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Un vignoble ancestral

La découverte de vestiges de poterie vinaire datant du IIe siècle avant notre ère, sur la rive gauche du Tarn, confirme les origines lointaines de la consommation du vin dans la région. A l’époque, il s’agissait probablement de vin originaire d’Asie, de Grèce ou d’Italie. Ce sont les Romains qui importeront la culture de la vigne dans le gaillacois à la suite de la conquête de la Gaule (IIe siècle avant notre ère), faisant de lui le plus ancien vignoble du Sud-Ouest. Après l’effondrement de l’Empire Romain au Ve siècle, le territoire est largement détruit et pillé, vigne comprise.

Quasiment abandonné, le vignoble connaitra une renaissance grâce à l’action des moines bénédictins au Xe siècle. A cette époque, des transmissions de terres et de villes entre la noblesse et le clergé amènent la construction de l’Abbaye Saint-Michel. Achevée en 972, elle deviendra le lieu d’implantation des moines et le point central du vignoble de Gaillac. Sous leur influence, il connait une grande structuration : interdiction de fumer les vignes et d’utiliser des vins de coupage, réglementation de la taille, instauration du ban des vendanges… Ces mesures donnent aux vins de Gaillac une image de marque, le vignoble devient alors une force économique pour la région. Dès le XVIe siècle, de grandes familles marchandes émergent. Elles s’installent en ville et font construire des hôtels particuliers avec leurs propres sites de vinification. Les villes de Gaillac, Lisle-sur-Tarn et Rabastens - les trois « villes-ports » du vignoble - sont particulièrement marquées par l’essor de cette économie.

Malheureusement, les XVIIIe et XIXe siècles sont rythmés par des crises qui mettent un stop à ce dynamisme. En plus de la succession d’hivers rigoureux, cette période est celle du phylloxéra, un insecte responsable de la destruction de la quasi-totalité du vignoble de Gaillac entre 1879 et 1884. Il faudra attendre trente ans et une technique de greffage sur des souches résistantes pour que le vignoble se réveille. On profitera de cette renaissance pour moderniser l’économie viticole et mutualiser les moyens de production et de commercialisation. A cet effet, en 1903, l’Abbaye Saint Michel de Gaillac devient la cave coopérative de Gaillac, aussi appelée cave coopérative du Grand Vin du Coq. Elle est l’une des premières de France !

Cette mutualisation des efforts au début du XXe siècle redonne aux vins de Gaillac une image qualitative que l’INAO (Institut national de l'origine et de la qualité), créé en 1935, ne tarde pas à reconnaître : les vins blancs de Gaillac obtiennent l’Appellation d’Origine Contrôlée dès 1938 et les vins rouges et rosés en 1970.

Les cépages

Choisis en fonction du terroir, du climat et de la tradition, les cépages du vignoble gaillacois sont caractéristiques de ses évolutions. Concrètement le territoire est occupé par des cépages typiques et des variétés plus connues telles que la Muscadelle, la Syrah, le Cabernet Sauvignon ou encore le Merlot. Les cépages blancs représentent 45 % des surfaces plantées et les rouges 55%.

Deux cépages blancs sont particuliers au vignoble de Gaillac : le mauzac et le Loin de l’œil. Le premier est la variété traditionnelle dominant sur l’appellation. Ses arômes rappellent ceux de la pomme et la poire, il donne ainsi naissance à des vins tendres à l’acidité équilibrée. Le second, le Loin de l’œil, dont le nom provient du très long pédoncule de la grappe, ce qui éloigne le raisin du bourgeon (ou « œil », en termes viticoles), est un cépage très ancien, planté exclusivement à Gaillac. Il apporte au vin des arômes fins et floraux, de la souplesse et de la fraîcheur, et se marie particulièrement bien au mauzac.

Du côté des rouges, deux cépages spécifiques au terroir s’illustrent : le duras et le braucol. La première variété est l’un des plus anciens cépages du Gaillac. Réhabilité depuis 20 ans, il apporte au vin couleur (grenat profond), charpente et finesse. Ses arômes rappellent le poivre ou les épices. La seconde, surnommée « fer servadou », est également typique du Gaillac. Ce cépage donne un vin coloré, charnu et typé avec des arômes se rapprochant du cassis, de la framboise et du poivron.

Les terroirs

Le paysage viticole gaillacois s’étend sur les deux rives du Tarn, d’Albi à Saint Sulpice et de Cordes-sur-Ciel à Graulhet. Il bénéficie de conditions optimales : ensoleillement méditerranéen, humidité de l’Atlantique, vent d’Autan… Ces atouts ont permis le développement de la vigne et la naissance d’une palette aromatique étonnante.

Le vignoble de Gaillac est caractérisé par une grande diversité de terroirs. On en compte 3 d’importance :

Terrasses de la Rive Gauche : il se situe le long des rives du Tarn, qui a façonné depuis des millénaires ce relief de terrasses au sol composé de galets, graviers, sables et boulbènes. C’est le terroir de prédilection des cépages rouges. Toutefois, le cépage Loin de l’œil y donne aussi des blancs secs d’une grande finesse et, depuis quelques années, des vins blancs doux.

