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Le récif corallien

Entourés par la troisième barrière de corail la plus longue au monde, les Bahamas disposent d’une époustouflante diversité d’espèces coralliennes. Véritables récifs-barrières, brise-lames naturels qui protègent les côtes des assauts des vagues du large, édifices calcaires bâtis au cours des millénaires par de minuscules animaux – les polypes –, les récifs coralliens forment un écosystème complexe et extrêmement fragile. Un simple contact avec leur partie vivante suffit à les blesser ou à les tuer. Pour autant, ils constituent un élément crucial de notre patrimoine naturel et de la diversité biologique de la planète. Leurs squelettes calcaires forment les récifs aux formes étonnantes, tissant tantôt de longues murailles dentelées aux ramifications complexes, tantôt d’énormes patates joufflues.

Parmi les espèces les plus fréquemment rencontrées dans les eaux bahaméennes, relevons le corail cerveau de Neptune (Platygira), dont la surface rappelle les circonvolutions cérébrales ; le corail cornes de cerf, cornes d’élan, ou cornes d’éléphant, formant de larges éventails dressant leurs cornes sur plusieurs mètres carrés ; l’urticant corail millépore ou corail de feu, poussant en éventail et prenant une couleur jaune vif ou orange ; le corail laitue ou pâte à choux, extrêmement commun ; ou encore le corail pilier, se dressant tels des stalagmites marines. Les décors de gorgones épanouies sont eux aussi fascinants. La gorgone, ou éventail de mer, qui tient son nom des divinités grecques coiffées de serpents, est comme le corail, constituée de polypes qui sécrètent un squelette souple. Les gorgones-plumes possèdent des branches soyeuses qui ondulent sous l’effet des courants, tandis que les spirographes déplient leurs bras, et que les anémones colorées tapissent joliment les fonds marins.

Poissons de récif

Les récifs coralliens abritent une très grande variété de poissons tropicaux, tous plus colorés et plus étonnants les uns que les autres. Plus de 500 espèces de poissons et d’invertébrés vivent dans ces récifs. Les espèces diurnes, herbivores, brouteuses, planctophages et carnivores, évoluent de jour et passent la nuit cachées dans les cavités des récifs coralliens ou enfouies dans les sédiments, tandis que les espèces nocturnes, toutes carnivores, se tiennent à l’affût ou partent en chasse.

Les poissons possèdent des stratégies de camouflage leur permettant de se fondre dans leur environnement et d’échapper à leurs prédateurs. Ainsi, la rascasse appelée aussi poisson-zèbre ou lion ou poisson de feu, qui vit sur le sable ou dans les roches, a choisi une robe sombre qui lui permet de se fondre dans le décor.

Parmi les plus beaux et les plus fréquents rencontrés aux Bahamas, notons le poisson-perroquet, le poisson-chirurgien bleu à queue jaune, le poisson-ballon, le poisson-trompette, le poisson-clown, le poisson-ange, le poisson-empereur, le poisson-coffre, le poisson-papillon, le poisson-globe, le poisson-bourse jaune, et les plus effrayantes murènes.

Gros poissons et mammifères marins

Côté gros gabarit, les amateurs seront servis, car les plus belles espèces, dont le poids peut dépasser les 100 kg, naviguent en eaux profondes.

Les raies, tout d’abord, sont nombreuses. La raie pastenague américaine est armée d’une épine venimeuse sur la queue, qu’elle utilise comme un fouet quand elle se sent menacée ; elle soulève des nuages de sable en quête de nourriture. Moins impressionnante est la petite raie mouchetée de jaune. Quant à la majestueuse raie manta, sa rencontre est rare, mais des plus impressionnantes puisqu’elle peut atteindre jusqu’à 6 m d’envergure ! Ses nageoires pectorales ondulent gracieusement telles des ailes.

Espadons et marlins, appartenant à la famille des poissons à rostre (caractérisés par leur museau pointu, extension de leur mâchoire supérieure), sont également nombreux aux Bahamas. Ce sont des poissons très puissants, rapides et agiles ; le marlin bleu au long bec circulaire, pouvant pousser des pointes de vitesse jusqu’à 100 km/h, est un favori des pêcheurs. Autres espèces appréciées pour la pêche au gros : le thazard, espèce migratrice qui abonde dans les eaux des Caraïbes ; le Wahoo, l’un des plus rapides poissons de mer grâce à son corps fin et allongé ; le thon, pouvant peser jusqu’à 950 kg ; le barracuda, impressionnant, mais pas dangereux ; ou encore le mérou paresseux de Nassau, que l’on peut ici pêcher et manger, identifiable à ses lèvres charnues et à ses lignes zébrées. La dorade coryphène, généralement appelée « dolphin fish », mahi-mahi ou dorado, peuple également les eaux bahaméennes ; sa chair est l’une des plus délicieuses qui soient.

