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Un cinéma pré-hollywoodien

Dès 1898, le cinéma s’invite sur l’île de Porto Rico par le biais des soldats américains, qui documentent la campagne d’invasion. Une tradition documentaire qui va perdurer, jusqu’à la réalisation en 1912 du premier film de fiction portoricain, du cinéaste Rafael Colorado D'Assoy. Un drama en Puerto Rico est une découverte idyllique de cette île paradisiaque et des habitants qui la peuplent. Vous pourrez déjà y reconnaître le Parque Boriquen, ainsi que les plus beaux recoins de San Juan. Dans les années 1920, plusieurs compagnies de production trustent le marché national, tandis qu’Hollywood commence à utiliser l’île comme lieu de tournage. En 1934, le film Romance Tropical, adapté d’un scénario du poète Luis Pales Matos, devient le deuxième long métrage sonore en espagnol de l’histoire. Une œuvre sortie en plein âge d’or du cinéma portoricain, alors que des actrices comme Blanca de Castejón tournent à Hollywood et au Mexique, où elles gagnent en notoriété et font rayonner le septième art national.

Dans la seconde moitié du vingtième siècle, le nombre de productions augmente et le pays attire de plus en plus de tournages internationaux. De cette époque, le film Los Peloteros (1953) est probablement le plus marquant. Basé sur une histoire vraie, il met en scène l’acteur comique Ramon Rivero, bien connu des Portoricains, dans son premier rôle dramatique sous les traits d’un coach de baseball pour jeunes défavorisés. À l’international, José Ferrer gagne l’Oscar du meilleur acteur en 1950 pour son interprétation de Cyrano de Bergerac, et devient le premier comédien hispanique à recevoir une telle distinction. À la même époque, Rita Moreno commence sa carrière dans Chantons sous la pluie (1952), avant de devenir la star de West Side Story (1961). Une histoire qui la suivra toute sa carrière, puisqu’elle tient également un rôle important dans le remake de Steven Spielberg, réalisé en 2021.

Cette ouverture internationale est caractéristique du cinéma portoricain depuis les années 1960. Les marchés latino-américains, bien que pas forcément au rendez-vous, restent la cible des producteurs durant plusieurs décennies. Aujourd’hui, si la quantité de films qui sortent des studios locaux s’est amenuisée, il reste néanmoins une industrie active sur l’île, de par les coproductions et l’accueil de grands tournages hollywoodiens. Sans compter un engouement toujours présent pour les histoires musicales et chamarrées tournant autour de l’héritage local.

Hollywood sous les sunlights des tropiques

Territoire étroitement lié aux États-Unis, Porto Rico est rapidement devenu l’un des spots de tournage favoris d’Hollywood, que ce soit pour des superproductions d’action et d’aventure ou pour des films plus intimistes. À la fin des années 1960, l’île accueille ainsi le tournage de Che!, l’un des premiers biopics sur le révolutionnaire cubain, réalisé par Richard Fleischer. Un vrai désastre autant financier que cinématographique, le film reste néanmoins intéressant à découvrir pour la splendide prestation d’Omar Sharif en Che Guevara, et pour les scènes cubaines tournées à Ponce. À la même époque, dans un tout autre style et avec un tout autre budget, le cinéaste Roger Corman tourne plusieurs séries B sur l’île. Cette « trilogie portoricaine », composée des films Last Woman on Earth, Battle of Blood Island et Creature of the Haunted Sea (tous trois sortis en 1960), constitue l’un des passages les plus croustillants de la carrière de ce monument du cinéma pop. Le premier est d’ailleurs tombé dans le domaine public, et est aujourd’hui accessible gratuitement en streaming. Une découverte qui ne vous laissera pas indifférent. Pour les connaisseurs, faites un arrêt au Caribe Hilton, sirotez une pina colada dans le lobby, et replongez-vous dans l’ambiance étrange de ce film cocasse.

En 1995, c’est la franchise James Bond qui s’invite sur l’île, dans le grandiose GoldenEye de Martin Campbell. Avec Pierce Brosnan dans le rôle-titre, Sean Bean en tant qu’antagoniste ancien allié de Bond, et d’autres grands noms comme Judi Dench, Robbie Coltrane ou encore Izabella Scorupco, le film est un des épisodes les plus mémorables de la saga. Et ce, grâce à des décors grandioses comme l’Arecibo Observatory, situé sur la côte nord de Porto Rico. Un site étonnant, créé au début des années 1960 et aujourd'hui rouvert après sa reconstruction suite à son effondrement. Parmi les autres lieux de tournage importants, la Cienaga de Cibuco dans la région de Vega Baja, la plage de la Laguna Tortuguero, ainsi que le village de Manati apparaissent également dans les scènes finales de cet opus de la saga 007.

Depuis, d’autres tournages tout aussi prestigieux ont fait appel aux décors exotiques de l’île. Parmi ces films, on peut citer les actioners comme Bad Boys II (2003), où Porto Rico tient lieu et place de Cuba, mais aussi le 5e épisode de la série Fast and Furious (2011), avec Vin Diesel, Dwayne Johnson et Elsa Pataky dans les rôles principaux. Plus récemment, Porto Rico a également tenu le rôle du Nigeria dans Captain America : Civil War (2016), où l’on peut distinctement reconnaître la Milla de Oro, l’avenue centrale du quartier financier de San Juan.

Enfin, Porto Rico brille également sur les écrans au travers du cinéma d’animation et de la comédie musicale, même si les tournages n’ont pas forcément eu lieu sur place. Ainsi, de par son héritage portoricain, le compositeur Lin-Manuel Miranda a mis plusieurs fois Porto Rico en avant au travers de ses créations comme D’où l’on vient (2021), ou via ses performances chantées dans Vivo (2021), et dans la comédie musicale Hamilton (2014). Une histoire en hip-hop des pères fondateurs des États-Unis, mais surtout une ode à la diversité culturelle, et un succès historique à Broadway.

Plonger dans le cinéma à Porto Rico

Les salles de l’île vous accueilleront à bras ouverts autour de nombreux films en version anglaise ou espagnole, tandis que le Fine Arts Popular vous proposera une large sélection de cinéma indépendant en version originale. Et s’il fait trop beau pour vous enfermer devant un écran, parcourez tout de même la ville à la recherche des façades de salles comme le Hollywood Theater, le Teatro Tapia ou le Teatro Yagüez, de vraies œuvres d’art.