville-État (Stadtstaat) à l’instar de Brême et Berlin-Ouest.

Les Beatles commencent leur carrière à Hambourg. C’est dans un club de strip-tease de la Große Freiheit – l'Indra - que les quatre garçons dans le vent prennent leur envol.

Dans la nuit du 16 au 17 février 1962, Hambourg connaît une crue catastrophique de l'Elbe, destructrice et meurtrière. L’ouragan Vincinette, porté par des vents allant jusqu’à 200 km/h, déferle sur la mer du Nord et provoque un raz de marée phénoménal dans l’estuaire de l’Elbe. Un sixième de la ville de Hambourg se retrouve les pieds dans l’eau, ses habitants sont privés d’électricité, de gaz et d’eau courante. Les morts se comptent par centaines : 315 victimes rien qu’à Hambourg, et 60 000 Hambourgeois sont sans logement.

Inauguration du Köhlbrandbrücke, un pont monumental qui relie les parties ouest et est du port, le deuxième plus long pont d'Allemagne.

Inauguration du nouveau tunnel sous l’Elbe, qui permet à l’autoroute A7 de traverser la ville sur un axe nord-sud.

L’équipe de football iconique de Hambourg, le FC St. Pauli, crée la surprise en montant en Bundesliga (Championnat d’Allemagne).

Hambourg fête en grande pompe les 800 ans de son port.

Le social-démocrate a devant lui d'immenses chantiers. En effet, Hambourg s'est lancé dans le plus grand projet urbanistique d'Europe : la création en plein centre de la ville nouvelle HafenCity, un espace de 157 hectares qui doit pouvoir loger 15 000 habitants.

Olaf Scholz est réélu bourgmestre de Hambourg, mais perd la majorité absolue et doit constituer une alliance avec les Verts aux législatives.

Dans un référendum, les Hambourgeois se prononcent à 51,6 % contre la candidature de Hambourg aux JO de 2024.

L'Elbphilharmonie, la nouvelle salle de concert de la cité hanséatique, ouvre ses portes avec sept ans de retard. Coût total des travaux : 800 millions d’euros. 

De violentes manifestations et des affrontements avec la police ont lieu dans la ville en marge du premier sommet du G20 réunissant à Hambourg Donald Trump et Vladimir Poutine.

Hambourg et Marseille fêtent les 60 ans de leur jumelage.

Le social-démocrate Peter Tschentscher devient bourgmestre de Hambourg. Il poursuit la coalition avec les Verts.

Lors des élections fédérales du 26 septembre 2021, le SPD obtient 25,7 % des voix et devient la première force politique du parlement allemand. À Hambourg, les sociaux-démocrates récoltent jusqu’à 29,7 % des suffrages. Suite à la formation d’une coalition réunissant les sociaux-démocrates, les verts et les libéraux, l’ancien bourgmestre de Hambourg Olaf Scholz est élu chancelier.