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Les mythes

Les égyptologues identifient trois cosmogonies, ou mythes créateurs, sur lesquels repose la philosophie de l’Égypte antique. Selon le mythe héliopolitain, au commencement des temps, existait le Noun, ou Eaux primordiales, qui contenaient l’astre solaire, Atoum-Rê. Celui-ci fit surgir un tertre des eaux et s’y posa. Il donna naissance au dieu de l’air et à la déesse de l’humidité́. Eux-mêmes engendrèrent le dieu de la terre et la déesse du ciel, qui enfantèrent à leur tour d’Osiris, Isis, Seth et Nephtys. Osiris et Isis donnèrent naissance à Horus.

Le mythe hermopolitain ajoute à cela huit grenouilles primordiales qui représentent l’espace infini, les eaux infinies, l’errance et les ténèbres. Elles firent surgir le tertre initial, y déposèrent un œuf d’où sortit le soleil, Atoum-Rê.

Le mythe de Memphis est similaire au précédent, à la différence que les huit grenouilles sont des émanations de Ptah, dieu primordial. Celui-ci créa l’univers par sa pensée, son cœur et son verbe.

Les cycles

La mythologie égyptienne et la vie quotidienne des habitants s’organisent autour de trois cycles primordiaux.

Le cycle du jour et de la nuit, avec la renaissance quotidienne du soleil, incarné par Rê et sa course dans les cieux, puis son combat souterrain avec le serpent Apophis.

Le cycle de la vie et de la mort est basé sur le mythe d’Osiris, le Livre des morts et sur le concept de l’immortalité de l’âme. La momification a ici un rôle primordial puisqu’elle permet à l’âme de cheminer vers l’au-delà sans encombre, tel Osiris, le dieu des morts.

Le cycle des saisons est d’une importance considérable dans une société majoritairement rurale, rythmée par les crues du Nil. Centrale dans la religion comme dans le quotidien, la crue est espérée et redoutée car elle peut amener bienfaits ou destruction sur la terre d’Égypte.

Résumé du panthéon égyptien

Amon. C’est l’une des principales divinités égyptiennes, son nom signifie « le caché ». C’est un dieu surtout vénéré à Thèbes. Il est associé à d’autres dieux comme Rê, et est alors représenté sous les traits d’un bélier, ou encore Min, dieu ithyphallique. Il forme, avec sa femme Mout et leur fils Khonsou, la triade thébaine, particulièrement vénérée à Karnak et à Louxor.

Anubis. Dieu à tête de chacal, il est lié aux rites d’embaumement et de passage dans l’au-delà. Il est l’assistant d’Osiris, le premier des embaumeurs. Lorsqu’il accompagne Pharaon vers le tribunal de Maât, il a alors le titre de psychopompe, d’accompagnateur de l’âme. Il porte une clé. C’est à Assiout que son culte est particulièrement développé.

Aton. Le dieu Aton est une divinité unique voulue par Aménophis IV-Akhénaton. Il n’a ni parenté, ni parèdre. Son nom signifie « globe solaire » et sa manifestation, dans les représentations que l’on a de lui, se fait sous la forme des rais de l’astre du jour, terminés par des mains. Aton est une énergie pure qui est à l’origine de tout. Aton n’impose pas de lois aux hommes, sinon une harmonie générale.

Bastet. Prenant la forme d’un chat, cette divinité est l’une des plus populaires du panthéon égyptien. Paradoxalement, cette déesse n’est jamais représentée dans les temples et les tombes, à l’exception de ceux retrouvés à Boubastis, dans le Delta. Elle est l’une des filles de Rê, dont elle incarne l’œil. Elle est la protectrice de la musique, de la joie, de la maternité. Elle protège les foyers et les villes.

