Découvrez Madère : Géographie

A 978 km au sud-ouest du Vieux Continent et à 545 km à l’ouest des côtes marocaines, l’archipel de Madère baigne dans l’océan Atlantique, constituant une région insulaire charnière entre l’Afrique et l’Europe. Il est composé de plusieurs îles (Porto Santo et ses îlots, les Ilhas Desertas et les Ilhas Selvagens) et fait partie d’un ensemble géographique plus vaste appelé Macaronésie. Ce chapelet d’îles et d’îlots volcaniques, joliment surnommé par les géographes antiques « îles des Bienheureux », intègre les Açores, les Canaries et les îles du Cap-Vert. C’est l’île principale, Madère, qui donne son nom à l’archipel. Elle s’étire sur 57 km d’est en ouest et sur 22 km du nord au sud. La superficie totale de l’archipel avoisine les 800 km², dont 740 km² pour Madère, 42 km² pour Porto Santo, et le reste pour les îlots inhabités, déclarés « réserves naturelles », des Desertas et des Selvagens. 

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Quand la terre se mit à trembler

Il y a environ 20 millions d’années, l’archipel est né des convulsions de l’écorce terrestre à l’ère du Cénozoïque (du grec kaínos, « récent »). L’histoire géologique de Madère commence par une première éruption volcanique sous-marine et l’apparition de la cordelière centrale. Des phases successives d’intenses activités et d’accalmies volcaniques auraient ensuite façonné l’archipel, dont on n’observe en réalité que la partie émergée. En effet, l’île de Madère est la partie visible d’un imposant massif volcanique immergé. Les îles voisines, Porto Santo et les Desertas, sont les seuls sommets secondaires émergés, mais il en existe de nombreux autres, noyés sous l’océan. Comme ses consœurs de la Macaronésie, Madère est donc une île d’origine volcanique, principalement constituée de basalte. En sillonnant les routes de l’archipel qui épousent les reliefs des montagnes, les curieux et autres amateurs de géologie ne manqueront pas d’observer l’alternance d’immenses bancs de lave et de scories (une roche volcanique obscure) qui figure sur les parois de l’île. L’érosion torrentielle et les pluies ont creusé dans ces entablements de profondes vallées, laissant la ligne de partage des eaux au cœur de l’île. La ligne de crête qui se dessine de la pointe de Tristão, vers Porto Moniz, à la pointe de São Lourenço, à l’extrémité est, coupe ainsi l’île en deux versants distincts.

Des reliefs accidentés

Plusieurs massifs volcaniques s’élèvent au centre de l’île et composent l’un des grands ensembles de relief de Madère. Culminant à 1 862 mètres d’altitude, le Pico Ruivo, ou « pic rouge » en portugais, est le plus haut sommet de Madère. En réalité, il s’étire à 5 300 mètres sous l’océan, constituant la partie immergée du massif volcanique. Il est suivi de près par le Pico das Torres (1 847 mètres), puis par le Pico do Arieiro (1 818 mètres). Mais si l’eau de pluie, principalement, a modelé le relief intérieur de Madère, c’est la mer surtout qui en a façonné ses côtes : la puissante houle de l’Atlantique a attaqué les pentes, même peu raides, pour les transformer en falaises qui constituent près de 80 % du littoral, et un tiers d’entre elles dépassent les 100 mètres. Accores, les falaises de la côte nord-est, plongent droit dans l’océan, livrant aux visiteurs un spectacle fascinant éclaboussé de vagues tumultueuses. Madère s’enorgueillit même de posséder la deuxième falaise la plus haute du monde (au-dessus du niveau de la mer) : le Cabo Girão, qui s’élève à 580 mètres sur la côte sud. Au cœur de l’île, le plateau de Paúl da Serra, « le marais de la montagne » s’étendant sur 35 km², couvre en partie le nord-ouest de Madère. C’est l’unique plateau de l’archipel. Un parc d’éoliennes produit ici de l’énergie électrique, profitant des vents quasi permanents qui soufflent sur ce chapelet atlantique.

