Mosaïque qui orne l'abside, Basilica Di S. Apollinare in Classe © Gim42 - iStockphoto.com.jpg
Façades peintes à Dozza © GoneWithTheWind - shutterstock.com.jpg

Origines

L'art italien prend ses racines dans la Grèce antique, au temps des Etrusques. Par la suite, l'art de la Rome antique s'attache à servir la politique et la religion de l'Empire. Les passionnés exploreront le premier étage du Museo civico archeologico qui retrace l’histoire de Bologne dès ses premiers vestiges.

Les fresques murales, ainsi que les mosaïques, illustrant des scènes mythologiques ou de la vie quotidienne, sont directement héritées de l'art byzantin. Ravenne a conservé un palais byzantin des Ve et VIe siècles, sur lequel a été bâtie l’église Sant'Eufemia. Plus de 400 m² de mosaïques polychromes ornent la Domus dei Tappeti di Pietra avec des compositions géométriques et florales mais surtout des tableaux uniques comme La Danse des génies des saisons et Le Bon Pasteur, dépeint dans une posture inédite. Pour aller plus loin, le musée Tamo, au cœur de l'église San Nicolò de Ravenne, propose un itinéraire fascinant sur l'art de la mosaïque de l’Antiquité à nos jours.

A la chute de l'Empire romain, le modèle byzantin disparaît au profit d'un art résolument chrétien. Rome, après avoir violemment condamné le christianisme naissant, en fait sa religion officielle dès la fin du IVe siècle. Les églises qui sont alors construites s’ornent de peintures et de sculptures pieuses. L'art médiéval, mis au service des croyances, s’appuie sur le symbolisme pictural pour chanter les valeurs chrétiennes.

La pré-Renaissance

Le XIIIe siècle marque le début d’une vaste conquête de la réalité qui bouleversera la peinture occidentale. Les artistes s'appliquent à restituer les apparences du monde réel et, pour y parvenir, des innovations techniques sont nécessairement déployées. Cimabue et son élève Giotto sont les premiers à questionner le modèle byzantin. Insérant de la vie et des émotions, ainsi que des éléments de paysage dans sa peinture, cet artiste de la pré-Renaissance lance le « nouveau naturalisme ». Les personnages divins se rapprochent de l’humain. A l'Ecole de Sienne, les traditions byzantines sont balayées par un art gothique animé par Simone Martini et les frères Lorenzetti, remarquables pour leur travail sur la précision et le détail.

La première Renaissance

Puis vient le XVe siècle, et ses grandes familles princières des cités italiennes. Le mécénat bat son plein : les Médicis à Florence, les Sforza à Milan... C'est d'ailleurs avec l'Ecole florentine que les premiers peintres de la Renaissance s'exprimeront. La première Renaissance italienne, ou Quattrocento, est représentée par Masaccio. Inventeur du point de fuite unique, il axe son travail sur la perspective, les volumes et les proportions. Mais il y a aussi Brunelleschi, architecte hors pair qui conçoit la première coupole, et peintre de génie cherchant les proportions parfaites que Donatello trouve dans ses statues. A cette époque décisive d'ouverture sur le monde et la connaissance, l'art religieux se trouve bousculé. Reflétant la sécularisation sociale, les arts plastiques s'étendent aux sujets profanes.

La haute Renaissance

Jusqu'à présent, la révolution des arts en Italie avait été portée essentiellement par la bourgeoisie, et Florence en était la capitale incontestée. Cependant, à partir de 1500, le mouvement se propage vers Rome et Venise. Rome souhaite retrouver sa place de foyer culturel occidental au travers de la papauté qui commande aux plus grands artistes la construction des établissements de la chrétienté.
Peinture, sculpture, architecture, mathématiques : les génies de la Renaissance qu'on ne présente plus (Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange...) combinent savoirs et savoir-faire, qu'il s'agisse de sciences, de techniques ou de talent artistique. L'âge d'or de la Renaissance s'incarne dans l'œuvre de Raphaël, dont l'aboutissement regroupe tous les idéaux d'harmonie de l'époque.

Notons que de magnifiques fresques de la Renaissance ornent les plafonds du musée du Palazzo del Pio de Carpi. Datées entre le milieu du XVe et le début du XVIe siècle, elles sont l’œuvre de Giovanni del Sega et Bernardino Loschi, peintres de la cour d'Alberto III Pio.

Le maniérisme

Après l'apogée de la Renaissance, l'Italie connaît une crise brutale qui se répercute dans les arts. Alors que les Espagnols prennent le pas sur le pays, la Réforme qui progresse prodigieusement menace l'intégrité de l'Eglise romaine. Le maniérisme apparaît dans ce climat de tensions. Les héritiers des grands maîtres élaborent une peinture plus abstraite. Leurs œuvres prennent des tonalités irréelles, les proportions se déforment. Dans l'ombre de leurs aînés, les peintres du maniérisme tels Jules Romain de Mantoue et le Parmesan à Parme cherchent à exprimer leur originalité à travers des créations qui dérangent. Instrument de la Contre-Réforme catholique, le maniérisme affiche plus de sévérité et moins d'hédonisme que la Renaissance.

