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Une biodiversité exceptionnelle, une région menacée

En dépit de la forte pression exercée par l’homme sur la nature, notamment dans les vallées et sur les sommets parfois transformés en pistes de ski, les Alpes offrent encore d’immenses espaces de nature intacte. Ici, à tous les étages, la biodiversité est absolument remarquable. Les Alpes, dans leur ensemble, abritent environ 30 000 espèces animales (et 13 000 espèces végétales) et pas seulement les grands et petits mammifères auxquels on pense immédiatement – chamois, bouquetin, mouflon, loup ou marmotte –, mais encore de grands rapaces – dont les emblématiques aigles royaux, vautours fauves et gypaètes barbus –, quinze espèces de reptiles et une vingtaine d’amphibiens, sans oublier les chauves-souris sévèrement menacées dans les vallées alpines.

Les parcs nationaux, protection maximum

Sur les 11 parcs nationaux de France, espaces totalement vierges de toute activité humaine en zone centrale, les Alpes en abritent 3. D’autres espaces sont protégés d’une activité humaine trop intense, c’est le cas des parcs régionaux, 5 au total sur le territoire, des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (Znieff) et des zones Natura 2000. Un ensemble qui couvre à peu près 30 % du territoire ! C’est dire l’intérêt écologique que présente ce massif, mais surtout les nombreux dangers – tourisme de masse en tête – dont il a fallu préserver les montagnes.

Le Parc national de la Vanoise fut le premier parc créé en France en 1963 afin de sauvegarder le bouquetin des Alpes. Sur ce territoire sauvage, où les conditions de vie hivernales sont d’une rigueur extrême, il n’y a pas que les bouquetins à être protégés. Il y a aussi une faune et une flore très diversifiées avec plus de 2 000 variétés de fleurs, dont quelques-unes ne se trouvent que sur cette zone. Egalement, une centaine d’espèces d’oiseaux, dont l’aigle royal et la bartavelle, mais encore tous les grands mammifères qui peuplent les Alpes. Des glaciers aux prairies alpines, c’est tout un univers à l’état pur.

Le Parc national des Ecrins, créé en 1973, a profité de la forte activité écologique dans les Hautes-Alpes pour couvrir une zone des Alpes parmi les plus riches et les plus belles avec de nombreux sommets qui atteignent – ou presque – les 4 000 m. Avec une superficie de 270 000 ha, c’est le plus grand parc de France. Situé entre l’Isère et les Hautes-Alpes, sa position centrale dans les Alpes – bénéficiant des influences continentales, océaniques et méditerranéennes – explique sa richesse exceptionnelle et sa beauté : près de 2 000 espèces végétales, dont 40 espèces rares ou menacées, une soixantaine d’espèces animales rares ou menacées dont le bouquetin qui a été réintroduit il y a une quinzaine d’années et l’emblématique aigle royal. C’est un parc sauvage et rude que peu de randonneurs atteignent vraiment en son cœur.

Le Parc national du Mercantour est né en 1979 entre les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes. Il est le parc alpin le plus au sud de la chaîne. A l’origine de ce parc, une réserve de chasse que l’on préservait pour le roi italien Victor-Emmanuel II et que l’on doubla pour abriter une zone centrale de protection totale sur près de 70 000 ha. Un parc à la forme étrange qui s’étale d’est en ouest et qui abrite de véritables merveilles puisque l’on y trouve notamment la Vallée des… Merveilles. Dans ce parc, on recense la moitié des espèces végétales que l’on peut trouver en France – soit 2 000 sur 4 000 –, des chamois mais aussi des mouflons de Corse, des bouquetins et des loups venus d’Italie. C’est encore là que l’on retrouve des oiseaux comme le mythique gypaète barbu.

Réserves des Alpes, une autre façon de protéger la nature

Les Alpes sont encore une terre sauvage protégée par une enceinte de réserves créées par l’homme.

En Isère, la Réserve naturelle des hauts plateaux du Vercors domine l’ensemble d’un massif montagneux qui a su dans son ensemble préserver son aspect sauvage. Nature majestueuse, forêts impénétrables, prairies grandioses de la plus grande réserve naturelle de France (17 000 hectares). Sur ce vaste territoire, aucun habitat permanent, aucune route autre que forestière, pour une sauvegarde totale d’une nature intacte. Ici vivent en liberté chamois, chevreuils, bouquetins, renards roux, vautours, aigles royaux, mais aussi deux symboles du monde sauvage : le lynx et le loup. L’homme ne peut qu’imaginer les pas de ces grands prédateurs dans la neige, leurs cris nocturnes, leurs chasses, leurs amours, leurs vies. Cette réserve conserve une flore précieuse avec près de 600 espèces, dont 19 protégées.

La Réserve nationale de chasse et de faune sauvage des Bauges, qui contient les plus hauts sommets du massif au cœur du Parc, abrite de nombreux oiseaux nicheurs et mammifères de montagne, en particulier le chamois. Les Bauges forment un massif alpin remarquable, une citadelle délimitée par le triangle des autoroutes alpines reliant Chambéry, Annecy et Albertville. Ce havre perché de nature sauvage a été progressivement délaissé par l’homme au profit d’une sauvegarde d’un patrimoine naturel exceptionnel. Véritable mosaïque de milieux écologiques, le massif des Bauges abrite une flore et une faune remarquables. Parmi les 1 600 espèces végétales représentées, soit environ un tiers de la flore française, figurent le cyclamen d’Europe, et des spécimens très rares comme l’iris de Perier, le sabot-de-vénus, le chardon bleu et la gentiane pneumonanthe.

