VTT ans la station de Châtel, en Haute-Savoie © GibsonPictures - iStockphoto.com.jpg
Rafting © litchi cyril photographe - Shutterstock.com.jpg
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Naissance et histoire des stations des Alpes, tout pour la pratique du ski

La première station française voit le jour dans les années 1920 autour du village de Megève sous l’impulsion de la baronne Noémie de Rothschild. Inspirée par la station suisse de Saint-Moritz fréquentée par l’aristocratie européenne, elle décide de construire au mont d’Arbois un chalet luxueux et une patinoire. Ici, le ski se développe peu à peu grâce à des chenillettes pour remonter les pentes, avant l’ouverture du premier téléphérique en 1933. Un modèle qui s’étendra à travers toutes les Alpes à d’autres villages voulant profiter de cette nouvelle manne financière. C’est le cas des Gets, station village qui sera la première à s’équiper d’un télésiège en 1947 pour faciliter l’accès aux pistes à un plus grand nombre de skieurs. Après la Seconde Guerre mondiale, un nouveau type de station voit le jour où tout est organisé pour une meilleure pratique du ski. Il est intéressant de noter que la première station du genre, Courchevel 1850, fut créée après-guerre au-dessus du village de Saint-Bon qui profitait jusqu’alors du tourisme estival lié à la station thermale de Brides-les-Bains. Courchevel 1850 fut la première station entièrement construite sur un terrain totalement vierge avec de nouvelles habitations. Si l’industrie du ski était née, elle n’était pas encore accessible à tous, les chalets de Courchevel 1850, sur le modèle des chalets traditionnels, ne permettant pas d’accueillir un trop grand nombre de skieurs. Il faudra attendre les années 1960 et le modèle des « stations intégrées », conçues entièrement pour la pratique de masse du ski (foncier, urbanisme, logements, domaine skiable…), pour voir se développer la pratique du ski alpin. C’est la naissance de grandes stations comme Flaine, Avoriaz ou Les Arcs, véritables laboratoires pour les architectes. D’immenses bâtiments couvrent les pentes, créant des « quartiers » reliés entre eux par des ascenseurs, abritant de grandes galeries marchandes, favorisant au maximum la pratique du départ « skis aux pieds » depuis son appartement cabine. Les sports d’hiver sont devenus une industrie florissante au détriment de la nature et de l’environnement. A tel point qu’il faudra voter une Loi Montagne en 1985 pour réconcilier développement et protection de la montagne. Après d’indéniables excès en matière d’aménagement et d’urbanisme, les promoteurs des stations reviennent à la raison avec un style « néorégionaliste » avec l’essor des stations villages. Des stations qui ne se contentent plus de promouvoir la saison hivernale et la pratique du seul ski alpin. Les Alpes redécouvrent leur patrimoine naturel avec la pratique d’une activité estivale qui redonne sa dimension naturelle à la montagne : la randonnée. Après l’âge d’or du ski alpin et des aménagements gigantesques uniquement tournés vers cette pratique hivernale, les stations des Alpes se tournent désormais vers d’autres sports plus « nature » et d’autres saisons.

Du « tout hiver » à l’essor des activités d’été

Quand les premières stations de ski fréquentées par l’aristocratie ont vu le jour, il n’était pas question de les fréquenter en été, saison réservée aux bains de mer sur la côte. La montagne n’a longtemps connu qu’une seule saison, sauf pour les alpinistes et quelques férus de marche qui firent les beaux jours de certaines stations comme Chamonix. Ce n’est pas un hasard si le premier sentier de grande randonnée, GR®, des Alpes fut le Tour du Mont-Blanc en 1951. Le balisage des chemins de randonnée, souvent d’anciens sentiers utilisés par les bergers et leurs troupeaux, se développe à travers les Alpes, permettant la pratique par un large public d’une activité familiale et peu onéreuse. Dans les années 1980 a lieu une première prise de conscience autour de la pollution de notre environnement et d’une fréquentation abusive du littoral en été avec un besoin croissant d’évasion vers des territoires inoccupés… comme la montagne en été ! Mais que faire à cette saison dans ces stations tournées vers le ski ? Les premiers VTT font leur apparition en France en 1983 à La Plagne. Cette nouvelle activité de descente, qui utilisera les infrastructures réalisées pour la saison hivernale et qui offrira une nouvelle activité économique aux stations, prendra très vite son essor dans les Alpes françaises. Si la première piste dédiée à la pratique du VTT a vu le jour dans le massif du Jura, les zones réservées aux vélos tout-terrain se multiplient dans les Alpes avec la création des « bike parks ». Chaque station a désormais son terrain réservé aux VTT, activité qui remplace le ski en été. En parallèle, les cyclistes suivent les exploits des coureurs du Tour de France et veulent à leur tour gravir les cols des Alpes. Des stations comme l’Alpe d’Huez mettent à leur disposition un balisage spécifique pour se chronométrer et se mesurer aux champions. Mais la randonnée, le vélo de route et le VTT ne sont pas les seuls sports à animer les stations en saison estivale. Avec le réchauffement climatique qui raccourcit chaque année la période skiable, les amoureux de nature ont développé de nombreuses activités profitant de l’environnement exceptionnel des Alpes. Dans les airs, après le deltaplane, c’est le parapente qui s’est démocratisé. Des voiles de toutes les couleurs parcourent aujourd’hui le ciel des stations françaises avec des vols découverte accessibles à tous les publics. Sur les falaises verticales, la via ferrata facilite la pratique de l’escalade tout en procurant le frisson du vertige. Avec la randonnée, dont le nombre d’adeptes ne cesse d’augmenter, la pratique du trail – course sur des sentiers en milieu naturel – s’est largement développée dans les Alpes, notamment depuis la création des Stations de Trail®. Sur les pentes, les luges d’été sur rails reproduisent la sensation de glisse. Dans les arbres, ce sont les parcs aventure qui proposent des activités ludiques à sensation. Les rivières des Alpes sont aussi mises à contribution avec le rafting et le canyoning, deux activités aussi rafraîchissantes que sensationnelles. Toutes ces activités estivales, auxquelles on pourrait rajouter le golf, l’équitation, le tir à l’arc…, font que les stations de ski sont devenues des stations aussi animées l’été que l’hiver.