Quant aux requins, ils sont omniprésents, mais inoffensifs. On en connaît plus de 50 espèces rien qu’aux Bahamas, d’ailleurs devenus sanctuaires pour les requins depuis 2011. Ils se distinguent des autres poissons par un squelette cartilagineux, l’absence d’écailles, leur dentition et le mécanisme de leurs mâchoires. Ils ont une incroyable capacité à détecter la présence de sang dans la mer et à en localiser la source d’émission. Le requin gris de récif, avec son ventre blanc et ses nageoires et sa queue bordées de noir, est très courant dans les eaux de l’archipel. Les requins dormeurs passent quant à eux leurs journées à dormir sur le sable et sont inoffensifs, ils se nourrissent de crustacés et de mollusques. Les requins-taureaux hantent les tombants des récifs, tandis que les requins-marteaux, avec leur tête élargie par deux protubérances à l’extrémité desquelles se trouvent les narines et les yeux, vivent autour de 50 m de profondeur. Si vous visitez Bimini, ne manquez pas de faire un tour au centre mondial de recherche sur les requins.

Côté mammifères marins, les dauphins de l’Atlantique et les dauphins tachetés vivent le long des zones côtières et sont les principaux représentants des mammifères marins aux Bahamas. Les baleines bleues et les baleines à bosse se rencontrent également dans les eaux bahaméennes, mais plus rarement.

Quant aux tortues marines, elles sont communes par ici. On rencontre notamment des tortues vertes et des carets ; toutes sont protégées.

Coquillages et crustacés…

De nombreux coquillages ornent les fonds sous-marins. La conque (Strombus gigas), énorme coquillage orangé qui servait aux Lucayans pour communiquer, se déplace par bonds successifs, se nourrit d’algues et peut vivre jusqu’à 20 ans. Très prisée des Bahaméens qui en apprécient la chair, son espèce n’est pas loin d’être menacée ; certaines îles voisines en ont déjà interdit la pêche aux périodes de reproduction, un exemple qui fait réfléchir le gouvernement bahaméen. Pour l’heure, la conque aux Bahamas est cuisinée et dégustée dans tous ses états : en salade (conch salad) avec poivrons rouges, oignons, céleri, coriandre, le tout mariné dans du citron vert ; en consommé (conch chowder) avec tomates, bacon, carottes, poivrons doux, pommes de terre, oignons, thym ; en beignets (conch fritters) ; frite (cracked conch) ; ou en papillote sur un grill (grilled conch), souvent au barbecue accompagnée d’un pain de patate douce.

Les strombes, turritelles, olives réticulées feront aussi la joie des collectionneurs (à condition évidemment de les récolter vides). Les échinodermes (étoiles de mer et oursins) sont eux aussi très présents. Le dollar des sables est un oursin plat dont la coquille perforée s’échoue sur les plages. Les oursins noirs aux longs piquants venimeux, et les oursins blancs dont les gonades sont très appréciées se rencontrent communément. Les crabes se blottissent sous les gorgones éventails pour échapper à leurs prédateurs ; les langoustes de bonne taille, enfin, se rencontrent à profusion.

Éponges

De nombreuses espèces d’éponges colorées aux formes exubérantes ont colonisé les récifs et les épaves. En filtrant l’eau de mer qu’elles rejettent ensuite, elles contribuent à maintenir la limpidité des eaux côtières.

De nombreuses variétés sont représentées aux Bahamas, formant une belle collection bigarrée : éponges-tubes ocre, éponges jaunes, éponges mauves aux formes généreuses, éponges orange nuancées de rose, elles forment d’étranges compositions qui envahissent le corail et couvrent les rochers de plaques rouges et orange. Certaines, telles les oreilles d’éléphant, atteignent jusqu’à 2 m d’envergure, mais elles ne poussent que de 2 cm par an. Les éponges servent de cachette et d’abri à une faune complexe, du crabe araignée à l’étoile de mer.

La pêche à l’éponge, orchestrée par des Grecs, a contribué à la richesse du pays entre la fin du XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle. Mais un champignon ayant mis un coup d’arrêt à cette industrie, la pêche en fut stoppée ; leur population depuis se redéveloppe gentiment.