Hâpy. Il est le dieu du Nil dont il est le gestionnaire des eaux. Du fait de la centralité du fleuve dans la vie quotidienne, Hâpy est une divinité particulièrement importante. Il habite deux lieux en particulier : Éléphantine au niveau de la première cataracte, à Assouan, et Memphis en amont du Delta. Il est représenté sous les traits d’un androgyne aux seins pendants, et parfois sous les traits de jumeaux portant sur leur tête les roseaux de la Basse-Égypte et les papyrus de la Haute-Égypte. Aucun temple ne lui est consacré mais les hymnes du Nil n’étaient chantés que pour lui.

Hathor. Elle est la fille de Rê et l’épouse d’Horus. Son nom signifie « demeure d’Horus ». Représentée sous la forme d’une vache, elle conserve les cornes et les oreilles dans sa représentation anthropomorphique et porte aussi le soleil d’Horus. Elle est la déesse de la fécondité et elle assiste aussi les hommes dans leur renaissance après la mort. Le temple de Dendérah lui est entièrement consacré mais une large place lui est dédiée dans le temple d’Edfou, consacré à Horus.

Horus. Son nom signifie « le lointain », il est représenté sous la forme du faucon. Il est à la fois la manifestation de Rê lorsque le soleil est à son zénith, mais il est également le fils orphelin d’Osiris, élevé par sa mère Isis. Lorsque son œil est arraché par Seth, c’est Thot qui le reconstitue sous la forme de l’« œil oudjat », l’amulette protectrice la plus portée par les Égyptiens. Pharaon porte toujours le titre de « fils d’Horus ». Ses quatre fils veillent sur les viscères des défunts et chacun des vases canopes est dédié à l’un d’eux. C’est surtout à Edfou qu’un culte majeur lui est voué.

Isis. Son nom signifie « trône ». Elle est la sœur de Seth, de Nephtys et d’Osiris. Ses parents sont Gheb et Nout, tous deux enfants de Shou et Tefnout, enfants de Rê. Isis est l’épouse de son frère Osiris avec qui elle engendre Horus. Elle est représentée sous des traits humains, portant des cornes et l’astre solaire sur la tête. On la voit souvent allaitant Horus. L’attachement d’Isis à son époux est exemplaire, ce qui explique le culte qui lui a longtemps  été voué. Des temples comme ceux de Kalabshah, de Dabod, et surtout de Philae, lui sont dédiés. Le culte d’Isis s’étendra à une grande partie du bassin méditerranéen et sera l’un des derniers cultes païens à subsister face à la montée du christianisme.

Khnoum. C’est un autre démiurge du panthéon égyptien : Rê créa le monde et Khnoum créa la vie. Tout ce qui est vivant sur terre est sa création. Il dispose du Nil pour dispenser la vie, la maintenir sur terre et c’est donc à Éléphantine qu’il demeure, au niveau de la première cataracte. Il ordonne à Hâpi d’apporter les eaux du Nil aux Égyptiens. On le connaît sous le nom de « façonneur du monde », ou de potier. Avec Satet et Anouket, ils forment la triade d’Éléphantine. Il est représenté sous les traits d’un bélier puissant aux cornes retournées. Son temple principal est celui d’Esna, bien qu’on trouve des traces de son culte à Éléphantine.

Maât. Son nom signifie « vrai ». Elle est à la fois une déesse et un concept. Symbole de la vérité, de la justice, elle est l’équilibre naturel du monde parfait tel que Rê l’a créé. Elle est garante de l’équilibre du monde, présente chaque jour dans la manifestation du jour et de la nuit, de la vie et de la mort. C’est en son nom que Pharaon rend la justice sur terre et c’est elle qui procède à la pesée des âmes des défunts. Les portes de la vie éternelle sont ouvertes à l’homme bon, tandis que la Dévorante se tient prête à manger le cœur de l’homme mauvais. Elle est représentée sous la forme d’une femme portant une plume sur la tête, parfois à côté ou sur une balance.

