Bungalow aux Bahamas © Mette Brandt - shutterstock.com.jpg
Maison du Gouverneur, Nassau © Joe Hendrickson - shutterstock.com.jpg
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Habitat traditionnel

L’architecture traditionnelle bahaméenne est un héritage direct des premiers colons venus du sud de l’Amérique. Ils appliquent leur maîtrise de la construction navale en bois à leurs maisons, qu’ils bâtissent avec les ressources locales. La taille de la maison est en fonction de la longueur des troncs utilisés et la plupart d’entre elles mesurent 9 mètres sur 12. Elles sont construites en hauteur pour éviter les inondations. En fonction de ses moyens, le propriétaire ajoutait un niveau, un auvent, ou une véranda sur un, deux ou trois côtés de la maison. Cette pièce est protégée par une avancée du toit ornée de lambrequins en bois découpé, soutenue par de fines colonnettes, munie d’une terrasse en bois ciselé, et de murets festonnés. Dans nombre de villages, les cases de bois affichent des couleurs vives et pastels, telles des maisons de poupées. Raffinées et secrètes, les cases créoles, toutes en lattes de bois, sont en général bicolores, blanches avec une couleur dominante : rose, bleu turquoise, jaune mimosa, rouge, indigo, mauve, vert d’eau, etc. Toutes les nuances de la gamme sont utilisées et contrastent gaiement avec le ciel ! De somptueux jardins sont abondamment fleuris de bougainvilliers, d’hibiscus, et autres fleurs tropicales qui dégringolent des murs en cascades. Les jardins, tels des écrins de couleurs, enserrent la case bahaméenne. Les villages traditionnels sont un véritable festival de couleurs, source d’inspiration des aquarellistes locaux.

Le faste colonial et les plantations

Les Bahamas furent occupées par les loyalistes durant la guerre d’indépendance, à la fin du XVIIIe siècle. Ils importèrent ainsi le style géorgien, ou fédéral, très répandu dans les colonies britanniques d’alors, en y appliquant quelques variations qui caractérisent le style d’architecture coloniale locale, connue sous le nom de style loyaliste. Outre l’utilisation de couleurs vives, le style géorgien a été modifié pour faire face aux ouragans qui frappent souvent les côtes de l’archipel.

C’est à Nassau que les loyalistes laissèrent l’héritage le plus marquant. Le centre-ville porte encore la marque de l’architecture géorgienne avec ses bâtisses en pierre. Cependant, le matériau le plus utilisé demeure le bois de pins de l’île d’Abaco notamment (dont les forêts ont malheureusement été décimées). C’est le style caractéristique des colons américains.

Nombre d’anciennes demeures existent encore aujourd’hui et sont protégées tels des joyaux du patrimoine national ; on admirera notamment à Nassau la Balcony House, la plus vieille de l’île. Cette maison rose qui est caractéristique du style loyaliste est aujourd’hui transformée en musée historique. Entièrement en bois, elle doit son nom au balcon en « L » qui court le long du premier étage.

Sur la baie de Harbour Island, un cottage de colons loyalistes datant de 1797, maintenu en l’état et proposé à la location aux touristes pour les budgets aisés.

Cette tradition architecturale perdure et on la retrouve également dans la zone la plus pauvre de Nassau, à Over-the-Hill, où des maisons de plain-pied arborent des toitures et des couleurs similaires, mais souvent ternies ou abîmées, faute de moyens pour les entretenir. Chez les plus démunis, la peinture s’est même entièrement écaillée avec le temps. Elles se démarquent par leur aspect fait de bric et de broc, dû à l’utilisation de matériaux de récupération, ainsi qu’aux fresques et mosaïques qu’on retrouve parfois sur les murs d’enceinte des terrains.

Plus tard, des demeures coloniales cossues, construites en pierre, avec véranda et colonnes, furent bâties par les planteurs américains qui émigrèrent sur les îles. Ce style architectural rappelant les décors du film Autant en emporte le vent a perduré dans le courant du XIXe siècle. On peut voir sur les hauteurs de Nassau d’anciennes demeures coloniales très luxueuses. La plupart des bâtisses des plantations ont aujourd’hui disparu, ou sont tombées en décrépitude, rares traces du passé esclavagiste des îles. Le Palais du gouverneur (Government House), qui abrite encore aujourd’hui le gouverneur général des Bahamas, est sûrement l’un des plus beaux exemples d’architecture coloniale des Indes occidentales. Après l’ouragan dévastateur de 1929, elle a été complétée par des éléments néo-classiques, comme son frontispice et ses colonnes, s’ajoutant au style loyaliste du reste du bâtiment loyaliste.

L’architecture religieuse

L’archipel regroupe des églises aux styles très variés, du XVIIIe siècle à la période moderne, l’architecture religieuse s’est déployée jusqu’à ses formes les plus délirantes. Des églises coloniales en style néo-gothique à l’église moderne Mary Star of the Sea (Freeport, Grand Bahama), le voyageur ne sera pas déçu. Cette dernière est coiffée d’un diamant et arbore une grande croix rouge sur sa toiture. On trouve également de nombreuses églises anglicanes, à l’image de l’église Andrews sur l’île de Great Exuma qui détonne dans le paysage par ses volets pointus. Parmi les édifices religieux qui valent le détour, on trouve également la magnifique St. Peter & St. Paul's Catholic Church à Clarence Town sur Long Island. Dominant le paysage environnant, elle sert de repère sur terre comme sur mer et tire sa particularité de ses tourelles jumelles rondes, qui évoquent plus des phares que des clochers.

Architecture contemporaine

Plus récemment, pour répondre aux normes d’un tourisme « à l’américaine », les îles se sont vues agrémentées de constructions de béton parfois démesurées. Les zones touristiques de Cable Beach sur New Providence, Atlantis sur Paradise Island, et Lucaya à Freeport, sur l’île de Grand Bahama ont ainsi vu le jour. Toutes les autres îles de l’archipel offrent au contraire un développement touristique maîtrisé.

Le complexe hôtelier Atlantis fait figure d’un véritable parc d’attraction exotique – un Disneyland des Caraïbes. Ses bâtiments coiffés de tourelles farfelues composent une arche monumentale qui domine l’île. Le complexe s’étale sur tout Paradise, avec ses nombreux bassins – on y retrouve même la reproduction d’une pyramide amérindienne qui fait office de toboggan. Un mélange des genres plutôt cocasse quand on sait qu’il ne reste rien des populations Lucayennes qui vivaient aux Bahamas avant l’arrivée de Christophe Colomb. Certains de ces complexes hôteliers démesurés, à l’image du Bahamar, reprennent des formes de l’architecture coloniale, notamment pour les toitures, et affichent ainsi un style que l’on pourrait qualifier de néo-loyaliste.

Au sud de New Providence, dans la marina Albany, BIG a réalisé le projet du Honeycomb Building, nommé ainsi en raison de sa façade en nid d’abeille, qui abrite des balcons aux piscines intégrées. Malheureusement, la Plaza conçue en résonance avec le bâtiment par l’architecte hollandais n’a pas été réalisée, ce qui fait perdre un peu à l’ensemble de sa superbe.

L’architecture contemporaine se manifeste surtout par l’aménagement de villas modernistes luxueuses disséminées sur l’archipel, rappelant que ce petit bout de paradis est autant tropical que fiscal.