Coteaux de la Rive Droite : il domine toute la vallée du Tarn. Il est limité par la Vère au nord et s’étend sur la partie centrale du vignoble, de ce fait il bénéficie de sols principalement argilo-calcaires et d’une exposition plein sud.

Plateau Cordais : il occupe la partie septentrionale du vignoble et domine la vallée encaissée de la Vère. Le plateau se caractérise par des sols blancs calcaires et caillouteux, et une prédominance de la production de vins blancs.

Trois autres terroirs de plus petite taille sont présents sur le territoire : le Noyau de Cunac, terroir de prédilection pour la production du Gaillac Primeur, et les Zones de Cabanès et Lavaur, spécialisées dans la production des vins blancs, rosés et rouges en IGP Côtes du Tarn.

Les AOC

De nos jours, les vins de Gaillac sont classés parmi les grands vins de France. L’appellation d’origine contrôlée, définie en 1938 pour les blancs et en 1970 pour les rouges et les rosés, représente désormais près de 4 000 ha.

C’est aujourd’hui une large gamme de vins généreux et caractéristiques qui font le renouveau du vignoble. Le retour aux cépages d’origine et aux méthodes ancestrales prend de plus en plus d’ampleur, notamment en ce qui concerne les blancs doux ou effervescents. Les rouges comptent quant à eux parmi les plus primés de France !

Les principaux AOC :

AOC Gaillac Rouge : Le Gaillac rouge est une valeur maîtresse du vignoble. Avec une robe profonde, un nez puissant, il possède un équilibre subtil aux dominantes spécifiques de fruits rouges et d’épices. Les cuvées haut de gamme structurées et concentrées sont tout à fait aptes au vieillissement et séduisent toujours par l’expression de leur typicité.

AOC Gaillac Rosé : C’est un vin nerveux aux arômes fruités et à la couleur éclatante.

AOC Gaillac Blanc Sec : Né d’un heureux mariage de cépages locaux, il se montre tout à son avantage, tant au niveau de la couleur que du goût, lorsqu’il est bu bien frais.

AOC Gaillac Fraicheur Perlée : Sa spécificité, une vinification particulière qui lui permet de conserver une très légère perle renforçant la sensation de vivacité et de fraicheur, tout en exacerbant les arômes naturels des Mauzac ou Loin de l’œil.

AOC Gaillac Doux : C’est ici que s’exprime tout le potentiel des Mauzac, Muscadelle et Loin de l’œil. De très grand Gaillac doux ont fait le renom de l’appellation et de véritables trésors sont à déguster.

AOC Gaillac Effervescent : Elaboré en méthode Gaillacoise ou traditionnelle, le Gaillac effervescent est très apprécié pour l’élégance de ses arômes et la vivacité de ses fines bulles.

AOC Gaillac Primeur Blanc et Rouge : Fruité, gouleyant, aux arômes si caractéristiques, le Gaillac Primeur est le premier AOC de l’année, il ne peut être consommé qu’à partir du 3ème jeudi de novembre.

Les événements autour du vin

Le vignoble de Gaillac est emblématique du département. Il a façonné une partie de l’Histoire du Tarn et fortifié son économie au fil des siècles. Héritage de nombreuses traditions, il est célébré au sein des domaines et dans deux grandes manifestations chaque année.

Le premier événement est la Fête des Vins, au mois d'août. Organisé au sein du magnifique Parc de Foucaud, il met en lumière la diversité des vins gaillacois en conviant les curieux à de passionnantes dégustations. Tout au long de la journée, ils sont invités à échanger avec les vignerons et à découvrir leurs univers. Très conviviale, la manifestation rassemble les intéressés autour d’apéritifs, de déjeuners au soleil et de concerts.

Le second est la sortie du Gaillac primeur, le 3ème jeudi de novembre. A cette occasion, les passionnés affluent des quatre coins de France pour célébrer le premier vin de l’année. Pour accueillir ce « vin nouveau », les producteurs se préparent de longues semaines. De nombreuses animations ponctuent cet événement convivial. Il s’agit du seul vin primeur du Sud-Ouest !

L’œnotourisme

Destination oenotouristique incontournable, le vignoble du Gaillac dévoile son Histoire, ses traditions et ses atouts à tous les curieux, garantissant d’intéressants séjours. Entre le patrimoine conservé, les lieux culturels thématiques et les nombreuses caves, vous serez vite plongés dans l’univers de la vigne et du vin. Promenez-vous dans cet environnement respectueux des identités et des savoir-faire, vous découvrirez rapidement ce qui fait la richesse de cette terre millénaire.

Les grands passionnés seront ravis d’apprendre que le vignoble du Gaillac est localisé sur l’itinéraire culturel européen, « Iter vitis, les chemins de la vigne ». Certifié par le Conseil de l’Europe, ce circuit a pour mission de valoriser le paysage culturel viticole. Constitué d’éléments naturels, matériels et immatériels d’une infinie richesse, il est valorisé et porté à la connaissance de tous grâce à un impressionnant travail de documentation consacré à l’histoire européenne de la vigne et du vin, véritable symbole identitaire de l’Europe.