Une faune terrestre plutôt pauvre

Si sa faune sous-marine est extrêmement diversifiée, la faune terrestre de l’archipel au contraire, est plutôt pauvre et ne recèle pas de curiosités extraordinaires. Malgré quelques originalités, l’isolement des îles a interrompu l’évolution animale et n’a que peu autorisé l’introduction d’espèces. En revanche, ce même isolement a permis la naissance de quelques espèces endémiques.

Ainsi, on dénombre ainsi 13 espèces de mammifères indigènes aux Bahamas, principalement des espèces de chauves-souris ! Les îles les plus vastes abritent par ailleurs quelques rares spécimens de sangliers, tandis que sur les îles méridionales, on rencontre des ânes et des chevaux sauvages, dont les ancêtres étaient autrefois domestiqués. Sur les Exuma Cays, le « swimming pig » est quant à lui une vedette locale : ces cochons sauvages viennent volontiers nager avec les excursionnistes. Curieusement, on rencontre aussi une population de ratons laveurs qui, introduits par les braconniers au début du XXe siècle lors de la prohibition, ont proliféré.

Les reptiles sont beaucoup mieux représentés, avec 44 espèces dénombrées, dont une espèce endémique de l’île de Grand Bahama : le lézard à queue enroulée, petit, mais spectaculaire, qui aime se dorer la pilule au soleil sur les rochers. Les geckos, petits lézards verts et agiles typiques des régions chaudes, se rencontrent fréquemment sur les murs intérieurs des habitations ; ils se nourrissent de moustiques à la nuit tombée. Les lézards à queue bleue sont relativement communs eux aussi. Quelques espèces de serpents, dont trois espèces de boas constrictors des Bahamas, sont répertoriées, mais leur population dégénère, ce que déplorent les herpétologistes. L’iguane enfin, reptile saurien au dos hérissé d’une vilaine crête d’épines pointues, est très présent notamment dans les îles du sud. Il promène son mètre cinquante paresseusement et se montre volontiers curieux et peu farouche. Malgré son allure de monstre antédiluvien, il ne grignote que des plantes et adore les fruits pour lesquels il est même prêt à approcher les visiteurs. Il en existe trois espèces et sept sous-espèces sur les îles des Bahamas.

Paradis des ornithologues

L’ornithologue amateur sera quant à lui comblé, car les oiseaux sont très présents sur les îles ! Outre les espèces propres à la région caraïbe, on dénombre de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs qui reviennent chaque hiver profiter de la chaleur du soleil tropical. Au total, quelque 230 espèces d’oiseaux sont répertoriées aux Bahamas.

Les délicats colibris, communément connus sous le nom d’oiseaux-mouches, butinent le nectar des fleurs en introduisant leur long bec dans les corolles grâce à leurs battements d’ailes si rapides qu’ils leur permettent de faire du sur place. Il existe d’ailleurs une espèce de colibri endémique des Bahamas, le « Bahama woodstar hummingbird », et l’on dénombre en tout 163 espèces d’oiseaux-mouches sur l’archipel !

Les todiers multicolores quant à eux, se nourrissent d’insectes attrapés au vol, et nichent dans de petites grottes qu’ils creusent à même le sol. De son côté, la sylvette au plumage jaune vit dans la mangrove ainsi que les canards. Les pélicans, pigeons, hirondelles, tourterelles, moqueurs, piverts, coucous et autres raviront eux aussi les observateurs. Parmi les espèces endémiques, citons encore l’hirondelle des Bahamas et le perroquet des Bahamas, au plumage vert et à la gorge rouge, tous deux protégés. Le Parc national des Abacos a d’ailleurs été créé pour préserver cette seconde espèce. Les flamants roses (Phoenicopterus ruber), l’oiseau national dont le pays possède une réserve de 60 000 individus – soit la plus grande au monde –, figurent sur le blason du pays. Leur magnifique couleur rose orangé provient du carotène contenu dans les carapaces de crevettes et de larves dont ils se nourrissent. Sur les îles Exumas, on rencontre également des frégates, des engoulevents, et des grives à pattes rouges.