Nekhbet et Ouadjet. Respectivement déesses protectrices de la Haute et Basse-Égypte. Elles symbolisent l’union du pays et entourent souvent Pharaon. Nekhbet est un vautour aux mille couleurs et Ouadjet est un serpent. Elles sont très souvent représentées dans les temples, notamment au-dessus des portes en signe de protection. Elles peuvent être représentées par des femmes portant la couronne de Basse-Égypte (Ouadjet) et de Haute-Égypte (Nekhbet).

Osiris. Son nom signifie « le siège de la puissance ». Avec Isis, dont il est le frère et l’époux, Osiris forme le couple le plus romantique du panthéon égyptien ; leur histoire alliant la vie, l’amour, la mort, la quête de l’autre, la résurrection, la vengeance de leur enfant. Osiris, qui devint roi terrestre, se maria à Isis, s’attirant la jalousie de son frère Seth. Celui-ci l’assassina puis découpa son corps en quatorze morceaux et les dispersa. Isis et sa sœur Nephtys retrouvèrent et reconstituèrent Osiris grâce à des bandelettes. Il devient le souverain des morts et règne sur l’au-delà. Il est représenté, assis en majesté, coiffé de la couronne d’Égypte, tenant le sceptre et le fléau, ou en position dite « osiriaque », debout et droit, enveloppé dans ses bandelettes. Son culte principal avait lieu à Abydos.

Ptah. Son nom signifie « le façonneur ». Ce dieu est parfois vu comme supérieur à Rê dont certains cultes ont voulu qu’il soit le Créateur ! La réponse à cette contradiction est, comme souvent, politique. L’ascendance de Ptah est souvent consacrée par des dynasties originaires de Memphis, où il est adoré. Au contraire, Rê garde son titre de démiurge incontesté sous le gouvernement des personnalités de Thèbes, où il est vénéré. Ptah est alors relégué au statut de protecteur des artisans et des architectes. Il est représenté sous les traits d’un homme à la peau verte, coiffé d’un bonnet et vêtu d’une étoffe serrée.

Rê. Son nom signifie « celui qui se lève ». C’est le plus important dieu du panthéon égyptien. C’est lui qui, selon la mythologie, est à l’origine de tout. En tant que démiurge, il s’est aussi créé lui-même. C’est le dieu soleil, créateur de la plupart des dieux non démiurges. Il forme avec ses descendants le groupe le plus important du panthéon égyptien. Amon est indissociable de Rê et on l’appelle Amon-Rê, honoré à Thèbes. On le représente sous la forme d’un homme ayant la tête d’un faucon, surmontée du globe solaire autour duquel s’est enroulé le cobra. Il fut célébré à Héliopolis et dans l’Égypte entière.

Sekhmet. Son nom signifie « la puissante ». Elle est l’épouse de Ptah et la mère de Néfertoum, les trois formant la Triade de Memphis. Sa puissance est à double tranchant : elle protège mais parfois, dans sa rage, elle ravage le pays ! Pour cela, elle peut parfois être assimilée à la crue. Elle est représentée sous la forme d’une lionne coiffée du disque solaire. Elle fut vénérée partout en Égypte, et particulièrement à Karnak et à Memphis.

Seth. Son nom signifie à la fois « celui du Sud » et « celui des bandelettes ». C’est le frère d’Osiris, d’Isis et de Nephtys. Il est particulièrement utile à Rê puisqu’il se tient à la proue de la barque solaire qu’il protège du serpent Apophis, lorsque celle-ci traverse les ténèbres de la nuit. C’est un dieu à la fois craint et vénéré par les Égyptiens. Sa représentation la plus répandue est celle d’un homme au visage d’un animal imaginaire, doté d’un long museau qui rappelle celui du chien ou du tapir.

Thot. Représenté sous la forme d’un ibis ou d’un babouin, il est celui qui organise le monde, et est notamment responsable du calendrier. Il est organisé et équilibré, à tel point qu’on le dit à l’origine de Mâat. Il intervient souvent pour régler les différends avec les dieux et il est le patron des scribes.