Le baroque

Une fois la crise politique enrayée et la menace protestante réglée par le concile de Trente dans la seconde moitié du XVIe siècle, un style très particulier commence à s'implanter à Rome, capitale de la chrétienté : l'art baroque. Les trois grandes figures de ce mouvement inspiré par l'étrange et le non-respect des arts sont l'architecte Borromini, le sculpteur Le Bernin et le peintre Le Caravage. Figurant souvent des scènes dramatiques et inspirant la terreur, les peintures baroques jouent sur des contrastes saisissants d’ombre et de lumière. Le but de l'art baroque est aussi de réinspirer la foi aux catholiques, au besoin par la peur, et de réaffirmer la puissance de l'Eglise. Le baroque règne en Italie du Nord, à Venise, Turin et Gênes jusqu'au XVIIIe siècle.

La prodigieuse collection d’art religieux de la Pinacoteca Nazionale de Bologne retrace l’art du XIIIe siècle au baroque, en mettant l’accent sur les peintres bolognais dont Giorgio Vasari, Guido Reni, Raphaël ou Le Tintoret.

Néoclassicisme

Sous l'influence des Lumières et de la redécouverte de l'Antiquité, une quête de beauté absolue, d'équilibre et de clarté s’initie à travers le néoclassicisme. Le peintre Andrea Appiani (Milan, 1754-1717) et le sculpteur Antonio Canova (Possagno 1757-Venise 1822) sont les artistes officiels de l'empereur et roi d'Italie. En témoigne la toile d'Appiani, Napoléon, roi d'Italie, portrait de l'empereur devant un décor à l'antique. Le néoclassicisme prône le retour aux valeurs de la grande Rome, dans des scènes historiques reprises de l'Antiquité. Aux XVIIIe et XIXe siècles, l'art italien s’essouffle et perd son influence lumineuse d’autrefois.

Depuis 1913, la Galleria d'Arte Moderna Ricci Oddi expose à Plaisance l’art des deux derniers siècles. On peut admirer des œuvres de Giorgio De Chirico, Gustav Klimt ou encore de Francesco Filippini, maître de l’impressionnisme italien.

XXe siècle

Au XXe siècle, l'art italien retrouve une envergure internationale. En 1909, le courant futuriste se forme à Milan, suite à la publication du Manifeste du futurisme. Pensé par le poète Filippo Marinetti (1876-1944), il paraît d'abord dans un quotidien français, Le Figaro. Le futurisme prend ses racines dans le néo-impressionnisme et le cubisme français. Ce mouvement, qui ne se limite pas aux seuls arts graphiques, souhaite faire table rase des traditions passées, prônant une esthétique nouvelle fondée sur le progrès, la machine, la vitesse. C'est un art avant tout urbain. Evoqué par la modernisation des villes ou l'invention de nouveaux moyens de transport (avion, voiture...), le futurisme figure des cités imaginaires ou le mouvement stylisé des machines dans des couleurs vives. Dans ses rangs, on compte Sant'Elia, Balla, Cara ou Russolo.

On peut admirer de l’art futuriste dans la Galerie Verzocchi, collection axée sur le thème du travail en peinture. Désireux de réunir industrie et art contemporain, l’industriel Verzocchi a commandé à 70 peintres italiens une œuvre thématique de 90 x 70 cm, accompagnée d’un autoportrait. Parmi les artistes qui se sont prêtés au jeu : Carlo Carrà, Renato Guttuso, Mario Sironi ou encore Giorgio De Chirico. Ce dernier révise ses orientations en 1915 alors qu’en réaction au futurisme, il fonde la peinture métaphysique, avant-garde du surréalisme. Malgré le recours aux techniques classiques, l’onirisme de ses peintures auréolées de mystère inspirera André Breton.

De Chirico reviendra cependant dans les années 1930 à la peinture académique. Jusqu'à l'époque fasciste, l’alliance des canons classiques et des codes de la peinture métaphysique constituent le courant du Novecento. La Seconde Guerre mondiale marque une rupture brutale dans l'art. Désormais les supports se diversifient. L'art contemporain se veut expérimental, la conceptualisation devenant centrale dans les démarches créatrices. Attaché à la figuration, et plus précisément au visage, Modigliani domine l’art du XXe siècle.

De nos jours

Dans la lignée de la collection Verzocchi, la Biennale Foto/Industria de Bologne livre un regard singulier sur le lien qui unit l’art et l’industrie. Cette manifestation originale investit 14 lieux historiques, églises, palais baroques et musées pour constituer un parcours à travers la ville jalonné de représentations du monde du travail au sens large. De grands noms de la photographie exposent leur vision du monde de l'entreprise comme Lee Friedlander, Josef Koudelka ou Alexander Rodchenko.

L’art photographique a également sa place au Spazio Labo’, centre doté d’une galerie d’exposition, d’un lieu de recherche et de débat et d’ateliers et qui promeut la photographie italienne à l’échelle internationale. Loin de couver son patrimoine, la ville rouge prête ses rues au street art, dans tous les quartiers. Le célèbre street artist Blu s’est exprimé sur les murs de sa ville natale pendant une vingtaine d’années avant d’effacer toutes ses œuvres pour protester contre la thésaurisation des œuvres. Plus secrète, la commune de Dozza est un véritable musée de plein air. Portes et façades des édifices publics et privés accueillent joyeusement les coups de pinceau des artistes urbains.