La réserve naturelle des gorges de Daluis, dans les Alpes-Maritimes, abrite une grande variété d’espèces végétales et animales. Au carrefour des Alpes et de la Méditerranée, la réserve connue comme le Colorado niçois abrite des espèces rares, voire endémiques, telles que la saxifrage à feuilles en languettes qui orne de ses fleurs blanches les falaises rouges au printemps. Des falaises qui offrent des nichoirs parfaitement adaptés aux chauves-souris comme aux rapaces : aigle royal et faucon pèlerin.

La Réserve naturelle des Aiguilles Rouges, dans le massif du Mont-Blanc, couvre une amplitude exceptionnelle de 1 100 à 3 000 mètres d’altitude, incarnant par excellence la vie sauvage aux limites du possible pour le monde animal et végétal. Sur ce territoire extrême, entre glaciers et éboulis, bouquetin, chamois, lagopède alpin, aigle royal, rhododendron se sont adaptés à l’environnement. Le monde sauvage ne peut se contenter de ces espaces frontières où sa survie est constamment menacée et l’homme doit partager le territoire pour conserver la biodiversité et une nature grandiose.

Faune et flore, une nature étagée

Si l’on excepte les poissons, et encore les truites remontent les rivières des Alpes jusqu’à des altitudes impressionnantes (autour de 1 000 m d’altitude depuis les lacs alpins), les animaux des Alpes montent et descendent les montagnes, variant les étages selon les saisons et les pâturages disponibles. Cependant, chacun a son étage préféré, là où il se sent dans son habitat naturel. Dans les Alpes, les grands carnivores que sont le loup et le lynx (l’ours ne se trouvant plus dans les Alpes françaises) se déplacent sur un vaste territoire, à des altitudes variables.

A l’étage collinéen, en dessous de 800 m, on retrouve chevreuils, cerfs ou belettes. Des oiseaux comme le martin-pêcheur suivent les grands cours d’eau en vallée. A l’étage montagnard, aux alentours de 1 500 m, les grandes forêts mixtes de feuillus et de conifères abritent encore cerfs, chevreuils, sangliers, renards, mais aussi le Grand Tétras. C’est à l’étage subalpin, alors que l’on dépasse les 2 000 m d’altitude, que la faune et la flore deviennent plus spécifiques. Les feuillus disparaissent petit à petit au profit des résineux, qui cachent les splendides sabots de Vénus, magnifiques orchidées des Alpes. Autre fleur symbole de cette moyenne altitude : l’ancolie des Alpes. Cette renoncule bleue ne pousse en effet que dans les Alpes sur les pentes des prairies d’alpage. Si ses grandes fleurs se dressent au cœur de l’été, ne les touchez pas, elles sont toxiques ! Les marmottes apparaissent doucement et l’on peut croiser chamois et mouflons. Entre 2 500 et 3 000 m, l’étage alpin marque la limite des arbres, mais offre une grande biodiversité. Les pelouses alpines se couvrent d’une incroyable variété de fleurs. C’est à cet étage que les gourmands cherchent le groseillier des Alpes et la myrtille, ainsi que de nombreuses fleurs qu’il faut se contenter d’observer (et non cueillir…) : soldanelle des Alpes, rhododendron, campanule… et la fameuse edelweiss. Cette fleur synonyme de romantisme et de hauts sommets s’est couverte d’un duvet blanc pour se préserver des vents froids qui soufflent sur les pentes calcaires entre 2 000 et 3 000 m. Mais on trouve encore de nombreuses espèces de gentiane dont la gentiane acaule souvent peinte sur les objets souvenirs avec sa belle couleur bleue. Les marmottes font provision de fleurs. Le lièvre variable, le chamois, le bouquetin sont dans leur élément. Enfin, à l’étage nival, au-dessus de 3 000 m où commencent les neiges dites éternelles (en fait, là où la période d’enneigement est supérieure à la période de déneigement…), la flore est essentiellement constituée de mousses et de lichens, même si la saxifrage à feuilles opposées s’est adaptée à ces conditions extrêmes. Sur les pelouses rases, les derniers lagopèdes alpins – espèce menacée – peuvent être observés. C’est à cet étage, entre les vols de chocards à bec jaune que l’on peut observer deux grands rapaces, eux aussi menacés : l’aigle royal et le gypaète barbu.

Attention, la flore des Alpes est belle et variée, mais elle reste protégée et de nombreuses plantes ne doivent pas être ramassées – de toute façon elles périssent très vite si on les arrache. Des panneaux signalent les espèces protégées à l’entrée des parcs naturels. Pour mieux admirer toute l’étendue de cette flore, nous vous conseillons de vous rendre dans l’un des jardins alpins qui fleurissent le long de la chaîne.