Porto Santo

On l’a dit plus haut, l’archipel est constitué de Porto Santo au nord-est, des îles Desertas que l’on aperçoit parfois de Funchal, et des îles Selvagens, plus au sud, assez proches des Canaries. Porto Santo apparaît minuscule sous l’aile gauche de l’avion lorsqu’on vient de Lisbonne. Elle s’étend sur 40 km² et abrite quelques milliers d’habitants. Malgré la proximité de Madère, Porto Santo, dont le relief est beaucoup moins accidenté, est aussi plus sèche et plus aride. Sa longue plage de sable blond qui s’étend sur 9 km contraste avec le relief caractéristique de sa grande sœur et valut à Porto Santo d’être surnommée « l’île dorée ». Ile principale, Porto Santo fait elle-même partie d’un archipel constitué de plusieurs îlots : l'îlot de Fonte da Areia, au nord de Porto Santo, les îlots de Cenouras, Baixa de Meio et Fora, au nord-est, et les îlots de Baixo et de Ferro à l’ouest. Comme à Madère, le sud de l’île, ondulé de collines sauvages, s’oppose au nord, découpé de falaises abruptes. On y observe quelques sommets modérés, à l’instar du Pico do Facho, qui culmine à 517 mètres, et du Pico do Castelo, qui s’élève à 437 mètres.

Iles désertes

Elles sont désertes ou presque, comme leur nom l’indique, puisqu’une station scientifique s’y est établie. A quelques kilomètres seulement de la pointe de São Lourenço, Deserta Grande, Bugio, Ilhéu Chão et Prego do Mar constituent une réserve protégée depuis 1995 qui s’étend sur une superficie totale d’environ 14 km². Leur accès est soumis à une autorisation préalable. Parmi les habitants, une colonie de phoques moines, des oiseaux, des plantes et des tarentules (d’une espère rare), de bonnes grosses araignées bien velues, apparemment peu gênées par l’érosion qui menace les Desertas à cause de leur maigre végétation. Ce sont peut-être ces tarentules qui ont effrayé la trentaine d’hommes qui tentèrent de s’y établir au XVIe siècle ; mais, quoi qu’il en soit, leurs cultures n’avaient pas beaucoup de chance de succès non plus, une seule source d’accès difficile fournissant de l’eau douce à Porto Santo. Plus tard, on essaya d’exploiter un lichen utilisé dans la fabrication de colorant rouge, l’urzela (orseille). Aujourd’hui, on se contente de faire un tour en bateau, sans accoster, et les marins de Funchal et de Câmara de Lobos ont une théorie infaillible pour prévoir le temps selon que les Desertas sont visibles ou non de la côte.

Ilhas Desertas

Elles s’étirent à 290 km de Funchal et à 160 km au nord de Tenerife (îles Canaries), présentant en tout un peu moins de 5 km² de terres émergées. Au total, une vingtaine d’îles et massifs rocheux. Découvert par Diogo Gomes, l’archipel des Ilhas Selvagens, constitué de trois îles principales (et de nombreux îlots), fut une propriété privée jusqu’en 1971. Elles font l’objet d’un litige frontalier entre le Portugal et l’Espagne qui ne reconnaît pas la souveraineté de l’archipel concédé aux Portugais en 1938 par la Commission permanente sur les affaires maritimes internationales (en plein guerre civile espagnole…). Toujours est-il que l’Etat portugais en fit une zone protégée pour la nidification des oiseaux marins, notamment les cagarros (puffins cendrés), que les pêcheurs aiment bien car ils ont la manie de tournoyer au-dessus des bancs de thons. Enfin, ce qui n’a pas manqué d’attirer d’intrépides aventuriers, il paraît qu’il y a un trésor caché aux Selvagens, celui du capitaine Ridd, mais le marin qui révéla le secret a oublié d’indiquer l’emplacement (oups !). Comme pour les îles Désertes, l’accès aux îles Sauvages est restreint et nécessite une autorisation spéciale. Des croisières sont en revanche organisées autour des îles, mais vous ne pourrez pas y accoster (pour en savoir plus, contactez l’agence Ventura Nature Emotions). 

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