Cinq jours de fête, des millions de festivaliers, des milliers de Leds et près de 5 000 constructions éphémères... soudain toutes évaporées, englouties par les flots ou bien recyclées. Telle est la particularité de Durga puja, une célébration hindoue qui se déroule dans le Bengale occidental (nord-est de l'Inde) tous les ans à la fin du mois d'octobre. Une occasion unique pour découvrir l'élégante Calcutta et la douceur de vivre de sa région.

 

Des temples éphémères

Selon la croyance hindoue, la déesse mère Durga descendrait des montagnes de l'Himalaya vers les plaines du Bengale à la fin du mois d'octobre. Pour l'accueillir en grande pompe, des temples temporaires - appelés pandals - sont dressés dans toute la région pendant une semaine entière. Née d'une tradition religieuse, la célébration de Durga puja s'apparente aujourd'hui à un immense festival d'art contemporain à ciel ouvert. Pour bien en profiter, mieux vaut solliciter les services d'un chauffeur et d'un guide, qui sauront dénicher pour vous les meilleurs pandals. On peut également vivre cette fête en flânant au gré de ses envies. Des Leds ont été utilisées pour décorer les rues de mille couleurs !

Durga puja est le moment idéal pour découvrir le charme désuet de Calcutta et le Bengale occidental, visiter les plantations de thé de Darjeeling ou bien affronter les tigres dans les Sundarbans. Célèbre pour les actions de Mère Teresa, Calcutta a pourtant bien d'autres attractions touristiques à offrir : Victoria Memorial, Marble Palace, Birla Planetarium, Indian Museum, marché aux épices, Howrah Bridge, etc.

 

Le vivre ensemble : un leitmotiv

Pour Durga puja, chaque quartier ou village est représenté par un comité, et ce depuis 105 ans, date à laquelle 12 amis ont décidé de porter cette fête religieuse dans les rues. Associé à un artiste, chaque club est en charge de l'exécution de l'oeuvre géante qui accueillera la statue de la déesse. Depuis quelques années, ces pandals véhiculent des messages progressistes. Plus de 6 mois sont nécessaires à leur conception.

Quel que soit le parcours nocturne choisi, on profite des journées pour arpenter Calcutta. Visiter la capitale du Bengale pendant Durga puja donne accès à tous les aspects de la fête : depuis la visite de Kumartuli, le quartier des potiers, jusqu'aux rituels des familles aristocratiques de Sovabazar Rajbari. A Dawn House, par exemple, chez le plus vieux marchand d'armes au monde, des coups de canon sont tirés le dernier jour des festivités pour accompagner le départ des statues. Et pour combler les petits creux, sachez que les desserts de Calcutta sont les meilleurs de l'Inde. Rasgulla, gulab jamun et autres mishti doi ne vous aideront pas à garder la ligne...


Une Durga transgenre

Cette année, on a pu voir pour la première fois de l'histoire du festival une Durga transgenre réalisée par la courageuse artiste China Pal, soutenue par l'association de transsexuels Pratyay Gender Trust. En Inde, Calcutta est le fief des hijras, des transgenres qui sont amenés parfois à se prostituer ou à mendier en menaçant les passants d'apporter le mauvais oeil et de montrer leurs parties génitales. Certains garçonnets ont même été achetés à leur naissance par une mafia et ont subi un traitement de force pour enrichir les scélérats.

D'autres pandals ont été consacrés à l'empowerment des femmes ou bien à la lutte contre l'infanticide des fillettes. En Inde, pour éviter les avortements, il est interdit de divulguer le sexe de l'enfant. Dans les régions les plus reculées, des fillettes sont donc encore éliminées à la naissance par les belles-mères qui leur mettent du sel sur les lèvres pour les déshydrater.


Un pandal anti-OGM !

L'édition 2015 a aussi été marquée par une pièce maîtresse contre les OGM, preuve que la population, pourtant touchée par le manque de nourriture, s'élève contre les organismes génétiquement modifiés.

Dix animaux hybrides géants en feuilles d'aluminium ont siégé dans un pandal de 200 m2. Coq-dinosaure et autre éléphant-rhinocéros ont été inspirés des poèmes d'un écrivain bengali. Ces monstres de la science illustrent les dérives de la production agroalimentaire. L'artiste Subroto Banerjee et le club Tala Baorwari réclament du gouvernement l'apposition d'une pastille pour distinguer les aliments génétiquement modifiés, comme c'est déjà le cas en Inde pour la nourriture non végétarienne.


Vers la fin d'un paradoxe écologique

Tradition oblige, les statues doivent être plongées dans le Gange pour que la déesse Durga puisse retourner à sa source, dans les montagnes. Vivement critiquée par les associations écologistes, cette pratique ne peut être abolie, mais de louables efforts ont été consentis pour éviter la pollution du Gange. Des panneaux " Garder Calcutta vert " ont poussé comme des champignons dans la ville. Cette année, une seule petite portion du fleuve a été condamnée et statues et débris de pandals ont été immédiatement récupérés par une grue pour être ensuite rassemblés et recyclés.

Pour profiter des immersions des statues le dernier jour, rien de mieux que d'opter pour une croisière sur le Gange. Impressionnant à voir !

Fête religieuse et festival avant-gardiste, Durga puja est une bonne entrée en matière pour qui souhaiterait découvrir les meilleures facettes de l'Inde. Elle séduira aussi par son caractère insolite les " fous de l'Inde ".


Infos futées

Quand ? Une semaine chaque année à la mi-octobre. 

S'y rendre. En avion jusqu'à Kolkata.

Utile. Office de tourisme du West-Bengal

Agence spécialisée : Meghdutam Travels