" La route s'élevait lentement par maints détours par la lumière crue d'une belle matinée de printemps, vers la solennelle carcasse de l'abbaye, tel un grand navire venu mystérieusement s'échouer là, dans la verdure. " Ainsi est décrit l'arrivée au monument le plus romantique de Chypre par l'écrivain britannique Lawrence Durrell dans Citrons acides, en 1957. Surplombant Kyrenia, à 200 m d'altitude, la célèbre abbaye française du XIIIe siècle qui donne son nom au village de Bellapaïs doit sa renommée à ses belles ruines gothiques, à sa riche histoire, à son sublime cadre naturel et aux voyageurs étrangers qui en louèrent les charmes. Hélas, la description de Durrell n'est plus tout à fait d'actualité. Les habitants, autrefois tous chypriotes grecs, ont été chassés après 1974 et remplacés par des réfugiés chypriotes turcs de la région de Larnaca et des colons de Turquie. Le village a pris le nom turc Beylerbeyi. Assez proche phonétiquement de " Bellapaïs ", il vient du palais de Beylerbeyi, à Istanbul, qui servait de résidence d'été aux sultans et à leurs invités. Quant au calme qu'appréciait tant l'écrivain ici, il faut attendre le soir, quand les groupes de touristes s'en vont pour enfin le retrouver un peu.
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