Des stations été/hiver aux stations 4 saisons

Certaines stations des Alpes ont accueilli historiquement les touristes en toute saison. C’est le cas de Chamonix, station qui a tout d’une ville animée toute l’année autour de nombreuses activités de montagne, de l’alpinisme au ski en passant par la randonnée. C’est aussi le cas de Briançon dans les Alpes du Sud, petite capitale régionale profitant d’un fort patrimoine architectural – forteresse Vauban – qui s’est reliée aux sommets de Serre-Chevalier Vallée pour élargir son offre et participer au développement d’un vaste domaine. Si quelques stations ont toujours connu une activité à l’année, la grande majorité des stations des Alpes ne s’est longtemps tournée que vers les sports d’hiver, puis vers les sports d’hiver et les activités d’été. Pendant les longues périodes appelées « intersaisons » – entre avril et juin, et entre septembre et décembre (périodes qui s’allongent avec la diminution de l’enneigement) –, les stations connaissent une « saison morte ». D’ailleurs, de nombreuses stations, sauf certaines stations villages, communiquent en disant qu’elles sont tout simplement « fermées ». A ces périodes, les hébergements et les commerces n’ouvrent pas leurs portes et aucune activité n’est proposée aux visiteurs. Pourtant, de nombreux urbains vivant à proximité des montagnes – de Grenoble, de Chambéry, de Lyon, de Marseille ou de Nice – veulent prendre l’air le temps d’un week-end ou de « petites » vacances hors période pour du loisir outdoor, demande qui connaît une forte dynamique. Désormais, toutes les stations intègrent dans leurs aménagements des équipements qui assurent une exploitation à l’année, pour attirer de nouveaux clients comme les seniors, les touristes d’affaires ou les séminaires. Ce sont les stations dites de « moyenne altitude », celles qui vont subir les premières le manque d’enneigement, qui vont devenir les premières stations 4 saisons des Alpes. Pour ces stations, comme Chamrousse au-dessus de Grenoble – station créée pour les Jeux olympiques de 1968 –, le défi est tout simplement vital. Il faut attirer à la fois plus d’habitants à l’année pour faire vivre les commerces et les services locaux et plus de touristes pour développer les activités. Cette transformation en station 4 saisons passe par la construction de nouvelles infrastructures, comme un grand centre aquatique et tonique dans le cas de Chamrousse ou d’une salle « multi-usages », des hôtels avec spa pour un tourisme bien-être en constante progression. Les massifs de Chartreuse ou du Vercors, le Dévoluy ou certaines parties méridionales du Mercantour moins élevés que d’autres vont devoir s’adapter à la fois au changement climatique et à la nouvelle demande d’un public en quête d’air frais, d’air pur, de bien-être et de sensations. Même des stations d’altitude comme Saint-Gervais Mont-Blanc s’affichent ouvertement « 4 saisons » avec le développement d’activités intermédiaires comme les balades en forêt, les balades en raquettes, la découverte d’un patrimoine étonnant qui va des églises baroques à un tout nouveau lieu culturel, un parking de béton entièrement peint par des artistes. Trop longtemps simple terrain de jeu hivernal, la montagne devient un terrain de vie à l’année. Les Alpes s’offrent comme un territoire attractif où se développent ensemble tous les secteurs de l’économie, agriculture en tête mais aussi tertiaire, et l’incontournable tourisme. Nouvelles activités sportives outdoor et indoor, nouvelles activités de détente pour couples et familles, patrimoine et culture, les stations 4 saisons sont aussi écoresponsables pour un développement durable avec ou sans neige. Partout dans les Alpes, les stations 4 saisons sont en pleine métamorphose pour assurer des activités toute l’année.