Autres petites bêtes

Quant aux entomologistes en herbe, ils pourront observer de nombreux insectes dont les moustiques, les mouches de sable localement appelées « sandflies » (en évitant si possible leurs terribles morsures), les sauterelles, les fourmis, et les araignées. Le seul insecte vraiment dangereux des îles appartient à cette dernière famille ; c’est la redoutable veuve noire, une araignée venimeuse dont la piqûre peut être mortelle. Heureusement, cette rencontre est excessivement rare. Pour terminer sur une note plus gaie, n’oublions pas les cigales qui égayent du chant de leur frottement d’ailes les grandes forêts de pins.

Une flore tropicale exubérante

Si la faune terrestre est relativement pauvre, les Bahamas possèdent une flore tropicale excessivement riche, ne comptant pas moins de 1 370 espèces végétales ! Parmi elles, on recense 120 espèces indigènes, dont l’acajou des Bahamas, le pin des Bahamas, ainsi que de nombreuses espèces d’orchidées.

Sur les îles du nord et de l’ouest, s’étendent des forêts de pins avec un riche sous-bois de palmiers nains et de fougères. Le frangipanier, arbre trapu à feuilles caduques, possède des fleurs qui se dressent en un plumet hirsute au bout de ses rameaux. Le flamboyant, originaire de Madagascar, fleurit en été et déploie une magnifique et imposante ramure aux fleurs d’un rouge phosphorescent. Plus les îles sont méridionales et plus leur végétation se raréfie, se résumant essentiellement à des arbustes et à des épineux tels les cactus.

Les pins australiens ou casuarinas ont quant à eux envahi les côtes bahaméennes sous le vent. Initialement introduits pour stabiliser les dunes, ils peuvent se développer de façon incontrôlée à grande vitesse, et leurs racines gigantesques grignotent petit à petit les plages, détruisant sur leur passage le patrimoine des îles. Leur développement est désormais surveillé.

De nombreuses plantes et arbres sont également connus pour leur utilité domestique. Ainsi le cocotier, outre ses fruits, fournit la matière première pour les toits de palmes (« thatch »). Cet arbre est une véritable bénédiction pour les locaux. Sa noix nourrit et soigne, ses palmes sont tressées en paniers, en chapeaux, en cordes, en matelas, en toitures, ses troncs servent de poutres… D’autres végétaux trouvent également des usages domestiques intéressants. Ainsi, la mangrove noire est utilisée pour teindre le cuir. De nombreuses plantes sont également reconnues pour leurs vertus médicinales, la bush medicine, science ancestrale, étant encore très pratiquée sur les îles. La goyave sauvage soigne par exemple le diabète, tandis que la sauge blanche soigne la varicelle.

Les fleurs tropicales poussent en abondance et tout au long de l’année, à l’état sauvage comme dans les jardins. Héliconias perroquet, élégants anthuriums, orchidées aux formes délicates, pommes d’eau, insolents oiseaux de paradis, hibiscus jaunes ou rouges, jasmins odorants, grappes rouges de l’alpinia, gracieuses lianes, vert et jaune des massifs de croton, épis rigides du balisier… L’éventail des fleurs tropicales est aussi fourni que la palette d’un peintre l’est en couleurs ! On dénombre en tout 3 500 espèces d’orchidées, dont 60 sont endémiques des îles des Bahamas. La fleur nationale, le yellow elder est une délicate fleur tubulaire de couleur jaune, arborant pour certaines de fines rayures rouges sur ses pétales.

La mangrove

Située entre terre et mer, la mangrove est une formation végétale qui évolue dans un milieu salin. C’est un écosystème particulier où l’on rencontre quatre types d’arbres : les palétuviers rouges, noirs, blancs et gris.

Le palétuvier rouge ou mangle rouge (Rhizophora mangle) est l’arbre principal de la mangrove. Ses racines aériennes pendent en arceau des hautes branches, telle une chevelure emmêlée ; elles forment un enchevêtrement impénétrable et lui permettent de respirer et de se fixer solidement dans le sol salé, instable et vaseux. À l’abri des racines se développe une faune riche, car la mangrove filtre les sédiments ; des alevins et des larves des jeunes poissons profitent ainsi de la richesse en plancton du milieu.

Les huîtres de palétuviers, les mollusques et les éponges se développent en colonies sur les racines du mangle rouge. Les crabes et de nombreux oiseaux y prolifèrent eux aussi, à l’abri des prédateurs qui ne peuvent pénétrer ce dense entrelacs de branchages. Autre intérêt de la mangrove : elle assure la protection et la stabilisation des côtes, la purification de l’air et de l’eau, et constitue un refuge sans pareil pour la faune qui trouve en elle un lieu privilégié de reproduction et d’alimentation.