PONT DE L'EUROPE

L’excellence de la finesse funambulesque du Pont de l’Europe tranche d’autant que le pont de l’A 71 qui le précède lorsque l’on vient du centre d’Orléans est d’une fadeur incomparable… À peine aperçu, il ne peut que vous transpercer le regard et à jamais en vous, il est gardé. Inoubliable du fait de son dessin, de loin le tablier semble une aile d’ange à l’écoute des cieux et de la Loire. Conçu par Santiago Calatrava, ce grand architecte espagnol esquissa de nombreuses aquarelles afin de trouver cette ligne unique : un pont en arc bow-string ! Le tablier légèrement incliné laisse croire ainsi à une prise d’envol et son invite à traverser le pont dans un sens ou dans l’autre que ce soit à pied, à cheval ou en voiture est toujours renversante. Notre vision est épatée par cette construction de 378 mètres de long établie par trois travées dont la principale – celle du milieu – de 201,60 mètres est suspendue à ce fameux arc incliné à l’aide de 28 paires de câbles. Avec les deux autres travées mesurant chacune de 88,20 mètres ouvrant et fermant l’ensemble, l’architecte et le maître d’œuvre (la direction départementale du Loiret) ont su préserver et valoriser cette équivalence symétrique représentant depuis des siècles dans l’histoire de l’architecture française une maîtrise singulière inégalée. D’une longueur totale de 470,60 mètres en comptant des deux côtés l’ajout des ouvrages d’accès, il s’ouvre vers le sud en direction de Saint-Pryvé-Saint-Mesmin et vers le nord en direction de Saint-Jean-de-la-Ruelle et d’Orléans. On attend toujours côté nord la réalisation du projet dit « du triangle » où un jardin devait être aménagé et un phare être construit. La nuit, il devait illuminer le pont, ce qui à n’en pas douter aurait accentué à la finesse et à la majesté du lieu.

En leur temps, dans les années 1870, Gustave Caillebotte et Claude Monet peignirent Le Pont de l’Europe qui surplombe à Paris la Gare Saint-Lazare. À quand un grand peintre afin de consacrer celui d’Orléans ?